Ze new partouze mode

Au cours d’une soirée ultra-chic, j’ai été récemment présentée à un grand coiffeur-visagiste, non sans avoir été prévenue au préalable par Radio Trottoir qui m’a non seulement vanté ses mérites en tant qu’artiste capillaire mais aussi son amour immodéré pour l’échangisme, triolisme et autre mélangisme, pratiques auxquelles il se livre sans relâche ni vergogne depuis plus de 20 ans, toujours accompagné de son effrayante et non moins légitime épouse, une horrible hyène qui pourrait passer sans problème pour la fille naturelle de Gargamel et la méchante sorcière dans Blanche-Neige. Quelque temps plus tard, j’ai eu la tristesse de constater qu’avec mes vilains cheveux plats, je faisais penser à un lévrier afghan détrempé par une course dans l’averse, et j’ai pensé qu’une permanente qui ornerait la partie supérieure de mon être de quelque boucles folles ne me ferait guère de tort… Je me suis alors rendue gaillardement chez le fameux Docteur ès Coiffure, toute joyeuse à l’idée d’être métamorphosée en déesse de beauté mais quelque part pas très à l’aise avec l’idée qu’il puisse être coutumier de ce genre de vicieuses habitudes.

Alors que je trônais royalement dans son salon, les bigoudis sur la tête, le crâne enduit de produit abrasif dont les émanations me brûlaient les yeux, il se mit à me raconter, mû par une joie perverse non-feinte, toutes les partouzes auxquelles il a pris part durant les six derniers mois, suivi d’un monologue passionné sur le fait qu’un couple ne peut pas trouver l’équilibre sans aller baiser ailleurs et que l’échangisme était beau et sain par rapport aux vilaines infidélités secrètes dont sont victimes, selon lui, 99,99999% des couples. Il termina son apologie de malade de la zigounette en me demandant mon avis sur la question… et si j’étais éventuellement intéressée par une petite soirée entre amis, où j’aurais l’honneur et l’avantage d’être prise en sandwich entre sa femme et lui. A ce moment-là, une seule (et redoutable) envie m’a possédée, à savoir hurler : « Hors de ma route, dégénéré ! Tire-toi de mon air pur et va faire une psychothérapie, espèce de maniaque ! ». Seulement voilà, vu son regard fourbe, j’ai hélas très bien senti que si je ne réagissais pas dans son sens, je risquais de sortir de chez lui complètement chauve. J’ai tenté une parade qui pouvait concilier à la fois ma sécurité capillaire et ma liberté d’opinion : me contenter d’émettre des grognements que j’espérais pas trop antipathiques…

Il s’est malgré tout aperçu de mon manque flagrant d’enthousiasme quant à sa petite proposition ; et au sortir de son salon-lupanar, j’étais laide à faire peur à un vautour neurasthénique…. Il n’avait pas hésité une seule seconde à se venger de mon refus, attention que j’ai trouvé passablement minable de bassesse et complètement anti-professionnelle.

Conclusion personnelle de l’anecdote qui est hélas à 100 % véridique : on nous bassine avec la tolérance, la libération outrancière des mœurs et le droit au fait de pouvoir vivre sa sexualité comme on l’entend. Beaucoup de gens sont allés trop loin à partir de ce théorème-là, et ont décrété que la libération sexuelle n’était plus un droit mais quasi une obligation. C’est devenu une mode à laquelle tous ceux qui se veulent « dans le coup » doivent impérativement se soumettre. Il existe maintenant quantité de bisexuels, de partouzards, de sado-masochistes qui, bien qu’ils ne (se) l’avouent pas, n’ont aucun goût pour ce genre de pratiques, mais qui sacrifient délibérément à l’air du temps soit par crainte de passer pour des croûtons complètement vieux jeu, soit par désenchantement ou par ennui ou encore par simple amour de la provocation gratuite.

Ce qui me frappe le plus, c’est qu’ils parlent de tolérance et d’absence d’à-priori, et alors qu’ils posent effectivement ce genre de regard sur ceux et celles qui adhérent à leur tour à cette mode étrange, ils n’ont aucun remord à immoler systématiquement les êtres qui sont réellement heureux et épanouis dans des voies plus traditionnelles.

Il y a des jours où j’ai envie moi aussi de revendiquer mon droit à la différence : je suis célibataire mais je connais quelqu’un depuis un an et demi, un homme adorable que je n’ai nullement envie de tromper, vu que, aussi bien dans mon cœur que dans mon lit, il me suffit amplement, et me comble largement, autant dans l’expression de nos sentiments respectifs que dans les inestimables joies paillardes de l’amour physique. Et, forte de ce fait, il y a des jours où, sous le jugement de certains inquisiteurs faussement révolutionnaires, je me sens assez curieusement anormale….

10 Comments

  • Daphne
    20 février 2014

    Ma chère, vous être sûrement réprimée, un petit fond judéo-chrétien peut-être, si vous étiez vraiment libérée, vous ne refuseriez pas partouzes et autres expérimentations. Bref, vous ne refuseriez pas ce qu’un homme vous demande.

    Bien sûr, je ‘sarcasme’. Il y a eu dans ma vie des hommes qui ont voulu que je ‘dépasse mes limites’ (incidemment, derrière ces limites se trouvait toujours leur phallus), mettant ma réticence à la douleur, par exemple, sur le fait d’une répression, d’une pruderie, tentant de me convaincre que j’aimerais ce que je savais ne pas aimer, convaincu de savoir mieux que moi ce qui pouvait être bon pour moi (incidemment, ce qui devait bon pour moi l’était d’autant plus pour leur phallus).

    ‘Slut’ ou ‘prude’ ne sont pas des épithètes qui sont habituellement destinés aux hommes… Non au ‘slut-shaming’ et non au ‘prude-shaming’! Voilà la vraie liberté.

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  • Marylie Savoie
    21 février 2014

    Je suis très étonnée de ce texte.
    Étant une féministe libertine , échangiste et en couple avec deux personnes, je connais très bien le milieu que tu considère comme un milieu dépravé et dégénéré…
    Ce que j’aime le plus dans ma sexualité c’est que le milieu que tu  »dénonces » violemment en est un ou la notion de consentement est extrêmement importante, valorisée et respectée, via les contrat de consentement, les demandes explicites , etc.
    Une personne qui refuse ne sera jamais vu comme un casseur de party et ne doit rien à personne.
    Je ne comprends donc pas du tout tes reproches et l’attitude extrêmement hautaine que tu as envers la femme du coiffeur est tout simplement misogyne.

    Ce texte n’a à mon sens aucune place sur ce blogue vu qu’il n’incite pas du tout à le reflexion , mais impose des préjugés et des stéréotypes à des personnes consentantes et adultes qui pratiques une sexualité qui les épanouit.

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  • Tuxedo
    22 février 2014

    Faire preuve de tolérance envers la sexualité d’autrui ne signifie pas la célébrer quoi qu’il arrive… Personne ne vous empêche d’être libertine, est-il possible de dire que l’on trouve ces entassements de corps et de chair triste et sordide, ou cela est-il interdit et faut-il, la bouche en cœur, dire que c’est génial même si cela nous dégoute ?
    On en est arrivé au moment où la sexualité est la nouvelle divinité qu’il est absolument tabou de critiquer. Il y a beaucoup à dire du point de vue politique sur la sexualité et c’est un sujet d’analyse comme un autre.

    Il est vrai que les propos tenus sur la femme du coiffeur m’ont parus aussi quelque peu grossiers, cependant vous remarquerez que c’est pour le style et que l’autrice parle d’elle même deux lignes plus bas comme d’un lévrier afghan détrempé et de ses vilains cheveux plats, il est donc un peu fort de vouloir censurer son propos.

    Enfin concernant votre affirmation que dans votre milieu une grande importance est donnée au consentement, permettez-moi d’en douter, je pense à deux femmes en particulier qui ont participé à ses milieux et qui toutes les deux parlent d’une absence de respect et de violences sexuelle et psychologique. Alors certes, elles sont françaises, mais il faudrait être un peu naïf pour croire que ce milieu serait différents des autres, le viol est une pratique très banale et le milieu de l’échangisme n’échappe pas à la règle.

    On impose pas des préjugés on les exprime, libre aux gens de leur donner du crédit ou pas, pour une libertine vous êtes bien rapide à vouloir censurer ce qui ne va pas dans votre sens.

    Il faut être aveugle pour ne pas voir de nos jours la pression exercée sur les femmes pour qu’elles aient une sexualité la plus « ouverte » possible. Comme si la panacée c’était d’être toujours d’accord pour coucher avec le plus d’hommes possible même des inconnus, pourvu que l’on puisse prouver que l’on est pas « coincée » du c**. Il n’est pas si mal je trouve d’entendre un autre discours pour une fois, et si on aime la sexualité à deux, « tradi » je vois pas où est le problème, on a bien le droit de le dire et de dire qu’on trouve les trucs à 36 sales.
    La propagande et le prosélytisme autour de l’échangisme et du SM commence personnellement à me gonfler un peu.

    Il se pond un article par semaine pour m’expliquer que la sexualité à plusieurs c’est génial que la monogamie c’est ringard et que je suis trop coincée et que les libertins sont des êtres d’exception. On a le droit de critiquer aussi non ?

    Ou on a créé le crime de lèse-libertinage ?

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  • Meg
    23 février 2014

    La comparaison avec la hyène est vraiment misogyne. Je trouve aussi cet article sans intérêt et déplacé sur un blog féministe car il est truffé de sous entendu sexistes.
    Je ne comprend pas dans quel sens ça peut avoir de l’intérêt ces histoires de brushing. Est-ce que le coiffeur a été impolie, agressif, ou à-t’il commis une agression en faisant cette proposition? Il semble que non. Dire que les échangistes sont des dépravés c’est très connoté puritain. On peu dire que l’échangisme c’est pas son truc(ce n’est pas le mien mais je n’ai pas a juger les autres) mais de la à les traiter de vicieuseux ou dépravé c’est mettre un jugement de valeur sur autrui et c’est stigmatisant. Si la conversation du coiffeur vous fatigue vous lui dites des que le sujet est abordé que ce sujet vous gêne et que vous souhaitez parlé d’autre chose. Ça évite que le coiffeur vous invite si les invitations vous mette si mal à l’aise. Et pour la coupe ratė, ça repousse et payer pour se faire irradier la gueule à coup de produits toxique c’est quant même assez criticable d’un point de vue féministe et écologiste. Il serait temps de vouloir autre chose qu’être belle quant on est une femme et arrêter aussi de critiquer si méchamment les femmes à la sexualité différente de la norme (cf la hyène). Cet article est du pur slut-shaming un comble pour une féministes..
    Je suis triste d’avoir lu ce texte qui aurait pu figurer dans un magazine féminin sexiste du style vogue ou elle.

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  • Daphne
    24 février 2014

    Tuxedo écrit :’ Il y a beaucoup à dire du point de vue politique sur la sexualité et c’est un sujet d’analyse comme un autre.’

    Effectivement. Zavez remarqué à quel point on érotise le pouvoir, la domination(masculine)/soumission(féminine)? Avec la porno hard, le sado-maso ‘in’, 50 nuances de ci et de ça… Dernièrement aussi, des articles et sondages affirmant que l’égalité dans le couple allait de pair avec l’insatisfaction sexuelle. En d’autres termes, l’égalité, ce n’est pas sexy, et comme tout doit être sexy de nos jours… Comprenez l’idée? Suis-je la seule à y voir un ‘backlash’ envers les avancées égalitaires féministes?

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  • Tuxedo
    3 mars 2014

    « Comprenez l’idée? Suis-je la seule à y voir un ‘backlash’ envers les avancées égalitaires féministes? »

    Non non vous n’êtes pas du tout la seule, le discours qui veut que la libération des femmes passe par une libération sexuelle qui serait synonyme de disponibilité sexuelle permanente et obligatoire est loin d’être une vue de l’esprit, et l’idée que vous serez plus « puissante » à 4 pattes à de quoi faire rire mais il y en a pas mal pour nous vendre cette idée.
    Bref, si vous voulez une analyse féministe radicale sur le BDSM vous pouvez trouvez ceci, mais ça dépote, je vous prévient 🙂
    http://www.feministes-radicales.org/2013/07/28/bdsm-un-contrat-sadique-pour-les-sadiques-qui-noues-oppriment/

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  • Tuxedo
    6 mars 2014

    Il est interdit de poster des liens vers d’autres sites internet féministes ? Par exemple les sites de féminisme radical ? Il y a un féminisme acceptable et un autre non ?

    Non parce que je suis censurée lorsque je le fais, (par exemple sur ce fil en réponse à Daphné) donc je me pose la question quand même de la liberté de parole sur ce site ?
    Si on ne partage pas l’avis du modérateur son commentaire est supprimé ?

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  • Lou
    19 mars 2014

    Je suis d’accord avec le fait qu’il faut critiquer la « libération sexuelle » (qui a surtout pour but de rendre les femmes à 100% disponibles au mecs, et pas vraiment libre sexuellement).
    Mais cet article, en dehors de sa superficialité, a une critique que je trouve assez naze. Déjà le fait de juger une femme sur son physique et la traiter de hyène… aucune misogynie, hein?

    Ah et surtout en tant que bisexuelle, je suis *assez furieuse* qu’on m’assimile à de la débauche ou je ne sais quoi. Mais bon, je suis même plus étonnée par la biphobie à l’intérieur du mouvement féministe…

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