Qui nous protège de l’État?

Patriarcat – Définition
Un système fondé sur la détention de l’autorité par les hommes. Un ordre social qui construit, reproduit et maintient une division sociale basée sur le sexe, maintenant les femmes dans une position subordonnée par rapport aux hommes.

Paternalisme – Définition
Attitude de quelqu’un qui se conduit comme un père vis-à-vis de ses enfants, envers ceux et celles sur qui il exerce, ou tente d’exercer une autorité. Manière de diriger, de commander avec une bienveillance autoritaire et condescendente en vue d’exercer un contrôle total.

Nous vivons dans un système patriarcal mené par un État paternaliste, qui tente d’exercer son autorité par plusieurs formes de violences. La vision de la violence que nous avons dans notre société est très limitée. Le comble de la violence, c’est de la vivre au quotidien sans qu’elle ne soit considérée comme telle, c’est qu’elle soit banalisée et vue comme méritée. Nous sommes dans une société qui exerce une violence paternaliste constante, dont toutes les femmes et même plusieurs hommes souffrent chaque jour. La violence institutionnelle, qui est invisibilisée par sa banalisation, est la plus dangereuse. Elle tente de faire taire notre colère légitime en cultivant la peur. Elle tente de nous rappeler jours après jours que nous devons plier l’échine et renoncer à nos idées, nos valeu rs, nos principes. La lutte actuelle du mouvement étudiant fait éclater au grand jour cette violence institutionnelle appliquée par l’État, spécifiquemement par le gouvernement libéral.

Par notre socialisation, les femmes apprennent à être passives devant la violence. Sans même y consentir, nous l’intériorisons. Dans une société patriarcale, chaque jour de la vie d’une femme est en soi violent . Le quotidien d’une femme qui se révolte contre cet ordre social l’est encore plus. Et cette réalité est encore plus frappante quand plusieurs d’entre nous adhèrent aux propos du chef du SPVM qui, la semaine dernière, a dit : “Je fais la distinction entre le mouvement étudiant et les casseurs. Je demande l’aide des manifestants pacifiques afin qu’ils repèrent et isolent du groupe les fauteurs de trouble.#”

En bon papa de l’État policier, il nous demande de collaborer avec ceux-là même qui nous répriment depuis les débuts de notre grève, reproduisant une attitude paternaliste qui renforce le patriarcat. On nous demande, par cet appel pernicieux, de nous diviser nous même pour leur permettre de mieux régner. Nous dénonçons les individus s’autoproclamant pacifistes qui s’opposent au vandalisme de la propriété privée marqueur du capitalisme. Parce qu’elles et ils s’en prennent ensuite directement à l’intégrité physique de celles et ceux qui militent à leur côté, ou la mettent en danger par la délation, n’étant en fait rien d’autre que des complices de la brutalité policière. Il n’est en aucun cas pacifique de demeurer passifs ou passives face à la répression de cet État paternaliste.

L’État et les administrations scolaires tentent de rendre illégitime la lutte contre la hausse des frais de scolarité en traitant haut et fort le mouvement étudiant « d’extrémiste » parce qu’il ose tenir une analyse sociale radicale qui ne remet pas que la hausse actuelle des frais de scolarité en question.Tandis que nous, étudiantes et étudiants, par nos revendications visant un accès plus égalitaire à l’éducation, nous luttons sur les plans idéologique et politique, le gouvernement et les administrations de nos institutions scolaires nous répondent par des violences s’attaquant directement à notre intégrité physique et psychologique. Les dociles agentes et agents de sécurité et la police sont l’instrument de la violence structurelle, politique et institutionnelle de l’État. Ils et elles agissent en véritables mercenaires du pouvoir en place. Nous refusons d’entrer dans leur jeu et de reproduire leur violence.

Au sein même de nos universités et de nos Cégeps, des agentes et agents de sécurité utilisent leur force brute pour nous empêcher d’exercer notre droit de grève, obéissant aveuglément aux ordres des administrations. Elles et ils s’abreuvent d’une ferveur enflammée du sens du devoir, les convaincant d’être les gardiennes et gardiens de la loi et de l’ordre, mais ne remettent jamais en question les impacts et les buts avoués de leurs actes brutaux. Ces supposé-e-s gardiennes et gardiens de la paix font régner un climat d’insécurité et de terreur où les grévistes sont marginalisé-e-s, où leurs droits et libertés sont sans cesse baffoués. Voies de fait, usage excessif de la force, atteinte aux droits fondamentaux, harcèlement sexuel et psychologique, intimidation: cette vision de la s&eacu te;curité construite par les administrations de nos institutions scolaires ne vise en aucun cas la préservation de la sécurité des personnes, mais plutôt celle de l’ordre à tout prix, au mépris du respect de l’intégrité des individus. En réprimant violemment ceux et celles qui défendent le bien commun, la principale fonction des gardiennes et gardiens de sécurité et de la police est de servir les intérêts du pouvoir en place, ceux de ce gouvernement qui brutalise tout un peuple et hypothèque les générations à venir avec une hausse qui créera encore plus d’exclusion, de marginalisation et d’inégalités sociales.

Nous refusons le paternalisme politique, moral, économique et social encouragé par l’État et appliqué par nos administrations scolaires notamment via la brutalité policière et celles des agent-e-s et agents de sécurité, sous prétexte d’assurer notre sécurité. Et de quelle sécurité s’agit-il, au fait? La sécurité protégeant les intérêts de qui et de quoi? Nous refusons le paternalisme de l’État libéral patriarcal envers le mouvement étudiant – mais aussi envers toute une société – par un gouvernement qui nous voudrait soumises et silencieuses.

Tout comme l’agresseur tente de justifier sa violence en responsabilisant sa victime, le gouvernement et les administrations scolaires tentent de nous faire avaler que les manifestantes et manifestants méritent la brutalité policière et celles des gardiennes et gardiens de sécurité parce que nous n’obéissons pas à l’ordre établi, à LEUR ordre social. Nous refusons cette logique infantilisante qui évacue toute dimension politique et détourne le débat soulevé par la lutte pour une éducation accessible à toutes et tous. Tandis que nous luttons, par notre critique, pour de meilleures conditions de vie pour toutes et tous sans exception, c’est avec les poings et les armes qu’on nous répond.

Nous nous opposons à la violence invisible mais au combien destructrice de l’État, qui porte un grand coup à toute la société québécoise en expulsant violemment plusieurs personnes des bancs d’école. En ce sens, il importe de faire la distinction entre la supposée violence d’un mouvement social et sa colère légitime.

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Nous, étudiantes féministes en grève, accusons le gouvernement libéral patriarcal
de consciemment exacerber les inégalités entre les sexes via la hausse des frais de scolarité, qui s’attaque à l’un des mécanismes-pilliers de l’atteinte de légalité de fait entre les femmes et les hommes: l’éducation accessible.

Nous, étudiantes féministes en grève, accusons le gouvernement libéral patriarcal
d’infantiliser le mouvement étudiant en déligitimant nos revendications et en baillonant les enjeux qu’elles soulèvent.

Nous, étudiantes féministes en grève, exigeons que le gouvernement libéral patriarcal et les administrations de nos institutions universitaires et collégiales condamnent publiquement les abus de pouvoir commis par les forces de l’ordre partout au Québec et reconnaissent publiquement avoir encouragé la violence physique, psychologique, économique, sexuelle et verbale envers les grévistes, et envers les professeur-e-s qui souhaitent respecter nos mandats de grève.
Nous, étudiantes féministes en grève, exigeons que les institutions d’enseignement cessent de faire appel à des agences de sécurité privée et que l’État cesse de légitimer l’usage des forces policières pour gérer un conflit qui doit se régler sur la scène politique.

Et d’ici là,
NON, nous ne serons pas de petites filles sages,
NON nous ne nous tairons pas,
NON nous n’obéirons pas à leur ordre social patriarcal.
Notre colère est légitime, notre lutte est nécessaire!

C’est pas vos matraques, qui vont nous faire plier!
Grève féministe illimitée!

C’est pas vos matraques, qui vont nous faire plier!
Grève féministe illimitée!

Des étudiantes féministes en grève, mai 2012.

3 Comments

  • Berenice
    16 mai 2012

    Mes cours de sociologie sont loin, mais ne parle-t-on pas ici de violence légitime? Celle de l’État?
    Mais si l’État mène une politique inique et injuste qui va contre les intérêts du peuple, la légitimité ne disparaît-elle pas en route, et ne glisse-t-on pas vers un terrorisme d’État?
    Finalement, la grande victoire idéologique des démocraties c’est d’avoir instillé l’idée, qu’en tant que démocratie, elles ne pouvaient jamais être illégitimes. Personnellement cette idée m’apparait de plus en plus comme une énorme farce.
    En France, le conseil constitutionnel vient d’abroger la loi sur le harcèlement sexuel, comme il a abrogé il y a quelques temps la loi sur l’inceste. En tant que femme, j’ai l’impression que mon pays me déclare la guerre et je n’accorde plus de légitimité à ces gens qui nous « gouvernent ».

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  • christine gamita
    4 juin 2012

    Le pouvoir ayant toujours été entre des mains masculines, la parité à peine ébauchée, comment l’Etat serait plus vertueux et ne ferait-il pas des croche pattes à la République ? Ce sont surtout les codes qui péchent par l’absence totale de référence au crime odieux de toutes les sortes de féminicides possibles imagninables sous prétexte que l’atteinte à l’intégrité serait neutre… Personne n’a déclaré la guerre aux femmes, elles ont toujours été quantité négligeable au sens que ce sont pas même des adversaires à la hauteur en quelque sorte, puisque pas même de place politique, dans l’ensemble, par féminicide symbolique http://susaufeminicides.blogspot.fr/p/feminicide-lexique.html

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  • danslalune
    6 juillet 2012

    En France, et ailleur !!! LA terre est mal ! LA terre est dirigée par les hommes ! donc comme les femmes, elle est souliée, pietinée surexploitée.. !! et j’en passe
    Tout ce qui est de l’ordre du féminin, est de petit de peut d’intéret ;
    normal !! LE dictionnaire est écrit par et pour les hommes vous voyez dans mon écrit : LA terre LA femme !! LE dictionnaire .. amenant les mots, et leur utilisation !!
    LES hommes ne veulent pas des femmes!! ils veulent  » juste » s’en servir ! dommage!!

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