Le VPH : une affaire de filles?

Je suis atteinte du VPH. Souche 16 ou 18, peu importe. La «pas bonne».  Pourquoi je vous parle de ça? Parce qu’en 2003, on m’a diagnostiqué une tumeur invasive au col de l’utérus. J’ai vécu ce contre quoi on veut vacciner les jeunes filles. Quand j’ai entendu pour la première fois l’annonce d’un vaccin, je trépignais de joie. Ensuite, quand j’ai constaté qu’on le destinait aux jeunes filles seulement, donc la moitié du bassin porteur,  j’étais «bleue». On parle beaucoup du vaccin, mais pas beaucoup de ce qui est arrivé à celles qui ne l’ont pas eu, et celles qui ne l’auront pas.

Je suis contre la vaccination massive des jeunes filles annoncée dans les écoles. Oui, même après tout ça.  Pourquoi? Parce que d’abord et avant tout, on ne règle pas le problème si on vaccine juste les filles. Parce que se renseigner sur le VPH et ses conséquences est devenu plus facile depuis la venue de ce vaccin. Questionnons-nous! Parce qu’on en connaît encore trop peu sur l’évolution des souches du VPH pour se péter les bretelles avec un vaccin. Parce qu’à ma connaissance, et je me suis documentée partout ou je l’ai pu,  à ce jour il n’y a aucune étude à la fois exhaustive sur l’efficacité du vaccin ou concluante quant à sa nécessité ou même indépendante (lire : qui n’a pas été commandée par un intervenant qui ne fera pas de profit avec la vente du vaccin). La vitesse de la mise en marché du vaccin et la vaccination massive sent le coup d’argent et la manipulation. On cible (encore!) les femmes (seulement!) dans un dossier de prévention en sexualité. Les données concernant l’efficacité et la nécessité d’un vaccin pour les hommes ne sont pas disponibles. Pas disponibles?! De kessé?

Consultez ici le résumé d’une étude publiée sur le site du Réseau Canadien de la Santé des Femmes (RCSF).  Le constat est simple. Comme ce sont les femmes qui sont aux prises avec le plus grand pourcentage de cancers reliés au VPH, on n’a pas besoin d’être bachelier en marketing pour saisir que la peur dudit cancer est un argument de vente exceptionnel saisi par les fabricants du Gardasil. Imaginez la tâche de «vendre» la même campagne de vaccination aux jeunes hommes, qui sont peu ou carrément pas affectés par le VPH. Ah oui… parce qu’on peut être porteur sans le développer. C’est le cas de plusieurs hommes.

Retour en arrière et le motif de ma montée de lait. Le 9 septembre 2003, à l’hôpital Hôtel -Dieu de Québec sous les soins attentifs du Dr Michel Roy, sommité dans son domaine, j’ai subi une trachélectomie partielle et j’ai ainsi préservé ma fertilité. Fin d’un parcours qui a commencé avec deux personnes (oui, oui, une vulgaire MTS) et que j’ai terminé toute seule, quelques 10 ans plus tard. Je vous passe ici mes tribulations au sein du système de santé durant cette période de diagnostic et de recherche de traitements. Sans le Dr Roy, j’aurais subi une hystérectomie radicale et la ménopause à 31 ans.

Epiloguons…Est-ce que je suis porteuse du VPH pour la vie? Je ne peux pas en être sûre à 100%. Je le saurai quand mon conjoint se découvrira des verrues génitales ou quand un test de dépistage (autre que le pap test) sera enfin disponible. C’est pour ça que je suis «bleue». N’est-ce pas aussi là, au niveau du dépistage et du vaccin masculin, en parallèle aux autres initiatives de prévention, qu’il devrait y avoir du démarchage? Celui qui m’a transmis le VPH via ses condylomes, lui, combien d’autres femmes a-t-il infectées? 7 personnes sur 10 portent ce virus, toutes souches confondues, asymptomatiques inclus . C’est la loterie du cancer. Et c’est comme ça qu’on vend des vaccins.

4 Comments

  • Marianne
    12 novembre 2008

    Une discussion sur le même sujet, mais d’un point de vue complètement différent a été publiée sur ce blogue ici:

    https://jesuisfeministe.com/?p=206

    Stéfanie, ton histoire apporte un point de vue nuancé et l’expérience que tu as vécue nous donne un aperçu de ce que c’est le vivre de l’intérieur. Depuis le début de ce débat, j’ai peu entendu parlé de filles comme toi. Peut-être que si ce témoignage était diffusé à plus large échelle, les décisions concernant cette campagne de vaccination massive seraient plus éclairées. Comme tu dis, on joue beaucoup avec la peur…

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  • Isabelle G
    13 novembre 2008

    Stéphanie j’applaudie ton courage dans tes démarches. Je suis une ‘jeune (33)’ maman d’une préado et une autre fille de 6 ans et j’entends souvent parler de ce vaccin. J’ai également vue un reportage qui disait que les garçons devraient le recevoir aussi. Tu as raison il y a des docteurs ‘vendeur’ de vaccins et d’autres qui regarde les autre options. Le problème comme tu le dis est si nous ne fessions pas nos recherches, nous sommes à la mercy du système de santé, on perd confiance et moi personnellement je suis toujours dans le doute! Ce son mes enfants est-je pris la bonne décision?. Comme tu le dit c’est une loterie. Je te souhaite une bonne santé et récupération ainsi que de beau cadeaux comme mes enfants le sont pour moi! Merci et bonne chance!

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  • Marie-Anne
    13 novembre 2008

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