Pussy libres!

Un peu partout dans le monde, l’attention médiatique est tournée vers les Pussy Riot, ce groupe punk féministe russe. Constituée de trois jeunes femmes, Maria Alekhina, Ekaterina Samoutsevitch et Nadejda Tolokonnikova, la formation musicale dénonce farouchement le gouvernement de Vladimir Poutine et promeut le droit des femmes en Russie.

Le destin des punkettes a changé radicalement au cours des dernières semaines. Les jeunes femmes ont chanté une prière anti-Poutine à Moscou dans la cathédrale du Christ-Saint-Sauveur. « Vierge Marie, délivrez-nous de Poutine ! », avaient-elles lancé. À la suite de cette prestation audacieuse les Pussy Riot ont été reconnues coupables, le 17 août 2012, de « hooliganisme » et de « vandalisme » motivé par la haine religieuse.

Résultat ? Deux années d’emprisonnement en camp pour la formation musicale. Les conditions de détention seront difficiles. Les jeunes femmes partageront leurs cellules avec des meurtrières et des voleuses. « Il n’y a aucun espace d’intimité. Cela casse complètement les repères de genre. Pour beaucoup de détenues, c’est très traumatisant », expliquait Lioudmila Alpern du Centre d’action pour la réforme de la politique pénale au journal Figaro. Les centres de détention où elles seront incarcérées sont issus de la tradition des goulags.

Les paroles de leur chanson, qui leur ont valu la condamnation, appellent la Vierge Marie à devenir féministe et à contester le président russe. Les Pussy Riot souhaitent une plus grande place pour les femmes au sein de la vie politique russe et formulent une critique radicale du patriarcat. Cette prestation était organisée dans le cadre de manifestations en vue des élections présidentielles qui auront lieu en Russie.

Liberté d’expression attaquée

En plus d’être une attaque aux valeurs féministes, leur arrestation est un exemple parmi d’autres de la dégradation de la liberté d’expression en Russie. Est-ce que le gouvernement réagira davantage que lors de l’assassinat, le jour de l’anniversaire du président russe, de la journaliste Anna Politkovskaïa en octobre 2006 ? Cette militante des droits de la personne était reconnue pour ses oppositions à l’égard de la politique de Vladimir Poutine. La lumière sur son meurtre n’a toujours pas été faite.

Partout dans le monde, la voix des féministes résonne en appui aux punkettes. Des organismes comme Amnistie internationale, Osez le féminisme, la Ligue des droits de l’homme ont organisé, comme dans une cinquantaine d’autres pays dans le monde, un rassemblement en appui aux Pussy.

Ces voix de solidarité rassurent et font du bien car les citoyens d’ici et d’ailleurs ne tolèrent plus les limitations à leur liberté d’expression et de manifestation. Pour cette raison, les Pussy Riot sont déjà devenues un symbole fort de revendication, d’engagement. Qu’on soit d’accord ou non avec les actions provocatrices qu’elles ont menées, voici quand même la preuve que trois citoyennes ordinaires ont eu le pouvoir d’alerter le monde entier autour d’enjeux politiques cruciaux. L’affaire Pussy Riot est loin d’être terminée. Des personnalités influentes et différents regroupements ont donné leur appui aux punkettes, et c’est sans compter les manifestations organisées partout dans le monde. Les mouvements sociaux possèdent un pouvoir d’influence extraordinaire à ne pas négliger.

Le féminisme d’ici

L’appui aux Pussy Riot aura soulevé une immense vague de solidarité, notamment au sein de différents mouvements féministes, dans le monde entier. Les punkettes nous poussent à nous interroger sur les enjeux qui nous concernent en tant que femmes. La solidarité entourant les Pussy Riot en Europe nous rappelle celle qu’a suscitée le mouvement étudiant sur la scène internationale.

Après la vague du printemps érable, le retour en force des mouvements sociaux se fera-t-il l’écho des revendications féministes ? Les critiques de certaines d’entre elles se sont fait entendre lors des célébrations du Grand Prix.

Les Pussy Riot sont une inspiration pour les féministes d’ici. Or, même si leur emprisonnement dénote un grand recul pour la liberté d’expression, il nous fait voir que le mouvement féministe dans le monde est loin d’être mort. Et si la juridiction russe les condamne, c’est que les Pussy ne sont pas inoffensives.

Les Pussy Riot, par leur courage et leur audace, ont déjà marqué l’histoire. Nous invitons les femmes des jeunes générations à faire entendre leur voix en tant que féministes et à dénoncer l’emprisonnement des Pussy Riot. La lutte de nos comparses russes est universelle. C’est aussi la nôtre.

Léa Clermont-Dion et Cathy Wong

Publié dans Le Devoir du 22 août

5 Comments

  • Marcelle
    28 août 2012

    Je trouve ça vraiment dommage que ce blogue soit mort parce qu’il aurait été TRÈS intéressant d’approfondir cette question. C’est ce que j’ai tenté de faire au cours des derniers jours et force est de constater que l’article partagé ici n’est pas très rigoureux. J’aurais aimé que les auteures viennent le défendre. Pour le moment, ça m’apparait être soit de l’ignorance, soit de l’opportunisme. Ça a des odeurs de Libârté et de choi radio x.

    Les Pussy Riots n’ont pas été enfermées par-rapport à leurs idées. Des tas de gens critiquent Poutine chaque jour en Russie, comme aux États-Unis. Elles ont été arrêtées pour incitation à la haine religieuse comme n’importe lequel groupe qui aurait tenu un comportement similaire dans un lieu de culte. Pour le matérialiste moyen, la notion de ‘sacré’ est difficile à comprendre. Elle est au fondement même de la construction du sujet religieux. On ne peut pas dire ‘respecter les religions, la religion orthodoxe en particulier’ (écoutez leur procès) sans tenir compte de l’Autre. Le respect, ce n’est pas qu’une valeur dans les airs. Ça doit s’exprimer par des gestes concrets. Imaginez un homme dire ‘je respecte ma femme’ mais qui dès qu’il entre à la maison, il crache sur le plancher qu’elle vient tout juste de laver. Piètre comparaison, mais la provocation est un bien mauvais moyen pour établir une communication. Durant le procès, la mamzelle a déploré : « les gens ne veulent pas nous comprendre. ils ne veulent pas philosopher. ils ne veulent pas suivre la sagesse ».

    Oui, j’ai écouté attentivement l’extrait vidéo dans lequel elles tentent de justifier leur action pendant trois quarts d’heure. Je n’ai vraiment pas aimé la manière dont elles se présentent : ‘nous ne sommes que des jeunes filles’.

    Tu ne peux PAS te revendiquer comme sujet politique MATURE et ADULTE qui souhaite FAIRE TOMBER LE GOUVERNEMENT et ensuite faire comme si tes beaux yeux allaient te sauver. Pour moi, ça n’a rien de féministe. Ça n’a rien d’inspirant.

    Par ailleurs, je trouve étrange que cette affaire soit suivie de près par les big shots du monde entier. Comme le disait Falardeau, ‘PowerCorporation ne commandite pas la Révolution’. Madonna non plus, il me semble.

    Si les jeunes journalistes avaient fait leur travail, au lieu de se complaire dans leurs idées, elles auraient vu que les Pussy Riots ont affiché certains liens d’appartenance avec le groupe Etpor, organisation transnationale révolutionnaire impliquée dans plusieurs soulèvements. Je me suis intéressée à Etpor. Etpor a émergé en Serbie sous Milochevitche. C’était une organisation grassroot, mais il semble admis que l’organisation a été financée par la National Endowerment for Democracy et autres ONG américaines. (Éric Duhaime a travaillé pour le NED pour amener la démocracie en Irak, lol). Après le succès retentissant de leurs actions, Etpor s’est propagé dans d’autres États. Des militants liés au ‘printemps arabe’ ont été envoyé à l’étranger bien avant les événements pour être formés par Popovic et Etpor. Toutes ces informations sont vérifiables.

    Reste à savoir ce que cela veut dire. Je pense qu’il est important de se poser ces questions. C’est pas moi qui se targue d’être journaliste alors je vais arrêter ça ici.

    D’ici là, principe de précaution s’il vous plait?

    Sinon, suffit d’agiter des ‘pauvres femmes’ et on va soutenir. Ça nous place dans une position d’idiotes utiles.

    Ces jours ci, j’aime bien lire les textes d’Azar Majedi. C’est la présidente de l’Organisation pour la libération des femmes en Iran. À propos d’un autre sujet, elle disait :

    «  » »Je respecte inconditionnellement la liberté d’expression. Tout le monde est libre de s’exprimer comme il le souhaite. C’est un droit fondamental pour tous et toutes. Mais critiquer le contenu de cette expression est aussi un droit pour tous et toutes. Je respecte le droit de chaque être humain à la liberté de pensée, de croyance et d’expression. Mais je ne respecte pas nécessairement ce qu’ils expriment ou croient. » » »

    «  »Sous la pression d’une tendance dans le mouvement féministe, le mot « femme » a atteint un degré de sainteté, tout autant que les figures religieuses et les icônes. « Femme » est devenu le dernier mot. Si une femme dit quelque chose, si une femme fait quelque chose, alors cette chose est irréprochable. Et lorsque plusieurs femmes se réunissent pour organiser une action, alors tout le monde doit se taire, sinon on offense la sainte ! » » »

    «  »- Même si l’on considère que les gestes de ces femmes ont brisé un tabou, toute tentative de briser des tabous n’est pas en soi « révolutionnaire » ou progressiste. «  » »

    Bonne journée.

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  • Marie-Élaine
    28 août 2012

    Ce blogue n’est pas mort! Nous sommes simplement dans une période moins active.

    Cet article a d’abord été publié dans le Devoir, et les auteures ont bien voulu nous autoriser de le partager ici. C’est ce qui explique peut-être qu’elles ne sont pas venues y « défendre » leur texte, si défense il y avait à apporter.

    Pour ma part, je trouve certaines de vos critiques injustes. CHOI Radio X? Vraiment? On réclame la liberté de parole et la libération de femmes qui ont posé une action politique et ont ensuite été condamnées à une peine atrocement exagérée. La radio-poubelle, c’est le droit de mépriser les femmes, les personnes assistées sociales, les personnes issues de l’immigration, les personnes handicapées, etc. en ondes sans aucune réprimande. On n’est pas dans les mêmes eaux.

    Par ailleurs, Pussy Riot a condamné les actions de coupage de croix de Femen: http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/russia/9502165/Pussy-Riot-condemn-the-cutting-down-of-four-Orthodox-crosses-in-Russia.html. Et leur action n’incitait pas à la haine religieuse: elles ont fait une prière « punk » dans une Église pour libérer la Russie de Poutine.

    Certains des faits que vous avancez méritent une recherche plus approfondie, alors je ne vais pas m’avancer davantage.

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  • Guillaume
    5 septembre 2012

    Wow tolerance zero sur les divergence d’opinion, meme si elle son bien articuler! Vous etes aussi pir que ceux que vous dénoncer, honte a vous.

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  • Marie-Élaine
    7 septembre 2012

    LOL Guillaume. On vous rend service en deletant vos niaieries!

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  • Guillaume
    8 septembre 2012

    Well, je suis heureux de voir que vous ne nier pas le fait que vous etes intimidée par un opinion qui diverge de la votre, reconaitre son probleme, ces etre a moitier guerie. Bonne journé

    Ps: merci pour le vouvoiment.

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