L’hypersensibilité serait-elle une ressource sous-exploitée ?

Commençons par définir l’hypersensibilité. Voici les définitions que j’obtiens :

  1. Hypersensibilité = sensibilité excessive.
  2. Sensibilité =
    1. Caractère d’une personne qui ressent des sensations physiques ;
    2. Caractère d’une personne qui est réceptive psychologiquement, moralement, esthétiquement ;
    3. Capacité d’un instrument de mesure à percevoir de petites variations.
  3. Hypersensibilité (médical) = Réaction démesurée à un allergène amenant des changements pathologiques, aussi appelée allergie.

De la première définition, je n’apprends qu’une chose : « excessif » étant connoté péjorativement, la société ne regarde pas d’un bon œil l’hypersensibilité.

La définition de « sensibilité » renvoie à un trait de tempérament. C’est une qualité réceptive : un stimuli extérieur est perçu par le sujet. Le sujet dispose en quelque sorte d’un sens supplémentaire, aux côtés de l’ouïe ou de l’odorat. La troisième branche de la définition précise que cette réceptivité permet de percevoir de « petites variations ».

La dernière définition, quoique issue du domaine médical, m’intéresse beaucoup. Elle assimile l’hypersensibilité à une allergie.

Rappelons maintenant que l’hypersensibilité est transitive : si l’on a en général un tempérament globalement sensible ou insensible, à l’instar d’une allergie, on est toujours hypersensible A QUELQUE CHOSE. La sensibilité renvoyant à des objets psychologiques ou moraux (oublions le côté artistique pour le moment), on peut par exemple être hypersensible aux manifestations de la colère, de la violence, du mépris, de la manipulation, du rejet, de la domination, mais aussi de la considération, de la gentillesse, de la compassion, de la tristesse, etc. Par exemple, quand je suis rendue vulnérable par plusieurs nuits d’insomnie ou une grippe bien installée, je deviens hypersensible à la compassion : quand un médecin me parle avec douceur, j’ai les larmes qui me montent irrésistiblement aux yeux, alors même que cette réaction instinctive m’énerve et que je tente de la refouler.


Pour la suite du propos, je prendrai l’hypersensibilité à la violence, mais vous pouvez remplacer cet objet par n’importe quel autre sans que cela invalide le raisonnement.

J’ai donc un sujet, appelons-le RatdExperience, qui est hypersensible à la violence. Quelles vont être les conséquences de ce trait de caractère ?

1. RatdExperience va présenter des réactions extrêmes dans sa vie quotidienne, inadaptées car disproportionnées face au stimuli qui les a provoqué. Ces réactions paraîtront d’autant plus inadéquates que le niveau de violence du stimuli est socialement considéré comme acceptable.

Exemple : RatdExperience n’aime pas qu’on lui coupe la parole. Il le perçoit comme une forme de domination dans le langage, et une violence à son endroit. Dans une soirée, après qu’on lui ait coupé 3 ou 4 fois la parole, il se met en retrait et boude. Se faisant, il se punit lui-même : pour le reste de la soirée, aucun stimuli extérieur n’entérinera son malaise ; peu importe, il va s’interdire de participer et d’apprécier la soirée.

En cela, l’hypersensibilité est un handicap (= nuit au sujet)


2. Pour l’entourage de RatdExperience, les réactions disproportionnées de celui-ci sont plus nuisibles que le stimuli originel. La personne hypersensible apparaît comme fatigante et pénible. Ses réactions usent ses proches qui prennent rarement sa défense, faute de percevoir le stimuli originel ou de lui reconnaître de l’importance.

Exemple : l’entourage n’a tout simplement pas remarqué que PasPoli a coupé à répétition la parole à RatdExperience. Ce qu’il perçoit par contre, c’est que RatdExperience fait ENCORE la gueule. Il trouve cela lassant. Et quand il en fait la réflexion à RatdExperience et que celui-ci explique son attitude (à condition qu’il ait assez de recul pour analyser sa réaction, il peut aussi ignorer la raison de sa mauvaise humeur !), l’entourage ne comprend toujours pas. Il trouve RatdExperience bien susceptible pour se braquer face à si peu !

En cela, l’hypersensibilité est un défaut (= nuit à l’entourage)


3. Néanmoins, la personne hypersensible ne se trompe pas. Elle réagit de manière rationnelle au stimuli qu’elle perçoit et analyse correctement, contrairement aux autres. De même que la personne allergique devient malade en présence de pollen, alors que sa copilote n’a même pas senti les particules en suspension dans l’atmosphère, la personne hypersensible repérera bien mieux et plus sûrement la présence de l’allergène que ses proches. Par un mécanisme de défense, elle aura tendance à s’isoler de l’allergène.

Exemple : RatdExperience s’est formé un cocon de personnes au tempérament doux autour de lui. Ainsi, il souffre rarement de son hypersensibilité à la violence.

En cela, l’hypersensibilité est une défense (= protège le sujet)


4. Le sujet peut également réagir de façon empathique face au stimuli. Un sujet hypersensible à la détresse prêtera attention à un subit isolement d’une amie. Un sujet hypersensible à la violence pourra aussi, s’il est intelligent et courageux, dépasser sa réaction naturelle de fuite pour tenter de comprendre l’émotion derrière la violence de son interlocuteur.

Exemple : RatdExperience repère très facilement les personnes en souffrance et fait preuve de gentillesse à leur égard. Il sait apprécier la douceur chez les autres.

En cela, l’hypersensibilité est une qualité (= bénéficie à l’entourage)


5. Enfin, les gens « normaux » peuvent se servir de la personne hypersensible comme d’un capteur pour dépister la violence à un seuil où eux-mêmes ne la voient pas. Or, la plupart des interactions sociales dangereuses apparaissent comme des continuums : la violence ne s’installe pas brutalement, sans signe avant-coureur. Les personnes hypersensibles pourraient donc être mises à profit pour repérer et bloquer les premières interactions violentes avant que la situation pathogène ne soit installée.

Exemple : à son travail, RatdExperience sait repérer les formes de management violentes. L’une de ses collègues est subtilement malmenée par son patron, qui alterne avec elle phases de dévalorisation et d’amabilité. RatdExperience a aidé sa collègue a percevoir l’impact délétère du style managérial de son supérieur sur son équilibre.

En cela, l’hypersensibilité est un talent (= capacité singulière utile au sujet et à son entourage)


*** Première question : connaissez-vous des personnes hypersensibles ? Parmi ces multiples interprétations, comment analysez-vous l’hypersensibilité ? ***


Vous êtes peut-être tentées de me demander : mais quel rapport avec le féminisme ?

J’admets qu’un tel rapport n’est pas étroit, et certainement pas immédiat.

Cependant, on pourrait considérer que notre société patriarcale est fondée sur l’hyposensibilité (bouh ! le vilain néologisme !). Pour supporter tous les matins d’avoir à enjamber des SDF plongés dans leur morne désespoir, il faut une sensibilité sacrément émoussée ! L’habituation (= exposition progressive et répétée au stimulus) aboutit à cet émoussement émotionnel chez chaque citoyen – quiconque échouerait à museler sa sensibilité finirait fou ou dépressif.

Dès lors, il est cohérent que notre société assimile l’hypersensibilité à un défaut.

Mais quelles sont les conséquences de l’hyposensibilité ? En vrac :

  • l’indifférence à la souffrance d’autrui ;
  • la résignation et l’absence de révolte face à l’injustice ; la soumission ;
  • le développement de personnalités pathologiques (narcissiques, antisociales, sadiques…) ;
  • des explosions de violence face à soi-même ou à autrui, comme conséquence du trop grand refoulement des émotions ;
  • et paradoxalement, la réactivation permanente de l’hypersensibilité de certains sujets, puisqu’une telle société tolère des niveaux élevés de violence, menace, mépris, manipulation, et confronte donc continuellement les « allergiques » à leur allergène.

*** Deuxième question : quelles articulations voyez-vous entre la société patriarcale et le niveau de sensibilité des individus ? Pensez-vous que les personnalités hypersensibles puissent être mises à profit pour changer de modèle ? ***


Je finirai bien sur cette phrase lue sur un forum qui m’avait fait sourire en son temps : « L’inadaptation de l’adulte à son milieu intime ou social est le résultat de l’adaptation réussie de l’enfant à un milieu pathogène ».

L’hypersensibilité est en effet pour moi le résultat de l’exposition précoce d’un enfant au comportement destructeur d’un adulte (violent, manipulateur, méprisant, etc.). L’expérience a été vécue douloureusement par l’enfant qui, par peur de souffrir à nouveau, est resté exagérément vigilant face à la réitération de ce comportement. Un peu comme un vaccin provoque ultérieurement une réponse immunitaire accrue à l’introduction du bacille ou du virus correspondant. L’image me plaît : qui considérerait l’immunité à un agent infectieux acquise par un organisme comme un handicap ? Ne pourrait-on considérer qu’une personne « allergique » à toute forme de manipulation, même anodine, a une faculté d’analyse de l’authenticité d’autrui en vérité précieuse ?

*** Troisième question : Que pensez-vous du concept de sous-utilisation sociale de l’hypersensibilité ? ***

23 Comments

  • ropib
    8 décembre 2011
  • AL
    8 décembre 2011

    Je travaille en intervention psychosociale et ce concept est utilisé de façon régulière. On parle des collègues baromètres. Celles et ceux qui se sentent plus rapidement menacéEs par unE usageÈrEs où qui sentent les changements dans la dynamique de groupe, par exemple. Le fait de valoriser et crédibiliser leur senti apporte à la sécurité physique et psychologique des employéEs et des autres usageÈrEs. Cela apporte aussi ultimement à la personne menaçante, puisqu’on peut ainsi détecter ses défenses (et donc sa souffrance) plus rapidement.

    Bien sûr l’hypersensibilité est l’argument des groupes dominants en général. Les blancHEs vont traiter les personnes de couleur qui dénoncent le racisme d’hypersensibles. Les féministes se font taxer d’hypersensibles régulièrement. De voir cet attribut comme négatif est important pour les groupes dominants puisque cela permet de ne pas avoir à changer ses propres comportements problématiques en pointant du doigt l’hypersensibilité de l’autre.

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  • Simon de Beauvoir
    9 décembre 2011

    Je ne sais pas comment il faut juger l’hypersensibilité mais moi personnellement je le vis très mal.

  • Imace
    9 décembre 2011

    Je ne savais pas que cela existait, AL. C’est passionnant ! N’hésitez pas à donner plus de détails sur votre façon de procéder !

    Et je comprends très bien, Simon de Beauvoir, que ce puisse être une source de souffrance. La comparaison avec l’allergie est vraiment pertinente : vivre au contact d’une substance qui provoque une réaction psychique intense est épuisant au quotidien. Je suppose qu’on peut se protéger jusqu’à un certain point dans sa vie privée, en choisissant les gens qui nous entoure. Mais dans sa vie professionnelle, il faut composer avec.

    Ce que je pense, c’est qu’il est inutile d’ajouter une condamnation sociale à quelque chose qui est déjà mal vécu par l’individu, et qui cependant présente certains mérites.

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  • Marie
    9 décembre 2011

    Je suis une personne hypersensible. À la manipulation en autre. Je suis encore perçue comme fatiguante et pénible parfois par mes amies qui ne comprennent pas ce que je sens et vie. Ça me fait énormément de bien de lire cet article ce matin. Je comprends mieux aussi pourquoi je suis perçue ainsi, ce sera bien aidant pour le futur. J’aimerais bien avoir plus d’information à ce sujet. Il y a tellement de personne qu’on pourrait mieux aider et comprendre, qu’elle soit hypersensible ou hyposensible. Quelle découverte extraordinaire pour moi ce matin. Merci!

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  • Marie
    9 décembre 2011

    Je reviens pour répondre à la troisième question. Alors oui, vu sous cet angle, l’hypersensibilité est sous exploitée. Comme c’est la première fois que j’entends parler d’un tel concept, je ne peux pas aller beaucoup plus loin que de dire qu’il y a là quelque chose à exploiter et qui pourrait être très positif.

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  • Simon de Beauvoir
    9 décembre 2011

    @imace > j’y arrive pas. quand un collègue de travail fait mumuse avec mes nerfs, j’essaye de feindre le mépris un temps mais ça sert à rien y’a toujours un moment où j’explose et je hurle des insultes en cascade

    le dernier a eu droit à un site entier consacré à sa gloire.

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  • Imace
    9 décembre 2011

    @ Marie : votre témoignage est intéressant. Il est difficile de parler de soi, surtout sur Internet, mais je vous encourage à partager vos difficultés. L’hypersensibilité est effectivement très souvent accompagnée d’un sentiment de culpabilité intense. C’est probablement mon cas aussi, même si je suis assez, voire très heureuse en ce moment.

    J’espère comme vous lire d’autres précisions de AL donc le message m’a vivement intéressée.

    @ Simon de Beauvoir : ATTENTION !
    Vous êtes dans un cycle d’escalade de la violence. Votre problème semble excéder une simple hypersensibilité. En particulier, vous écrivez « le dernier a eu droit à un site entier consacré à sa gloire. »

    En tant qu’avocate, je me dois de vous signaler qu’un tel site serait très certainement en France constitutif des infractions d’injure et/ou de diffamation. Je suis prête à parier que des infractions similaires existent au Québec.

    Supprimez-moi ce site immédiatement, avant de vous retrouver convoqué au commissariat de police, ce que vous ne souhaitez certainement pas et qui risque de vous démolir un peu plus. Et faites-vous aider. VITE.

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  • Simon de Beauvoir
    9 décembre 2011

    @IMACE: HOOOOP on se calme. Si c’est pour lire des réflexions à base d’intimidations je vais zapper le reste de vos posts.

    D’abord vous êtes priée de vous mêler de vos oignons. Ensuite rien ne vous dit que ce site est toujours en ligne, et rien ne vous dit non plus que l’autre n’a pas fait bien pire en face, alors évitez de juger trop vite, car là vous êtes en train de tomber dans le procès de la victime, ce qui est indigne d’un avocat.

    Je ne serai convoqué nulle part parce que mon ennemi est dans l’illégalité la plus totale, donc la loi est de mon côté, j’ai consulté un service d’avocats pour en avoir la confirmation. Mais merci de vous inquiéter pour moi.

    Quand à me faire aider, vous savez j’ai déjà essayé, mais personne m’aidera. On a pas tous le privilège de vivre en démocratie.

    Cordialement.

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  • Imace
    9 décembre 2011

    @ Simon de Beauvoir.

    Le conseil de vous faire aider est un conseil psychologique, inspiré par le désir de vous aider, que vous êtes absolument en droit de négliger. J’aurais tendance à dire : c’est votre vie, votre souffrance, votre décision.

    Le conseil de retirer le site d’Internet est un conseil juridique, inspiré par le désir de vous aider. Il n’a rien à voir avec un jugement. Encore moins avec de l’intimidation. Il est une mise en garde. Vous êtes libre de l’ignorer, mais visiblement d’autres vous l’ont déjà donné et vous avez suivi ce conseil. Tant mieux.

    Détrompez-vous, dans une relation, les DEUX parties peuvent être dans l’illégalité. Que votre adversaire (« ennemi » ?!) soit ou non dans l’illégalité, cela ne vous confère aucune impunité.

    Quant à la déontologie des avocats (et je suis avocatE), pardonnez-moi, mais vous n’y connaissez rien. Pour ma part, quand une personne annonce qu’elle a commis quelque chose qui peut s’avérer pénalement répréhensible, j’estime de mon devoir de l’en prévenir.

    Egalement en toute cordialité,

    Imace

    PS : ne détournons pas plus longtemps l’objet de ce fil. Vous me faites peur. Mais vous êtes libre de faire comme bon vous semble, pour la troisième fois, c’est votre vie.

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  • Simon de Beauvoir
    9 décembre 2011

    Trève de disgression je reviens à l’article de SABRINA.

    Je trouve intéressant la partie sur les personnalités « hyposensibles » à caractère toxique, mais j’aimerais ajouter une nuance… ils ont aussi leur sensibilité, simplement ils la place ailleurs, intégralement dans leur vanité, la moindre petite critique ou contradiction les rend fous de haine, en revanche ils ne se privent pas pour cracher sur tout le monde avec une indifférence déconcertante.

    Le problème de fond est que ce genre de personnalité est encouragée par le système. On incite les gens à être des salauds égoïstes sans pitié, il y’a un combat culturel de fond à mener.

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  • Simon de Beauvoir
    9 décembre 2011

    IMACE: Vous avez tort d’avoir peur, je suis un brave mec dans la vraie vie. Je peux faire peur parce que j’ai un style d’écriture volontairement virulent, parce que je me suis pris la réalité en pleine gueule, et cette réalité terrorise ceux qui ne veulent pas la voir, mais je les comprends.

    Quand au site que vous me demandez de retirer, ça fait longtemps qu’il a été retiré, il est resté en ligne quelques jours, et j’ai reçu des remerciements de la part d’autres victimes de la crapule que j’ai dénoncée. Mais merci de vous en inquiéter.

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  • Imace
    14 décembre 2011

    Hum, je trouve dommage que les interventions de Simon de Beauvoir aient « bloqué » ce fil.

    J’ai l’impression que c’est récurrent : une personne non féministe ayant des enjeux disons personnels vient poster, on lui répond, ça monopolise le fil pendant 4-5 échanges… Et ça brise le premier élan des habituées du forum. Quand l’interaction « hors sujet » est close, la réflexion est tarie et le sujet meurt.

    Le sujet me semble être l’hypersensibilité SANS notion de HAINE ou de MEPRIS. On pourrait se recentrer dessus ? En partant du principe que si on a envie d’exprimer de très hauts niveaux de colère et de violence, on N’est PAS en train de parler d’hypersensibilité (ou pas uniquement) ?

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  • Marie-Élaine
    21 décembre 2011

    Merci, Imace, d’essayer de nous ramener sur le sujet de l’article 😉

    Eh… on fait ce qu’on peut avec les ressources qu’on a côté gestion des commentaires, mais on essaie de s’améliorer!

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  • Carine
    2 janvier 2012

    J’ai expliqué mon mal-être à quelqu’un qui m’a dit qu’il se pourrait que je sois atteinte d’hypersensibilité. Je n’y avais pas vraiment prêté attention, jusqu’à aujourd’hui, à 5h du matin passé, je décide de m’y intéresser (à force de ne pas trouver le sommeil, un lendemain de Réveillon, bref).
    Et en lisant une dizaine d’articles, j’ai compris que c’était ça. Ça me soulage tellement que j’en ai les larmes aux yeux (pour pas changer…). C’est juste le fait de pouvoir mettre un nom sur cette sensibilité presque maladive. J’ai toujours pensé que j’avais un problème, que j’étais pas normale, que j’étais inférieure aux autres etc, toujours. Et j’apprends que ça pourrait presque être un atout ? Wow. J’ai beaucoup souffert de ça, j’en souffre encore et je doute que j’irai mieux, même si je vais essayer, mais… maintenant je sais.
    Je me sens vraiment bien à cet instant, et merci pour cet article, et les nombreux autres que j’ai lu à ce suje ce soir (/ce matin).
    J’espère que je trouverai des solutions pour gérer mes émotions maintenant que je sais ce dont je sis  »atteinte ».

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  • thomas
    6 janvier 2012

    Je ne vois pas la nécessité de mettre en rapport un talent inné avec un sujet sociétal sensible, tel le féminisme.
    L’hypersensibilité n’a pas de sexe, elle est masculine comme elle peut etre féminine.

    J’aime beaucoup votre article, mais je trouve qu’en marriant les termes féminisme et hypersensibilité, vous promouvez sans le savoir ce même sentiment de rigidité que la société patriarchal que vous semblez dénoncer.

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  • Berenice
    8 janvier 2012

    Il ne s’agit pas de dire que les hypersensibles sont forcément des femmes et que les hommes sont forcément des hyposensibles à tendance psychopathes du fait de leur testostérone, ce qui serait tout à fait sexiste… Il s’agit d’un questionnement sur le rapport entre les valeurs valorisées par le patriarcat et la « virilité » qui sont bien souvent la capacité à ne pas ressentir d’empathie pour son prochain,et à se couper totalement de ses émotions, perçues comme de la force de caractère : « Boy’s don’t cry »
    Ce n’est pas une critique des hommes, ce qui serait sexiste, c’est la critique d’un système de valeur promue par le patriarcat (et le capitalisme à mon avis). Si vous considérez que critiquer le patriarcat équivaut à stigmatiser les hommes c’est que vous vous confondez en tant qu’individu avec « l’archétype de l’homme, le vrai » tel qu’il est façonné par le patriarcat. Vous devriez peut-être prendre du recul, vous êtes un individu, un homme, et vous pouvez vous-même remettre en question ses valeurs patriarcales sans que vous ne deveniez une femme pour autant…
    Je trouve en ce qui me concerne cet analyse des rapports entre hypersensibilité, valeurs patriarcales et capitaliste tout à fait pertinente.
    En ce qui me concerne, je suis une formation en psychologie qui a plutôt comme présupposé premier qu’il faut évacuer les causes « sociales » et « culturelles » des pathologies tels que la tendance à la perversion, psychopathie, auxquelles vous faites références à la fin de votre article. Ce qui est assez comique lorsque l’on voit l’énorme poids de la culture dans les théorisations des pathologies mentales. Et à quel point celles-ci sont biaisées par les aprioris culturels de leurs auteurs. Cependant, la pratique m’a montré que le développement des personnalités (antisociales, narcissiques, sadiques…) résultent elles aussi de l’adaptation de l’enfant à un comportement parental pathologique. C’est à dire que le niveau de souffrance a été tellement élevé que la défense mise en place à été de se couper totalement de ses émotions pour ne pas en mourir ou devenir fou. La façon dont la culture vient faciliter ce type de comportements ou d’adaptation pathologique est effectivement un sujet très intéressant de réflexion. Je n’ai malheureusement pas de réponse à apporter, mais votre article me permettra au moins d’essayer d’y réfléchir et de l’appréhender…
    Bref, merci pour cet article 😉

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  • Imace
    8 janvier 2012

    @ Thomas :

    Sachez d’abord que, même si je m’apprête à le contredire, je trouve votre prise de position très intéressante. L’auteure a d’ailleurs dû elle-même se poser la question puisqu’elle dit « Vous êtes peut-être tentées de me demander : mais quel rapport avec le féminisme ? J’admets qu’un tel rapport n’est pas étroit, et certainement pas immédiat. »

    En caricaturant votre position, vous dites que si l’hypersensibilité a un rapport avec le féminisme, cela reviendra à dire que les femmes sont plus sensibles que les hommes. Je vais décomposer toutes les étapes de cette affirmation pour démontrer qu’elle est fausse. En passant, je comprends qu’il ne s’agit pas nécessairement de votre position, mais de l’expression de la crainte que des personnes connaissant mal le féminisme fassent ce raisonnement (foireux). Je partage cette crainte. Mais je suis fatiguée de m’interdire de penser pour éviter aux personnes moins informées de se méprendre.

    Donc, pour arriver de « l’hypersensibilité a un rapport avec le féminisme » a « les femmes sont plus sensibles que les hommes », il faut en passer par le syllogisme :

    1. Le féminisme est la défense des femmes.

    2. Le féminisme défend l’hypersensibilité.

    3. Donc les femmes sont hypersensibles.

    Sauf que :

    1. Le féminisme n’a jamais défendu les femmes. Il défend les droits des femmes en tant que groupe opprimé, et par ailleurs une certaine conception de la liberté.

    Illustration 1 : Madame X est bailleresse. Monsieur Y est son locataire. Monsieur Y ne paie pas ses loyers, Madame X veut l’expulser. C’est son droit le plus strict, mais le féminisme n’en a clairement rien à cirer. Le féminisme ne défend donc pas les droits des femmes, mais l’égalité entre les sexes. Nuance.

    Illustration 2 : En tant que féministe, je suis très attachée à la défense du principe d’extrapatrimonialité du corps humain. Ce principe implique que le corps humain ne peut pas faire l’objet d’un commerce ; il impose donc la gratuité (entre autres) de tout service impliquant le corps humain. Une des conséquences de ce principe est la prohibition de la gestation pour autrui (les mères porteuses) : en effet, jamais on ne trouvera de femmes volontaires pour porter gratuitement l’enfant d’une inconnue ; et rémunérer un tel service revient à faire de la grossesse un objet de commerce. Si demain une femme désireuse de devenir mère, mais stérile, vient me voir pour me demander de lui trouver une mère porteuse (ou simplement de signer une pétition pour la légalisation en France de ce procédé), je l’enverrais sur les roses. Je défends le féminisme, c’est-à-dire une conception de la société. Certainement pas les femmes.

    2. Le féminisme ne défend pas l’hypersensibilité. L’auteure de ce billet, qui ne parle que pour elle et non au nom du féminisme, ne m’apparaît pas non plus défendre l’hypersensibilité : elle commence par en pointer les travers (handicapant pour la personne, pesant pour l’entourage). Ma lecture de l’article serait plutôt une invitation à réfléchir sur les valeurs de notre société (et en particulier son rejet de la sensibilité) afin de nuancer notre vision. Et éventuellement de réfléchir ensuite à une intégration de ces valeurs décriées à notre façon d’agir et de penser afin d’atteindre nos buts (une société plus juste). En cela, cette critique rejoint d’autres critiques de valeurs « sanctifiées » par notre société, comme l’humour qui justifierait tout, la force qui serait préférable à la gentillesse (« trop bon, trop con »), l’indépendance qui serait préférable à la dépendance (en fait, les deux traits, poussés à leur paroxysme, sont pathologiques, l’équilibre se trouve dans l’acceptation d’un certain niveau de dépendance ET la préservation d’une certaine indépendance), etc.

    Remettre en cause la vision manichéenne de la société sur un trait de caractère n’est pas pour moi synonyme d’encenser ce trait de caractère. Vive la nuance !

    3. Le dernier point du syllogisme ne correspond pas à une erreur logique, mais à une conclusion logique basée sur deux hypothèses fausses.

    Voilà pourquoi je trouve ce texte intéressant : il me semble suggérer des pistes de réflexion permettant de développer un esprit critique sur la condamnation féroce de l’hypersensibilité par notre société. Et sur l’ « hyposensibilité », pour reprendre le néologisme de l’auteure, de notre monde. La faiblesse de mes réactions émotionnelles chaque fois que je croise des S.D.F. ou que l’on me demande des sous pour telle ou telle cause m’effraie un peu.

    Ah, et puis petite démonstration par l’absurde. Non, les femmes ne sont pas plus sensibles que les hommes. Je suis une femme. Je ne suis pas très sensible dans beaucoup de domaine. Mon copain m’a reproché notamment mon manque d’empathie face à ses larmes, un ex mon incapacité à m’émouvoir de son 17ème rhume annuel. Mes copains présentent donc des niveaux de sensibilité beaucoup plus élevés que moi. Je juge pourtant la sensibilité plutôt positivement, même si elle m’agace souvent.

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  • VERA
    23 juin 2012

    Un grand merci pour cet article.

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  • Lys
    7 février 2015

    @Thomas

    Effectivement prétendre que l’hypersensibilité soit typiquement féminine serait même sexiste. Par contre dans notre société l’éducation est genrée et on encourage la sensibilité chez les femmes c’est même vu comme leur étend propre (coucou les clichés sexistes)alors que la sensibilité est réprimé chez les garçons à coup de « Arrête de faire ta fillette/tapette (pour un peu d’homophobie) », « Les vrais hommes ne pleurent pas ». Et on peut aussi voir ce genre de raisonnement dans plein de produits culurels (livres, films, séries, etc). Du coup, ça me semble logique que dans notre société il y ait plus de femme hypersensibles que d’homme. Pas parce que ça leur est propre mais parce que les hommes auront plus tendance à réprimer leurs émotions en raison de leur éducation.

    @Image

    La GPA est un sujet complexe mais ça ne me dérangerait pas de porter l’enfant de quelqu’un-e d’autre par contre ce qui me dérange c’est qu’on dise à ma place ce que je souhaite ou non faire de mon corps.

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  • Aznar
    12 octobre 2015

    Bonjour, je suis hypersensible à la souffrance des gens. Dès qu’une personne souffre ( film, ou réalité) je pleure. C’est fatiguant surtout que le gros du programme de troisième est sur les guerres mondiale et tout. J’aurai besoin d’aide!!!

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  • marie
    1 mars 2016

    Oui, je pense que l’hypersensibilité est une ressource sous-exploitée. Je n’aime pas trop la formulation car l’hypersensibilité n’est pas une ressource et surtout le terme exploité… Sous-évaluée? Oui. Invalidée? Oui. Non reconnue comme une force? Oui. On n’exploite pas l’hypersensibilité, on le voit comme une extraordinaire contribution. La question même est invalidante. C,est justement ça le problème… Si les gens savaient tout ce que nous savons et comment nous avons tant de capacité d’analyse, d’empathie, d’intuition… de créativité… Nous ne sommes pas exploitable! Nous avons un trait de personnalité qui est une force et la seule chose qui nous nuit, c’est la façon dont les gens perçoivent l’hyopersensibilité. Toute sa vie ça se faire critiquer et dévaloriser. Après les gens se demandent… Juste à voir la liste de gens ayant tant contribué et qui sont hypersensibles. Des acteurs connus, des écrivains, des artistes, Einstein, et tant d’autres. Comment peut-on poser cette question? Faites vos recherches comme il faut et vous aurez votre réponse! Ce sont des gens extraordinaires qui pour vivre et réussir dans un monde insensible doivent faire preuve d’une force et d’une détermination extraordinaire. Le problème n’est pas l’hypersensibilité, mais l’insensibilité, l’ignorance, l’indifférence et même la cruauté envers ces gens qui voient ce que les autres ne voient pas….

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  • Mel
    1 juin 2016

    MERCI

    Article tres pointu et totalement vrai quand on est soit meme hypersensible et qu on cherche en vain une definition juste.
    Afin d avoir plus confiance en soi et de comprendre pourquoi on se sens decaler par rapport a la societé.

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