Maman, non merci: la suite
Je reviens sur un projet de documentaire dont j’avais parlé ici: il s’agit du projet de Magenta Baribeau sur les femmes ne voulant pas d’enfants. J’en reparle, car le documentaire se cherche des mécènes : je vous redirige d’ailleurs sur son blogue, ou elle explique sa démarche.
J’ai pris un thé avec Magenta la semaine dernière, et nous avons échangé sur cette épineuse question qui m’interpelle, comme j’ai affirmé toute ma vie que je n’en aurais pas (que voulez-vous, y’a juste les folles etcetera!) Discussion fascinante qui démontre bien qu’en effet, il y a toujours un tabou là-dessus. Une fille qui affirme qu’elle ne veut pas d’enfants se fait invariablement répondre « tu vas changer d’idée » ou « t’as pas encore rencontré le bon gars » ou encore pire « mais qui va prendre soin de toi quand tu seras vieille? » (les CHSLD ne sont-ils pas remplis d’aînés abandonnés qui ont pourtant eu des enfants?). Il est totalement INACCEPTABLE qu’on puisse affirmer, même en 2010, qu’on ne veut pas d’enfant, point.
Magenta ose poser la question à l’envers : et toi, pourquoi veux-tu des enfants? Les réponses qu’elle reçoit parfois sont ahurissantes. « J’ai 28 ans » ou «On est ensemble depuis 5 ans », comme si cela constituait une raison! La pression sociale est forte. Repeuplons, chantaient Rock et Belles Oreilles…
Comme le soulignait l’auteure féministe Lynn Harris en 2006, nous vivons dans un monde obsédé par les bébés. Il n’y a qu’à regarder les revues à potins pour s’en convaincre : qui en a? qui en veut? qui est enceinte? Oh, regardez, un bourrelet, serait-ce…? Cette obsession est néfaste pour toutes les femmes, à la fois celles qui n’en veulent pas, celles qui ne peuvent pas en avoir mais aussi celles qui en ont et qu’on réduit à leur seul rôle de mère (oui, j’ai une entreprise et j’ai réussi ma vie professionnelle, mais j’ai SURTOUT deux beaux enfants!).
Un beau projet de documentaire, donc, qui doit absolument voir le jour. Encourageons-la!
Noisette Sociale
J’ai bien hâte de voir le produit fini, en tout cas. Je suis le blogue de Magenta depuis un bon moment déjà et ses interventions sont toujours intéressantes.
Je ne ressens pas personnellement cette fameuse pression sociale pour avoir des enfants. Par contre, je remarque que ça bouscule quand je dis que je ne veux pas d’enfants, surtout si je m’adresse à une autre femme qui en a. On dirait qu’elles prennent ça personnel et qu’elles se remettent automatiquement en question quand on affirme sans hésiter que la maternité ne nous attire pas.
Pas de matantes non plus qui me mettent de la pression et ma mère s’était fait à l’idée que je n’en aurais pas avant même que je ne lui en parle. Est-ce que je dois considérer que j’ai de la chance?
Par contre, j’aime bien le début de réflexion dans ton dernier paragraphe, sur l’obsession qu’on a des bébés, surtout dans l’univers des magazines à potins. C’est vraiment pas faux maintenant que tu en parles 🙂
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Marie-Claude
Personnellement, votre enthousiasme pour ce documentaire me décourage complètement. Oui, il est vrai que la pression sociale ou familiale est forte pour avoir des enfants, que les magazines nous ressassent constamment l’obsession pour les bébés etc. Mais je n’en reviens pas, qu’en 2010, les jeunes femmes qui ne veulent pas d’enfants sentent le besoin de faire un documentaire là-dessus. Pourquoi ? Pour parler des femmes qui choisissent d’être mère par pression sociale ?
Peut-être que certaines femmes choisissent d’avoir des enfants uniquement parce qu’elles ont l’ âge correct ou le bon nombre d’années avec leur chum mais autour de moi j’en connais pas. Mes cousines, mes amies proches ont eu (ou pas) des enfants par choix, par amour de voir la vie grandir et c’est magnifique.
J’ai aussi des amies qui ne veulent pas d’enfants et qui sont bien avec ça. Je respecte ça et je ne vois aucun problème. La question d’avoir des enfants c’est personnel à chacun. De mon côté j’ai largement dépassé l’âge « correct » ainsi que le nombre d’années « correct » pour avoir des enfants. J’ai eu beaucoup de pression familiale à ce sujet mais à un moment donné, je me suis assise avec eux et leur ai dit que cette décision, elle m’appartenait et que j’en aurais (peut-être) le moment voulu. Quand l’envie de voir la vie grandir deviendra un désir profond…
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Magenta
Marie-Claude, j’aimerais tellement que je n’aie pas à faire un tel documentaire et que tout le monde comprenne, comme vous, les femmes qui ne souhaitent pas devenir mère. C’est justement la raison pour laquelle il est impératif de faire un documentaire à ce sujet, pour dire que non malheureusement même en 2010, les femmes sont jugées pour les choix qu’elles font par rapport à l’utilisation de leurs organes reproducteurs.
Malheureusement, tel n’est pas le cas. Maman? Non merci! est un documenaire *positif* qui ne veut pas décrier celles qui ont fait le choix de devenir mère et que j’admire beaucoup, mais cherche tout simplement à faire le portrait de femmes qui ont choisi un modèle de vie alternatif et qui oui, malheureusement encore en 2010, sont jugées et pointées du doigt comme étant égoïstes, imamtures.
Je cherche à faire le portrait de femmes qui au contraire sont empreintes de joie de vivre et qui s’éppanouissent de plein de manières différentes, mais qui veulent décrier cette situation qui est celle de beaucoup de non-mères volontaires: celle du manque de respect.
C’est donc un documentaire respectueux des mères et qui veut redorer le blason des femmes qui choisissent de vivre une vie sans enfant ou remplie d’enfants… des autres.
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Martin Dufresne
Je trouverais intéressant une parenthèse sur les hommes qui n’ont même pas à se poser la question de leur propre désir d’enfant, se laissant porter par celui qui est socialement inspiré aux femmes, en résistant plus ou moins mollement.
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Magenta
Ne vous en faites pas, Martin, il y a bel et bien quelques hommes dans mon documentaire. N’empêche que pour les besoins de la cause, mon documentaire se centre principalement sur les femmes.
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J.
Je suis d’accord avec tout le monde. Le truc, c’est qu’on se fait manquer de respect à tout bout de champ et pour toutes les raisons possibles et imaginables, dans la vie. J’haïs tellement quand les gens pensent connaîtrent les raisons de mes choix. Et il n’y a pas de bonne ou de mauvaise raison en soi. Je pense qu’on a le droit d’être faible ou forte, d’être libre ou soumise, que chacune vit comme elle peut avec ce qu’elle a.
Je pense qu’on a le droit de dire « je veux des enfants parce que j’ai 28 ans ». Ce n’est pas plus triste que de dire: « je ne veux pas d’enfant parce que le monde est trop moche et que l’existence est une cruauté que je n’aurai jamais le coeur d’infliger à un autre être humain ». Les deux sont correc’, je veux dire.
En fait, justement, je ne crois pas vraiment aux choix libres qui surgissent de la pureté lumineuse du tréfonds de notre âme. Je crois que tous les choix que l’on fait sont toujours en réaction plus ou moins assumée et plus ou moins violente à notre perception du monde. On ne devrait pas avoir à s’excuser pour ça. Aussi, ça ne m’intéresse pas tellement de voir des femmes qui ont des arguments en béton derrière leur refus d’enfants. Celles-là, les épanouies, les heureuses, je m’inquiète pas pour elles. Je m’inquiète en revanche pour celles qui ont des raisons à la noix, qui ne s’en sortent pas, qui ont raté leur vie… Et qu’on ne vienne pas leur dire que c’est parce qu’elles n’ont pas eu d’enfant!
Je n’aime pas jouer le jeu de l’adversaire. Depuis quand on a besoin d’un dossier justificatif pour faire respecter ses choix? Non mais! Ça ne regarde absolument personne, pourquoi on fait les choix qu’on fait. Et si on les fait par immaturité ou bien sous la pression sociale, on en a bien le droit! Vive l’immaturité et vive l’égoïsme! Deux qualités injustement noircies… Le monde, c’est quand qu’on le refait pour vrai?
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Martin Dufresne
J’ai cru remarquer que les femmes qui ont eu des enfants subissent au moins autant de jugements péremptoires sur ce qu’elles font de pas correct et devraient plutôt faire que les femmes qui n’en ont pas, ou pas encore.
Le problème est peut-être que la société a édicté que les femmes ne s’appartiennent pas mais sont une sorte de « buffet ouvert », vulnérables aux opinions des autres, de quiconque a envie de les juger, sur la base de théories et d’idéologies parfaitement contradictoires entre elles.
Alors que les hommes, comme je suggérais plus haut, échappent généralement à ces pressions, surtout en matière d’enfants.
C’est juste pas juste!
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Gisèle
Pourquoi y aurait-il forcément une raison logique pour avoir des enfants ?
j’ai l’impression que certaines personnes prennent parfois le problème à l’envers en essayant de justifier le fait de ne pas avoir d’enfants au motif qu’il n’existe pas de bonnes raisons pour en avoir.
ça me paraît illogique et alambiqué. comme il me paraît alambiqué d’essayer d’imposer le choix de ne pas avoir d’enfants comme un acte de résistance ou comme une lutte contre les tabous.
ne pas vouloir d’enfants n’a absolument rien de choquant de nos jours.
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Martin Dufresne
J’ai personnellement observé les pressions exercées sur les jeunes femmes de ma famille et de mon entourage, mariées ou non, pour qu’elles aient des enfants, ou pour faire des choix de vie en fonction d’en avoir. Et il m’a bien semblé que la réponse « Je n’en veux pas » choquait, à tel point que celles-ci cherchaient à éviter cette position d’affrontement d’une attente/exigence réservée au sexe féminin plutôt qu’à l’autre.
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Stephie
Je me souviens au secondaire quand la question nous a été posées ( dans une classe de 35 filles) deux seulement ont levé la main pour dire qu’elles ne voulaient pas d’enfants! Le chaos que cela a engendré m’a marquée! Les regards de dégout et l’interrogatoire qui a suivit me laisse penser que la question se pose toujours.
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Martin Dufresne
D’ailleurs, on peut penser qu’il y avait sans doute là des jeunes femmes qui n’étaient pas très « chaudes à l’idée » d’en avoir – en tout cas pas avant d’avoir trouvé une place et une sécuritéfait sur le marché du travail – et qui n’ont pas osé lever la main, non?
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