Coming out Féministe

Je suis ce blogue depuis le début ou presque, et ça fait longtemps que je désires participer, écrire.  Comme premier article j’ai décidé de parler du coming out en tant que féministe. 

En effet, depuis quelques temps je réalise que c’est tout un coming out que d’affirmer, et de revendiquer, être féministe.  Bien entendu, mes propos sont toujours teintés d’un certain féminisme, mais c’est une autre histoire de se qualifier féministe en ces temps de mauvaise réputation pour les féministes.  Non pas que les féministes aient mauvaise presse, c’est plutôt qu’on observe une certaine réticence de la part des gens (peu importe leur âge, leur origine et leur sexe) à se définir comme féministe.  Afin d’appuyer mon propos, j’y vais de ma petite histoire. 

Tout d’abord, je suis féministe depuis toujours.  En fait, d’aussi loin que je me souviennes, même à l’école primaire je demandais à ma professeure d’utiliser le terme Humain plutôt que Homme afin de nous enseigner, je trouvais ça définitivement plus inclusif.  À l’époque, on me trouvait cute et on se disait que ça me passerait.  Néanmoins, j’ai toujours su que le féminisme ferait parti de ma vie et que ça serait une partie importante de ma vie.

Après plusieurs détours scolaires, je me suis finalement inscrite à l’UQAM en Études Féministes.  Et depuis, mon réel coming out a commencé.  D’abord l’annoncer à ma famille, non pas celle de ma mère, qui me connaît réellement, mais celle de mon père!  Les commentaires du genre : « Il va falloir faire attention à ce que l’on dit! » ont commencé à fuser.  Puis, mon père a sourit, lui il ne dit jamais rien, il ne comprend rien à l’université, mais est très fier que sa fille y aille! 

Ensuite, à mon travail, un poste au syndicat s’est ouvert, celui de Déléguée à la Condition Féminine.  Poste pour lequel j’ai postulé et que j’ai obtenu!  Quoique mes tâches soient encore mal définies pour l’instant, je suis contente de cette prise de position personnelle.  En discutant avec le directeur général, je lui ai affirmé que ce poste était tout désigné pour moi puisque j’étudiais justement en Études Féministes!  Lui de me répondre : « Ha oui?! Vraiment? »  Et moi d’ajouter : « Mais oui, féministe à ce point là! »  S’en est suivi une discussion assez intéressante sur les tenants et aboutissants d’une telle démarche scolaire, avec la participation d’une cheffe de département qui s’affirme en tant que NON-féministe, parce qu’elle trouve que les femmes ont perdu beaucoup de chose à cause des luttes féministes.  J’ai cependant trouvé intéressant l’intervention de mon directeur général qui lui a demandé, d’un air un peu surprit, si elle ne trouvait pas que les femmes avaient beaucoup gagné aussi grâce aux luttes féministes… et moi de penser qu’elle n’aurait certainement pas obtenu son poste de direction si ce n’était de ces revendications féministes, mais bon! 

Mais, le plus intéressant s’en vient! 

Dans un premier temps, une amie voulant me donner des conseils afin que je me trouve un petit-ami (hé oui, il semble que ma situation de célibataire soit désespérante au point où mes amies se sentent interpellées et se font un devoir de me dire comment faire) me dise : « Premièrement, tu ne dis PAS que tu étudies en Études Féministes, à un gars que tu rencontre dans un bar, il ne voudra pas de toi! »  Je l’ai essayé, mais je réponds quoi à quelqu’un qui cherche à mieux me connaître et qui me demande en quoi j’étudie? Je mens?  Pourquoi devrais-je cacher une partie de mon identité (puisque je suis ÉTUDIANTE) afin qu’un gars s’intéresse à moi?  Pourquoi ne pourrais-je pas être moi-même?  Qu’y a-t-il de si effrayant dans le fait d’être féministe?  Et puis, voudrais-je d’un homme qui ne veut pas entendre parler de féminisme?  Pourquoi devrais-je faire semblant, pour ensuite avouer ma faute, le mensonge et lui faire comprendre que dans le fond, c’était pour éviter qu’il ne s’enfuie et que l’on se donne le temps de se connaître?  N’est-ce pas prendre les hommes pour des êtres dotés d’une intelligence moindre que de penser que le seul mot féministe les fasse fuir?  Cela ne rabaisse-t-il pas les relations interpersonnelles à des jeux de rôles où tout le monde apprend un texte et sait quoi dire au bon moment afin de ne pas brusquer l’autre?  Pourquoi ne peut-on pas faire confiance à la vie et se dire que les personnes qui se retrouvent sur notre chemin peuvent être aussi ouvertes d’esprit que nous?

C’est suite à ces réflexions que dans un deuxième temps, j’ai décidé de suivre mon instinct et surtout ce que me dictait ma conscience.  Il y a quelques temps, j’ai rencontré un jeune homme très intéressant, on discutait, il me parlait de ce qu’il faisait dans la vie, je lui posais beaucoup de questions.  Puis, il m’a demandé en quoi j’étudiais, j’ai sourit, prit un grand respire et je lui ai dit.  Il m’a questionné sur la raison de ce sourire avant de le dire et m’a dit que c’était très intéressant comme champ d’études!  Voilà! 

 J’avais raison… mais mon amie aussi.  C’est ça qui est malheureux!  Il y a effectivement des gens qui agiront différemment avec moi depuis qu’ils le savent, comme la famille de mon père.  Cependant, une chose est importante pour moi : la famille je ne la choisi pas, donc je fais avec, mais les amiEs je les choisi, et c’est pourquoi je ne cacherai à personne que Je suis FÉMINISTE puisque si ces personnes ne peuvent faire preuve d’une ouverture, je ne les veux pas dans mon entourage! 

 

Et vous?  Comment vivez-vous votre féminisme?  En privé? En public? Comment les gens autour de vous réagissent-ils?

26 Comments

  • Noisette Sociale
    6 novembre 2009

    J’adore ce premier texte de ta part, il est tout simplement génial!

    Je me considère féministe aussi et je n’ai pas peur de le dire malgré le mouvement de réticence que je sens souvent chez certains quand on utilise ce mot-là. D’ailleurs, faudrait m’expliquer un jour pourquoi l’adjectif « féministe » a obtenu une connotation négative avec le temps.

    Mais ta collègue de travail qui prétend que les femmes ont perdu beaucoup en raison des luttes féministes… je serais bien curieuse d’avoir des exemples! Ce passage de ton texte m’a complètement mystifiée.

    Puis quand tu parles de ton amie qui te conseillait de ne pas dire que tu étais en études féministes… je ne l’ai pas compris non plus. Un gars qui trouve ça ringard ne vaut probablement pas la peine d’être fréquenté. Mais ça, c’est mon avis. 🙂

    Bonne continuation et j’espère pouvoir te relire bientôt!

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  • Stéphanie
    6 novembre 2009

    Je suis assez pessimiste face à la possibilité d’une éventuelle acceptation du mot « féminisme » dans notre société. Les préjugés contre les féministes sont trop acceptés comme vérité d’évangile. Quand vous le dites les filles, je ne peux que vous conseiller d’ajouter une mini-définition disant que vous êtes pour l’égalité des sexes.

    Au Québec, beaucoup de gens disent « liqueur » pour « boisson gazeuse », alors si je demandais à une personne québécoise si elle aime la liqueur, je saurais que je dois préciser ce que j’entend par là, sinon, elle risque de se méprendre sur le sens de ma question.

    Les références sur lesquels se basent les hommes et les femmes qui jugent les féministes n’appartiennent pas au domaine du rationnel, elles sont du domaine du préjugé et des généralisations. Ces gens ne sont pas intéressé-es à mettre leurs croyances à l’épreuve en cherchant à découvrir réellement le mouvement féministe.

    Lorsque vous vous dites féministes, ce n’est pas comme si vous disiez que vous êtes philatéliste à une personne qui entend le mot pour la première fois. Alors qu’un(e) philateliste n’a qu’à dire ce qu’il ou elle est pour que tout soit clair, la féministe doit en plus rassurer son interlocuteur en lui disant ce qu’elle n’est pas (haineuse, castratrice, etc). Et elle n’est pas toujours crue.

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  • Pascale
    6 novembre 2009

    Bravo Caroline!

    Pourquoi devrait-on cacher nos convictions pour plaire aux autres? Si un homme est effrayé par le mot féministe, c’est qu’il n,a pas une grande confiance en lui et qu’il n’en vaut pas la peine anyway…

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  • Rouge
    7 novembre 2009

    Bonjour Caroline

    Comme Pascale, j’ai tendance à penser que mentir à un potentiel petit ami sur son féminisme, c’est bien mal engager une relation qu’on souhaite égalitaire. S’affirmer féministe d’emblée, c’est éliminer tout un tas de gens qui ne valent pas la peine d’être fréquentés et s’épargner bien des désillusions par la suite.

    A mon avis, pour être tranquille en tant que féministe, il faut être péremptoire et sûre de soi, et les gens te fichent la paix. C’est ce que j’ai expérimenté dans mon entourage professionnel. Ok, tu es la « féministe de service » et quelques crétins et idiotes chercheront toujours à te provoquer (pas de quartier, sur ceux-là, il faut les rétamer), mais la plupart des gens respecteront tes convictions, même s’ils ne les partagent pas. Et ceux à qui ça ne plaît pas, qu’ils aillent au diable !

    Aux femmes qui se disent « non-féministes », je réponds : « J’espère que, pour être en accord avec ton non-féminisme, tu ne travailles pas, tu n’utilises pas de compte en banque, de chéquier, de contraception, que tu es mère au foyer de quatre ou cinq enfants au moins (un tous les ans depuis ton mariage), et que tu demandes la permission à ton père ou ton mari pour chaque décision de ta vie quotidienne ! si tu ne fais pas cela, tu peux remercier les féministes, c’est grâce à elles que tu n’y es pas obligée. »

    Ne nous cachons pas, n’ayons pas peur. C’est par la peur qu’ils tiennent les femmes depuis des siècles.

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  • Pascale
    7 novembre 2009

    Tellement vrai Rouge!
    Nous avons tendance à oublier le chemin que nos mères ont ouvert pour nous. On a tendance à prendre tout ca pour acquis aujourd’hui. Pour qu’on profite de tout ca , il a fallu que des femmes se battent! Nous devrons les remercier au lieu de les critiquer!

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  • Stéphanie
    7 novembre 2009

    @Caroline

    L’existence du féminisme différentialiste, me rappelle toute l’absurdité de l’argumentaire anti-féministes qui nous accusent de tout et son contraire.

    Ainsi on dit des féministes qu’elles sont « masculines » et anti-mères au foyer tout en soutenant qu’elles veulent imposer les valeurs dites féminines au reste du monde! Branchez-vous, merde!

    Vous voyez que peu importe les contorsions psychologiques que nous nous imposerons, il y aura toujours des rouspéteurs…

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  • Sue
    7 novembre 2009

    Bravo Caro!
    Vraiment génial!!
    Étant une du côté de ta mère 😉 je ne m’étais jamais arrêter au fait d’être féministe ou non… mais grâce à tes argument suite à certaine de nos conversations tu m’as rappelée que si nous étions ou nous sommes et que si j’avais la liberté de mes choix c’était bien grâce à toutes les féministes qui se sont battues pour nous. Donc, toutes ses femmes qui étaient trop extrémistes et mal vu nous leurs devons tellement… et nous nous devons d’être fière et surtout de continuer de s’affirmer!!!

    Encore une fois BRAVO!!

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  • mymyk
    7 novembre 2009

    Pour répondre aux questions de la fin de Caroline R.

    Je vis mon féminisme en public. J’en parle même au boulot, parfois. En tout cas, ce n’est absolument pas un secret.

    Je suis dans la vingtaine. Les femmes de la génération qui me précède ont vu ce que le mouvement féministe a apporté à la condition des femmes. Les hommes de leur génération aussi. J’ai remarqué que c’était plus les gens de mon âge qui réagissaient moins bien. C’était plutôt eux qui disaient des trucs du genre que c’était dépassé, ou que l’égalité est atteinte, etc. Plusieurs, hommes ou femmes, comprennent mal ou ne comprennent tout simplement pas. Comme Stéphanie à dit (6 novembre), il faut alors que j’explique ce que ça veut dire pour moi être féministe.

    Sur une note plus personnelle : mon chum est féministe, et il ne s’en cache pas non plus. Je vous souhaite à toutes, féministes ou non, de trouver un amoureux ou une amoureuse qui partagera ces valeurs.

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  • Marie J.M.
    8 novembre 2009

    Il y a une partie de moi qui n’arrive pas à comprendre comment on peut être « anti-féministe ». Comment peut-on être contre l’égalité entre les humains? Comment peut-on être contre la lierté de choix pour tous?

    Il me semble que ce serait comme affirmer que l’on est pour les enfants exploités ou pour la pauvreté… Je ne comprends pas…

    La seule réponse qui me vient pour expliquer ceci c’est le manque d’éducation et de conscience sociale… Je me trompe? Éclairez-moi! 😉

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  • Lizzy
    8 novembre 2009

    Bravo pour ce premier papier!

    Personnellement, des fois, je n’ai même pas conscience d’être féministe puisque pour moi c’est est tout à fait naturel. Ce sont les autres qui me le rappellent par leur commentaires; une amie aime bien me présenter à ses connaissance comme « la féministe ». Elle croit que les autres seront choqués de mes commentaires et point de vues…elle préfère donc les en avertir. Cette attitude met en relief toute la part d’incompréhension qui règne dans notre société, même dans les sphères les plus proches de nous.
    Les commentaires racistes, avec le temps, ont généralement été évacués du discours courant. Toutefois, ceux qui visent les femmes persistent et c’est pourquoi les gens ont souvent peur des féministes, parce qu’elles sauront relevé dans les pensées ce qui ne doit plus être toléré.
    Quand mon amie avertie les autres de ma position, ou que ton père te dis qu’il devra faire attention à ce qu’il dit…c’est parce que les gens savent qu’ils font, sans se rendre compte, des commentaires tout à fait déplacés et incorrects mais que souvent tout cela passe sous silence. Voilà pourquoi il faut vivre son féminisme dans toutes les sphères de sa vie, publique et privée; pour que les mentalités changent, il ne faut pas se cacher, il faut faire son « coming out »!

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  • Nouch
    9 novembre 2009

    je suis l’avis général de dire que mentir sur son identité (je pense que le fait d’être féministe est une part essentielle de l’identité de quelqu’un) lors d’un début de relation n’est pas une bonne idée…
    En plus, tu risques de ne pas rencontrer des hommes féministes, ce qui serait dommage!

    je comprends bien la vision de « coming out » que tu as, moi je l’ai connu en entreprise plus que dans ma famille qui est féministe…

    c’est vrai qu’il est assez rageant de voir que ce mot est tellement dévalorisé par certain(e)s.

    bravo pour ton premier texte, il est super!

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  • Pascale
    9 novembre 2009

    Je viens de visionner le film Polytechnique…(oui je sais, je suis en retard) et je réalise pourquoi les femmes peuvent avoir peur d’afficher leur féminisme… J’étais moi-meme étudiante en biochimie à l’époque du massacre de Poly, donc j’en ai été tres consciente, mais j’avoue que je n’avais pas vraiment réalisé toute la haine contre les féministes que ce geste portait. Ceci n’a pas été tres médiatisé à l’époque…

    Ca fait 20 ans de cela et les femmes ont encore peur…! Preuve qu’il y a encore du chemin à faire… Ne lachons pas! Les luttes sont plus subtiles aujourd’hui, mais elles sont bel et bien présentes.

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  • Claudine
    9 novembre 2009

    C’est un texte très intéressant, très bien écrit et qui donne beaucoup de matière à réflexion.

    C’est drôle, j’ai récemment réfléchi sur le « coming out » féministe et donc je suis très contente de pouvoir lire un texte qui traite de se sujet. Pour moi, j’ai eu une révélation lorsqu’il y a quelque temps, j’ai fait mon « coming out » féministe à mes parents. Pas de réaction violente, pas de mépris ni rien de tout ça, je me suis sentie acceptée dans mes convictions, mais jai senti une grande incompréhension, surtout de mon père, ce qui m’a laissée un peu perplexe. Ça m’a surprise parce que lorsque j’ai fait mon coming out en tant que lesbienne, il y a 4 ans, je n’ai eu à peu près aucune réaction, la nouvelle a été très bien prise, avec à peine un haussement d’épaules.

    Et la semaine dernière, j’expliquais à ma mère mon implication dans divers groupes féministes. Et elle m’a dit: « Ah, je ne savais pas que c’était comme ça le féminisme. » Elle a vu le féminisme d’un oeil beaucoup plus positif une fois que concrètement, elle savait réellement ce qui en était. Peut-être y a-t-il encore de l’éducation à faire de la part de nous autres, féministes? Tout en continuant nos luttes, qui restent, et demeureront pour quelque temps encore, malheureusement, toujours d’actualité et nécessaires, n’y aurait-il pas lieu de présenter le mouvement sous un autre jour? Je lance ça comme ça, sans avoir de réponses à ce point-ci.

    Et donc, je me demande maintenant: qu’est-ce qui est le plus choquant, en 2009? Être lesbienne, ou bien être féministe? La réponse n’est peut-être pas celle que l’on pense…

    Quant aux rencontres amoureuses, je suis d’accord avec Caroline. Je ne pense pas qu’il soit bon de cacher ce genre d’information, à la longue ça nous rattrape toujours.

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  • Rouge
    10 novembre 2009

    Décidément, merci pour ton article, Caroline, car il ouvre de multiples débats !

    Claudine, ton post me fait réagir, il pose le problème de l’éducation des non-féministes au féminisme. Bien sûr, expliquer et détailler le féminisme d’aujourd’hui est peut-être un moyen de lever certains préjugés, en particulier ceux d’un féminisme castrateur de femmes frustrées, etc.
    Mais même si je peux admettre ce raisonnement, il me révolte d’une certaine manière : comment se fait-il qu’il faille éduquer les gens au respect le plus élémentaire de la moitié de l’humanité ? Si les gens ne sont pas capables de le comprendre tout seuls et d’instinct (c’est quand même la moindre des choses !), ils doivent y être contraints par la loi, par le lobbying et non y être amenés par la pédagogie. Lorsque la loi dira : « vous pensez de travers, vous avez tort et en plus c’est interdit », les mentalités évolueront et ceux qui continueront à penser de travers seront obligés de le cacher, comme pour le racisme actuellement.
    De plus, la pédagogie nous renvoie à notre éternel rôle d’éducatrice et j’avoue que personnellement, si j’ai plaisir à éduquer mes enfants dans le féminisme, je ne supporte pas l’idée de perdre mon temps à instruire des gens souvent de mauvaise foi qui, de toute façon, quoi que je dise, quoi que je pense, quels que soient les arguments que je donnerai, finiront tôt ou tard par me considérer comme une extrémiste. Alors pourquoi se fatiguer ?

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  • Edenne
    15 novembre 2009

    Bravo Caroline pour ce coming out! 🙂

    L’affirmation de soi, l’empowerment par la mise de l’avant d’une identité unique est indissociable du féminisme. Voilà pourquoi il est primordial de se déclarer ouvertement féministe.

    À mon avis, ceux et celles présentant des réticences au féminisme (malgré une présentation détaillée des objectifs de ce mouvement, de cette manière de percevoir la réalité) ne méritent pas que tu leur accordes davantage d’attention. Le partage de valeurs et de sensibilité étant partie intégrale d’une relation (d’amitié ou amoureuse), il est donc normal que le féminisme en soit indissociable.

    Selon moi, se définir en tant que féministes est un atout!

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  • aurélie
    20 novembre 2009

    Je suis assez embêtée par votre vision du féminisme façon « girl power ».

    selon vos critères, je serais à classer dans la catégorrie des pauvres victimes des comportements induits car j’apporte un soin particulier à mes tenues vestimentaires, je porte volontiers des jupes courtes et des talons hauts, le maquillage ne me rebute pas, je prends grand soin de mon apparence et le vieillissement me pose d’éternelles questions, ça ne me déplait pas qu’un homme me considère comme un être délicat et ait des égards envers moi au simple motif que je sois une femme et enfin car une dose de caractère bien trempé chez un homme qui sait prendre des décisions ne me dérange absolument pas.

    pourtant je n’ai jamais eu le sentiment d’être une bimbo. D’ailleurs aucun homme ne m’a jamais manqué de respect.

    Et si leurs intentions sont parfois (souvent) intéressées, je n’oublie jamais ô combien il est agréable d’être l’objet (quel vilain mot allez vous me dire) de regards sensuels dans ce jeu universel qu’est la séduction.

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  • Valerie
    20 novembre 2009

    Le Girl Power a aussi été repris à la fin des années 90 par une brochette de pop stars. Il ne s’agissait finalement que d’envoyer les fillettes directement au centre d’achats.

    Cela dit, avant d’aimer être objet de désir, je persiste à croire qu’il faut être capable soi-même de désirer activement, d’être sujet de désir. La passivité impliquée dans la notion d’objet enlève momentanément la possibilité d’auto-détermination. Lorsqu’on est objet de désir, on dépend nécessairement du regard des autres. Il faut faire attention, je crois, lorsque l’on revendique ce droit à la passivité.

    Cela dit, qu’on se définisse explicitement féministe ou non, je ne crois pas que cela changera quoi que ce soit en bout de ligne. Dès que l’on aura à se prononcer sur un sujet lié aux femmes, les personnes qui nous entourent auront vite fait de nous étiquetter, pour le meilleur et pour le pire.

    Anecdote (un peu longue, mais elle en vaut la peine)

    Je travaille dans une école secondaire à titre de surveillante-éducatrice. Un midi, à la cafétéria, de jeunes filles regardaient un guide pour adolescentes (il est à noter que les garçons n’ont pas de guides pour adolescents, et que le guide qu’elles regardaient était payé par des compagnies de produits hygiéniques). Je me penche par-dessus leur épaule afin d’entamer un dialogue sur le contenu du dit guide. Parce que j’ai les aptitudes nécessaires pour le faire, et parce que comme il n’y a plus de cours de FPS dans les écoles, la responsabilité d’éducation incombe à tous.

    Je regarde donc le guide, on y parle d’épilation, de toutes les manières possibles de s’épiler. Seulement, on ne dit jamais que ça reste un CHOIX. En fait, on y conseillait même aux filles de se raser l’hiver aussi (!?!). Je leur relève cette observation, d’un ton sommes toutes assez léger. Je leur dis à la blague : vous savez, les hommes, leur poil pousse tout aussi naturellement que le vôtre et eux, ils ne doivent pas l’enlever. Alors sachez que ça reste un choix, quand même, et que ce n’est pas DÉGEULASSE en soi que d’avoir du poil.

    Vous savez, ce genre d’intervention qui vise à renforcir positivement. Un truc gentil, pas une tentative de conversion au féminisme. Ce même genre de commentaires qui m’a valu des réactions positives de la part d’autres élèves.

    Un nouveau collègue de travail m’entend et intervient. Avec sarcasme, pour je ne sais quelle raison, il se fâche.

    -Franchement, tout le monde sait que tout le monde trouve ça dégeulasse du poil sur une fille, as-tu déjà vu une fille avec un shag?!

    Il monte le ton, gonfle son torse et me tombe dessus devant les élèves comme personne ne l’avait jamais fait depuis que j’étais moi-même au secondaire.

    Il me dit :

    -Tu es féministe?

    Ce à quoi je réponds que oui, sans doute, mais que mes préoccupations sont avant tout d’ordre humanistes et généralisables à l’ensemble des êtres humains.

    -NON. Tu es féministe!

    Il me parle de talons hauts, ce à quoi je réponds que c’est très bien mais qu’il faut rester conscient que ça a été inventé pour faire relever les fesses et balancer les hanches. Que si on observe bien l’effet des talons hauts, on se rend compte qu’on a à faire à un corset virtuel. Que les gens peuvent bien en porter mais que compte tenu de ces observations, je préfère personnellement ne pas en porter.

    -C’est parce que les talons hauts ne te vont pas bien!

    Tout ça devant les élèves, vous vous rendez compte. Et il ne me connaissait pas avant, il ne pouvait savoir quelles étaient mes positions à ce sujet. Quand je travaille, je suis très BCBG, rien d’une militante.

    Pour la première fois, je me suis rendue compte que le féminisme pouvait être un handicap…

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  • Stéphanie
    20 novembre 2009

    Concernant l’annecdote du (navrant) guide pour adolescentes, je suis toujours sidérée lorsque je constate les réactions parfois extrèmement agressives et surtout totalement disproportionnée de la part de certains hommes juste parce qu’une femme a osé remettre en question ce que « tout le monde » pense supposément. Et c’est nous qui passont pour des enragées!

    Ça n’a pourtant rien d’exclusivement féministe que de s’arrêter 2 secondes pour se demander s’il est abolument obligatoire qu’une fille s’épile tout les poils du corps à part les cheveux et 2 minces traits de sourcils. Se poser des questions est naturel, c’est ce qui nous distingue des plantes vertes et de la plupart des animaux!

    Les critères de perfection inaccessibles commencent déjà à s’étendre aux hommes. Que croyez-vous que les hommes allergiques aux poils féminins vont dire lorsque des hommes épilés tenteront de les faire passer pour des « pas propres » dégoûtants? Ils répondrons que le poil c’est naturel et qu’ils n’ont pas à ressembler aux mannequins des magazines. Je ne vois pas pourquoi ce genre de réflexion seraient réservées aux hommes.

    Je crois qu’on peut être féministe tout en étant maquillée, sexy et épilée, pourquoi pas? Cependant si une femme décide de faire autrement, elle ne devrait pas avoir à subir le jugement des autres.

    C’est drôle comme la « nature », si chère à certains hommes lorsqu’il s’agit de visser les femmes aux chaudrons ou aux couches, n’a subitement plus son mot à dire lorsqu’il s’agit de poils…

    La nature des poils est pourtant beaucoup plus indiscutable que celle du recurage de chaudrons…

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  • La digresse
    17 janvier 2010

    @ Valérie
    Travaillant aussi dans une école secondaire, je vois tout à fait de quel genre de guide vous voulez parler. Et ça va plus loin que ça… toutes les questions d’éducation touchant des domaines non académiques ont été balayées par la mise au rencart du cours de FPS: sexualité, drogues, civisme, résolution de conflit… Si vous entendiez les questions que mes élèves me posent! Les notions de respect de soi, de son corps, de choix librement consentis sont tellement floues pour eux. Plusieurs vivent une sexualité commandée par la mode ou les pressions extérieures (ça inclut les garçons). Pourquoi ces sujets n’ont-ils pas été intégrés dans les nouveaux cours de la « super » réforme?

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  • Luciole
    13 février 2010

    Bonsoir !

    Je suis tombée sur ton post après une recherche sur le net, fatiguée que j’étais de voir que chaque fois que je me disais féministe, on me renvoyait des choses négatives.

    Je voulais juste dire que cette discussion m’avait redonné un peu d’espoir. C’est vrai qu’il faut se justifier à chaque fois, qu’on est mal vues, et qu’en tout cas là où je vis (le sud de la France) c’est pas gagné !

    Alors merci d’avoir ce genre de discussion ! 🙂

    Bonne soirée,

    Luciole.

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