Cherchez la blonde…

Le sexisme a définitivement la cote ces jours-ci pour vendre. Que ce soit nos bonnes bières québécoises, les gâteaux vachons (suis-je la seule à être déroutée par l’apparition de pin-ups style 50’s sur des produits destinés principalement aux enfants?), ou les idées de l’un et de l’autre: objectifier les femmes pour faire passer un message semble être redevenu legit.

Exemple récent: Dans une campagne lancée récemment, l’organisme Greenpeace veut sensibiliser la population de la planète au fait que l’emballage de carton des jouets produits par la compagnie Mattel serait fait à partir d’arbres provenant de forêts menacées d’Indonésie. Fair enough.

Mais voici le concept. La pub met en scène Ken, qui crisse Barbie là sous prétexte que la séduisante blonde  » has a nasty deforestation habit » et que la vilaine « is trashing rainforests ». Volontairement, et évidemment, à elle seule. Sans l’aide d’autres suspects de l’écure Mattel. Aucun véhicule « Hot Wheel » impliqué dans cette conspiration, ni G.I. Joe, ni la poupée Johnny Depp (!). Ken lui-même ignorait tout…

Bref: c’est toujours si facile de blâmer une femme, surtout si elle est blonde et jolie.

Autres exemples de blondes dangereuses pour la société et pour elles-mêmes:

Belinda Stronach: Accusée par nos Conservateurs de s’être « prostituée » aux Libéraux lorsqu’elle a eu marre d’eux, et ensuite de faire son intéressante en chopant un cancer du sein…

Laura Logan: Journaliste de CBS, qui a été brutalement agressée sexuellement par un groupe d’hommes alors qu’elle couvrait les événements du printemps au Caire. Elle a évidemment été blâmée d’avoir couru après le trouble, en étant jeune, jolie et blonde, dans un pays de méchants musulmans non-blancs…

Pauline Marois: Pour avoir saboté le Parti québécois et le projet souverainiste…

Lisette Lapointe: Réciproquement…

Hilary Clinton: Comment peut-elle être Secrétaire d’État alors qu’elle n’avait même pas remarqué que Bill la trompait?

N’ayez crainte: c’est une question de temps avant qu’on trouve quelque chose à blâmer sur celle-ci

J’ose seulement espérer qu’une fois que les gens, et en particulier les médias, commenceront à penser comme des adultes rationnels, on arrêtera de chercher automatiquement à prendre la voie « facile » et à trouver une femme sur qui pelleter le blâme. Et peut-être qu’à ce moment, on commencera à trouver de vraies solutions à de vrais problèmes…

***

Sur un sujet connexe: c’est quoi cette tendance chez les groupes écologistes d’objectifier les femmes pour pousser leur idéologie? On était habitués aux publicités dégoûtantes de PETA, mais Greenpeace?

Pourquoi Greenpeace? Pourquoi?

8 Comments

  • Isabelle N.
    14 juin 2011

    Excellent Catherine, j’allais écrire sur le même sujet, en remerciant Marc Cassivi pour sa chronique du jour. Il dénonce le retour en force du machisme chez les humoristes et dans la télé en général.

    Comme de quoi tu n’es pas la seule à l’avoir remarqué!

    http://moncinema.cyberpresse.ca/nouvelles-et-critiques/chroniqueurs/chronique/14973-cest-peut-etre-moi-le-mononcle.html?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B2_cinema_261_accueil_POS1

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  • Caroline R.
    14 juin 2011

    J’abonde dans le même sens que Isabelle et Catherine! On assiste à un réel « backlash » pour paraphraser le livre de Susan Faludi. C’est le retour de la pitoune, du sexe et des jokes plates et faciles.

    Et je suis tout à fait d’accord avec les propos de Marc Cassivi. En regardant le sketch en question (dimanche soir au gala humoristique mettant en scène Anthony Kavanagh, Maxim Martin et François MAssicotte… et trois filles plantureuses en bikini), j’éprouvais un malaise incroyable et me demandais pourquoi en 2011 on avait besoin de faire un sketch avec des filles en bikini, alors que les hommes sont trop habillés pour « se baigner ».

    Sérieusement, à un moment donné, je croyais que Maxim Martin allait faire une critique, lorsqu’il a demandé à Massicotte de lui dire de quelle couleur étaient les yeux de sa « copine » à la très grosse poitrine (!). Mais, non. Rien. Puis, la-dite copine qui revient proposer aux gars « un bon plan » et leur demande de rejoindre les filles dans la chambre. Boff.

    Qui faut-il accuser? Les scripteur-euse-s? Les humoristes? Les filles qui ont accepté de participer à ce sketch? Le télédiffuseur? Les organisateurs du gala?

    Je ne sais pas. Mais j’aime pas.

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  • Emmanuelle G.
    14 juin 2011

    Ah que je suis heureuse de savoir que je ne suis pas la seule à avoir été choquée par la pub de Greenpeace.

    C’est absolument décourageant.

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  • DominiqueB
    14 juin 2011

    Au risque d’être légèrement hors sujet ( je dirait plutôt que je généralise, mais tant pis si je risque la modération ), je pense que critiquer ce que les médias nous servent reste porter trop d’intérêt à des choses qui n’en méritent pas, je pense bien sûr à la publicité sexiste, mais aussi en général.

    Que ce soit un humoriste ou un publicitaire, le contenu d’un média est diffusé parce qu’il marche.
    Les publicitaires de tel grand groupe cosmétique dont un ancien directeur est issu d’un groupuscule d’extrême droite, ou un
    humoriste raté qui souhaite gagner sa croute en flattant les bas instincts des téléspectateurs d’une chaine qui diffuse de la vomissure que des gens sont prêts à regarder, c’est pour moi le même concept : l’éthique n’existe pas, l’important est de faire du chiffre, c’est la seule loi, ainsi tant que des gens perdront leur temps devant de telles inepties, rien ne changera.

    Une autre chose me gène beaucoup, vouloir obtenir le retrait de publicités ne veut il pas dire : « Vous véhiculez de mauvaises idées, et comme nous admettons que votre influence n’est pas négligeable, nous vous demandons de ne diffuser que les bonnes idées ».
    Évidemment dans ce cas la mesure peut paraitre légitime, mais n’est ce pas un pied dans la porte pour une forme de totalitarisme de pensée?

    Pour ma part, je préfère penser que la publicité n’existe pas, certes, nous en subissons l’affront quotidiennement et je ne dis pas que c’est forcément facile d’en faire abstraction, pourtant c’est justement une chose qui se nourrit de l’attention que l’on daigne lui porter. Il est crucial à mon sens d’éduquer nos enfants dans ce sens et de ne surtout pas laisser la publicité les éduquer.

    D’ailleurs qui est vraiment coupable dans l’histoire? Ceux qui diffusent? pourtant ils diffusent ceci pour une seule chose, de l’audimat ou du chiffre, ainsi ceux qui regardent ou achètent, même pour critiquer n’ont ils pas une part de responsabilité ?

    Je terminerai sur une note d’optimisme :
    chez les publicitaires, il est bien connu que choquer l’auditoire permet de mieux le toucher. On voit de nombreux exemples dans les publicités pour lutter contre le tabac, c’est aussi pour cela que la publicité est constamment lancée dans une course à l’érotisme dont le but est de « toucher la limite, mais pas trop loin », histoire de garder une bonne image, mais de choquer quand même pour imprimer nos mémoires.
    Alors si les publicitaires se plaisent à afficher du sexisme, peut être espèrent ils nous choquer? Ainsi on pourrait y voir le signe que le sexisme devient malgré tout de plus en plus choquant.

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  • SophieSexologue
    16 juin 2011

    J’ai travaillé sur un projet qui visait à sensibiliser l’industrie de la mode et de l’image au fait qu’elle véhiculait une seule image de la beauté chez les femmes (ou presque); celle de la femme toujours plus jeune, mince, sexy et blanche. Je m’étais même présentée à un 5 à 7 des plus grands de la pub et j’avais discuté avec plusieurs d’entre-eux. L’un d’eux, qui travaillait beaucoup pour les publicités de bière, m’avait dit que lorsqu’ils faisaient des publicités avec plein de pitounes, leurs « groupes test » le leur reprochait et au contraire, lorsqu’il y avait des publicités sans pitoune, on leur disait « mais où sont les pitounes? ». À son grand damne, il était obligé de mettre un minimum de pitounes dans ses publicités, car pour lui, le summum de la bonne pub était axé sur le produit, sans aucune femme à moitié nue.

    Je suis donc en partie d’accord avec le fait que les publicités sont en partie le reflet de ce que la population souhaite y voir.

    Par contre, attention! Une certaine partie de la population a des images de pornographie juvénile dans son ordinateur; ça ne veut pas dire qu’il faille légaliser la prostitution et la pornographie infantile, et ce, même si ça faisait augmenter les ventes de certains produits…

    Mon souhait le plus grand serait que les publicitaires, qui revendiquent leur côté artistique, pousse leur créativité à leur maximum et réussissent à créer des émotions sans avoir à tomber dans les stéréotypes et l’objectivation des femmes ET des hommes.

    Soit dit en passant, au Québec, on fait beaucoup de bonnes pubs. Les pubs sexistes viennent très souvent (mais pas toujours) de l’extérieur malheureusement… Il faudrait donc pousser les compagnie à faire des publicités spécifiquement pour le Québec au lieu de traduire celles d’ailleurs.

    Et dans cette même lignée, au Québec justement, le problème ces temps-ci est de présenter les hommes comme des mollusques unicellulaires; c’est loin d’être mieux que de présenter les femmes comme des objets sexuels prêts à la consommation selon moi…! 🙂

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  • Marjorie
    14 mai 2012

    HOURRA! Un nouveau candidat pour les Trollitudes! Ça faisait longtemps, je m’en ennuyais! Aura-t-il un candidat à la hauteur? Si cet adversaire épie jesuisfeministe.com en attendant sa chance de troller, je lui suggère un nom comme… Jules, Jack, or Jesse (unisexe en plus!). Jim et lui, ça nous ferait un beau petit duo de vainqueurs.

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    • Emilie
      14 mai 2012

      Haha Marjorie, je me suis fait la même réflexion !

      Je suggère aussi aux candidats éventuels d’éviter les messages trop longs. Soyez concis et clairs. Privilégiez un message de type : « A mort les féministes. » ou « Vives les vraies femmes soumises et dociles. »

      J’adorerais un match au sommet entre gros trolls !

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  • Marjorie
    14 mai 2012

    (Et pas trop en retard s’il vous plaît cette fois… Un an de retard à poster sur un forum… C’est qu’on salive déjà devant ce palpitant duel de Mansplainers!)

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