La femme, une idiote mais fantastique solution de relance économique

Lors d’un de mes derniers voyages en train, j’avoue avoir reposé mes neurones et passé le temps en regardant le film Confessions d’une accro du shopping.

Peu de mots pour exprimer le reflet donné à la femme « célibatante » (oui je parle couramment le langage des magazines féminins), issue de je-ne-sais quelle étude de marché.

Notre héroïne (rappelons que nous sommes censées nous identifier à elle) est une demoiselle en détresse de son addiction aux achats compulsifs. Elle veut une carrière dans la mode et c’est parce qu’elle ne se préoccupe pas de trouver un homme que ça lui tombe dessus, un classique censé rassurer les connectées sur les sites de rencontre. L’intégralité de ses choix est basée sur l’esthétique… en commençant par son joli Apple… rose bonbon !

Premier coup de gueule me concernant : marre de cette société qui conçoit des produits performants pour les hommes et des « design élégants » pour les femmes… Ou pire encore des produits adaptés à nos faibles neurones, comme la collection « pour les nulles » ou les parkings réservés aux femmes avec des places plus grandes pour faciliter les manœuvres (true story !).

Bref, continuons plutôt le procès de ce bijou de clichés.

Le portrait de la demoiselle est simple et les qualificatifs qui lui sont attribués sont étudiés. Pivot au service du politiquement correct n’aurait pas fait mieux. Par exemple, « niaise et maladroite » se traduit par « pleine de fraîcheur ». Plus notre brave fille se ridiculise, plus le beau brun de l’histoire est sous le charme – à croire que les hommes aiment les faire-valoir… Car oui, ici, la femme « stupide et humiliante » devient une femme « inspirante ».

A en croire Sophie Kinsella, la femme n’a pas de cervelle et c’est ce qui la rend si spontanée. Et la spontanéité est source de séduction. Mais surtout, la femme obtient ce qu’elle veut (et même plus !) par concours de circonstances, sa bêtise étant un toboggan de savon la faisant glisser vers le succès ! Succès étant ici le synonyme de célébrité.

Dans ce roman, la femme n’a donc pas que les mensurations de la cruche, mais également son bruit creux et sa fragilité si connue. Son cœur, qui se brise au moindre choc, déverse des torrents de larmes et inonde tout son entourage…

Sommes-nous obligées de nous reconnaître dans cette représentation de la femme (soit disant) moderne, nigaude et pleurnicharde, qui se console grâce au monde de la haute-couture et ne vit que pour son apparence ?

Second coup de gueule : cette image de la femme cherchant son bonheur dans la consommation de biens superficiels est un message récurent. Il suffit, par exemple, de voir la publicité pour le site monshowroom.com. C’est la crise, y’a des OGM dans ton assiette et ta journée est merdique, ben faut vite te faire plaisir en t’achetant une robe !!  http://www.youtube.com/watch?v=AKV3nOofVgE

Tout va bien monsieur le président ! Les femmes vont relancer la croissance. La situation économique les rendant malheureuses (si tant est qu’elle comprenne le monde qui les entoure), elles vont donc vider leur Livret A pour se redonner le sourire et par la même relancer la consommation !!

Également lu dans un coin de site Internet, une analyse se voulant brillante, expliquant que cette adoration des femmes pour le shopping viendrait de leur volonté toujours inassouvie de se faire plaisir en se faisant belle…

Question pour plus tard : la femme ne naitrait donc pas belle ? Mais pourquoi nous appelle-t-on le beau sexe, alors ?

 « Une femme n’avait besoin que d’être belle ou aimable ; quand elle possédait ces deux avantages, elle voyait cent fortunes à ses pieds. » (Olympe de Gouges – Déclaration des droits de la Femme et de la Citoyenne – 1791)

Par Sylvie
Publié le 31 janvier 2012 sur Le blogue de Vivi

4 Comments

  • Epeire
    9 février 2012

    Bien dit. J’ai lu un jour les premiers chapitres du bouquin, ça m’a arraché le cerveau de la même façon. Atterrant.

    Je conseille plutôt la lecture de « Flammes de la nuit », de Michel Pagel. Un bouquin de fantasy, au thème rafraîchissant: Au royaume de Fuinor, les fées se penchent chaque fois sur le berceau de l’héritier du trône. Ici, une princesse. Un enchanteur a modifié la dernière « bénédiction » des fées: au lieu d’être stupide et obéissante, Rowena sera l’être le plus intelligent de Fuinor et si les gens ne lui obéissent pas, elle les détruira ! C’est plus jouissif non ? ><

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  • Vivi
    9 février 2012

    Effectivement, à essayer…
    Une princesse intelligente ?! Diantre ! Ca change de tous les Walt Disney 😀
    Vais-je supporter cette image de la Femme si loin des messages subliminaux matraqués durant mon enfance ?! (rires)
    Merci de ton commentaire Epeire !

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  • Bobine
    10 février 2012

    «les parkings réservés aux femmes avec des places plus grandes pour faciliter les manœuvres (true story !).»
    Où ça? À Mtl? J’aimerais bien voir ça, ça mérite un photo sur le web!
    Ça me semble vraiment trop grossièrement épais. Ça serait pas plutôt des stationements pour les femmes enceintes, ou avec des bébés, et ayant à manoeuvrer des poussettes. Ça me semble avoir plus de sens et ça j’en ai déjà vue.

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  • Vivi
    10 février 2012

    Héhé ! C’est bien vrai cette histoire de parking ! Mais c’est en Asie effectivement ^^ :
    http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/01/05/un-parking-pour-femmes-avec-des-places-de-stationnement-plus-larges_1287554_3216.html

    Nous avons un magazine en France, Causette, qui répertorie (entre autres articles savoureux) ce type d’aberrations sexistes ; de la pub machiste au scandale politique (par exemple, le Kansas qui rend les violences conjugales légales pour réduire ses dépenses).

    Bises et merci pour ta réaction !

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