Chacune pour soi

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J’étais dans ma chambre d’hôtel cet après-midi. Je zappais devant ma télévision câblée quand je suis tombée sur cette chaîne américaine qui rapportait les propos de l’actrice Jennifer Aniston, à propos de son dernier film The Switch : «Women are realizing it more and more knowing that they don’t have to settle with a man just to have that child». À l’écran, l’animateur exprimait son malaise de voir ainsi l’apport du père rejeté du revers de la main. Les deux commentatrices, quant à elles, défendaient Jennifer : «la plupart des foyers monoparentaux sont soutenus par des femmes», «il est vrai que beaucoup de femmes s’occupent déjà seules des enfants», etc. Ce à quoi l’animateur rétorqua : «un homme qui abandonne ses enfants n’est pas un homme». Je me souviens avoir déjà tenu un discours similaire à mon petit copain, qui exprimait ses inquiétudes à propos des dérapes possibles du féminisme. Un truc comme : «bah, les hommes ont bien montré par le passé qu’ils n’en ont rien cirer, qu’est-ce que ça change». Mauvaise foi, quand tu nous tiens.

J’avais toujours cru, jusqu’à maintenant, que de se retrouver mère monoparentale n’était pas, en général, le premier choix des femmes. Je croyais qu’on le devenait à cause des circonstances de la vie. Qu’on faisait avec. Avant mon départ pour la Thaïlande, j’ai regardé quelques épisodes de la télésérie La Galère, de Renée-Claude Brazo. Un des personnages, inspiré de l’auteure elle-même, a quatre enfants de quatre pères différents. Je ne connais pas les circonstances de ces naissances. Dans la télésérie, le personnage de Stéphanie ne se protège pas et avorte à répétition. Ce qui me questionne sur les motivations que peut avoir une personne de se constituer une marmaille autour d’elle, et autour d’elle seule.

Jusqu’à maintenant, j’avais toujours cru qu’idéalement, un enfant était le fruit de l’amour entre deux personnes. Avoir un enfant n’est pas, pour moi, un projet personnel, entre un voyage en Thaïlande et la rédaction d‘un travail. Je ne compte pas enfiler les enfants qu’on on enfile les derniers vêtements à la mode. De toutes manières, est-ce possible de faire ainsi?

Au début de mes études en anthropologie, j’ai été en contact avec les différentes approches en matière de genre. Je me souviens que la mouvance queer avait frappé mon imagination : tout est une construction, il faut fracasser tous les modèles afin de pouvoir exprimer son individualité en toute liberté. Dans cette perspective, se fabriquer des enfants soi-même n’est pas un problème. Le développement des nouvelles technologies de reproduction permet déjà de s’en donner l’illusion.

D’un côté, 46 % des familles monoparentales vivent sous le seuil de la pauvreté. C’est d’ailleurs un facteur important dans l’appauvrissement des femmes. D’un autre, beaucoup de femmes combattent aujourd’hui le modèle exigeant de la superwoman, qui mène de front carrière et implication familiale sans pouvoir trouver d‘équilibre. Des groupes de pères se manifestent de plus en plus dans l’espace public. Si certains le font de manière haineuse, et maladroite, cela exprime le désir de ne pas être mis à l’écart de la famille.

«Women are realizing it more and more knowing that they don’t have to settle with a man just to have that child.»

Se fabriquer des enfants seules, vous en pensez quoi? Une avancée pour les femmes?

Et si on trouvait le moyen de fabriquer des utérus artificiels que les hommes pourraient louer? Une avancée pour les hommes?

Maintenant, c’est chacune pour soi.

24 Comments

  • Joëlle
    18 août 2010

    J’ai déjà rencontré une mère qui m’avait dit l’avoir fait parce qu’aucun homme n’avait voulu prendre place auprès d’elle. De toute sa vie, elle avait rêvé avoir des enfants (assez pour devenir éducatrice!), elle avait 35 ans et était ronde, c’était l’âge où ça presse.

    Existe-il des gens qui rêve sincèrement à la famille à deux (1 parent + 1 enfant)? Parce qu’une adolescente ou une jeune femme qui dit non à l’amour à deux, je trouve que ça sonne plutôt la détresse… Serait-ce un acte de résilience?

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  • Joëlle
    18 août 2010

    J’ai écris « la famille à deux »,
    pour être plus claire j’aurais dû écrire
    « la famille à parent unique ».

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  • Stéphanie
    18 août 2010

    Dans la plupart des cultures, on s’attend des femmes qu’elles soient capables de résilience mais surtout d’abnégation. Pour beaucoup de personnes, une femme doit attendre d’être « choisie » pour pouvoir avoir des enfants.

    Si elle n’est toujours pas en couple passé un certain âge, on s’attend à ce qu’elle renonce tout naturellement à avoir des enfants.

    L’amour ne tombe pas du ciel et le désir d’enfant n’est pas toujours égoïstes chez les célibataires, pas plus qu’il n’est toujours altruiste et désintéressé chez les couples.

  • Caroline R.
    26 août 2010

    @Valérie:
    Ton article est très intéressant. J’ai, personnellement, aussi toujours vu les mères célibataires comme étant des pros pour faire avec les détours du destin.

    Mais, pour en revenir à ta question, je crois effectivement que de plus en plus on décide de faire des enfants pour son propre bien plutôt que comme un projet de couple. Malheureusement, je ne vois pas nécessairement ça comme un progrès. Mis à part tous les laïus habituels sur la question de la pauvreté de la monoparentalité, je crois qu’il faille y voir un problème de société.

    Pourquoi cherche-t-on à « normaliser » (même si je déteste cette expression) la monoparentalité? J’y vois une conséquence directe de la hausse des divorces, de la peur, de l’intolérance et de l’homophobie.

    Je m’explique:
    Plutôt que de revoir nos contes de fées et d’avouer que le prince charmant n’est pas si charmant que ça après quelques années, et qu’il faut travailler pour garder un couple en vie, on se dit ben tu sais, la vie à deux, les mères monoparentales le font seules, pourquoi pas moi?!
    Plutôt que d’avoir peur de ne pas trouver l' »homme de notre vie » (sic!) on se fait un plan de carrière SANS cet homme et on se dit qu’au pire il acceptera NOTRE bébé.
    Plutôt que d’accepter que des parents homosexuels adoptent ou aient des enfants (qui eux auraient deux parents), on les force à adopter (surtout à l’internationnal) en tant que célibataires.
    Et puis, on est tanné d’entendre ces mères monoparentales se plaindre de leur situation? Fallait y penser avant! Puisque y’en a qui font le choix d’élever leurs enfants seules, toi aussi, forcément, t’avais le choix!

    Et puis en ce qui concerne la question de la location d’utérus, ça s’appelle une mère porteuse et mon opinion est très mitigée à ce niveau là. Je me dis qu’il y a des limites à vouloir contrôler la vie d’un être humain…

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  • Nat
    27 août 2010

    Je crois que beaucoup plus de femmes que d’hommes sont prêtes à travailler pour garder un couple en vie.
    Elles entament plus souvent la rupture mais ce n’est pas parce que les hommes désirent plus qu’un couple soit uni. Ils ne veulent pas vivre les inconvénients d’une rupture tout simplement.
    Les femmes qui élèvent un enfant seule par choix, il y en a, mais ça reste des cas rares, surtout parmis celles qui sont dans des situations financières précaires.
    Il existe sûrement des hommes seuls qui désirent élever un enfant, mais il ne doit pas y en avoir beaucoup. Le besoin d’élever une famille a surtout été inculqué aux femmes. Donc, selon moi, les utérus artificiels en location pour les hommes n’existeront pas de sitôt, faute de demande…
    Mais est-ce qu’une famille monoparentale est toujours si mal en point qu’on le dit? Si certains de ces enfants tournent mal ou sont difficiles, il y a certainement d’autres causes, je ne crois pas que ça soit directement lié au fait d’être dans une famille monoparentale.

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  • Sophie Sexologue
    27 août 2010

    Anecdote. J’ai travaillé comme sexologue dans un camp de vacances il y a quelques années. Une maman bénévole me racontait que trois petites filles discutaient ensemble puis elles se sont mises à discuter des bébés. Je ne me souviens plus trop du contexte, mais une d’entre elles se questionnait sur « comment on fait les bébés ». Vraisemblablement, une d’entre elles venait de recevoir cette leçon, car elle s’est mise à expliquer que ça prenait deux petites graines; qu’une petite graine allait rejoindre l’autre petite graine dans le corps de la maman et que cette nouvelle graine allait pousser pour devenir un bébé 9 mois plus tard.

    Cette maman semblait un peu scandalisée et me disait « Mais voyons! Ça prend deux personnes qui s’aiment pour faire un bébé! Je trouve qu’elles donnaient une explication très mécanique ces petites filles ».

    Je lui ai alors expliqué que je n’étais pas d’accord. Que pour faire un bébé, l’amour n’était pas indispensable et que la meilleure preuve était que l’absence d’amour n’est pas un élément contraceptif!

    Il serait malhonnête intellectuellement de dire le contraire. Dans les ateliers que je donne, c’est à partir de cet exemple que j’explique qu’on doit différencier les explications qu’on donne à un enfant pour répondre à « c’est quoi faire l’amour? » et « Comment on fait les bébés? »; le premier prend en considération la biologie et la mécanique du corps et le second, les émotions, les sentiments.

    Il faut donc éviter de mélanger les choses.

    Il existe tellement de réalités différentes qu’on ne peut trouver une seule réponse pour tout le monde.

    Je pourrais parler de moi; perso, jamais je ne souhaiterais avoir un enfant seul. Le parallèle aura peut-être l’air louche, mais j’ai été famille d’accueil pour un chien MIRA seule durant un an et j’ai trouvé ça très difficile. Je ne souhaiterais donc pas m’engager seule dans cette aventure.

    Je peux aussi vous parler de plusieurs amies qui souhaitent avoir des enfants et pour l’instant, elles sont célibataires. Elles souhaiteraient bien trouver une personne à aimer et qui les aimeraient à retour, mais pour toutes sortes de raisons, elles sont célibataires. Plusieurs d’entre elles m’ont déjà dit qu’à X ans, elles tenteraient d’avoir un enfant seul si elles étaient toujours célibataires.

    Qui suis-je pour les juger?

    Moi je ne le ferai pas et j’ai bien compris que si elles avaient le choix, elles feraient cet enfant à deux! Mais elles ne sont pas deux!

    Est-ce qu’une femme devrait renoncer à avoir des enfants parce qu’elle est célibataire? Je ne crois pas.

    Est-ce qu’une femme devrait former un couple avec un homme qu’elle aime plus ou moins afin de donner naissance à un enfant? Je ne crois pas non plus.

    Est-il mieux qu’un enfant vive avec un seul parent aimant ou avec deux parents blasés qui restent ensemble parce qu’ils ont eu des enfants ensemble?

    J’ai des amis qui ont des parents qui ne s’aiment plus, mais habitent encore ensemble. Ces ami(e)s sont les personnes les plus désillusionnées de l’amour que je n’ai jamais vues! Ils et elles ne souhaitent pas s’engager, car elles associent « amour » à « vie commune plate à mourir, comme celle de mes parents ».

    Il est vrai qu’il existe des femmes qui souhaitent avoir leurs enfants seules à tout prix, mais on parle de combien de femmes? Car il y a une différence entre « si je suis seule, je ne m’empêcherais pas d’avoir des enfants » et « Je ne veux pas d’un homme qui m’emmerdera à élever mes enfants avec moi ».

    En ce qui me concerne, mes parents ont eu la sagesse de se séparer parce qu’ils ne s’aimaient plus et ont une relation cordiale depuis. Pour ma soeur et moi, je crois que c’était la meilleure chose qui pouvait se produire. Nous avons eu un modèle différent et c’était très bien. Mille fois mieux qu’un modèle familial de parents qui s’engueulent et qui ne se supportent pas, mais qui s’acharnent à propos de quelque chose qui ne fonctionne plus.

    À première vue, ça donne envie de faire tourner ce discours autour des femmes, car ce sont elles qui portent les enfants, mais je crois que c’est un changement au niveau des valeurs qui s’opère. Si l’adoption de la part d’hommes était plus facile, je crois qu’on ne verrait pas seulement Joel Legendre nous parler de l’amour qu’il a pour son petit garçon qu’il élève seul depuis toujours.

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  • Joëlle
    30 août 2010

    Sophie Sexologue: C’est plein de bon sens… je vais rectifier les explications que j’ai donné à mes enfants parce que j’ai un peu trop romancé la chose!!! :-)) Je ne sais pas pourquoi qu’on a pris l’habitude de dire que les enfants se font quand 2 adultes s’aiment fort fort… il existe bien d’autres façons.

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  • Joëlle
    30 août 2010

    Quand même, on dirait j’ai comme un malaise avec l’idée… Est-ce moral de dissocier les relations sexuelles, faire l’amour, et faire un bébé?

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  • Caroline R.
    30 août 2010

    Est-ce moral? Fait-on toujours l’amour? Est-ce que l’on n’a pas des fois des rapports sexuels pour le simple plaisir? On ne peut savoir à quel moment exact on conçoit un enfant, donc peut-être qu’au moment de la conception, on souhaitait très fort un orgasme, et non un enfant!

    Or, si la question concerne les enfants, je crois encore qu’il vaut mieux définir les différences afin d’enrayer la fausse idée de fille facile qui couche sans aimer. Si on met l’emphase sur cet aspect romantique, on participe nous mêmes à la perpétuation de ce stéréotype! En tant que féministes, je ne crois que cela soit notre but!

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  • Joëlle
    1 septembre 2010

    Mais si j’enseigne à mes enfants qu’il faille dissocier tout ça… je ne vais pas perpétuer le stéréotype du collectionneur de filles? Parce que, baiser, ça ne demande aucun mais aucun engagement? Et le concept de la famille, fonder une famille, qu’arriverait-il de ça? Il me semble que mes enfants seraient encore plus portés à vouloir se faire des enfants seuls à ce moment-là, si je ne leur explique pas qu’on fait des bébés en s’accouplant dans l’amour? Pourquoi défaire l’idéal pour que les exceptions deviennent la règle?

    Je suis ambivalente en ce moment…

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  • Valérie
    1 septembre 2010

    En fait, Caroline, j’y lis davantage une «peur» du couple hétérosexuel… J’ai l’impression qu’en 2010, le plus grand défi sera peut-être d’enseigner qu’un homme et une femme peuve vivre en couple, s’aimer et être heureux. Personnellement, je suis assez traditionnelle. Je me suis rendue compte qu’il était plus étonnant pour mon entourage de m’entendre souhaiter être mariée rendue à un certain âge que de souhaiter avoir un bon job, par exemple. J’aurais pu souhaiter un chalet, deux voitures, une piscine creusée et un chien, il n’y aurait pas eu de problèmes. Voiloir être avec un homme? C’était tout un big deal…

    Quand j’étais enfant, ma mère nous avait lu «le secret de la cigogne». Je savais très bien faire la différence entre les dessins d’ovules et de spermatozoides et l’amour que mes parents se/nous donnaient quotidiennement.

    Oui, je crois que vous pouvez mentionner qu’il existe plusieurs manières de faire des enfants, tout en focalisant sur celle que vous avez choisi et que vous souhaitez transmettre.

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  • Stéphanie
    1 septembre 2010

    Je comprend l’importance de parler aux enfants de sexualité de façon pas seulement « mécanique » et génitale et il faut adapter ce qu’on dit à l’âge de l’enfant.

    Cependant, il ne faut pas arriver à un point où un enfant s’imagine que l’amour est la condition sine qua non pour qu’un bébé soit conçu! Il y en a qui voient leurs parents dse disputer sans arrêt et qui doivent se demander comment sont nés leurs cadets! 😀

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  • Joëlle
    1 septembre 2010

    Se disputer ne veut pas dire ne plus s’aimer, au contraire, elles sont très saines dans un couple. Généralement, on arrive à s’expliquer et à comprendre l’autre, pour finalement trouver un terrain d’entente. Les disputes font avancer le couple et la personne individuellement.
    Mon mari est un enfant du divorce et il a pris des années à comprendre que dispute ne rime pas avec fin.

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  • Joëlle
    1 septembre 2010

    Et quand Sophie Sexologue associait « amour » à « vie commune plate à mourir…
    Il y a fort à parier que ces adultes, une fois séparés, seraient toujours plates à mourrir. Ce n’est pas l’amour qui est plate à mourrir, ce sont chacun d’eux!

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  • Stéphanie
    1 septembre 2010

    Se disputer est normal, le faire sans cesse est problématique. Il faut être capable de discuter et même les disputes saine peuvent faire grande impression sur les enfants qui ne comprennent pas ce qui se passe.

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  • Isabelle N.
    1 septembre 2010

    Je suis allée aujourd’hui voir le film en question, « The Switch » (il n’y a pas beaucoup de choix au ciné-maman… mais c’est un autre sujet!). J’avais peur qu’on y glorifie le fait d’avoir un enfant seule alors qu’au moment fatidique, l’héroine admet trouver le processus (insémination artificielle) plutôt déprimant. Elle affirme également que ce n’est pas son premier choix.

    Ce n’est certes pas l’idéal d’avoir un enfant seule (nous sommes deux à nous occuper de Bébé et nous avons fréquemment envie de nous jeter par la fenêtre) mais j’ai bien peur que ce soit le seul choix possible pour certaines.

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  • SophieSexologue
    6 septembre 2010

    J’avais oublié que j’avais inscrit un commentaire ici et je vois que ça a fait jaser! 🙂

    Petite précision à propos de ce que j’ai dit plus tôt. Il est important de distinguer « comment on fait les bébés » et « c’est quoi faire l’amour » lorsqu’on donne des explications aux enfants. Par contre, il est évident que pour souhaiter avoir des enfants, il est souhaitable de choisir la personne avec qui nous en aurons. Mais ce serait de la malhonnêteté intellectuelle de prétendre qu’on aime toujours la personne avec qui on fait des bébés!

    Pour éviter de transmettre des concepts qui vous rendent mal à l’aise, je vous suggère de donner des exemples concrets à vos enfants en nommant des parents qu’ils connaissent. Donner un exemple de couple uni avec enfant, de couples homosexuels, de famille monoparentale et même d’une mère qui a eu ses enfants seuls (fécondation in vitro). Vous pouvez plutôt miser sur le fait que les parents aiment leurs enfants, même si ceux-ci ne sont plus ensemble. Vous pouvez même lui dire que cette procréation s’est faite dans le plaisir!

    Lorsque vos enfants seront plus vieux (en fait, je ne sais pas trop quel âge il ont!), vous pouvez leur parler de contraception. Leur expliquer qu’il est possible de souhaiter avoir du plaisir avec une personne qu’on apprécie sans souhaiter avoir des enfants, du moins, pas tout de suite. Il existe toute sorte d’activités qu’on peut faire avec la personne qu’on aime qui n’aboutissent pas à un bébé et certaines autres qui nécessiteront des moyens de protection.

    Bien sûr, il faut toujours adapter nos explications à l’âge de l’enfant; lui expliquer avec des mots et des concepts qu’il comprend.

    Aussi, pour ce qui est du concept d’amour et de vie plate à mourir, peut-être me suis-je mal exprimée?

    Je vais préciser mon idée. Je faisais plutôt allusion aux couples qui sont ensemble par habitude et qui ne souhaitent pas se séparer pour des raisons qui leur appartiennent, mais qui ne s’aiment plus. Les enfants de ces couples associent « vie de couple » à « ennui mortel » et ont peur de s’engager, car c’est le modèle de couple qu’ils ont eu.
    Mais je n’ai pas souhaité dire que l’amour était plate à mourir! 🙂

    Voilà!

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  • Valérie
    8 septembre 2010

    En fait, je constate que ce sont surtout les personnes dont les parents sont divorcés pour qui c’est difficile de croire qu’un homme et une femme peuvent être heureux et s’épanouir ensemble en traversant le temps. En tout cas… c’est une constante autour de moi.

    Je pense que les études vont aussi dans ce sens.

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  • SophieSexologue
    10 septembre 2010

    On peut se poser la question:

    – Pourquoi des enfants du divorce auraient du mal à s’engager? Est-ce à cause de la séparation de leur parent ou parce que cette séparation s’est mal et qu’ils en ont subi les conséquences?

    À mon sens, tout dépend du contexte; on ne peut faire des généralisations sur « parent en couple » et « parents séparés », mais ça dépend surtout du modèle que nous on donnés nos parents sur l’amour, le partage, la conciliation et l’échange dans un couple! 🙂

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  • Martin Dufresne
    11 novembre 2010

    Prière d’utiliser plutôt cette version, corrigée.

    J’aimerais réagir à une notion exprimée dans le texte de départ. Valérie écrivait: « Des groupes de pères se manifestent de plus en plus dans l’espace public. Si certains le font de manière haineuse, et maladroite, cela exprime ***le désir de ne pas être mis à l’écart de la famille***. »
    Pour avoir étudié de près ces mouvements depuis 30 ans, lu leurs publications, assisté à leurs meetings, écouté leurs propos en entrevue, et participé au fil « In Nomine Patris: Ce que veulent les mouvements des pères », de Myriam Tonnelotto et Marc Hansmann (Productions La Bascule, 2005), je dois corriger le tir. Il s’agit surtout, pour ces mouvements antiféministes et misogynes, de restaurer un contrôle, une impunité et des privilèges traditionnels, pour les plus mauvais des pères habituellement.
    Leur mouvement s’est d’abord organisé contre la responsabilité alimentaire masculine. À ces meetings, on s’échange des statistiques effarantes sur le nombre d’enfants qui ne seraient pas vraiment les nôtres, par exemple; on se recommande des noms d’avocat-es spécialisé-es dans les revendications paternelles (même de la part d’incestueurs ou de batteurs de femme), on parle de tactiques pour mettre des revenus à l’abri d’un jugement, on se « pompe » réciproquement contre les femmes.
    Pour ce qui est des revendications de garde et de droits d’accès, il s’agit souvent de menaces visant à entraver tout projet de divorce (« T’auras rien et je t’enlèverai les enfants!!! »)ou à faire réduire – jusqu’à zéro dans certains cas – l’obligation alimentaire de Monsieur. On constate surtout cela de la part d’hommes qui s’étaient peu impliqués auprès des enfants et se « découvrent » soudain un désir de garde… En effet, il est malheureux qu’au Québec, les négociations en médiation/droit de la famille se font selon le principe du « tout sur la table » et permettent de faire de tels chantages en opposant des revendications de garde à des obligations matérielles. C’est particulièrement dramatique venant d’un conjoint violent, et j’ai pu constater que ce sont surtout des hommes ayant des antécédents de violence qui affluent aux groupes dits des « droits du père » pour recueillir de tels conseils.
    Par exemple, la revendication de garde partagée – qui semble si égalitaire et bonne-pour-les-enfants – cache d’autres projets: imposer la liquidation du domicile familial pour que Monsieur puisse en encaisser sa part sans attendre, abolir toute pension alimentaire, et – trop souvent – maintenir un harcèlement, sinon une violence, et servir d’étape intermédiaire à une dépossession complète de la mère, lorsque Monsieur auras trouvé une nouvelle conjointe et établi sa compétence parentale avant de réclamer une garde exclusive, en claquant la porte sur une ex présentée comme harceleuse ou aliénatrice de la loyauté de l’enfant…
    On gagnera à se documenter sur cette dynamique en consultant les sites Web de défense des mères en lutte, et en lisant, par exemple, « La garde partagée – l’équité en question » de Denyse Côté (Éditions du remue-ménage, 2000).
    On y apprend notamment que la garde n’est habituellement pas réellement partagée: la mère se retrouve souvent avec la quasi-totalité des tâches parentales, la garde étant une notion juridique qui n’impose pas nécessairement un véritable partage du travail d’élever un ou des enfants. Se retrouver avec tout le travail mais pas de pension pour les enfants puisque ceux-ci « devraient » être chez papa est une expérience particulièrement frustrante, que vivent beaucoup plus de femmes qu’on ne le croit.
    Pour finir sur une note positive, les réformes juridiques que tentent de faire couler dans le bronze le lobby des pères sont en train d’être défaites en Australie. Le gouvernement conservateur précédent – qui avait été un fidèle allié du mouvement masculiniste en instaurant pratiquement la garde partagée statutaire – a perdu au profit du parti travailliste et – suite à un rapport très critique des échecs de la réforme précédente, qui a entraîné plusieurs meurtres d’enfants par des hommes violents à qui les juges avaient accordé la garde ou des visites non surveillées quand ils les réclamaient comme s’il s’agissait d’un droit absolu – s’apprête à remettre la sécurité des enfants au premier plan, quand il y a conflit entre cette valeur et les droits auxquels prétendent les pères. Détails (en anglais) ici: http://3.ly/cZh2 et http://3.ly/6GpA.
    Bref, si quelqu’un mène la politique du « Chacun pour soi », il me semble que c’est bien plus les hommes que les femmes qui se retrouvent en monoparentalité ou la choisissent pour échapper à de tels jeux de pouvoir.

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  • Ewy
    3 mai 2011

    Personnellement et de mon point de vue de psy, si je reconnais que beaucoup de femmes se retrouvent mères célibataires non par choix mais par obligation, je ne trouve rien de choquant à le faire volontairement…
    Je pense que trop souvent dans nos sociétés on mélange vie sentimentale et désir d’enfant… Ça peut sembler bizarre dit comme ça mais en quoi est ce réellement lié ? Nous ne sommes aujourd’hui plus obligé d’être deux pour faire un enfant (techniquement) et on a tous pu constater à quel point les relations sentimentales peuvent être tumultueuses et instables (les émotions et les sentiments ne sont jamais identiques tout le long d’une vie). D’autre part, je ne vois pas pourquoi le fait d’avoir envie d’élever un enfant, lui transmettre ses valeurs et son affection devrait FORCEMENT être lié à un partenaire sexuel/affectif…
    De même, les travaux (récents) en psychologie ont bien montré que la monoparentalité, l’homoparentalité n’étaient pas des « ratés » de la parentalité, bien au contraire…
    Bref, si je devais me retrouver un jour à avoir « envie » d’un enfant (encore à réfléchir sur les bonnes raisons d’en « faire » un), je ne me sentirais pas obligée de m’aliéner à un homme (comprendre me marier ou me mettre en couple vu que je suis plutôt pour la non-exclusivité) et je préférerais adopter un enfant seule (peu importe qu’il sorte de mon ventre ou non). Bien entendu, ce sera dans des conditions matérielles qui me le permettront… Donc bien loin du « pathos » qu’on nous sert sur les femmes précaires avec une tripotée de marmots à élever (bien que je ne nie pas ce phénomène)…

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  • Martin Dufresne
    3 mai 2011

    Je remarque une violence du vocabulaire lorsqu’on parle de la maternité pratiquée hors la norme romantique: « se constituer une marmaille autour d’elle et autour d’elle seule », « tripotée de marmots », « se fabriquer des enfants », « enfiler des enfants comme des vêtements à la mode »… Se pourrait-il que l’on détourne vers les mères d’aujourd’hui la frustration de ne voir pas réalisé ce modèle idéologique, encore omniprésent? Trouve-t-on qu’elles ne donnent pas suffisamment la chance aux hommes, eux qui demeurent toujours à l’abri de cette colère, malgré leur responsabilité évidente?
    Il est surprenant et paradoxal que l’on accuse presque explicitement d’égoïsme les femmes qui sont prêtes à tout donner elles-mêmes faute de pouvoir partager le poids de la parentalité.
    Évitons d’ajouter à cette charge, trop facilement réduisible à du « pathos ».
    Et ayons un peu plus d’empathie pour celles que l’absence de « conditions matérielles » suffisantes forcera à céder leur(s) enfant(s) aux riches jouissant de ces conditions.

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  • Martin Dufresne
    3 mai 2011

    Post-scriptum: Par ailleurs l’accession au pouvoir absolu d’un parti intégriste chrétien risque de changer rapidement la donne pour les mères au pays. Harper n’a jamais caché sa sympathie pour les positions extrémistes du lobby des pères qui cherchent à bloquer l’accès des femmes à une certaine autonomie, à la possibilité d’élever leurs enfants hors du contrôle masculin. Une réforme brutale de la Loi sur le divorce et des ressources concédées aux mères est à prévoir au cours du mandat qui s’amorce, un sombre avenir qu’avait vu venir Margaret Atwood dans son roman « La servante écarlate »

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  • Arielle
    25 février 2014

    Tiens, c’est un vieux sujet où il semble ne pas y avoir eu d’activité depuis longtemps, mais je renoue avec le site jesuisféministe.com, et je ne peux plus décoller de mon écran: je me délecte de tous les articles, tous aussi intéressants les uns que les autres. J’apprécie aussi cet espace de discussion féministe, grâce à la section commentaires qui permet d’échanger des points de vue diversifiés. Merci pour cette belle initiative!

    Bon, alors, pour un premier commentaire, j’ai envie d’y aller avec un témoignage.

    D’abord, quand je suis arrivée à l’adolescence, alors que (toutes) les filles parlaient de leur rêve d’avoir une famille, papa, maman, et se demandaient combien d’enfants elles auraient, et etc. … Moi, je me disais: « Eh merde! Ça veut dire qu’il va falloir que j’aille un chum? Que je vive avec et tout? Ah non… » Alors, mon rêve à moi, à 12 ans, c’était d’avoir des enfants, oui, mais toute seule. L’immaculée conception, idéalement, mais je savais bien que ça ne se passait pas comme ça.
    Alors je me disais: « Je ne suis pas nécessairement contre le fait que le père soit présent pour les enfants. Ce serait une bonne affaire en fait » Alors, en y réfléchissant bien, je me disais que je magasinerais un « père », avec qui je pourrais avoir une entente de coparentalité. On serait tous les deux présents et aimant pour nos enfants, mais sans impliquer une vie conjugale. Ben du trouble de sauvé!
    Voilà donc la vision de la vie de famille idéale, pour une petite fille dont les parents, tous deux aimants et présents, se sont séparés quand elle a eu 4 ans.

    Avec le recul, la maturité (?), et surtout, maintenant que je me suis réconciliée avec l’idée que l’amour, c’est possible et pas juste un rêve, et que je vois que l’engagement à long-terme, ça se peut: je me dis, « pourquoi pas? ». Mais je reste avec un rêve et un besoin peut-être un peu particulier pour « fonder une famille ».
    Pour moi, si être une mère (un parent) monoparentale est une triste situation car elle met beaucoup de responsabilités sur une seule personne, et que cette condition est souvent liée à la pauvreté, j’ai le sentiment qu’exiger la même chose d’un petit noyau de deux personnes est aussi insensé. Je cherche, pour mettre des enfants au monde et/ou en élever, une communauté tissée serrée. Une communauté intentionnelle. Un écovillage. Où, quelque soit ma situation conjugale, je ne serai pas seule pour affronter le quotidien, où je pourrai compter, dans le besoin, sur le soutien (affectif, psychologique, matériel) de personnes proches de moi, où je pourrai intégrer les différentes sphères de ma vie (travail, famille, vie sociale, etc.) – qui ont été segmentées par et pour le système capitaliste – …
    Peut-être que c’est parce que je reste marquée par mon exemple familial (et les exemples qui abondent de ruptures et de familles reconstituées): je garde quand même un fond de scepticisme quant au fait qu’une relation de couple puisse durer au moins aussi longtemps que les 20(?) années que durent l’accompagnement des enfants dans leur autonomie… Peut-être que c’est pour ça que je cherche ailleurs la « stabilité » pour les faire grandir…

    Voilà, je partage mon point de vue, car je crois qu’il n’y en avait pas encore d’équivalent sur le fil des commentaires.

    Pour le reste, il m’apparaît évident que les femmes, comme les hommes, devraient être libres de choisir s’ils veulent des enfants ou non. Il semble toutefois que pour l’instant, ce choix soit biologiquement possible et plus facile seulement pour les femmes (il y a quand même l’option de l’adoption).

    Je vais continuer de feuilleter le blog. J’aimerais bien y trouver une discussion qui traite plus en profondeur de la question des mères porteuses.

    En attendant, je dépose un malaise qui enflammera peut-être la discussion, qui sait? : Si une femme peut décider ce qu’elle fait de son corps, et si elle peut/veut ou non avoir des enfants seule, mais qu’elle implique, dans sa « démarche », un partenaire dans le volet de la fécondation… Je me sens mal à l’aise à l’idée qu’une femme puisse, sans son consentement, utiliser un homme pour se fabriquer un bébé, et ne pas le tenir au courant. Ou que, si il l’apprend, mais qu’elle a choisi de l’élever seule, elle puisse lui refuser la paternité, même s’il désire prendre une part active dans la vie de l’enfant. Et attention, je ne dis pas que c’est une pratique courante! Cet exemple est hypothétique, mais la simple possibilité me rend inconfortable.
    Vous en pensez quoi, vous, de la tension entre « le corps d’une femme lui appartient » et le fait qu’un moment donné, l’enfant s’appartient à lui-même et que quelqu’un d’autre peut en revendiquer « une part de responsabilité » :-P?

    [Commentaire hors-sujet? Abusif? Spam?]

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