Des clients et une ex-prostituée témoignent

Publié dans le Devoir ce matin, et il y a quelques jours sur Sisyphe, un témoignage qui ne manquera pas de relancer le délicat débat sur la prostitution: Chloé (nom fictif), présentement détenue, raconte comment l’année et demie qu’elle a passé à faire de la prostitution a changé à jamais son rapport à la sexualité et combien les séquelles seront indélébiles. Un témoignage qui va à l’encontre de la croyance voulant que les prostituées « le font par choix ».

Je voulais justement vous parler d’une étude publiée récemment, intitulée « Men who buy sex: Who they buy and what they know ». Conduite en Angleterre auprès de 103 hommes consommateurs de prostitution, l’étude déboulonne certains mythes dans lesquels nous sommes confortablement installés : le mythe voulant que les clients soient surtout des hommes seuls ayant besoin de tendresse (plus de la moitié des hommes interrogés étaient en couple au moment où ils ont fait appel à une prostituée); celui voulant que ces hommes soient un peu naïfs et qu’ils pensent sincèrement que ces femmes exercent la prostitution par choix (55% des répondants croient que les prostituées ont été forcées, d’une façon ou d’une autre, à opter pour cette solution). Finalement, l’étude démontre que la plupart des hommes ont d’abord visité un pays où la prostitution est légale ou tolérée (Thaïlande, Pays-Bas) avant de devenir consommateur dans leur propre pays. On peut en déduire qu’un tel voyage modifie, chez certaines personnes, la perception de ce qui est acceptable ou non. Vous trouverez un sommaire de la recherche, fort intéressant, ici.

Nous en avons déjà débattu : difficile, comme féministe, d’affirmer que ces femmes sont de pauvres victimes de la société et qu’elles ont besoin de notre aide, quand des organismes de prostituées elles-mêmes nous disent que ce n’est pas ce dont elles ont besoin. Il est cependant impossible, pour moi en tout cas, de considérer la prostitution comme un métier comme un autre, étant donné le rapport de force inégalitaire que cela  suggère : si un homme paye une femme pour du sexe, il prend le contrôle de son corps, et c’est inacceptable (même si c’est consensuel, et on pourrait longuement débattre de cela).

Le débat a fait rage en France dans les années 70 : Ulla, figure de proue du mouvement français pour la reconnaissance des droits des prostituées, affirmait avoir choisi cette « profession » et y trouver son compte.  Ce n’est que 20 ans plus tard qu’elle déclarait dans ses mémoires qu’il n’en était rien. Aux médias, qui lui demandaient pourquoi elle avait affirmé si fort 20 ans plus tôt avoir choisi cette voie par choix, elle a déclaré « Comment avez-vous pu me croire? ».

Bonne question.

19 Comments

  • maurice
    7 janvier 2010

    Isabelle,

    Vous avez occulté 2 aspects importants de la prostitution :

    – la prostitution masculine qui est en pleine expansion,

    – les femmes consommatrices de prostitution dont on parle moins parce que le sujet est réelleemnt tabou.

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  • Stéphanie
    7 janvier 2010

    « …le mythe voulant que les clients soient surtout des hommes seuls ayant besoin de tendresse… »

    Je me demande quel pourcentage de prostituées se font demander de la tendresse comparativement aux demandes pour des rapports sans condom ou des rapports violents et humiliants…

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  • Myriam Bizier
    7 janvier 2010

    @Maurice

    Votre commentaire est hors-sujet. On parle des femmes ici. Il y a d’autres tribunes pour soulever le problème non négligeable et digne d’attention de la prostitution masculine.

    En outre, il s’agit ici de s’opposer au commerce du sexe et aux rapports de force qui s’y opèrent. Si vous connaissez un peu le mouvement féministe actuel, vous savez déjà qu’il s’oppose à toute forme d’oppression et de discrimination (lisez ici qu’une féministe qui s’oppose à la prostitution des femmes s’oppose aussi à celle des hommes) Quelle était donc l’intention de votre intervention? Qu’avez-vous à nous partager sur les mythes autour de la prostitution, vous qui semblez vous y être intéressé?

    Avez-vous peut-être cru que de mentionner l’existence de la prostitution chez les hommes relativiserait l’ampleur des souffrances que subissent ces femmes? Non.

    Si vous cherchez la polémique à tout prix, relisez la charte des commentaires.

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  • Marie-Élaine
    7 janvier 2010

    Travail du sexe et combat contre la misogynie ne sont pas opposés l’un à l’autre. C’est davantage que le travail du sexe tel qu’on le connaît, tel qu’il nous est représenté se pratique dans un contexte plus large de misogynie. Nuance.

    Les travailleuses du sexe ne sont pas un monolithe et leurs expériences sont diversifiées. Nier la souffrance de celles pour qui la prostitution n’a pas été un choix, pour qui leur pratique de ce métier a été [ou continue d’être] néfaste, ça serait ridicule. Mais il ne faut pas tomber dans le misérabilisme et la victimisation. Ni dans la démonisation du travail du sexe.

    Laissons-leur la parole. Faisons place à une pluralité des discours: celui de Chloé comme celui de Stella, et celui toutes celles qui se situent ailleurs sur le spectrum.

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  • Anne Archet
    7 janvier 2010

    Chaque fois qu’un individu travaille — quelque soit son sexe — quelqu’un prend le contrôle de son corps.

    Quand j’avais dix-sept ans, j’ai travaillé de nuit comme commise dans un dépanneur/station service. Pendant sept heures consécutives, non seulement étais-je exposée au danger continuel de me faire poignarder par un junkie en manque de poudre, mais je ne pouvais même pas disposer de mon corps à ma guise — ne serait-ce que pour des besoins élémentaires comme vider ma vessie. Mon employeur me possédait littéralement, m’obligeant à accomplir des tâches stupides que je n’avais pas choisies, me faisant porter des vêtements ridicules et choisissant même à quel endroit et dans quelle position je devais me tenir.

    C’était de l’esclavage à temps partiel, point barre. La différence entre ma situation d’alors et la prostitution — que j’ai d’ailleurs aussi pratiquée plus tard, à quelques reprises — est mince. Dans les deux cas, c’est dans ma chair que j’ai ressenti l’oppression.

    Chaque fois que quelqu’un me fait travailler — et me fait dépendre de ce travail pour ma survie — il prend le contrôle de mon corps et c’est inacceptable (même si c’est consensuel, on pourrait longuement débattre de cela).

    Criminaliser (davantage) la prostitution n’est pas plus brillant que de légiférer pour interdire le métier de commis de station service. L’oppression restera la même et ne fera que changer de visage, puisqu’il faudra bien se trouver une autre forme d’esclavage à temps partiel pour assurer sa survie. Tout ce qu’on réussira à faire, c’est de sauver la morale en empêchant les maris de tromper leur épouse en revenant de d’Amsterdam (et ça, c’est encore plus difficile à croire que tout ce qu’Ulla a pu raconter).

    Alors soit on lutte pour abolir le travail (ce qui est l’option que je préfère, naturellement), soit on permet aux travailleuses (et travailleurs aussi, même s’il semble qu’on n’a pas le droit de le dire ici) du sexe d’avoir recours aux mêmes outils que les autres esclaves à temps partiel d’amenuiser l’oppression fondamentale qui est exercée sur elles. Permettre de se syndiquer, par exemple — les profs d’université le sont et pourtant ils prostituent bien plus que leurs organes sexuels.

    Désolée d’avoir ainsi squatté votre blogue, c’était plus fort que moi.

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  • Anne Archet
    7 janvier 2010

    Pendant que j’y pense:

    Les femmes ne sont pas les seules victimes du patriarcat. Historiquement, les hommes en ont aussi été largement victimes (ne serait-ce que parce qu’ils sont massivement morts à la guerre à la place des femmes dans tous les conflits armés qui ont précédé la Seconde guerre mondiale). Le fait qu’ils ne puissent pas comprendre que lutter contre le patriarcat est dans leur propre intérêt est aussi désolant que ces blancs miséreux du Sud des États-Unis, à l’époque de la ségrégation, qui étaient plus racistes que leurs maîtres par pur ressentiment, pour le maigre soulagement de savoir qu’au moins, ils n’étaient pas des nègres.

    Le fait que la prostitution existe montre bien que la misère sexuelle des hommes est aussi profonde que celle des femmes. Il y a des hommes hétérosexuels qui passeront leur vie sans avoir de relations sexuelles s’ils n’ont pas recours à la prostitution. Parce qu’ils sont pauvres, parce qu’ils sont mésadaptés, parce que ce sont des mâles beta. Voilà une autre conséquence du patriarcat qu’une seule criminalisation de la prostitution n’arriverait jamais à régler.

    C’est aux identités sexuelles et aux rôles sociaux qu’il faut s’attaquer mais ça, aucune loi ne peut le faire. Je continue à rêver au jour où il n’y aura plus de «femmes» ni d’«hommes», seulement des individus libres s’étant réappropriés pleinement leur vie.

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  • Helene
    8 janvier 2010

    Pour info, le site http://www.prostitutionetsociete.fr vient de mettre en ligne un état des lieux des recherches sur le « client » prostitueur.

    http://www.prostitutionetsociete.fr/eclairage/acteurs/prostitueurs-etat-des-lieux

    Il y a de nombreux témoignages aussi.

    Oh, et même une petite mise au point sur les « clientes ».

    http://www.prostitutionetsociete.fr/eclairage/point-de-vue/tous-clients-toutes-clientes

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  • Caroline R.
    8 janvier 2010

    D’abord, comme il a été soulevé précédemment, au sujet de la prostitution féminine, deux débats font rage et soulèvent des positions absolument irréconciliables. C’est à dire: d’une part, la prise pour acquis que le travail du sexe (terme qui évoque clairement la position) est libre de choix et qu’il faille légiférer afin d’aider les travailleuses à se protéger. Et d’autre part, le fait que la prostitution relève de la soumission au patriarcat et qu’il est absolument impossible que ces femmes en fasse le choix éclairé.

    Ensuite, pour répondre à Maurice, je dirais que l’aspect trop souvent occulté (il est vrai) de la prostitution masculine et du clientélisme féminin n’est pas à relégué aux oubliettes nécessairement. Toutefois, la façon dont vous abordez la question dans votre commentaire est interprétable comme un reproche. Et justement, le fait de faire un reproche à Isabelle N. qui partage avec nous une étude est hors-sujet. Je m’explique: elle relate ce qui a été publié dans l’étude! Certes, elle aurait pu aborder le sujet sous pleins d’autres angles. Or, elle ne l’a pas fait, mais cela fait-il ombrage pour autant aux faits révélés dans l’étude? Non.

    Le propos de ce blog est de faire vibrer notre corde féministe. Personnellement, je trouve absolument logique de dire que si les femmes ne sont pas libres lorsqu’elles *choisissent* de se prostituer, les hommes ne le sont pas plus. Mais, est-ce un sujet féministe? A-t-il été abordé d’un angle féministe? Si oui, par qui? Si non, peut-être que vous avez raison, aucune féministe ne s’y est intéressée. Mais, pourquoi nous obliger à nous intéresser à tout? Pourquoi ne pas faire d’autres recherches? Pourquoi exiger des féministes qu’elles s’intéressent à tout?

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  • Myriam
    8 janvier 2010

    @Anne Archet
    Ce squate est super pertinent. La misère sexuelle des clients et clientes de la prostitution est effectivement cruciale dans l’existence de ce commerce. Abolir le travail est un fantasme qui joue avec celui d’abolir le patriarcat.

    @Maurice
    Vous avez ouvert une question importante, celle des femmes clientes. Nous n’apprécions par contre pas la manière dont vous le faites, qui est interprétable comme un reproche, comme le mentionne Caroline. D’ailleurs, pourquoi ne pas alimenter la discussion des faits dont vous êtes témoin, sans rivalités?

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  • Imace
    8 janvier 2010

    @ Anne Archet : je vous ai lue, et je veux commencer ma réponse par vous dire que je respecte votre parole. Je suis fondamentalement en désaccord avec vous, mais je pense néanmoins qu’elle a sa place ici.

    Ce n’est pas la première fois que j’entends quelqu’un assimiler l’exercice de la prostitution à celle d’un métier *prolétaire*. Et c’est dès ce moment que votre thèse me heurte profondément.

    Pour moi, se prostituer, ce n’est pas vendre sa force de travail, vendre un service, ou que sais-je ? c’est SE vendre. Faire de soi un bien. Faire de son corps… un objet d’échange.
    Aussi pénible que soient certains métiers, avec des stations debout ininterrompues, des tâches débilitantes, une subordination marquée… L’employé(e) garde la faculté de s’abstraire, de rêver. De prendre ce recul qui lui permet de tenir le temps de son travail en attendant de rentrer.
    Je pense que lorsqu’une personne met son sexe dans le votre, il est impossible de s’abstraire, de « retourner en soi-même »… sans dommages psychologiques irréversibles.

    Dès lors, même si l’on pourrait effectivement questionner (dans un monde idéal très différent du monde réel !^^) la pénibilité de la prostitution face à un métier prolétaire, celle-ci ne peut être qualifié de commerce. Car ce commerce porterait sur l’être humain et l’être humain n’est pas un objet.

    Vieux principe qui fléchit… L’extrapatrimonialité du corps humain. Vous n’avez pas le droit de vendre votre sang, vos organes, vos gamètes, de louer votre utérus (mère-porteuse), votre système immunitaire (cobaye). Pas en France (article 16 du code civil). Je pense que ce principe est ce qui sépare une civilisation, même cynique, d’une barbarie où tout est commercialisable et où les riches peuvent se pourvoir en pauvres à leur guise. Je pense qu’il mérite d’être défendu. Je suis donc abolitionniste.

    (abolitionnisme = supprimer tout texte sur la prostitution, notamment sa fiscalisation et sa pénalisation ; aider les prostitué(e)s à se réinsérer, trouver un emploi, un logement ; combattre efficacement le clientélisme et le proxénétisme).

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  • Imace
    8 janvier 2010

    @ Myriam : la misère sexuelle ne légitime rien !

    D’abord, la misère sexuelle des femmes n’a jamais incité à sacrifier une partie de la population pour en faire les esclaves de leur plaisir. Et c’est heureux !

    Ensuite, la misère renvoie à la psychologie : des gens sont malheureux. C’est exact. Mais bon sang, en quoi le fait de souffrir ouvre des droits ? Pire, en quoi cela donne des droits SUR AUTRUI ?

    En suivant ce raisonnement, et sur la lancée du « droit à la sexualité », je propose de consacrer :
    – un « droit à l’enfant » (toute personne devrait avoir le droit de disposer d’un enfant à éduquer si elle le souhaite, on trouvera la marchandise, pardon, les bébés quelque part),
    – un « droit à la compagnie » (toute personne devrait avoir le droit d’avoir des ami(e)s, quitte à créer un métier qui consisterait à tenir compagnie aux personnes odieuses qui préfèrent payer qu’être agréables à vivre),
    – un « droit au mariage » (toute personne devrait avoir le droit d’avoir un(e) conjoint(e), quitte à réhabiliter les mariages forcés),
    Etc.

    Oui, la détresse existe (quoique franchement, parler de la détresse sexuelle comme quelque chose de grave quand des gens meurent de faim, de froid et de solitude, ça donne une idée assez déprimante de notre époque). Mais la détresse n’a jamais justifié quoi que ce soit. La détresse ne crée aucun droit.

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  • Myriam
    8 janvier 2010

    @Imace
    J’ai voulu faire un commentaire court, mais j’aurais peut-être dû développer. En outre, je n’ai pas écrit que la misère sexuelle légitime la prostitution. « La misère sexuelle des clients et clientes de la prostitution est effectivement cruciale dans l’existence de ce commerce ». J’aurais dû préciser qu’elle est, selon moi, cruciale en tant que cause. Personne n’est à l’abri d’une certaine « misère sexuelle » ou détresse, qui n’est pas sans lien avec la détresse psychologique, effectivement. C’est exactement celà que je pointais, mais en tant que cause, et vraiment pas pour justifier la prostitution, encore moins en faire un droit. Si certains, conscients ou non de leur détresse, vont jusqu’à faire du corps humain un objet de commerce et un sujet d’oppression, c’est qu’on a encore beaucoup à faire en éducation. Outiller les esprits pour qu’ils sachent transformer leur détresse en pouvoir sur eux-même, et non pas sur autrui.

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  • Myriam
    8 janvier 2010

    @Imace
    Vous écrivez « parler de la détresse sexuelle comme quelque chose de grave quand des gens meurent de faim, de froid et de solitude, ça donne une idée assez déprimante de notre époque »

    Croyez-vous vraiment que la famine, ici ou ailleurs, la solitude, l’itinérance, la violence, la dépression, les suicides, et le commerce du sexe ont des causes qui ne se sont pas liées les unes aux autres, et qu’elles ne sont pas toutes graves? L’ignorance, l’intolérance, le conditionnement, la cupidité, la détresse, ça donne effectivement une idée déprimante de notre époque.

    Sur la prostitution:
    Le désir sexuel est, selon moi, ce qu’il y a de plus fort chez l’humain, c’est ce qui le garde en vie, individuellement et collectivement, physiquement et moralement pour certains. Pour une humanité en crise (et que cette crise soit en cours depuis des millénaires ne change pas qu’elle est en état de crise), il n’est vraiment pas surprenant que la sexualité soit en crise aussi, parce qu’elle nous donne accès à une force qui ne veut pas être contrôlée: c’est un gouffre d’abus pour qui(individu et société) ne sait pas ou ne peut pas contrôler sa propre force. Je ne suis pas en train de vouloir justifier le marché du sexe, mais de l’expliquer. Peut-on réfléchir à la réalité de la prostitution dans cet angle de vue globalisant? L’état à la fois personnel et universel de la puissance sexuel combiné à l’état tout aussi personnel et collectif de la détresse, de l’ignorance, et du conditionnement [patriarcal], produisent, à mon sens, l’abus sexuel, dont la prostitution. C’est à partir de là qu’on peut comprendre, éduquer et outiller.

    Dans la rue, au quotidien, je n’en connais rien, et je ne suis absolument pas documentée sur la loi et les manières de l’appliquer. Merci pour la tribune.

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  • Imace
    8 janvier 2010

    @ Myriam : ok.
    Nous sommes toujours en désaccord mais celui-ci est beaucoup plus superficiel, et il y a d’ailleurs des idées dans votre post que je partage.

    Je suis crevée, mais je vous réponds demain, promis.

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  • Valérie
    8 janvier 2010

    Dans le cadre de mes études en anthropologie, et par intérêt personnel évidemment, j’ai observé différents forums de discussions, tant sur les escortes du Québec que pour les touristes sexuels de Pattaya, en Thaïlande. J’ai à chaque fois été profondément troublée par la violence et le mépris des propos que j’y ai trouvés. C’était de l’objectivation pure et dure. Jamais ne m’a-t-on traité ainsi et ce, même dans les pires emplois à temps partiel que j’ai pu occuper. Je cite entre autres celui-ci :

    «pour ma part je ne touche pas aux ex vlt ou LT ou ST des mecs que je connais !!!! j’aime pas passer derrière des pervers …
    Par cntre ca me fait sourire quand je vois des ex vlt de mecs et qui me regarde a peine alors que t’a fait des soirees complete avec !! vraiment des grosses putes;elles ne meritent pas que je les baisent»

    (VLT = very long time, LT = long time, ST = short time)

    Cela dit, si nous jugeons qu’avoir recours à des prostituées est un symptôme de misère sexuelle, cela n’est pas le cas des clients. En fait, ils semblent bien contents de pouvoir prendre et jeter à leur guise. Ils les comparent tels des tshirts achetés au magasin. Non, je n’accepterai jamais un tel rapport à l’être humain, qu’il soit homme, femme ou enfant. Jamais. La lecture de Putain, de Nelly Arcan, a confirmé l’idée que je me faisais à ce sujet.

    Cela dit, comme le démontrait justement Richard Poulin, sociologue à l’Université d’Ottawa, on ne peut aujourd’hui parler de la prostitution comme on l’aurait fait il y a une cinquantaine d’années. La mondialisation des industries du sexe est en constante expansion et influence maintenant tous les pans de la culture populaire. Hier encore, j’étais troublée par la violence des propos tenus par les jeunes de l’école secondaire où je travaille. Des jeunes d’à peine treize ans… Ça me brise le coeur. Effectivement, ils se nuisent aussi à eux-mêmes en se coupant de leur faculté de raison et d’amour, qui constituent à mon avis la principale différence entre les êtres humains et les animaux.

    Voici les quinze thèses sur le capitalisme et le système prostitutionnel mondial élaborées par Richard Poulin que l’on retrouve dans son ouvrage  »La mondialisation des industries du sexe »:

    1. La mondialisation et l’industrialisation du commerce du sexe sont deux phénomènes étroitement imbriqués.
    2. Les politiques libérales participent à l’essor des industries du sexe
    3. La paupérisation de nombreuses régions du globe crée les conditions propices à toutes les formes de trafic, de traite et de prostitution d’êtres humains.
    4. La mondialisation capitaliste a accentué l’inégalité de développement entre les pays, ce qui a produit une pression significative en faveur des migrations internationales
    5. L’industrialisation du commerce sexuel a induit le développement d’une production de masse de biens et de « services sexuels » qui a généré une division régionale et internationale du travail.
    6. Malgré cela, la très grande majorité des analyses de la mondialisation capitaliste contemporaine ne prend pas en considération l’impact sur les sociétés et sur les rapports sociaux de sexe de l’industrie du commerce sexuel.
    7. La prostitution est une activité traditionnelle du crime organisé et l’explosion des marchés sexuels est largement contrôlée par ce dernier.
    8. La prostitution est fondée sur la violence. Elle se nourrit d’elle et l’amplifie.
    9. Les femmes et les enfants des minorités sont victimes de l’industrie mondiale sexuelle d’une façon disproportionnée par rapport à leur proportion dans la population.
    10. Le déploiement massif actuel de la prostitution est un effet, entre autres, de la présence de militaires engagés dans des guerres ou des occupations de territoire.
    11. Entre un million et deux millions de mineurs rejoignent chaque année, dans le monde entier, les rangs des victimes du tourisme sexuel, c’est-à-dire de la prostitution organisée.
    12. L’accumulation d’argent est le but du système dans sa totalité et, en particulier, du système proxénète qui domine et organise l’industrie de la prostitution.
    13. La croissance effrénée des industries du sexe a pour effet une remise en cause des droits humains fondamentaux, notamment ceux des femmes et des enfants devenus des marchandises sexuelles.
    14. Les valeurs libérales ont contaminé une partie importante de la gauche et du mouvement des femmes.
    15. Il est vain de lutter contre la traite des êtres humains sans lutter contre le système prostitutionnel qui en est la cause.

    Cela dit, je me pousse pour l’été en Thaïlande dans le but d’étudier les conceptions morales des touristes sexuels. D’autres échanges sont à venir…

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  • Lotron
    9 janvier 2010

    *

    ça y est le mot est laché : LA MORALE !

    attention, le jeu de l’interdiction est dangereux.

    de l’interdiction de la prostitution on passe vite au nouvel ordre moral et du nouvel ordre moral on en arrive rapidement à l’interdiction de l’adultère, des rapports sexuels hors mariage, des rapports sexuels non hétéroseuxuels, …etc …

    sous couvert de progressisme, la régression nous guette !

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  • Valérie
    9 janvier 2010

    Maurice, ce qui est absurde, c’est de laisser croire que quiconque ici ne connaissait pas ce fait. Les chiffres affirment qu’elle représente 30 % du  »marché » en France.

    Lotron, la morale est une chose qui relève des individus. Je n’ai aucune honte à affirmer que d’avoir recours à des prostituées est immoral, tout comme le fait de comettre un adultère. J’en ai assez de ce fichu relativisme qui gangrène nos sociétés (post)modernes. Évidemment, la loi n’a pas à s’ingérer dans toutes les questions de morales. Personellement, j’ai adopté une position abolitionnisme, non pas règlementariste ou prohibitionnisme.

    Cela dit, moi je crois que c’est à nous d’éduquer les gens si nous croyons qu’ils se trompent. Qui le fera, sinon?!

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  • Imace
    9 janvier 2010

    @ Lotron : allez fumer ailleurs. Brandir (sans l’ombre d’un argument) l’ordre moral pour contrer une réflexion est digne des cours de récréation de maternelle. Et que dire des amalgames que vous faites ? Votre post mérite un ricannement méprisant, pas une réponse.

    PS : ce sont aux luttes féministes que vous devez votre liberté sexuelle, des fois que ça vous aurait échappé. Au XIXème siècle, de nombreuses féministes critiquaient déjà férocement l’institution traditionnelle du mariage. Alors l’ordre moral… Vous devriez réfléchir 2 secondes avant de venir réécrire les poncifs qui circulent sur Internet.

    @ Maurice : http://community.livejournal.com/feminist/1362470.html (j’adore ce lien). Violation de la règle n°1 et de son corollaire :
    – Rule 1 : Realize it’s not all about you.
    – Corollary to Rule 1: Feminism is about women.

    Y’a toujours un troll pour venir ouin-ouiner sur les pôvres petits hommes opprimés et brandir une pseudo symétrie des oppressions.

    C’est usant.

    Outre que le fait d’être abolitionniste protège notamment ces hommes (plus précisément, ces enfants et ces adolescents) de l’exploitation prostitutionnelle. Donc l’argument est non seulement un leitmotiv masculiniste, mais il est en plus d’une rare stupidité du fait qu’il ne modifie en rien le questionnement.

    Conclusion : vous êtes juste ridicule.

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