Vos témoignages #agressionnondénoncée (2)

#agressionnondénoncée JSI+JSFIl y a quelques temps, je vous partageais quelques réflexions sur « la chance » de ne pas avoir d’#agressionnondénoncée et vous offrais la possibilité de laisser vos témoignages. Nous avons reçu plusieurs témoignages que je partagerai avec vous en 7 billets au cours des prochaines semaines. Merci à toutes de vos partages et de votre confiance.

ATTENTION: Considérant le caractère très cru, direct et, parfois violent, de certains témoignages, ils pourraient occasionner de l’inconfort chez une partie du lectorat.

Les billets seront également partagés par Je suis indestructible dans un partenariat spécial créé pour #agressionnondénoncée


 

Marie

Témoignage: «J’avais 15 ans. Lors d’un après-midi entre amis où nous étions que deux filles, les 5 garçons présents, assis sur les canapés, se sont soudainement mis à se masturber devant nous. Ils riaient et nous incitaient à venir leur faire une fellation. C’étaient nos amis (du moins, on le croyait). Nous sommes rapidement parties, honteuses, trahies.»

Anonyme:

Témoignage: « Je ne veux pas rien dénoncer parce que je ne veux pas qu’on m’en parle. Je ne veux pas être associée à ÇA – cette chose dégoutante et douloureuse qui m’empêche encore de dormir certaines nuits quand le stress s’accumule et que ÇA ressurgi. Je ne veux pas plus qu’on « comprenne » pourquoi je suis une féministe engagée, pourquoi je fais des recherches sur la sexualité et sur la manière dont elle devrait être vécue par les femmes. Je travaille là-dessus parce qu’il faut qu’on en sache davantage sur la manière dont notre sexualité nous est volée. Pas à cause de ÇA. Mais ÇA permet encore de décrédibiliser les femmes et leur travail. ÇA sert encore de justification pour nos faiblesses. ÇA contribue encore à justifier des approches paternalistes et un ton condescendant. En cela, les agressions ne sont qu’une des manifestations (si ce n’est la pire) du système d’organisation sociale patriarcal dans lequel nous vivons toujours. »

Catherine

Témoignage: « Depuis que je suis toute petite, mes parents, du plus loin que je me rappelle, nous parlaient de violence sexuelle. Mon père et ma mère, nous ont bien appris que ‘Quand c’est non, c’est non’. Ma mère m’a fait prendre conscience de cette petite voix intérieure qui dit de s’en aller quand on ne se sent pas bien. Ils ont toujours dit d’en parler et nous ont toujours bien sensibilisés sur le sujet. Mes parents ont été méfiants envers plusieurs personnes dans notre entourage, je pensais qu’ils l’étaient trop, mais je réalise en grandissant que ce n’était jamais assez.

En grandissant, j’ai vécue avec la peur que ‘ça arrive’, de faire partie de ‘une femme sur trois qui subi de la violence sexuelle’. Dans plusieurs situations, j’ai fais confiance ou non à des hommes, en écoutant ma petite voix intérieure, que ce sois des amis, des gars dans des bars. J’ai marché des kilomètres en regardant derrière moi, avec des clefs dans les mains ‘au cas où’. J’ai préparé des scénarios dans ma tête, j’ai pris des cours d’auto-défense au cégep et j’ai même élaboré des stratégies psychologiques envers l’agresseur si ‘ça allait arriver un jour’. Je savais où lui faire mal, quoi dire et quoi faire.

Une soirée il y a environ deux ans, durant une relation qui était censé être agréable, consensuelle, la situation a ‘mal virée’. Un ami a été capable de m’immobiliser, de me mordre et de me frapper à plusieurs reprises, parce que ça ‘l’excitait’. J’ai crié, je l’ai repoussé, je lui ai dit d’arrêter, il a continué jusqu’à ce que je m’enfuie, et réussisse à m’embarrer dans ma salle de bain. Tout c’est passé très vite et ‘l’ami’ a pas réussit à aller plus loin. C’est peut-être vraiment minime, vraiment petit, mais ça a brisé quelque chose. La femme forte que je voyais en moi se sentait tout à coup vulnérable et très petite. Le gars n’était pas fort, mais il avait réussi à m’immobiliser et moi, à devenir objet. Et surtout: je lui faisais confiance.

C’est à ce moment que j’ai pris conscience que je n’avais jamais entendue cette petite voix dans ma tête qui me disait de ne pas avoir de relation avec LUI. Je lui avais fait confiance. C’est à ce moment que j’ai compris que ce n’est pas parce que je n’avais pas entendue cette petite voix dans ma tête que rien ne pouvait arriver. CE N’ÉTAIT DONC PAS DE MA FAUTE. Et donc, jamais j’allais être à l’abri de ce genre de situation.

Le jour que tu prends conscience de ta vulnérabilité parce que tu es une femme, ça te colle à la peau pour le restant de tes jours. J’ai tellement d’amies qui ont vécu des viols, des agressions sexuelles ou de harcèlement sexuel, par leurs anciens copains, par un gars à qui elle faisait confiances, par un gars rencontré dans un bar… Les filles, vous n’avez pas à changer votre attitude, votre vie sexuelle, vos moyens de transports, vos vêtements, C’EST JAMAIS DE VOTRE FAUTE.

Je fais un appel à la discussion pour TOUS [et toutes]. Parlez-en avec vos amies, vos amis, vos parents, vos petits frères, vos petites sœurs. Brisez le silence, même si ça peut sembler ‘wrong’ et ‘malaisant’, je suis fière de vous les filles de le faire et jamais je porterai un jugement à votre égard. Les garçons qui se sont fait agresser aussi vous devez dénoncer. L’idée que seule les femmes subissent le viol est complètement arriérée.

Je tiens finalement à remercier mes parents, parce que quand j’étais petite, je les trouvaient vraiment ‘too much’ avec leur 1000 discussions sur le sujet. Mais quand la situation décrite tantôt est arrivée, j’ai entendu cette voix dans ma tête qui me disait ‘Non c’est non, je ne suis pas à l’aise dans cette situation, je ne me sens pas respectée’ et c’est grâce à ça que j’ai pu sortir de cette situation là.

Merci à ceux [et celles] qui dénoncent, la honte n’est pas sur vous.

Le viol est banalisé, nous vivons dans une culture du viole, une culture pornographique [selon laquelle] ‘oui c’est non’. Peut-être que si on en parle plus, ça va en faire peur à quelques uns. »

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