Mon périple féministe

Ça m’a pris un moment avant de me déclarer féministe. Enfant et adolescente, je comprenais plus ou moins ce que cela signifiait. Et ça m’a pris du temps avant d’intégrer ce concept dans ma vie de tous les jours. Je me suis réconciliée avec ce concept au cégep et à l’université. J’y ai été confrontée dans diverses sphères de ma vie.

Malgré mes appréhensions premières, c’est un concept qui me concerne tout à fait. Comme femme d’abord et avant tout. Comme femme issue d’une communauté ethnique également. Puis, il y a le fait que mes parents se sont séparés lorsque j’avais 14 ans. Je suis l’aînée d’une fratrie de 5 enfants – j’ai trois sœurs et un frère – actuellement menée par ma mère qui est monoparentale et qui a fait le choix d’élever ses enfants au foyer. Mon père est toujours dans le décor et il juge important de protéger tout ce beau monde. Le féminisme, ça concerne ma famille aussi. Non, le féminisme n’est pas le combat de femmes frustrées et enragées qui haïssent les hommes. Au contraire, je crois humblement qu’il faut inclure tout le monde dans la lutte.

Le féminisme est venu me retrouver dans ma vie professionnelle. Je suis intervenante sociale de formation. J’ai eu l’occasion de faire du bénévolat pour des personnes ayant des troubles alimentaires (troubles qui affectent majoritairement les femmes). J’ai réalisé des stages d’intervention auprès de femmes en situation de pauvreté et d’itinérance. Plus récemment, j’ai fait des agressions à caractère sexuel mon cheval de bataille en devenant militante auprès de survivantes. Le féminisme, ça concerne tout ce beau monde aussi.

Puis, il y a mes aspirations futures. J’ai un intérêt très fort pour les communications. Je souhaite combiner mes passions du travail social et du journalisme à long terme. Mon objectif ultime est de pouvoir me prononcer de manière publique sur des problématiques sociales. Pour déconstruire des préjugés. Pour informer et sensibiliser. Pour, éventuellement, faire avancer la société ne serait-ce qu’un tout petit peu. Tout ça en me basant sur mon expérience professionnelle, mais aussi sur mon expérience de femme. Cependant, comme on le sait, il y a un grand manque de diversité sur la scène médiatique québécoise. Et pourtant, malgré mon parcours et mes origines, il n’en demeure pas moins que ma voix dans le débat public n’est pas moins importante ou moins valable qu’une autre. Ça, j’essaie de me le répéter tout en étant consciente que probablement, le chemin sera sans doute plus ardu pour moi.

Source: http://www2.univ-paris8.fr/RING/spip.php?article4130

Source: http://www2.univ-paris8.fr/RING/spip.php?article4130

Il y a toutes ces femmes que j’observe et que j’admire. Des femmes que je respecte profondément. Mais j’ai du mal à m’y retrouver dans tout ça. Je ne me sens pas à 100% représentée par ce qui est actuellement offert. Et c’est insécurisant de ne pas trouver un modèle qui me corresponde. C’est insécurisant de se dire que ce que je veux faire n’a pas vraiment été fait jusqu’à présent, ou du moins, à ma connaissance. Mais c’est également une source de motivation. La diversité et la différence sont des richesses à ne pas négliger. Il n’y a rien de plus fade que de banalement répéter ce qui a déjà été fait par le passé. On peut – et il faut – s’en inspirer, mais on ne doit surtout pas oublier d’y ajouter sa couleur.

J’espère que la vie et mes efforts me permettront de gagner suffisamment en assurance pour ne plus percevoir mon unicité comme un obstacle potentiel, mais bien comme un atout immense. Un atout nécessaire aux débats et à la société québécoise. Car ma place, j’y ai droit. Une voix, j’en ai une. Le plus beau cadeau que je puisse me faire est de la faire résonner.

2 Comments

Post a Comment