Ma tenue ne te dit pas qui je suis !

Sortir à Nantes quand on est une fille, une femme, une adolescente, n’est pas une mince affaire. Il est vrai qu’on est sifflée, appelée, traitée comme de la chair fraîche, voir de tous les noms dont je vous passe la liste et peu défendue. Ouais, enfin, vous allez me dire une journée normale pour une femme qui passe dans la rue, peu importe dans quelle ville, ça se passe bien trop souvent comme ça.
Mais, bizarrement, aujourd’hui, je n’ai eu aucun souci avec ça. Et le problème n’est pas qu’il n’y avait personne dans les rues du centre-ville, bien au contraire. Les bars étaient pleins à craquer, Portugal – Pays de Galles ayant son petit effet, évidemment. Non, le souci c’était moi. Depuis trois mois que je suis là, j’ai eu le temps d’entendre des choses plus ou moins salaces, de voir des regards bien pervers et de sentir des mains baladeuses. Mais, ce soir, rien.

Alors que je me baladais dans les rues avec ma meilleure amie, on s’est installées à la terrasse de notre bar habituel pour regarder le match. Déjà là, les regards figeaient sur nous avec un air étonné. Puis les yeux se sont reposés sur le match. Jusque là, rien n’est vraiment choquant. Enfin, si. À croire que les filles ne s’intéressent pas au foot. Évidemment, les filles ne s’intéressent qu’à la danse, aux poupées Barbie et à la couleur rose. Mais non, nous étions deux filles à la terrasse d’un bar diffusant le match. Bref, passons ce malheureux détail.

Le plus choquant, c’est que, pour une fois, personne ne nous sifflait ou regardait comme des chiennes. Oui, c’est assez dingue, j’en deviens choquée parce qu’on ne se retourne pas sur moi. Sur le coup, je ne me suis aperçue de rien, évidemment, je m’en foutais. Mais en rentrant chez moi, je me suis regardée dans le miroir et j’ai compris. Oui, j’ai mieux compris pourquoi j’avais eu ce sentiment de tranquillité en marchant dans la rue pour une fois. Le contraste entre hier et aujourd’hui était assez flagrant !

Le pourquoi du comment ? Il est simple. Je ne rentrais pas dans les codes vestimentaires de l’hétérosexualité. Attention, je vais rentrer dans une série de clichés immonde et immoral !

J’aurais aussi pu sortir vêtue d’une petite jupe en simili cuir noir m’arrivant légèrement au dessus des genoux, avec une petite veste cintrée, des chaussures à talons et un t-shirt large rentré dans ma jupe pour le style rétro. Mais non, ce jour là, j’ai décidé de m’habiller comme mon humeur l’entendait. C’est-à-dire avec des petites chaussures plates toutes mignonnes de chez H&M, un peu voyantes mais discrètes quand même. Un pantalon slim gris retroussé dans le bas pour laisser apparaître mes chevilles. Un débardeur large, avec une tête de chien qui a une moustache en guise de motif, montrant les bretelles ainsi que le contour de mon soutien-gorge. Et enfin, mes cheveux courts + une casquette blanche avec le logo de superman sur la tête. Vous voyez un peu le genre ? Garçon manqué pourrait-on dire. Mais non, juste quelqu’un qui assume pleinement son style vestimentaire peu importe les regards et les commentaires. Vraiment, je ne sais pas ce qui est le plus désolant. C’est qu’en règle général quand je m’habille comme ça, sans casquette, j’ai le droit à des remarques déplacées. Mais là, il a suffit d’un détail pour simplement dire « eh mec, me parle pas, de toute façon je suis lesbienne !« . Hum, non. Je suis hétérosexuelle et j’aimerais bien que tu enlèves tes à priori sur moi et que tu viennes me parler en fait. Mais non, tant pis, tes préjugés ne me donnent pas envie de venir te parler.

Alors quoi ? Qu’est-ce qui te fait croire que je suis celle que je ne suis pas ? Mes cheveux courts peut-être ? Hum, ça doit être ça.
Je me suis quand même renseignée :
– J’ai d’abord marqué sur google images « Femme lesbienne » et je suis tombée sur ça (première image apparue)

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– Puis, évidemment, j’ai cherché « Femme hétérosexuelle » et la première image apparue : 

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Alors, que doit-on comprendre ? Je vous laisse vous faire votre propre opinion.
Mais, évidemment, on m’a déjà demandé si j’étais lesbienne. On m’a dit « non, je sais très bien que toi je ne peux pas te draguer vu que tu es attirée par les femmes » ou même « c’est cool d’avoir une amie lesbienne, ma copine ne s’inquiète pas quand on se voit« . Bon. Comment dire en restant polie ? Comment expliquer que, non, je ne suis pas lesbienne (et que ce ne serait pas grave si je l’étais, mais ce n’est pas mon orientation) et que ce n’est pas mes cheveux qui doivent t’orienter sur ma sexualité, ni sur la sexualité de personne.

Bien évidemment, ces avis ne sont pas TOUS les avis qui existent concernant les cheveux courts, je ne fais pas de généralité. 

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