Quand ils veulent paraître moins conservateurs…

On se souviendra de 2010 comme d’une année  pendant laquelle les parlementaires se sont « pognés le beigne » à Ottawa. Il semblerait que tous les projets de loi à l’étude à pareille date l’an dernier sont soit rendus au même point, soit ont reculé! Un projet de loi, battu cette semaine, mérite par contre qu’on s’y arrête : il s’agit d’une autre tentative conservatrice déguisée pour rouvrir le débat sur l’avortement, cette fois-ci sous la forme de criminaliser la pression mise sur une femme pour qu’elle se fasse avorter.

Le projet de loi C-510 a été présenté par le député de Winnipeg-Sud, Rod Bruinooge, qui affirme être le président du caucus des parlementaires anti-choix (nous ne pouvons pas vérifier, comme les membres de ce caucus, issus de différents partis, restent dans l’anonymat, tiens donc). Dans la logique du projet de loi, un homme qui prend mal la nouvelle que sa maîtresse soit enceinte de lui et qui lui signifie de façon répétée qu’il ne souhaite pas être père, risque rien de moins que la prison. Il en va de même pour les parents qui menacent de retirer leur soutien financier à leur fille de 14 ans qui ne veut pas se faire avorter.

Il est intéressant de noter que le premier ministre Stephen Harper et plusieurs de ses ministres ont voté contre (comme, d’ailleurs, la dizaine de députés conservateurs du Québec). Veulent-ils avoir l’air « moins conservateurs » en vue des prochaines élections, que beaucoup d’analystes nous annoncent pour le printemps?

Restons vigilantes, car une fois majoritaires, les conservateurs auraient les coudées franches pour faire passer de telles aberrations.

5 Comments

  • Valérie
    17 décembre 2010

    Restons vigilantes, oui, mais des deux côtés, pour que le mouvement «pro-choix» n’en deviennent pas un «pro-avortement».

    Peu de féministes en parle, mais une TRÈS GROSSE proportion des femmes qui subiront un avortement subiront un choc similaire à un choc post-traumatique, que ce soit directement après l’intervention ou des années plus tard. On parle ici de dysfonction sexuelle, d’idées suicidaires, de toxicomanie, de troubles alimentaires, etc. La moitié des couples qui opteront pour l’avortement vont rompre peu de temps après l’intervention.

    Il existe actuellement au Québec TRÈS PEU de ressources qui viennent en aide aux jeunes mères, qui donnent le soutien nécessaires aux femmes désirant mettre à terme leurs enfants et qui font la promotion de l’adoption.

    Personnellement, je trouve qu’un homme qui exercera des pressions sur sa maitresse pour qu’elle se fasse avorter n’agit pas de manière correcte. Peut-être ne devrait-il pas aller en prison MAIS je trouve que son comportement moralement inacceptable.

    Lorsque l’avortement a été légalisé, c’était supposé être pour aider les femmes dans le besoin. Aujourd’hui, celles qui avortent le plus sont des femmes comme moi, dans la vingtaine, avec un avenir professionnel prometteur.

    Comment puis-je exiger du respect, par exemple, des hommes envers les femmes, si je ne suis même pas en mesure moi-même d’accueillir la vie qui prendrait racine en mon sein, de par MES actions et MES décisions.

    Je suis de plus en plus mal à l’aise avec les dogmes véhiculés par le mouvement «pro-choix», que l’on retrouve maintenant dans le discours pro-euthanasie.

    Au Pays-Bas, on a déjà relevé plusieurs glissements par-rapport à cette pratique.

    En tout cas.

    Et c’est ainsi que je me marginalisai de ce blogue féministe.

    [Commentaire hors-sujet? Abusif? Spam?]

  • Valérie
    17 décembre 2010

    (D’ailleurs, je suis certaine que la plupart des groupes féministes monteraient aux barricades si un homme exercait des perssions sur sa compagne pour qu’elle mette à terme un enfant. Ça s’est vu dans les années 80. Pourquoi nomme-t-on «aberrations» les pressions exercées en fonction d’un seul choix?)

    [Commentaire hors-sujet? Abusif? Spam?]

  • Duhaime
    1 mars 2011

    Je ne suis pas un fan de Harper, mais là je suis d’accord, je crois qu’un homme qui séduit une femme et la met enceinte doit prendre ses responsabilités et la soutenir financièrement si elle est dans le besoin. Ce n’est pas à l’état ni aux contribuables de le faire. Un enfant ce se fait à deux et il n’avait qu’à garder sa queue dans son pantalon. L’avortement reste un choix personnel de dernier recours au frais de la femme. Son corps lui appartient. Elle avait le choix de prendre la pilule, le stérilet etc…

    C’est la science, la médecine, la technologie et les hommes qui ont “libéré” la femme occidentale a un niveau jamais vu dans l’histoire et non le féminisme. La venue de la pilule qui fut inventée au milieu du siècle dernier par des laboratoires dirigés par des hommes ont permis aux femmes de se libérer sexuellement.

    Les moyens de contraception sécuritaires et les méthodes d’avortement ont permis aux femmes d’éviter les grossesses non désirées. Un filet social informatisé et des développements économiques incroyables leur ont permis de survivre sans avoir besoin des hommes. Travailler à l’extérieur est devenu beaucoup plus plaisant qu’avant. Les communications, les transports et les systèmes de sécurité sont beaucoup plus répandus et plus efficaces qu’ils l’étaient, disons, il y a soixante ans.

    Voilà ce qui a vraiment libéré les femmes – et aussi, par le fait même, les hommes.
    Le féminisme n’a eu aucune influence en comparaison.

    [Commentaire hors-sujet? Abusif? Spam?]

  • Marilyn
    2 mars 2011

    @ Duhaime
    C’est drôle, parce que j’ai déjà lu ce message, presque mots pour mots sur la cyberpresse, il me semble.

    Quelle simplification de la réalité quand même. Mais surtout, simplification des rapports sociaux de genres et d’appropriation. Je me demandais bien ce que faisait les femmes autochtones, entre autres, qui avaient en moyenne 3 à 4 enfants, mais étrangement, sans moyen technique inventé par les grands hommes.
    Voir l’émancipation de cette façon s’est encore retourner tout à l’homme et sa dont grande puissance. Il s’agit là d’arguments tout à fait androcentrique et je n’ai plus l’énergie de trouver tous les arguments pour déconstruire ces discours simplistes.

    Néanmoins, si les relations sexuelles n’étaient pas basées (pratiquement à chaque fois) sur l’imposition des rapports hétérosexuels-pénétration-pénienne-éjaculation-vaginal-en-tout-temps (L. Vandelac) aussi. 

    Cet énoncé justifie donc d’accorder nos moyens de contraception à la toute grande possibilité de fécondation et combien mystérieuse fertilité débordante des femmes à une conception androcentrique de la sexualité. Encore un moyen de contrôle, davantage qu’une réelle libération.

    Que fait-on des millions de femmes qui n’ont pas accès à ces méthodes de contraception? Je pense qu’il y a clairement des façons de faire autrement, d’abord par une meilleure compréhension du cycle reproducteur, mais surtout, d’arrêter de voir les relations sexuelles comme on les voit en ce moment.

    Merci, mais les femmes vont se libérer toute seule.

    [Commentaire hors-sujet? Abusif? Spam?]

Post a Comment