Un lundi banal, un dialogue ordinaire : grandeur et décadence à la télévision française

De ce côté-ci de l’Atlantique, force est de constater que l’actualité de ces dernières semaines aurait pu donner du grain à moudre à la féministe que je suis. En effet, entre les récents rebondissements des affaires dites « du Carlton de Lille » (1) et « du Sofitel » (2), les remarques des commentateurs (journalistes ?) au sujet des tenues des candidates à l’élection présidentielle française et l’habituelle mais néanmoins toujours extraordinaire richesse des publicités qui nous entourent, il y avait de quoi faire !

Pourtant, c’est à un sujet entièrement différent et un peu plus ancien que j’ai choisi de m’intéresser aujourd’hui. Le lundi 14 novembre dernier, Michel Field recevait dans son émission de télévision « Au Field de la Nuit » (notez le jeu de mot subtil) le non moins subtil Nicolas Bedos, « Auteur-dramatique-Metteur-en-scène-Compositeur-Scénariste » autoproclamé (3) et fils de son père (4).

Dans le cadre de la promotion de son livre, Nicolas Bedos est invité à répondre aux questions d’une jeune femme, Mathilde, venue assister à l’enregistrement de l’émission (5) :

Mathilde : […] Finalement, je trouvais que vous étiez plus une figure de style. Un essayiste sur la forme, plus que sur le fond. […]

Michel Field, s’adressant à Nicolas Bedos : C’est la première fois qu’on te traite de figure de style, non ?

Nicolas Bedos : Non mais, quand c’est elle, elle peut me traiter de ce qu’elle veut.

[…]

Mathilde : Bon, donc je continue…

Michel Field, l’interrompant, s’adressant à Nicolas Bedos : Ca valait le coup de venir, quand même…

Nicolas Bedos : Non, m’enfin on ne va pas réduire cette jeune femme à son joli physique.

Michel Field : Je te parle de ce qu’elle dit !

Laurent Baffie, un autre invité, en même temps : Et pourquoi pas ?

Mathilde : Et surtout que je n’ai pas fini.

(rires de l’assistance)

Je tiens à remercier les trois protagonistes masculins de ce dialogue. En une dizaine de lignes, ils offrent une illustration brillante de ces vérités générales, universelles et immémoriales : la femme parle beaucoup et manque de conviction et de cohérence dans ses propos. Ce qui explique qu’il soit tout à fait naturel pour ses interlocuteurs de l’interrompre, ou bien pour reprendre la parole, ou bien pour commenter son intervention comme si elle n’était pas là. Je vous choque ? Pourtant, dès 1985, Verena Aebischer, chercheuse en psychologie sociale, expliquait, preuves empiriques à l’appui, que quelle que soit la longueur et la nature des propos d’une femme, la perception de son entourage et le comportement qui en découlent sont tels que je viens de décrire. (6)

Ceci dit, le dialogue entre Nicolas Bedos et Mathilde-sans-nom-de-famille avait bien commencé : « On ne va pas réduire cette jeune femme à son joli physique », avait-t-il dit.

Mathilde : […] J’étais pas mal déçue. Et au final, j’ai plus rien à vous dire. […]

[…]

Nicolas Bedos, tout à coup redevenu sérieux : […] Qu’est-ce que tu veux que je te dise, ma grande ? T’as une belle gueule mais t’es une c*nn*sse. (Mathilde et l’assistance éclatent de rire.) Alors maintenant, tu vas pas me faire ch*er avec tes questions de m*rde ! Tu vas prendre ton micro, tu vas te le mettre dans le c*l et tu fo*s le camp !

Plusieurs remarques. Premièrement, elle le vouvoie, il la tutoie. Un mélange de suffisance et de sexisme, sans doute, le second allant de pair avec le premier. Deuxièmement, le ton employé et les propos tenus par Nicolas Bedos paraissent tout à fait normaux aux personnes présentes, Mathilde comprise. On a là, je crois, un bel exemple d’intériorisation d’une norme qui pourrait être formulée comme ceci : une femme doit savoir rester silencieuse, à sa place si elle veut continuer à être admirée par tous. « Soit belle et tais-toi » ou, résumé par Nicolas Bedos : « T’as une belle gueule mais t’es une c*nn*sse. » En effet, cette jeune femme s’est attiré, au début de son discours, les compliments d’une audience charmée et qui de toute évidence ne prêtait pas grande attention à ce qu’elle disait. En revanche, lorsqu’elle a persévéré dans sa critique de l’homme assis en face d’elle, elle s’est fait immédiatement rembarrer. Sans doute avaait-elle outrepassé les limites de la correction, imposées par son rôle de femme ? « Men act, women appear » a dit John Berger (7). Bedos et l’intégralité des personnes présentes semblent d’accord.

Nicolas Bedos : Mais là où t’es pas juste, c’est que j’arrête pas de me foutre de ma gueule dans cette préface. […]

Mathilde, l’interrompant : Mais vous vous foutez toujours de votre gueule, mais au final ce que je veux dire…

Nicolas Bedos, l’interrompant, et commentant son acharnement à critiquer son livre : Mais j’aime bien, ça rajoute une forme d’érotisme. Tu vois, la fille de mauvaise foi qui dit : « Nan, mais ce soir j’avais pas envie… – Mais si, t’avais envie hier… – Mais nan, ce soir j’ai pas envie, et puis tu m’énerves… »

Encore une merveille de sous-entendus stéréotypés et de normes de genre implicites. Petit un, une femme est en général de mauvaise foi. Ce qui va de pair avec le fait que « Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus », qu’hommes et femmes ne fonctionnent pas de la même façon, et qu’il est très difficile pour les premiers de comprendre les secondes. Petit deux, une femme n’a pas de libido, de désir sexuel. Ou alors, quand elle en a, elle le réprime. Rien que pour embêter son mari, j’imagine. Petit trois, une femme devrait toujours répondre positivement aux attentes sexuelles de son mari. De là à dire qu’elle devrait être au service de son mari en général…

Laurent Baffie : […] Quand vous aurez quatre gosses, et tout, on dira : « P*t*in on les a vu le jour où ils se sont rencontrés. »

Nicolas Bedos : Non parce que j’ai tellement de problèmes de narcissismes que je ne pourrais avoir une aventure qu’avec une fille qui a adoré ce livre, qui me trouve absolument…

Laurent Baffie : Mais elle l’a adoré, c’était sa façon de le dire !

Nicolas Bedos : … de la ramener, parce que t’as envie de faire de la télé, comme toutes les p*tes !

(rires de l’assistance)

Je passerai sur les rires de l’assistance. Je passerai sur la vulgarité de Nicolas Bedos (et pourtant je vous jure que ça me démange). J’ajouterai simplement ceci : quelques semaines plus tard, le public apprenait que Mathilde Warnier et Nicolas Bedos étaient en couple. Comme quoi, l’intériorisation des normes fonctionne drôlement bien : Mathilde Warnier trouve tout cela parfaitement normal, et Nicolas Bedos aussi. Quel piètre modèle donné en spectacle aux jeunes spectateurs, hommes et femmes !

Enfin, je terminerai sur ces mots de Thierry Ardisson (8), pourtant plus connu pour l’intérêt qu’il porte à tout ce qui se situe entre les genoux et le nombril de ses invités que pour son engagement féministe : « Non, mais c’est bien, les gonzesses maintenant il n’y a plus besoin de les inviter à dîner, il suffit de les traiter de p*te à la télévision. » (9)

Par Émilie

Notes

(1) Enquête sur un réseau de prostitution opérant dans les hôtels de Lille, et sur l’implication de Dominique Strauss-Kahn en tant que client de ce réseau. Ce dernier a été récemment placé en garde à vue.

(2) A l’été 2011, une femme de chambre du Sofitel avait accusé Dominique Strauss-Kahn (on ne change pas une équipe qui gagne…) de viol. Le procureur a finalement renoncé poursuivre ce dernier au pénal. L’audience du procès au civil a récemment été fixée au 15 mars.

(3) Source : le blog de Nicolas Bedos.

(4) Guy Bedos : « artiste de music-hall, acteur et scénariste ». (Source)

(5) Vidéo disponible à cette adresse.

(6) Aebischer, V., Les femmes et le langage. Représentations sociales d’une différence., Paris, PUF, 1985.

(7) John Berger: « écrivain engagé, romancier, auteur de nouvelles, peintre, critique d’art et scénariste britannique ». (Source)

(8) Animateur de télévision français.

(9) Vidéo disponible à cette adresse.

10 Comments

  • ropib
    12 mars 2012

    C’est un peu vieux quand même, on ne peut pas dire que ce soit passé comme une lettre à la poste non plus. Enfin c’est toujours d’actualité, mais je suis étonné de trouver ça si tard: quel est l’élément déclencheur de la publication de cet article ?

    Je pense que la structure même du média de masse est machiste. Alors je dirais qu’il y a deux mouvements, l’un presque valorisé qui donne la possibilité aux femmes d’être viriles (c’est à dire de se situer a priori dans la domination de l’autre), l’autre plus hésitante et honteuse (car étiquetée « naïve ») dans les discours mais plus présente sociologiquement qui est dans le dépassement de l’industrie en général: en l’occurrence nous vivons peut-être un dernier rebond de machisme à la télévision, néanmoins celle-ci continue de s’affaiblir.

    On peut remarquer par exemple dans notre campagne présidentielle (j’ai failli écrire « télévisuelle » tellement les médias ont formaté la démocratie dans tous les pays industrialisés) que celle-ci se joue pour l’instant sur la posture la plus « sévèrement burnée »: c’est un peu à celui qui tapera le plus fort du point sur la table, qui campera sur les idées les plus loufoques, qui écoutera le moins les autres… le discours le plus violent émanant d’une candidate (notons que la deuxième position, celle de la sortie de l’industrie, n’est soutenue que par des candidates aussi, ce qui n’est à mon avis pas une coïncidence). Ce jeu du volontarisme, ce spectacle de prendre le plus vite possible des décisions (et plus elles sont bêtes, plus il est « admirable » de ne pas changer d’avis), cette manière de montrer la voie qui va dans le mur en pariant qu’il cèdera le premier, s’accompagne néanmoins d’une capacité réelle d’influer sur les évènements de moins en moins grande.

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  • Guillaume
    12 mars 2012

    Je suis tanné de me faire mal en tomban de ma chaise a chaque fois que la stupidité des hommes francais est mis en lumiere, si il ny aurais pas tan de references, jaurais de la difficulter a croire ces propos, dit a la télé national! Ya personne qui ces levé pour leur metre un pied au cul, scuser jen revien pas…

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  • Emilie
    12 mars 2012

    Effectivement, cet évènement est un peu ancien. A l’époque, le débat avait rapidement tourné court, après l’officialisation de la liaison des deux protagonistes. Toutefois, plutôt que de revenir sur le contenu exact des paroles des un-e-s et des autres, je souhaitais utiliser ce dialogue comme prétexte à une analyse d’ordre plus général qui pourrait s’appliquer, je crois, à bon nombre de productions audiovisuelles actuelles/récentes (émissions de télé, de radio, etc.) : le traitement de la parole de la femme, beauté vs. intelligence, comportement sexuel féminin stéréotypé, etc.

    Il me semble que la structure du média de masse n’impose pas forcément le sexisme. J’entendais récemment une émission de radio consacrée au système suédois. Aux niveaux tant du contenu des productions que du sexe des expert-e-s invité-e-s, les médias de masse de ce pays semblent porter une attention extrême à l’équilibre des genres.

    Enfin, en parlant d’expertes, il me semble qu’elles constituent une troisième voie intéressante, entre la domination et l’effacement.

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  • Berenice
    12 mars 2012

    « Pourtant, dès 1985, Verena Aebischer, (…) (6) »
    Hin hin hin, c’est ma prof et je l’aime beaucoup ^^ J’espère que vous m’enviez? :p
    OK je vis en France, et justement, il me faut bien quelques avantages pour compenser ma triste condition… Sinon, un article sur Sisyphe qui parle de la reconnaissance des mouvements masculinistes en tant que mouvements haineux… Pour ceux que ça intéressent.

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  • Vivi
    13 mars 2012

    Sans doute Mathilde Warnier sera sacrée « femme de l’année 2012 », derrière Anne Sinclair. Car les femmes humiliées et souriantes sont toujours les meilleures !! (sentez-vous ce parfum d’ironie ?)
    J’étais passé à côté de ce passage télé, je suis scandalisée qu’on humilie ainsi une personne…

    Autant je suis outrée, autant ça me fait (presque) penser à ma réunion de boulot hier. Une présentation de notre boss, des questions de mes collègues (masculins, je suis la seule femme de l’assemblée), des réponses. Viens ma question. « Ne poses pas de question, on n’a plus le temps » (rire de l’assistance). « Non on déconne, vas-y on va t’expliquer ».

    Mille excuses, je paraphrase : lundi banal, dialogue ordinaire

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  • ropib
    14 mars 2012

    @Emilie> J’avais commencé à écrire un commentaire trop long et difficile à suivre. Les insultes de Bedos auraient dû faire l’objet d’une coupure, Field aurait dû condamner ces propos et éventuellement le virer du plateau, c’est tout. Si cette femme avait été invitée à la même table que lui, si elle avait eu un statut de « vedette » alors on aurait pu parler de sexisme, là, pour moi, c’est juste une sorte d’aristocratie vulgaire qui s’exprime alors qu’il n’y a aucune production de signification. Mais bon, l’émission est vaine et l’expression d’une bêtise générale… là c’est un sexisme qui semble être véhiculé, mais je mets tout le dispositif dans le même panier. A titre personnel j’ai été scandalisé par ces propos et par la réaction du public (ça fait penser à 38 témoins qui vient de sortir). Pour rééquilibrer le dispositif il faut distribuer des tomates pourries au public au début de l’émission: les spectateurs sauraient qu’ils ont le droit de les jeter, les acteurs aussi.

    Alors bon, pour essayer de m’y mettre, je vais répondre à ta dernière phrase: à lire, écouter ou regarder les expertises des experts made-in mass-media, alors là pour le coup, si on n’est pas dans le monde de la virilité… les experts de la télévision c’est vraiment le jeu de celui qui a la plus grosse. Je pense qu’avec le web plus aucune expertise ne fonctionne dans le mass-media.

    Je ne vois pas comment empêcher la virilité sur le mass-media. Pour clarifier un peu ma position: je considère que l’inverse de la virilité c’est la frivolité. Et le fait même que nous le refusions (moi-même j’ai du mal, parce que la frivolité c’est vraiment pas valorisé) est le signe de notre conditionnement. Alors, comment valoriser la frivolité ? peut-être plutôt la versatilité… arf, je n’arrive toujours pas à savoir.

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  • Emilie
    18 mars 2012

    @ROPIB : Pour ma part, j’y vois un mélange de suffisance et de sexisme, sans parvenir à identifier lequel des deux l’emporte. Là où je te rejoins, c’est qu’il ne s’agit pas d’un sexisme dû à un conditionnement social, mais plutôt d’une forme atténuée de misogynie. La question est toujours la même : aurait-il réagit de la même façon en présence d’un homme ? D’une personne d’une couleur de peau différente ?

    Pour le statut « d’expert », j’avais plus en tête des émissions de radio du service public que les talk-shows du samedi soir. C’est vrai que dans ces derniers, les invités sont plus présent pour jouer un rôle : celui d’expert (un expert qui a un livre à vendre, mais un expert quand même), que pour informer le public. Je pense que dès lors qu’on n’est pas dans le « spectacle » (ex : émission moins populaire, audience moins importante, temps de parole supérieur) le côté « show off » de l’expert s’atténue. C’est aussi vrai quand on diminue le nombre d’experts autour de la table : ils ont alors moins besoin de prouver leur compétence les uns par rapport aux autres.

    C’est drôle ce que tu dis, parce que j’attribue l’attitude que tu décris à un manque de reconnaissance, un besoin de prouver sa légitimité, une légitimité d’intellect dans un monde d’images. Et toi, tu mets cela sur le compte d’une affirmation de virilité… Si on combine nos deux perceptions, cela revient à dire que s’affirmer aujourd’hui revient à s’affirmer de façon « virile ».

    Je suis toujours gênée aux encoignures quand j’entends que Mmes Merkel, Aubry &co. ont été obligées de s’affirmer de façon masculine pour réussir. Cela sous-entend qu’une femme avec les cheveux courts, qui fait preuve d’autorité n’agit pas de façon féminine. Et donc qu’il y a une définition pré-établie de la féminité et de la masculinité. Autant c’est vrai dans la société actuelle (ex : si j’habille mon petit garçon en rose, je l’habille de façon féminine par rapport aux standards sociétaux), autant cautionner ce genre de discours dans l’absolu me dérange.

    Mais on est assez loin du débat télévisuel d’origine… 😉

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  • ropib
    18 mars 2012

    @emilie> La virilité c’est l’art de faire semblant de démontrer sa valeur sans jamais avoir à le faire. Bedos n’aurait effectivement pas parlé comme ça à un mec balaise au regard méchant.

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  • deans
    20 mars 2012

    Ce passage télé est l’un des plus beaux passages télé qu’il m’est arrivé de voir de ma vie. Le ressort comique ici viens précisément dans le fait que Bedos endosse des propos évidemment volontairement sexistes, grossiers et insultants. Comme Guillon ou Boublil, autres humoristes français, peuvent faire dans le registre du racisme et de l’injure. Il s’agit évidemment de second degré, de provocation volontaire, d’un type de ressort comique. De plus, vous ne transmettez pas l’intégralité de la scène, vous omettez de dire que la fille a traité Bedos de pute dans un magistral final, et que Bedos a applaudi face à la répartie de la fille. Il dit même à son propos : « on devrait avoir des journalistes comme ceci plus souvent », « impertinence », etc. Cette fille n’est pas l’imbécile que vous décrivez. Comment aurait-elle pu accepter de revoir cet homme s’il avait réellement été abject ?

    Le passage vidéo montre très clairement qu’on est dans un happening total, dans un moment de télévision assez unique et rare. Quand il la traite de « connasse » il prend un autre ton de voix imbécile, il endosse une identité. Mon amie qui m’a averti de ce passage télé qu’elle a vu en direct, qu’elle a trouvé fabuleux. Une sexiste probablement. Je me le suis souvent revisionné car je le trouve émotionnellement très très fort, poétique, plein d’amour. Bien loin de la déconstruction opérée ici.

    Bref j’imagine que je suis un grand sexiste devant l’éternel, et à vrai dire je m’en fous. Sexiste qui suivait votre blogue depuis plusieurs années. Probablement masochiste.

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  • Emilie
    24 mars 2012

    @deans. Ma réponse va être un peu longue. Je m’en excuse par avance.

    Tout d’abord, j’avoue ne pas goûter la subtilité de vos sarcasmes, qui, pour moi, ne servent pas votre propos et étaient donc inutiles. Cela doit être la raison pour laquelle je ne goûte pas non plus la « poésie » de Nicolas Bedos lorsqu’il traite Mathilde Warnier de p*te, ce qui, pour moi, ne sert pas son propos et était donc inutile.

    Ensuite, les liens vers les vidéos sont disponibles dans la rubrique « sources », en bas de l’article. Ce dernier étant déjà relativement long, j’ai estimé préférable d’effectuer certains choix que je jugeais pertinents plutôt que de retranscrire l’intégralité du dialogue. Et face à ces choix, me voici opposé l’éternelle critique : « Vous sortez les propos de leur contexte. » Ce à quoi je n’ai pas d’autre choix que de répondre l’éternel : « Absolument pas. Ces propos sont le contexte. »

    Dans la mesure où les hommes présents sur le plateau ont interrompu à plusieurs reprises Mathilde Warnier, j’estime que ce n’est pas dénaturer l’évènement que de ne retranscrire qu’une des occurrences de ce comportement. Dans la mesure où Nicolas Bedos ne s’est pas excusé pour ses paroles, j’estime que ce n’est pas dénaturer l’évènement que de le citer : « Tu vas prendre ton micro, tu vas te le mettre dans le c*l et tu fo*s le camp ! »

    Vous dites qu’il s’agit là d’un personnage, d’une autre identité. Je ne sais pas très bien sur quoi vous vous basez pour faire cette analyse ; il s’agit là de votre propre déconstruction, qui vaut ce qu’elle vaut, comme la mienne vaut ce qu’elle vaut. Personnellement, j’ignore ce qu’il se passe dans la tête des protagonistes à ce moment-là, et à vrai dire c’est secondaire. Ce qui m’importait, c’était de voir quels étaient les messages contenus dans les propos et les attitudes des uns et des autres, et en quoi ils participaient de, ou renforçaient des propos et des attitudes plus généralement répandus dans la société. Mon questionnement était le suivant : ces individus sont, au moins pour une soirée, des personnages de télévision. Quels sont les messages qu’ils véhiculent ? Comment agissent-ils par rapport aux « standards du sexisme » ?

    Effectivement, la scène se termine comme cela :
    Nicolas Bedos : « Parce que t’as envie de faire de la télé, comme toutes les p*utes. (« Oh ! » indignés du public, éclats de rire de Mathilde Warnier, qui dit quelque chose à ses voisins, hors micro.) Qu’est-ce que tu dis ? »
    Mathilde Warnier : « Je ne sais pas qui est la plus pute entre vous et moi. »
    Nicolas Bedos, le pouce en l’air : « T’as un moment de télé, et moi j’ai un joli souvenir, donc tout le monde est content. (Michel Field adresse la parole à un autre invité. Nicolas Bedos le coupe pour revenir sur ce qui vient de se passer.) J’adore ! Si les journalistes d’aujourd’hui avaient autant de charme et d’impertinence, je viendrais à la télé plus souvent. D’ailleurs j’y viens tout le temps. »
    Michel Field : « Oui, j’étais en train de me dire : ‘Comment il peut y être plus souvent ?’ »

    Pour moi, cette fin de dialogue confirme le début. Nicolas Bedos confirme implicitement qu’il pense que le seul but de Mathilde Warnier était d’obtenir « un moment de télé » (« comme toutes les p*tes »). Il confirme que ce qui lui plait, c’est son « charme », qu’il a complimenté longuement dans la première partie du dialogue, que j’ai analysé. Il confirme qu’il aime son « impertinence », qu’il a souligné dans la seconde partie du dialogue : « J’aime bien, ça rajoute une forme d’érotisme. Tu vois, la fille de mauvaise foi… », passage que j’ai également analysé.

    Le fait que les protagonistes soient en couple fut effectivement une formidable parade à tous les débuts de critiques. Comme vous le dites : « Comment [Mathilde Warner] aurait-elle pu accepter de revoir [Nicolas Bedos] s’il avait réellement été abject ? » Peut-être parce que, comme je le dis, « l’intériorisation des normes fonctionne drôlement bien ».

    Mais ce n’est que mon point de vue, et vous êtes libre de penser autrement.

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