De paillettes et de princesses

Ma petite féministe en herbe n’ayant pas encore 18 mois, ce n’est donc pas (encore) par expérience personnelle que je vous parle de la culture de la princesse qui pollue nos ondes et la tête de nos enfants. Pour le moment, c’est plutôt avec sa grand-mère que je bats pour éviter que ma maison ne soit envahie de rose et de paillettes.

Je ne suis pas la seule à m’inquiéter de cette culture de la passivité poussée à outrance.  L’essai Cinderella ate my daughter de Peggy Orenstein questionnait déjà le message que nos filles reçoivent par rapport à la construction de l’identité féminine : est-ce que ça passe nécessairement par une jupe à froufrou? Une députée britannique propose une loi encadrant la représentation féminine dans les émissions pour enfants. Elle se base sur une étude qui démontre que les deux tiers des personnages principaux des émissions jeunesses britanniques sont des garçons. Et on constate que quand ce sont des filles, elles n’ont pour objectif que 1- devenir chanteuse ou 2- épouser un riche prince.

Le marketing des Princesses de Disney est partout, même ceux qui n’ont pas d’enfant s’en sont rendu compte. Mais cette représentation est-elle innocente?  Quel message envoyons-nous à nos filles, sinon d’être belles et vertueuses et « un jour ton prince viendra »?

Il y avait autrefois des personnages féminins qui, même en abusant du rose, enseignaient des choses pertinentes aux jeunes filles. J’en veux pour preuve cette comparaison entre des dessins d’un cahier à colorier de Fraisinette, versions 1980 et 2010. Voyez comme la Fraisinette de notre jeunesse faisait des choses (passe le râteau, fait du patin à glace) alors que celle d’aujourd’hui… prend la pose. Voyez comme elle a changé! Elle n’est pas la seule, voyez le facelift qu’a subit Dora! Avouez que de tels souliers pour gravir la montagne magique…

Je n’empêcherais probablement pas ma fille de tripper sur les princesses, mais je pousserai fort pour que sa préférée ne soit pas Cendrillon mais plutôt Mulan ou encore Merida, la première héroïne d’un film de Pixar (Brave, qui sort en 2012). Ou Xena, la princesse-guerrière? Je ne le cache pas, je préfèrerais qu’elle aime se battre plus que les paillettes.

Pour finir, Azurine, ma préférée quand j’étais petite. J’ai mal au coeur.

16 Comments

  • SekhmetDesign
    25 juillet 2011

    C’est pour cela que j’achète des DVD des classiques de notre enfance, tel que Passe-Partout, Reboot, She-Ra, les « Il était une fois: la vie/l’histoire/l’espace », et que j’ai aussi acheté les DVD de Buffy et de Xena. Au moins, ma fille aura de meilleurs exemples, même s’ils ne sont pas parfaits, que ce qui passe à la télévision!

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  • Fanie
    25 juillet 2011

    Je fais du maquillage pour enfant et, je vous jure, depuis quelques années, les fillettes n’ont qu’une couleur en tête: Le ROSE! :-/ C’est à croire qu’elles ne se demandent même pas la question, c’est un automatique. Qu’est-ce qui est arrivé au bleu, jaune, orange, rouge, vert, mauve…?

    SekhmetDesign: C’est une très bonne idée que de lui montrer les dessins animés de notre enfance, mais ça me rappelle également beaucoup lorsque nos parents se procuraient les séries tels que « Franfreluche » et « Sol et Gobelet », il y a quelques années. Oui, nous trouvions cela intéressant, mais les dessins animés les plus « cool » étaient certainement ceux de notre génération. 😉 Alors, il faut faire entendre notre voix et exiger des produits avec des héroïnes de qualité pour les prochaines génération!

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  • Caroline R.
    25 juillet 2011

    Je seconde Fanie!! Moi aussi je trouvais ça « ringard » quand ma mère voulait me faire écouter Franfreluche! Cela dit, je fais partie des optimistes qui pensent que c’est la clientèle qui a le pouvoir de faire changer les choses… entk, je l’espère!!!

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  • Joëlle
    25 juillet 2011

    Enfin, merci d’en parler Isabelle! J’aimerais tellement que ça devienne le sujet de l’heure, il y a tellement de conscientisation à faire de ce côté-là.

    Et ce qui me dérange par-dessus tout, c’est quand je vois des garçons qui regardent les articles de princesses de mes filles et que leur mère/père lance immédiatement un « Bien non c’est pas pour toi ça, laisse ça là, c’est pour les filles. ». On est tout fier quand des filles s’intéressent aux héros, mais quand un garçon s’attarde aux princesses… On leur envoi directement comme message qu’on valorise la masculinité, mais pas la féminité.

    J’ai fais moi-même l’erreur. Je l’ai su parce qu’un jour, ma fille me l’a reproché! Il n’y avait aucun film de princesse à la maison. Majoritairement, des pantalons. Des running shoes. Un p’tit look « skateur ». Des cheveux courts. Je l’inscivais dans pleins de sports. À 7 ans, elle me confie qu’elle n’a jamais aimé les vêtements que je lui achetais, elle disait « oui, oui » mais parce qu’elle voyait dans mes yeux que ça me faisait plaisir. À l’école, une fille portait des souliers qui faisaient clac-clac avec des robes à jupons (elle était la seule de l’école!) et maintenant, c’est ça qu’elle voulait porter, rien d’autre. J’ai expliqué que des robes, c’était trop salissant pour aller à l’école.

    Puis…

    J’ai réfléchi. Pourquoi avoir peur de salir des robes?!!! Ça se lave, autant que des pantalons! Et ce n’est pas plus dispendieux! Pourquoi ce vieux mythe qui reste encore, qu’une robe, ça ne doit pas se salir?!

    J’accepte maintenant si mes filles recherchent à développer leur féminité. Mais la féminité véhiculée à travers les jouets et articles pour enfants m’effraient, c’est caricaturé à outrance… Même que, ça n’a même pu rien à voir… La taille de guêpe des héroïnes, c’est malsain… Je me rappelle qu’à 15 ans, quand mon corps s’est développé, je me rapprochais enfin du beau corps de mes Barbie que j’avais tenu dans mes mains toute mon enfance… Il me fallait ce ventre plat!

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  • Joëlle
    26 juillet 2011

    Et en même temps… est-ce la féminité des souliers qui font clac-clac et des robes à jupons?! Tsé… J’ai à me battre d’abord contre le brainwashing de mon enfance, je ne sais plus ou me « pitcher »!

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  • Joëlle
    26 juillet 2011

    Les images des héros sont généralement saines et véhiculent des valeurs positives. Celles de beaucoup d’héroïnes des derniers temps nous trainent vers la déchéance… la maigreur, la passivité, voire réduit à un objet de séduction.

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  • Marie-Élaine
    26 juillet 2011

    @ Joëlle: J’apprécie tes réflexions « à voix haute » 🙂

    Je ne crois pas non plus qu’il faille dévaloriser la féminité en tant que telle. Parce que primo, les robes et les paillettes n’empêchent pas la saleté, les épées, l’aventure… Et deusio, il y a simplement des enfants (filles comme garçons) qui s’intéressent davantage à cette identité de genre. Les pousser à en assumer une autre peut être très douloureux pour elles-eux.

    Je pense qu’il faut davantage encourager une fluidité dans les rôles qu’on associe à un genre comme à l’autre. On peut jouer aux Lego tout en portant une robe. On peut avoir l’air d’une vraie tomboy, mais tripper sur les films de princesse. On peut jouer aux Barbie… et les faire conduire des camions. L’important, selon moi, c’est que l’enfant explore, se réalise, croie en ses possibilités et assume sans honte ses contradictions.

    @ Isabelle N.: Ce qui me préoccupe davantage que le makeover des héroïnes de notre enfance, ce n’est pas tant que leur accoutrement s’éloigne du « pratico-pratique », mais plutôt qu’on les sexualise inutilement? Ouain, c’est là qu’il est, mon malaise.

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  • Joëlle
    26 juillet 2011

    Et je me questionne, pourquoi ce divertissement prends autant de place, et que tout ce qui touche les enfants contient du divertissement? Et pourquoi nous, nous acceptons de tourner autant leur attention autour des divertissements de Walt Disney? Certains parents mettent tellement d’emphase sur le divertissement et le plaisir, qu’ils oublient parfois d’occuper leur attention autrement, comme par exemple, « travailler » (participer, accomplir des tâches). C’est plus facile de les laisser dans le passif du divertissement (et aussi de « l’éducation »!). Mais on risque aussi de créer une espèce d’uniformité… Les princesses donnent une éducation uniforme, les éducatrices donnent une éducation uniforme… Et l’éducation que donne les mamans? Tant qu’on présentera des héroïnes maigres, passives et comme simple objet de séduction, des filles continueront à ne pas s’apprécier en tant que femme, donc en tant que mère qui est un modèle de femme pour ses enfants, ainsi de suite…

    Il faut travailler fort les mamans, et les papas, pour valoriser la féminité auprès de nos filles et nos garçons, envers et contre tous!!! Entk moi j’ai souvent l’impression d’avoir le vent dans’face! 😀

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  • Marianne
    26 juillet 2011

    J’ai l’impression de lire une retranscription de ce qui se passe dans ma tête! Merci pour ce billet Isa et pour vos réflexions les filles!

    Et BTW Isa, où as-tu pris les avant/après de Dora et Azurine? Vraiment explicite.

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  • Marjorie
    26 juillet 2011

    Ben j’espère que vous avez gardé les Playmobil de votre enfance les filles.. Parce qu’en comparaison des modèeles des années ’70 (http://qr.net/eohk), les figurines Playmobil d’aujourd’hui sont pulpeuses (http://qr.net/eohm). Mêmes les soeurs (http://qr.net/eoho) ne sont pas épargnées!

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  • Marie-Élaine
    27 juillet 2011

    Pwahahaa WTF les nouveaux Playmobil. Quoi, si les figurines féminines n’avaient pas de poitrine, on pourrait les méprendre pour des gars en robe? ET DIEU SAIT QUE ÇA VIENT TOUTE FUCKER DES GARS EN ROBE.

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  • Rachelle
    20 août 2011

    Moi j’aimerais savoir en quoi le fait que les petites filles aiment le rose, les princesses, les paillettes peut vraiment nuire.

    J’ai adoré cendrillon lorsque j’étais enfant…et à 14 ans, mon groupe de musique préféré était Nirvana…j’ai porté mes premier talons hauts à 26 ans (j’en aie 30).

    Moi je dis que c’est plus le comportement des mères face à leurs filles et leurs propre comportement en tant que femme qui fera une différence…j’adore être en robe et talon l’été, mais je fais aussi de la rénovation avec mon conjoint.

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  • Marie-Noelle
    31 août 2011

    Un excellent article sur le sujet et surtout pourrquoi ne pas dire aux fillettes comment elles son cute…

    De l’auteure « Think: Straight Talk for Women to Stay Smart in a Dumbed-Down World » Lisa Bloom
    http://www.smh.com.au/lifestyle/dont-dumb-girls-down-20110829-1jh86.html#ixzz1WeimgJ77

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