La Fédération des femmes du Québec dans de beaux… hijabs

Dans un récent communiqué de presse paru le 9 mai dernier, la Fédération des femmes du Québec a pris position dans le débat houleux entourant le port des signes religieux au sein de la fonction publique québécoise. La FFQ a choisi de ne pas appuyer l’interdiction du port du hijab chez la femme qui œuvre dans la fonction publique.

Bien que l’identité religieuse soit une thématique des plus délicates, cette prise de position de la FFQ a été fortement décriée par certains milieux féministes qui se sentent trahis par un organisme qui devrait pourtant les parrainer. À leurs yeux, il est odieux de permettre ouvertement le port d’un signe de « soumission » de la femme. Du point de vue de la FFQ, on s’explique en faisant valoir l’importance de l’intégration des femmes et de la liberté de culte. En outre, Michèle Asselin, présidente de la FFQ, tient les propos suivants :

En même temps qu’elles s’opposent à l’obligation qui est faite aux femmes de porter des signes religieux ici et ailleurs dans le monde, elles s’opposent également à l’interdiction du port de ces signes au sein de la fonction et des services publics québécois. « Pas d’obligation, pas d’interdiction »

Aux premiers abords, ces propos paraissent contradictoires: la FFQ rejette le port de symboles religieux chez la femme, mais le tolère au sein des services publics du Québec.  Ailleurs, c’est mal, ici, c’est bien?

Bannir ou non les signes religieux dans les institutions québécoises est, de toutes façons, un débat qui n’a pas fini de faire couler l’encre. Est-ce que la féministe en vous se sent outrée par une telle décision? Ou, au contraire, appuyez-vous la démarche de la FFQ?

15 Comments

  • Billie Savvy
    12 mai 2009

    Je ne sais trop comment me positionner sur la question du port du symbole religieux. Mais j’avoue que j’en ai marre qu’on s’attaque toujours aux femmes qui portent ces symboles interprétés comme signes de soumission, alors qu’elles sont les victimes d’un système patriarcal.

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  • Loîc
    13 mai 2009

    en France on a résolu le problème : NON au port du voile ou de tout autre couvre-chef d’inspiration extrémiste dans l’administration ainsi que dans les écoles, collèges et lycées.

    c’est très bien ainsi.

    en l’occurrence, je ne parle même pas de féminisme ou d’anti-féminisme : je parle du droit de chaque être à ne pas subir l’humiliation de l’obscurantisme.

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  • Joanie
    13 mai 2009

    Je suis totalement d’acord avec la position de la FFQ.

    Premier point: Il s’agit de dénoncer toute coercition envers les femmes, qu’elle provienne de la religion ou de l’État. Choisir de ne pas interdire les signes religieux comme le foulard islamique dans la fonction publique ne veut pas dire être d’accord avec le symbole que représente le hijab. Cela veut dire qu’on refuse qu’une institution prenne la décision pour les femmes. Aucune obligation à le porter ou à l’enlever.

    Deuxième point: Le foulard est un symbole de différentiation sexuelle (même s’il possède plusieurs autre sens pour celles qui le portent) auquel je m’oppose dans l’absolu. Cependant, je refuse que l’on s’attaque au hijab alors qu’on laisse passer les signes de différentiation sexuelle vestimentaires occidentaux (décolletés, talons hauts, bijoux, maquillage, etc.) Pour moi, la critique du foulard doit passer par une critique de la complémentarité entre les sexes et de son marquage dans l’espace publique.

    Je refuse que l’on se serve des musulmanes pour décharger notre conscience québécoise et ainsi leur faire porter seules le poids et les conséquences de la « soumission ».

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  • Valerie
    13 mai 2009

    J’ai bien du mal à accepter une telle chose.

    Je comprends la volonté de la FFQ de permettre aux musulmanes d’intégrer la fonction publique dans cette contrainte, pour certaines peut-être insurmontable, d’enlever le foulard. Et pourtant…

    Pourtant, cette position me heurte quand même, en tant que femme et en tant que Québécoise. Déjà parce que les musulmanes n’ont rien demandé et même que pour plusieurs, elles préfèrent cette interdiction demandée par la Commission Bouchard-Taylor. Pourquoi alors aller dans l’autre sens? Et comment justifier une telle décision, alors que même en Turquie, pays majoritairement musulman, le port du voile est interdit dans la fonction publique?

    Parce que les Québécois souffrent d’un complexe? Ils ont tellement peur de passer pour racistes qu’ils sont prêts à tout accepter pour se donner bonne conscience?

    Les signes de différenciation sexuelle, désolée mais ça n’a rien à voir. Un décolleté ou une cravate ne portent ni un discours religieux, ni politique. Il ne s’agit absolument pas de marquage des sexes, mais de symbole religieux fortement marqué politiquement.

    J’ai beaucoup de mal à accepter tout symbole religieux aussi visible alors que nous sommes supposés vivre au sein d’un État laïc; cela inclut aussi tout turban, kirpan ou signe très manifeste qui puisse exister. Le voile musulman, de surcroît, porte une symbolique d’autant plus forte qu’elle est associée directement à la soumission des femmes.

    Pour ma part, qu’on porte un petit symbole sur soi, non visible de tous, pas de problème. Cependant, je suis pour un bannissement de tout symbole religieux manifeste dans la fonction publique.

    Je refuse qu’on se serve des complexes québécois pour se donner bonne conscience en donnant aux musulmanes ce qu’elles n’ont jamais demandé.

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  • Gabriellelad
    13 mai 2009

    Épineuse question s’il en est une.

    Je n’aime vraiment pas la position de la FFQ. Mais je ne vois pas d’autres solutions qui permettrait l’inclusion des femmes musulmanes…

    Par contre, je dois admettre que les propos de Valérie m’interpellent. « Un décolleté ou une cravate ne portent ni un discours religieux, ni politique »
    Je crois qu’au contraire, la cravate et le décolleté (notamment) sont des éléments très politiques, dans la mesure ou ils renforcent et cautionnent les stéréotypes et caractères genrés/sexés/sexuels.

    Mais bien sûr, cette analyse part du point de vue selon lequel le genre est construit et qu’on doit viser à le déconstruire 😉

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  • Valerie
    14 mai 2009

    Attendez, on ne peut pas comparer un hijab et une cravate, il faut arrêter de pousser!

    Bien sûr, si on se lance dans des considérations métaphysiques sur la nature profonde de l’être humain et la construction des genres, on constate que ces objets ont un point commun: ils sont socialement attribués à un sexe en particulier et qu’en tant qu’identificateurs de genre, il faudrait peut-être les déconstruire (je dis peut-être, parce que je porte avec bonheur des décolletés, et je ne suis pas prête à porter une cravate, convictions féministes ou non).

    Mais désolée, vous ne me ferez pas avaler qu’une cravate ou un décolleté portent un discours religieux ou politique au même titre que le hijab (ou la burka, ou le kirpan, ou d’autres signes religieux aussi forts). Affirmer ça, c’est diluer le débat mais surtout ignorer superbement le combat admirable de toutes les musulmanes qui se battent au péril de leur vie pour enlever leur voile.

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  • Emilie
    16 mai 2009

    Billie Savvy: J’ai aussi du mal à me positionner sur cette question. Oui pour le droit au culte, non à l’intolérance, à la violence. Non à tous ces torts subis par les femmes au nom d’une religion, d’une culture, d’un mode de vie…

    Loic: Je ne crois pas que le Québec soit prêt à prendre officiellement position, comme « nation », peu importe ce dont il s’agit. Les esprits sont très divisés.

    Joanie: Totalement d’accord sur le droit de choisir. Une société comme la nôtre doit pouvoir permettre aux femmes de se sentir à l’aise de porter ou non le voile islamique. Mais au-delà des signes religieux, il existe d’autres signes de « soumission ». Une soumission plus insidieuse… Doit-on à tout coup les interdire? Je pense qu’il serait temps que notre société se pose davantage de questions, sans nécessairement passer par des commissions qui ne donnent pas les résultats escomptés.

    Valerie: Effectivement, au Québec la tendance est à gommer tout ce qui pourrait susciter la confrontation. Toujours ni oui ni non. Pas pour rien que ce genre de situation provoque toujours des remous. Les différentes instances ne savent pas trop sur quel pied danser. Permettre le port des symboles religieux alors que la fonction publique tend depuis plusieurs années vers une laïcisation? Encore un cas d’ambivalence propre à notre société où il ne fait pas bon prendre position…

    Gabriellad / Valerie: La cravate et le décolleté renforcent probablement certains types de préjugés. On leur attribue des critères sociaux, non religieux. Il n’y a pas nécessairement une obligation ou un précepte issu d’une charte religieuse, dans ce cas là.

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  • Dominique
    18 mai 2009

    Vous savez bien que le « féminisme » n’est pas (n’est plus) qu’un powertrip de femmes blanches occidentales. C’est dommage de croire que la FFQ est représentative de toutes les féministes du Québec… d’ailleurs ce blogue démontre bien que nous n’approuvons pas toutes (et tous) cette institution qui nous laisse souvent sur notre faim en terme de décision et d’action efficace. Bref… il faut faire attention, Richard, et ne pas toutes nous mettre dans le même bateau. Et ce ne sont pas que les « hommes » qui ont demandé si le féminisme n’était qu’un combat de « blanches », mais bien des femmes de couleurs avant vous.

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  • Marie-Josée
    18 mai 2009

    Moi ce qui me dérange c’est l’utilisation de termes englobants pour ne pas avoir à nommer un problème. La FFQ se cache derrière des phrases, genre « la lutte contre toutes les oppressions » juste pour avoir l’air de ne viser personne ou par peur de passer pour raciste. Ce n’est pas très convaincant. C’est comme si un médecin qui traite des cancéreux disait à ses patients « On va vous traiter pour toutes les maladies ».

    Je ne suis pas prête à dire pour autant que le féminisme occidental ne se bat que pour des femmes blanches et contre des hommes blancs. Je comprend les gens de trouver la FFQ incohérente mais cette organisation ne résume heureusement pas le féminisme.

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  • Raphaël
    22 mai 2009

    Très intéressant débat et personnellement, je crois que le Québec est prêt à opter pour la laïcité. On croit, à tort, que notre État est laïque. Notre société a pris cette décision, mais les décisions politiques n’ont malheureusement pas suivi.
    Et s’il fallait adopter une Charte de la laïcité, le consensus québécois résisterait-il à l’assaut de certaines communautés qui s’appuieraient sur la Cour suprême du Canada pour charcuter une telle loi. Parce que le choix de la laïcité implique une modification de la constitution canadienne; sommes-nous prêts à pareil combat?

    Bref, la position de la FFQ crée chez moi un certain malaise, même si je la comprends. Mais je crois que cette prise de position nuira plus aux femmes qu’elles veulent aider qu’autre chose…

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  • Sisyphe
    26 mai 2009

    Sisyphe a pris position en proposant une charte de la laïcité. Nou présentons aussi la position de la FFQ, ainsi que plusieurs lettres d’appuis à cette position, des critiques, beaucoup de commentaires sous les textes. Plus de 300 personnes ont signé le texte de Sisyphe en ligne (« Pour une Charte de la laïcité au Québec »), à la suite de 70 personnalités de différents milieux. Nous ne nous attachons pas qu’à la question du foulard islamique – le débat dépasse pargement ce sujet. Nous vous invitons en prendre connaissance de cette documentation et à participer: http://sisyphe.org/spip.php?article3310

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  • HELMUT
    16 janvier 2010

    chercher ce qui rapproche ; et non pas ce qui exclue les « autres » .. sincerement: les sympboles de soumission; de déséquilibre; de mépris de sois-mème; de révolte; et de ce que vous voulez de cette suite lexicale : ne peut etre de l’ordre du jour , n’interdisez que ce qui nous partage réellement ; la haine et le terrorisme cahé dans les fins fonds tenébres de quelques tetes -certainement ignorantes- mais jamais conciliantes .
    voile / tete rasée / coup de cheval / ou chapeau mexicain ; ça ne doit pas choquer . mais SEMER LA PEUR ; vous n’en douter pas : ce n’est pas acceptable.

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  • Joëlle
    3 novembre 2011

    Cette position ne heurtent pas les femmes, merci pour elles… j’aurais mal vu des féministes rendrent une des leurs coupable. Et coupable de porter un voile… les lois sont supposées être faites pour nous protéger du danger, et comment commettent-elles un danger pour autrui en portant le voile?!

    Soyons pas dupes, c’est de l’hypocrisie quand on fait endosser le voile des femmes sous le signe de la religion. Si on veut réellement protéger ces femmes, il faut se tourner vers ces hommes (et femmes… hé oui, malheureusement) qui persistent ici à contraindre leurs femmes et leurs filles de se cacher sous un voile, eux, méritent d’être incriminés.

    On tolère que des personnes soumettent l’autre à se cacher sous un voile en public; ce n’est franchement pas normal?????!
    Soudain, j’ai une pensée qui me ramène aux noirs et l’esclavagisme… on a déjà trouvé ça très normal. :-C

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  • Joëlle
    3 novembre 2011

    Quand on a interdit l’esclavagisme, est-ce qu’on culpabilisait les victimes esclaves, ou l’acte et la personnes contraignait à la soumission?

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