Vos témoignages #agressionnondénoncée (5)

#agressionnondénoncée JSI+JSFIl y a quelques temps, je vous partageais quelques réflexions sur « la chance » de ne pas avoir d’#agressionnondénoncée et vous offrais la possibilité de laisser vos témoignages. Nous avons reçu plusieurs témoignages que je partagerai avec vous en 7 billets au cours des prochaines semaines. Merci à toutes de vos partages et de votre confiance.

ATTENTION: Considérant le caractère très cru, direct et, parfois violent, de certains témoignages, ils pourraient occasionner de l’inconfort chez une partie du lectorat.

Les billets seront également partagés par Je suis indestructible dans un partenariat spécial créé pour #agressionnondénoncée


Mystires:

Témoignage: « 14 ans : au cœur, au creux, à l’abysse de l’adolescence. Un week-end promis de plaisir, de folie avec ma cousine, cette amie de toujours. Nous allons chez son père, mon oncle, séparé d’avec ma tante depuis plusieurs années déjà. En marge de la société, cet homme n’a pas bonne réputation : je ne dis pas à ma mère que je passe 3 jours à son domicile. De toute façon, ma mère n’est pas très présente à cette époque, tout comme mon père par ailleurs.

Dès le premier soir, on dort les trois dans le même lit; moi au centre, naïvement. Durant mon sommeil, je sens son corps contre le mien. Ma conscience sort des profondeurs nocturnes. Ses doigts parcourent allègrement mon sexe, sa langue qui s’aventure sur mon ventre, mes seins. Je suis figée. Je ne comprends pas. Pourquoi mon oncle, le père de ma cousine préférée, fait ça? Durant ces trois jours, plusieurs prétextes afin de quitter plus tôt ont envahi mes esprits. Je dis mes esprits, car j’étais désormais deux : celle d’avant l’agression et celle maintenant agressée, violée, trompée, désenchantée. Durant ces trois jours, il a trouvé plusieurs façons de m’abuser, sans que ma cousine ne puisse le voir. J’ai finalement éclaté de colère contre ma cousine et ce fut mon exutoire et mon exit : je quittais plus tôt… quelques heures plus tôt que prévu.

14-15 ans : alcool, drogue, tentative de suicide, conjoint beaucoup plus âgé et violent ET la rencontre d’une amie; ma meilleure amie.

16 ans : décrochage scolaire, avortement, déménagement.

18 ans : psychothérapie, conjoint respectueux, retour aux études.

24 ans : dénonciation en justice. Erreur dans l’article pénal : le dossier est annulé et envoyé en cours d’appel.

Aujourd’hui : 27 ans. Étudiante aux cycles supérieurs en psychologie. Toujours en psychothérapie. En amour avec un homme merveilleux, qui m’aime et que j’aime. Retour devant la justice, avec cette fois-ci un nouvel « article pénal » et une nouvelle avocate.

La dénonciation n’est pas facile. Elle est un long processus, pour soi, pour ceux et celles que nous côtoyons. Elle vaut vraiment la peine. Enfin, je ne peux que parler pour moi. J’ai toutefois espoir que ce soit de même pour vous aussi, celles et ceux qui ont été abusés dans leur vie.

Je termine avec cette phrase tirée du livre Le phénomène érotique de Jean-Luc Marion, qui pour mon histoire, pour moi, fait beaucoup de sens : « La douceur viole plus que la violence, parce qu’elle ne s’empare plus d’un corps, mais d’un consentement – d’une chair ».

Merci pour cet espace de partage et de reconnaissance. »

ourson:

Témoignage: « Je ne me souviens plus trop les détails ni le contexte, mais je me souviens trop bien de la peur, de la panique et de la honte qui m’ont suivi longtemps; encore aujourd’hui parfois. C’était le père de mes amis, un frère et une sœur que je considérais comme les miens… Ça a duré quelques années, des attouchements ici et là, des remarques déplacées en cachette de sa femme et de ses enfants. Puis, j’ai vieilli, j’avais peut-être 11-12 ans, il m’a expliqué comment ça marchait un sexe d’homme. Puis, la fois d’après, il a touché le mien longtemps et avec insistance, en me regardant et en s’assurant bien que je comprenne que ce n’était pas mal, qu’il m’aimait beaucoup et que bien sûr j’aimais me faire toucher par lui puisque je le laissais faire depuis le début… « J’avais l’air d’aimer ça », qu’il disait. Sa femme est arrivée alors tout s’est arrêté et je ne l’ai plus revu. J’en ai dit juste assez à ma mère pour qu’elle cesse ces fréquentations, mais on ne l’a pas dénoncé. Puis un an plus tard, mon voisin depuis des années. Il était le copain de l’autre voisine, et moi, je gardais sa fille. Un soir il est resté pour m’aider avec le souper, j’étais jeune pour garder une enfant de 5 ans, mais on me faisait confiance et je prenais ça à cœur. Ce soir-là, il m’a touché moi pour nous montrer à toutes les deux comment c’était agréable. Dans les deux cas, j’ai été paralysée par la peur, la peur pour moi, mais la peur encore plus grande que ces hommes fassent pire avec leurs enfants, avec d’autres. La seconde fois, j’étais responsable alors je devais garder la tête froide, il m’a bien fait comprendre que c’était secret d’ailleurs, pas besoin de beaucoup de mots dans ces situations pour faire peur à une jeune fille de 13 ans. Je n’en ai jamais parlé pour vrai, quelques allusions seulement des années plus tard mais jamais révélé la vérité par honte et par peur du jugement. Non je n’ai pas été violée, oui j’ai été « chanceuse », mais après 20 ans il m’arrive encore de me réveiller la nuit en panique et de sentir les mains de ces hommes sur moi. Et ces instants de panique m’arrive aussi parfois dans les moments intimes, même en situation très sécuritaire; parce que ces images, ces trahisons, ces peurs d’enfants ne s’effacent pas même si on ne dit rien pendant 20 ans. »

Post a Comment