Se mettre à poil

C’est après avoir vu ce vidéo, de même que la série qui avait été faite précédemment par Those Pesky Dames (de géniales vlogueuses féministes, c’est à découvrir!) que je me suis rendu compte que, malgré le fait que je m’affirme comme féministe et que je prends position sur une foule de sujets devant mes amiEs, ma famille, mes collègues de classe, sur Internet, il y a un sujet avec lequel je ne suis pas à l’aise. D’ailleurs, j’écris ce texte, et je ne suis pas certaine encore si je vais le publiciser sur ma page Facebook personnelle, par exemple.

Eh oui, je parle ici de poils. De la pilosité féminine. De ma propre pilosité. C’est un sujet que j’ai beaucoup de difficulté à aborder, même avec mes amiEs proches.

Je dois le dire, depuis un peu plus de cinq ans, j’appelle chez l’esthéticienne une fois au 1-2-3-4 mois pour demander un rendez-vous pour l’épilation de la lèvre supérieure. Ben oui, je prends ma petite voix et j’euphémise pour ne pas dire devant tout le monde que je me trime la moustache.

Avant d’y aller pour la première fois, je pense que j’y ai pensé pendant 2 ans au moins. J’étais gênée, j’avais honte. Mais le pire, c’est que même encore aujourd’hui, je ne sais pas si ça paraît vraiment. Si les gens remarquent que j’en ai une, ou pire, que je me la fais enlever. J’ai déjà demandé à ma mère, à mon copain, ils ont été vague dans leurs réponses. En fait, les seules personnes qui m’ont déjà demandé « Pourquoi as-tu une moustache? », ce sont des enfants. Les enfants, ça dit tout, n’est-ce pas? Bref, j’ai commencé à me faire épiler parce que j’étais mal à l’aise, et surtout que j’allais faire des stages avec des élèves du secondaire. Une stagiaire, c’est déjà vulnérable, je n’allais pas être la stagiaire-à-moustache en plus.

Le poil, on dirait que je peux l’aborder en théorie. Je peux en jaser avec des amiEs. Je peux  chialer à quel point c’est poche (et parfois douloureux) d’enlever les poils superflus pour ne pas que ça dépasse du maillot. Je me fais les jambes, j’haïs ça, mais je persiste à les trouver plus jolies sans poils. Je me vante de mes sourcils parfaits-non-je-ne-les-ai-jamais-épilés-sont-beaux-de-même-naturel. Je peux dire que je suis assez bien dans ma peau, je me trouve belle et intelligente. Surtout, je sais que l’apparence c’est peu et je suis consciente des normes sociales débilisantes qui dictent ce qu’une femme devrait ou ne devrait pas avoir l’air. Malgré ça, ça va en prendre beaucoup pour que j’admette à quelqu’un que je vais voir une esthéticienne à cause de cette maudite moustache que je n’arrive pas à assumer.

Dois-je l’assumer? Dois-je tenter le coûteux et douloureux laser pour évacuer ce sujet de ma vie?

En même temps, aussi con que ça puisse paraître, je trouve drôle cette mode d’objets à l’effigie de moustache. Honnêtement, j’ai parfois envie de les adopter, car je les trouve amusants et jolis. Mais en tant que fille qui s’épile la lèvre supérieure, je ne m’autorise pas à rire moi-même de ces appendices poilus…

Est-ce normal, comme féministe, d’avoir à la fois honte d’avoir une moustache et honte d’avoir honte d’avoir une moustache?

Catherine

18 Comments

  • Claire
    19 avril 2012

    C’est à mon avis un sujet important, qui mériterait d’être abordé plus souvent sur les blogs féministes.
    Une interprétation sociologique du tabou qui pèse sur la pilosité féminine est proposée à l’adresse suivante: http://oser.wordpress.com/2010/11/07/la-tyrannie-de-lepilation/
    En ce qui concerne le visage proprement dit, rappelons d’abord que ce n’est pas, chez les femmes, une « moustache », mais simplement un duvet. Le faire passer pour une moustache, c’est un peu établir « deux poids, deux mesures », grossir démesurément ce qui apparaît chez une femme pour mieux faire croire que c’est déplacé, alors que c’est naturel.
    La prise de conscience féministe doit passer par une remise en question des normes de beauté imposées aux femmes, et du fait même qu’on leur impose l’injonction d’être belles. Je ne sais pas si Mona Chollet parle de la pilosité dans son essai « Beauté fatale: Les nouveaux visages d’une aliénation féminine ». Mais vous le constatez vous-même: vous êtes enfermée dans la honte. On fait honte aux femmes de leur corps au naturel. Bien entendu, rien de tel pour les hommes. C’est un ressort de la domination masculine et source de beaucoup de souffrances, ou au mieux d’un gaspillage d’énergie, d’argent et de temps, chez la majorité des femmes. C’est déplorable.
    Je pense aussi que le terme « épilation » est un euphémisme destiné à nier la douleur physique que provoque le fait somme toute assez peu naturel de s’arracher les poils. Bien sûr qu’on peut se préférer sans duvet; mais en avoir honte ou avoir honte de ne pas le faire, ou chercher à faire honte à d’autres, clairement, cela signifie qu’on n’est pas complètemement libérée d’une certaine tyrannie.
    Je finis en rappelant que l’interdiction de la pilosité féminine (bien entendu intériorisée par la plupart des femmes au point qu’on ne puisse même pas en parler à sa mère) n’est pas forcément un phénomène très ancien (ce n’est pas non plus un signe de modernité). Vous pourrez le lire sur le lien ci-dessus. Je pense aussi à Anna Karénine que Tolstoi décrit comme une femme séduisante, et qui a par ailleurs un duvet sur la lèvre supérieure. Son incarnation au cinéma par Tatyana Samojlova a respecté ce détail, et vous pourrez vérifier par vous-même si c’est si choquant que cela. Il faut en finir avec ces normes qui enferment les femmes dans une honte insurmontable (puisque, quoi qu’on fasse, les poils repoussent et la nature nous dit m…). Mon grand-père, un homme du 20e siècle, disait du haut de son machisme triomphant: « la vie de la femme n’est qu’un long combat contre le poil. » Merci, sympa. Le pire étant que ma mère reprenait ça à son compte en disant « c’est machiste, mais c’est vrai. » A vous de juger où se trouvent l’épanouissement et la liberté.

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  • Arianne
    19 avril 2012

    Merci Catherine d’avoir osé aborder le sujet, et merci Claire d’apporter à la réflexion.
    Je sais à quel point c’est un sujet délicat, étant une femme assez poilue moi-même et ayant subit beaucoup de railleries à ce sujet pendant mon adolescence. De longues années, j’ai été profondément complexée par mon poil, même celui situé à des endroits où personne ne l’aurait vu (j’ai souvent imaginé que j’étais la seule femme au monde à avoir du duvet autour du nombril et entre les seins…). J’ai investi des centaines, voire quelques milliers de dollars pour l’épilation à a cire, puis au laser, alors que j’étais loin d’être riche. Simplement dit: j’étais terrorisée à l’idée que quelqu’un non seulement voit mon poil, mais m’humilie en faisant un commentaire méchant, comme ceux qu’on m’avait lancés au secondaire.

    Et tout cela me blessait et me mélangeait encore plus parce que j’ai toujours été féministe et que je sais à quel point le poil, le duvet féminin, est un sujet chaud pour nous. À quel point notre société essaie d’écraser les femmes à travers des critères de beauté loin d’être naturels. «Il faut souffrir pour être belle», ou perdre son emploi d’été parce qu’on ne se rase pas les jambes assez régulièrement (histoire vécue par ma meilleure amie).

    Il y a un ou deux ans, j’ai fait une longue psychothérapie, entre autres choses pour rebâtir mon estime par rapport à mon image. À travers les séances, j’ai réalisée une chose: après mon adolescence, personne ne m’a jamais fait de commentaire sur mon poil. Petit à petit, je me suis épilée moins souvent et j’ai attendu, angoissée, les réponses de mes amies, ma famille, les hommes que j’ai fréquentés. Personne n’a rien dit de négatif, même quand j’abordais le sujet. Nada. Tout le monde s’en fout!

    Les femmes devraient fermer leurs télé, arrêter de lire les commentaires sous les vidéos Youtube, arrêter de lire les magazines qui demandent tant de chose de nous, tout en nous insultant.
    Je suis certaine que nous croiserons toujours un idiot ou une idiote pour nous lancer un commentaire déplaisant, alors nous ferons le choix de l’ignorer, ou bien de lui demander pourquoi, à son avis, la guerre contre la pilosité des femmes est si importante. Et en profiter pour lui faire une leçon de féminisme.

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  • MJack
    20 avril 2012

    Mon avis en tant qu’homme sur le sujet…

    Les femmes font ce qu’elles veulent de leur corps, je demande juste que l’on ne m’oblige pas à « apprécier » ce que je n’apprécie pas.

    La « moustache » et les poils sur les jambes, je n’aime pas et c’est un « tue l’amour » pour ma part. Donc forcément je ne serai jamais attiré par des femmes qui ne font rien pour cela.

    Ensuite, comme je l’ai dit, les femmes font se qu’elles veulent de leur corps, ce n’est pas à moi (à nous les hommes) de leur dire comment être.

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  • Valérie
    20 avril 2012

    Perdre son emploi d’été à cause d’un non-arrachage de poils? wtf. Je veux plus d’informations!!

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  • Arianne
    20 avril 2012

    MJack: C’est votre opinion personnelle et nous la respectons. Mais ne parlez pas « en tant qu’homme », parlez en tant que vous-même. Catherine a écrit ce texte pour non seulement que l’on respecte le choix de plusieurs femmes qui vont à l’encontre de critères de beauté standardisés, mais pour aussi, je crois, dénoncer les personnes comme vous qui se permettent de faire des commentaires non-sollicités sur l’apparence de femmes. Si vous n’aimez pas le poil, je vous invite à en discuter avec votre partenaire, mais pas au grand jour, d’autant plus sous un article qui dénonce les commentaires non-sollicités sur l’apparence des femmes.

    Valérie: Mon amie travaillait chez Aldo, le magasin de chaussure. L’été elle travaillait en jupe courte, sans collants, et sa gérante l’a appelée à son bureau pour lui dire qu’elle devait absolument se raser plus souvent (j’ai vu les jambes en question et il n’y avait que ce que je qualifierais de poils duveteux, longs mais très fins et clairsemés). Mon amie a accueilli cet ordre assez tièdement et a dit que pour elle, c’était un problème, mais elle a rasée ses jambes le jour suivant. Apparemment, elle aurait dû raser ses cuisses aussi, puisque ça a fait partie des commentaires donnés (mais non écrits sur le document officiel) une semaine plus tard, comme raison de son renvoi immédiat de la compagnie («vous n’avez pas écouté votre gérante quand elle vous a demandé de vous raser»).

    Honnêtement, je crois que les femmes sont très souvent la cible de ce genre de commentaires, dans les emplois de service à la clientèle. J’ai moi-même travaillé dans une boutique où les personnes en charge critiquaient fréquemment le look des employées (pas assez maquillée, mal coiffée, etc.). Plusieurs de mes amies travaillant pour des chaînes de vêtements se sont fait dire de perdre du poids, ou de «porter des vêtements plus révélateurs».

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  • Chaminou
    20 avril 2012

    On ne reprochera jamais aux femmes d’être « trop lisses » (sauf des poils de tête bien entendu), sans doute parce qu’il s’agit là aussi d’un combat permanent.

    (Et par là même révoltant, car si les hommes sont certes de plus en plus sollicités pour ôter leur toison soi disant superflue, jamais on ne leur reprochera de n’être « pas assez nets », « repoussants », « sales » ou « impolis » s’ils choisissent de bouder cet appel à la tonte).

    Combat permanent mais jamais récompensé au final, car si la plupart des femmes souscrivent malheureusement à cette norme, pas d’inquiétude, on leur trouvera toujours autre chose, l’humiliation via l’apparence ou le caractère / les choix de vie sont toujours au rendez-vous un jour ou l’autre.

    Raison de plus pour résister certes, mais je comprends aussi bien sûr à quel point il est difficile de le faire quand on est seule face à un groupe, et qu’aussi bête et intolérant soit-il, la méchanceté gratuite et certains regards peuvent énerver, blesser et mettre à mal.

    Je pense qu’il faut de toute façon apprendre à établir un travail sur soi, réaccepter (ou accepter tout court) son corps, dans toute sa diversité, se persuader aussi sincèrement que possible bien entendu que même s’ils ne sont pas forcément formidables ou fantasmagoriques, nos poils ont tout de même le droit d’exister.

    Car ce qui me gêne aussi est la chose suivante : souvent, pour rassurer les résistantes à l’épilation, on leur rappelle que « certains hommes aiment ». C’est certes vrai mais cela ne devrait pas être une référence, cessons de nous adapter sans cesse, apprenons à ne plus tenir compte de nos critères, n’ayons pas peur de rejeter les bornés et les autres, de refuser un contrat qui consisterait à se soumettre contre quelques câlins ou je ne sais quel type de sollicitude (plus ou moins contestable par ailleurs).

    Amitiés féministes et velues,

    Cha*

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  • Aurélie
    20 avril 2012

    J’aime beaucoup votre honnêteté, et mon avis est que vous fassiez comme vous en avez envie. Si vous vous sentez plus apte à affronter le regard des autres (car ce regard peut constituer souvent un véritable affront) en enlevant votre duvet définitivement, n’hésitez pas. En ce qui me concerne, j’adore mes poils mais parfois, je n’ai tout simplement pas envie d’avoir à me justifier face aux autres et à leurs regards insistants, alors, je me rase. Mais ce n’est pas pour autant que je nie mon féminisme car je sais qu’en le faisant, je me plie à la norme sociale. Et je l’assume.
    Bon courage en tout cas 🙂

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  • pierregr
    21 avril 2012

    Merci Catherine pour ce témoignage malheureusement très fréquent. La culpabilité concernant la pilosité ne touche que les femmes et ce, depuis des millénaires. Car les poils qui poussent à la puberté rappelle que les femmes ont une sexualité et cela a toujours dérangé le patriarcat.
    A noter que depuis 10 ans, les hommes peuvent faire ce qu’ils veulent de leur pilosité (la garder ou l’enlever) et c’est une très bonne chose. Quand est-ce qu’on aurait vraiment une égalité de traitement entre femmes et hommes ? C’est vraiment le sujet parfait pour comprendre le double standard.
    Sinon, plus d’infos sur mon site qui représente plus de 10 ans de collecte d’infos, de témoignages et de perspective misogyne de la pilosité féminine, avec mes yeux féministes.
    Pierre

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  • pierregr
    21 avril 2012

    J’oubliais, voici un lien qui devrait vous redonner du courage

    http://www.fauteusesdetrouble.fr/2011/02/vie-et-opinion-dune-poilue-heureuse/

    Comme on passe de l’épilation intégrale à plus d’épilation du tout, grâce à un pilophobe.

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  • MJack
    23 avril 2012

    @Arianne> Pourquoi devrais-je m’exprimer juste en tant que moi-même et non en tant qu’homme (ce que je suis)…là je ne comprends pas. Je ne pale pas au nom de tout les hommes…

    Et pourquoi je ne devrais pas donner mon opinion au grand jour alors que c’est ce que fait cette rédactrice (ce que j’approuve, hein !) ?
    Je ne fais pas un commentaire non sollicité mais j’exprime juste ce que je pense sur ce sujet. On n’a pas le droit de dire au grand jour que l’on aime pas les poils sur les femmes ?
    Il y a bien des femmes qui ne supportent pas la barbe des hommes…y a rien d’extraordinaire de ce fait.

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  • pierregr
    23 avril 2012

    @Mjack, mauvaise comparaison. Les femmes n’ont pas de barbe (juste parfois un duvet au-dessus des lèvres).
    On compare en fait ce que femmes et hommes ont en commun et c’est le double standard : un homme peut être entièrement glabre et n’est pas pour ça un « tue-l’amour » mais un femme qui garderait ses poils aux jambes, où est le problème ? On peut préférer sans poils mais pourquoi rejeter cette femme ?
    J’imagine déjà la scène : vous draguez une femme en pantalon, elle est super intéressante, le feeling passe, vous avez envie l’un de l’autre. Elle se déshabille et parce qu’elle aurait qq malheureux poils, vous n’auriez plus envie ? Je trouve cela tout à fait irréaliste. Toutes les femmes adultes ont des poils aux jambes, c’est donc normal d’en rencontrer parfois et elles ne méritent pas d’être rejetées.
    Si vous allez faire un tour sur mon site, vous apprendrez bcp sur le rejet de la pilosité féminine liée à la puberté.

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  • MJack
    23 avril 2012

    @Pierregr > Nan mais y a aussi une différence entre avoir une lègère pilosité et vraiment avoir du poil aux pattes. J’arrive à faire la différence, ce ne sont pas qques poils qui vont me rebuter…c’est juste une question de « limite » à ce que j’apprécie.

    Ce que je veux dire par là, c’est que l’on ne peut pas faire une généralité sur les relations h/f, sur ce qui plait ou non. Les préférences de chacun(e)s passent avant la « bien pensée ».

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    • Emilie
      23 avril 2012

      @MJack : Si peux essayer de faire office de modérateur dans ce débat…

      Votre commentaire exprime, vous le dites, votre opinion personnelle : vous n’aimez pas les poils. A priori, chacun-e étant libre de penser ce qu’il-elle veut et d’exprimer ce qu’il-elle pense, cette opinion ne devrait pas être moins légitime que celle de l’auteur, ou de toutes les personnes qui s’expriment ici.

      Ce qui pose problème, c’est que, vous n’êtes pas sans le savoir, vous êtes sur un blogue féministe. Les personnes qui postent des articles ou des commentaires pensent (en général) que la société impose une pression sur les femmes dans beaucoup de domaines. Exemples : la femme doit être mince, elle doit avoir des enfants et s’en occuper… elle doit s’épiler.

      Le fait que vous exprimiez votre opinion pose un problème ici, parce que votre opinion va dans le sens de la majorité, et que c’est cette majorité-là que les féministes de ce blogue essaient de combattre.

      Vous dites : « Personnellement, je n’aime pas, mais c’est aux femmes de décider ce qu’elles font de leur corps. » Vous vous doutez bien qu’en exprimant cette opinion-là vous faites passer le message suivant : « Je me moque de ce que fait la majorité des femmes. Mais ma compagne – ou la femme qui partage votre lit – doit être épilée. » Or, c’est précisément ce genre de messages qui fait que l’auteur se sent honteuse de son duvet et que beaucoup de femmes hétérosexuelles se sentent honteuses de leurs poils : elles savent qu’elles s’exposent au jugement d’hommes comme vous.

      Alors que, sans pression sociale, une femme (et un homme, mais c’est un autre débat) devrait être libre de faire ce qu’elle veut de son corps, et en particulier de le garder dans l’état où la nature le lui a confié.

      Je ne sais pas si c’est plus clair…

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  • Marie-Élaine
    23 avril 2012

    Très bien dit, Émilie.

    @MJack: L’auteure parlait clairement de normes sociales – et non des préférences de tout un chacun (qui sont de toute façon influencées par le système capitaliste et sexiste dans lequel on vit).

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  • Catherine
    24 avril 2012

    @Emilie et Marie-Élaine : Vous avez très bien interprété mes propos. Je voulais soulever le fait que la pilosité féminine est niée par les normes sociales, ce qui amène plusieurs d’entre nous à vouloir enlever ces poils dits «superflus». Lorsque nous sommes conscientes de l’aspect arbitraire de cette norme sociale, ce que nous amène entre autres l’analyse féministe, nous savons que nous ne sommes pas obligées de suivre cette norme. Le paradoxe, cependant, est lorsque nous décidons de suivre cette norme, ou plutôt lorsque nous prenons la décision de faire ce que nous voulons avec notre corps, l’épiler par exemple. Le fait-on pour soi ou pour la norme?

    Ce qui n’est pas facile, du moins dans mon interprétation des choses, c’est que la décision de ne pas se raser ou s’épiler devient un geste militant, politique. C’est pourquoi je crois que ça va au-delà des préférences personnelles de chacune. Généralement, lorsqu’on veut poser un geste militant, ça passe nécessairement par l’action. Or, dans le cas des poils, c’est de ne pas faire quelque chose qui devient une «action» militante.

    Il est possible, par exemple, que les poils sur mes jambes soient longs et foncés. Normalement, je les raserais. Mais un jour, je n’ai pas le temps, mais je souhaite porter une jupe. Je n’ai pas nécessairement envie d’affronter le regard des autres et de porter le sens que cette «non-action» aura.

    Le fait de ne pas se raser ou s’épiler va au-delà d’une préférence personnelle ou «être à l’aise avec son corps». Dans le sens où il y a de ça, oui, mais ce n’est pas juste ça.

    Ainsi, vos commentaires, MJack, sur la différence entre duvet et poils (d’ailleurs, comment faites-vous pour tracer la ligne? dans le cas du duvet sous mon nez, je n’y arrive même pas moi-même) et sur vos préférences, ne sont pas condamnables en soi. C’est cependant le poids qu’ils portent, en renforçant la norme, et le fait que vous ayez ressenti le besoin de les partager à la suite d’un texte où je décris mon profond malaise quant à ma pilosité, qui peuvent contribuer aux sentiments de gêne et de honte que j’ai à hésiter de sortir de chez moi non rasée/épilée.

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  • pierregr
    25 avril 2012

    @Catherine, c’est ce que je dis sur mon site

    « Pour une femme, garder ses poils liés à la puberté et les montrer publiquement, c’est un acte militant, ce qui signifie que les poils ont une dimension politique. »

    D’autre part, je connais plein de femmes qui se sont interdit une sortie impromptue à la piscine ou en jupe à cause des poils aux jambes. S’il n’y avait une telle pression sociale et une telle pilophobie dans la sphère publique, elles s’en moqueraient et sortiraient pour une fois pas épilées. Mais cela va passer pour un manque « de soin de soi », alors que quand on voit l’état de la peau après le rasage/l’épilation, c’est plutôt ne pas toucher à ses poils qui est une façon de prendre soin de soi. Malheureusement, depuis plus de 100 ans, l’industrie cosmétique culpabilise les femmes, voici une pub datant de 1935 pour un produit dépilatoire, le message est d’une violence extrême

    http://pgriffet.voila.net/im01/EauTaky.jpg

    @Mjack, retournons la situation : imaginons que les hommes soient stigmatisés s’ils se rasent (ou pas) la barbe. Qu’ils soient moqués, insultés, tournés en dérision. Ce serait inadmissible. C’est pourtant ce qui se passe avec les femmes.

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  • Natalie
    4 mai 2012

    @MJack
    Peut-être qu’en disant comment vous expliquez que des poils naturels sur une femme sont un « tue l’amour » vous auriez apporté un élément constructif. Je doute fort que ce soit une préférence « innée », il s’agit d’un conditionemment social. Est-ce que dès que vous avez commencé à porter intérêt au sexe opposé le degré de pilosité était déjà un critère? Avez-vous entendu beaucoup de moquerie ou de commentaires au sujet des femmes poilues ou qui avaient « négligé » de s’épiler?
    Et pourquoi, souvent, une femme poilue est automatiquement dite féministe et une femme féministe est automatiquement dite poilue…? Avez-vous entendu régulièrement des commentaires négatifs sur les « féministe poilues »?
    Vous ne dites rien de ça, vous dites simplement: « Faites ce que vous voulez, je m’en contrefiche, mais demandez-moi pas d’aimer ça. » Dans un forum féministe ça ne fait pas très pro-féministe…
    D’ailleurs jusqu’où va votre aversion pour les poils de jambe des femmes? En tant que patron, est-ce que vous mettriez une employée à la porte parce qu’elle n’a pas les jambes rasées?

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  • Jeanne
    25 mai 2014

    Bonjour, déjà je tiens à dire que je ne m’épile absolument nulle part (incluant donc la lèvre supérieure) et oui, j’ai un léger duvet qui est visible, je le sais car je l’ai demandé les yeux dans les yeux à un ami proche. Et alors ? Le problème avec les féministes dans votre genre c’est que vous rentrez dans le jeu des gars -enfin des industries cosmétiques- et que vous participez à ce que les femmes comme moi se sentent seules et rejetées, j’ai mis du temps mais aujourd’hui j’arbore fièrement ma moustache et me répète que si quelques femmes s’étaient comportées comme vous quand les premières mettaient des pantalons on porteraient encore des jupes et seraient encore brûlées sur le bûcher pour avoir oser porter des habits d’homme. J’éxagère peut être un peu mais je suis en colère contre les soi-disant féministes-mais-pas-quand-il-s’agit-de-cruiser-ou-de-montrer-explicitement-sa-pensée. Sur ce, fuck celles qui me jugeront, je vous merde et félicitations aux quelques courageuses qui ont le courage de leurs convictions et qui s’assument comme elles ont été créées.

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