Plainte du jour : La vulve et les docteurs

Fuck la médecine!

Je commence cette plainte avec une exclamation toute simple et pourtant, je me retiens de ne pas l’écrire en majuscule.

Je m’explique : j’ai 28 ans, je suis étudiante et travail à temps partiel et j’ai la chance de vivre avec des problèmes de santé invisibles, c’est-à-dire, qui ne sont pas pris au sérieux. Je souffre de vulvodynie en plus du syndrome d’excitation génitale persistante (SEGP).

Pour vous donner une bonne idée, la vulvodynie est une douleur au niveau des organes génitaux externes, comprenant l’entrée du vagin, et ce, même sans relation sexuelle. Dans ce cas-ci, il n’y a pas d’explication claire, pas d’infections, pas de blessures, pas de traumatisme apparent. La vulve est normale en apparence, mais elle fait souffrir. Parce que why not?

Le syndrome d’excitation génitale persistente (SEGP) « est une perception d’excitation génitale prolongée malgré l’absence de désir sexuel ou de stimulation sexuelle » nous dit Wikipédia. Ça peut sembler agréable, mais c’est une torture. Le clitoris semble prendre toute la place, n’importe quelle vibration ou pression empire l’état (autobus, métro, et juste le fait de m’assoir) et ça devient impossible de faire quoique ce soit. Il n’y a pas moyen de se concentrer et c’est une tension constante qui ne se résorbe jamais.

Dans mon cas, je souffre de vulvodynie depuis aussi longtemps que je me souvienne. J’ai passé plusieurs années à croire que j’étais anormale, que c’était moi le problème. Et de là mon problème avec les médecins. J’ai vu des gynécologues dans ma vie et quand j’ai eu le malheur d’en parler, je me suis fais répondre que c’était normal et sans plus. J’en ai conclu que je ne devais pas m’en plaindre. Mon éducation m’a bien souvent fait comprendre qu’on ne conteste pas l’autorité. Et un médecin, ça sait de quoi ça parle non? C’est seulement à l’âge de 24 ans qu’un médecin à fini par m’écouter et m’a diagnostiqué.

Malheureusement, les traitements existant sont encore expérimentaux et plus ou moins efficace. On cherche plutôt à aider la femme à dealer avec la douleur plutôt que de la traiter.  Mais le plus triste, c’est que le médecin qui m’a diagnostiqué a pu le faire seulement parce qu’il revenait tout juste d’une conférence sur le sujet. La médecine reconnait le trouble depuis les années 1980, mais on forme peu les médecins à ce sujet et la recherche ne se fait sérieusement que depuis quelques années.

Et maintenant le SEGP est de retour (ça vient et ça passe sans raison apparente) et il est plus difficile à vivre qu’il ne l’a jamais été et je ne veux pas voir de médecins. De un, ce n’est pas un trouble qui est encore attesté comme une maladie, bien que la médecine l’incorpore de plus en plus dans son discours. Ça ne fait toujours pas partie des formations obligatoires et la plupart des médecins n’ont jamais entendu parler d’un tel cas dans toute leur carrière. Et comment pourraient-ils? Le stigma sur la sexualité féminine est tel que la plupart des femmes qui en souffre n’oseront jamais en parler à qui que ce soit de peur de passer pour une nymphomane (qui n’a rien à voir).

Je suis frustrée parce que j’ai l’impression de devoir me débrouiller toute seule, parce que mes organes génitaux semblent me détester, parce que je souffre tout le temps et c’est épuisant. Ça me mine le moral, ça m’empêche de travailler, de me concentrer et ça fait mal. On ajoute à tous ça l’anxiété et l’envie de me jeter devant le métro chaque fois que je le vois arriver. Je suis frustré de ne pas avoir l’impression qu’on peut me prendre au sérieux, que je peux avoir de l’aide. Je ne veux plus passer des mois à attendre de voir un médecin qui va me recevoir 15 minutes et me faire sentir que je lui fais perdre son temps parce qu’il a des patients avec des « vrais problèmes ».  Je ne suis peut-être pas en danger de mort, mais je souffre quand même et y en a marre. Mais le pire, c’est que je sais que je ne suis pas seule dans ma situation. Je sais qu’on est plusieurs dans notre cas à souffrir en silence, à endurer par honte ou par ignorance. Le système de santé considère encore nos problèmes comme étant psychologiques, « c’est dans la tête », alors que les études sur la vulvodynie et le SEGP ont démontrés qu’ils étaient physiques et bien réels. Mais entre les études et les médecins, il y a une marge. On ajoute à ça un système de santé surchargé, et les « petits problèmes » prennent le bord.

Pour une société qui sexualise autant la femme, c’est effarant de voir à quel point notre sexe est invisible.

Vulve en colère

18 Comments

  • Marie
    14 décembre 2015

    Personnellement, je souffre de vestibulodynie (douleurs à l’entrée du vagin), et la physiothérapie en rééducation périnéale (les muscles de la région génitale finalement) m’a beaucoup aidée. J’ai participé à une étude clinique sur le sujet de l’Université de Sherbrooke avec l’Université de Montréal, c’est ce qui m’a permis de trouver une solution. Voici le lien de l’étude, si jamais ça peut aider certaines qui se reconnaissent dans les propos de l’article à trouver de l’aide : http://www.lab-urogyn.com/recherches/projets/vestibulodynie/vestibulodynie.html

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  • Vulve sympatisante
    14 décembre 2015

    Je sympathise… Parfois il faut aller ailleurs que dans la médecine. La médecine a ses limites: médicament ou chirurgie. Il y a d’autres types de soins alternatifs qui peuvent peut-être aider, tout un éventail (acuponcture, hypnothérapie, trame, fasciathérapie, homéopathie, etc., etc). Quand la médecine n’y peut rien, il faut essayer autre chose. Je vous souhaite la meilleure des chances. Ne vous découragez pas. 🙂

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  • Mermaid
    15 décembre 2015

    C’est grâce à mon enseignante au cégep que j’ai appris que je souffrais de vestibulodynie, ça faisait alors un an que je ‘vivais’ chez mon médecin pour trouver le problème, c’était franchement épuisant et énervant. Ma prof m’a alors conseillé d’aller voir une physiothérapeute (comme Marie plus haut) et en une dizaine de séances, mon problème c’est nettement amélioré. La physio était super surprise (et heureuse) qu’on en parle dans nos cours car justement c’est un thème peu exploré et les femmes pensent juste que ça va se régler alors que non, au contraire. Je sais que certaines opérations peu soutenue par les recherches existent mais dans mon cas, la physio m’a beaucoup aidé, surtout qu’elle me donnait des exercices à faire alors encore maintenant, quand je recommence à vivre des douleurs, au moins j’ai des trucs et des massages à faire 😀 J,espère vraiment que ça va mieux aller (!)

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  • Marie Chery
    29 novembre 2016

    Je vous remercie de partager.
    Je ne savais même pas qu’un problème comme celui-ci pouvait être réel. Je souhaite à toute personne qui y souffre que la médecine avance pour régler le problème, car tout ce que les yeux ne peuvent voir est toujours nuancé.

    Bon courage

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  • Lou
    14 février 2018

    Salut ! Ton témoignage m’a beaucoup éclairé sur la situation vécue par une des mes amies. Sans avoir le nom du trouble, je lui ai proposé d’aller rencontrer un.e sexologue.
    Peut-être que cela pourrait être une option pour toi ?

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  • Lilaa
    13 avril 2018

    Salut, si tu as le segp, tu fois faire des analyses précises : dhea, testostérone, fer, vitamines b, D,, K, E. Tu dois faire une IRM cérébrale et spinale pour voir l’État de ton cerveau, écarter la piste des kystes de tarlov, écarter celle des varices pelviennes. Enfin si tu as un problème hormonal lié à une baisse ou hausse de testostérone, demande une injection de leuprolide ou eligard 22,5 mon segp a totalement disparu grâce à ça, après 9 ans de souffrances atroces.voilà, courage.

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  • Emilie
    10 juin 2019

    Salut Lilaa, moi aussi je pense que je souffre de segp depuis 5 mois. Les médecins n’ont jamais entendu parler de ça. Est ce que ton segp était lié à un problème hormonal? Je suis désemparé face à ce que j’ai.

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  • Emilie
    10 juin 2019

    J’ai oublié de préciser j’ai aussi une carence en vitamine b12. Peux-tu me donner plus d’infos. Merci

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    • Lisa
      19 novembre 2021

      Bonjour,
      Je souffre de segp depuis mes 11 ans (et j’ai bientôt 23 ans). Honte et silence depuis bientôt 12 ans. Les symptômes se sont empirés depuis quelques mois et je suis dans une période où la douleur est intense. Je suis française et réside au Québec (Chicoutimi) depuis 3 mois. Je sais maintenent de quoi je souffre. Je veux maintenant pouvoir en parler à un.e médecin qui me prendra au sérieux et qui pourrait m’accompagner. Est ce que vous auriez des contacts ? (Je suis prête à me déplacer n’importe où, au Canada ou en France).

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    • Blandine
      27 janvier 2022

      Bonjour à toutes,

      Lisa il faut absolument faire les examens comme le dit Lilaa.

      J’ai ce problème de segp depuis environ 1 an et demi ce qui a provoqué à bouleversement dans ma vie.
      Subir ce excitation non désirée est pénible et parfois deprimente !

      Moi j’ai commencée par passer une IRM du rachis-dorsal afin de voir si mon segp était du à un kyste Tarlov ou protrusion ou hernie discale surtout au niveau des sacro-lombaire S2, S3 qui sont en contact avec les organes génitaux. J’ai une protusion sans douleur au niveau L4/L5 L5/S1 mais est-ce la cause ?
      J’ai en 12/2021 une IRM pelvienne et pas de kyste Tarlov au niveau du nerf pudendal.
      Par contre si blessure au niveau d’un nerf ou racine impossible de le voir en imagerie 🙁
      Là il faut faire un electromyogramme.
      Il faut impérativement passer aussi une IRM pelvienne voir si kyste au niveau du nerf Pudendal, qui est le nerf des organes génitaux ! et ou si varices pelviennes idem qui être là cause d’un SEGP ! L’écho dopller est possible pour voir si varices pelviennes.
      Il faut consulter un Urologue pour le Pelvien et un Neurologue ou Neurochirurgien pour le rachis dorsal.
      Je vais devoir consulter une neurochirurgien sur Paris et neuilly sur Seine qui est spécialiste du rachis dorsal, Pelvien et du nerf pudendal !
      (Dr Gaelle MOUTON-PARADOT).

      Surtout ne restez plus dans votre coin à souffrir de cette pathologie qui nous gâche la vie !
      Surtout sachez qu’il y a des solutions et n’hésitez pas à consulter.

      (Je suis en France)

      Bien à vous toutes

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  • Blandine
    27 janvier 2022

    Re »
    Je suis désolée pour les petites erreurs d’orthographes a cause du correcteur d’orthographe de mon smartphone qui me joue des tours 🙁
    Je devrais plus souvent vérifier mon message avant de le valider ! 🙂

    Je rajoute quelques pistes qui peut être la cause d’un Segp :

    Parfois la cause est d’origine psychologique suite à un important choc émotionnel ou une agression « physique » … qui peut dans certains cas remonter à l’enfance !
    Ce n’est que mon avis : Peut-être consulter dans certains cas un hypnothérapeute afin de trouver la cause enfouie dans un coin de notre tête depuis des années ! ou consulter un psy  » lorsque que l’on connaît la cause.

    Autre cause : la cause médicamenteuse.
    Ça concerne certaines médicaments antidépresseurs etc… ! Soit le segp est apparu durant le traitement ou parfois au moment du sevrage !

    Mais les causes les plus fréquentes sont au niveau des sacro-lombaire kyste Tarlov ou hernie ou protusion Discale ,(même sans douleur apparente ), au niveau du Nerf Pudendal si kyste ou autre et les varices pelviennes !

    Surtout n’hésitez pas à changer de spécialiste si il n’est pas competant !

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  • Blandine
    10 mars 2022

    Hi,

    Pas de réponse c’est un peu dommage 🙁

    J’espère que vous avez trouvez la cause de votre SEGP ? Moi je n’ai pas encore été voir la neurochirurgien sur Paris qui à de bonnes connaissances du rachis-dorsal , du pelvien ! Elle à aussi des connaissances du SEGP ce qui est une bonne chose étant donné que peu de médecins connaissent cette sale pathologie !

    Voilà….

    Bien à vous

    Blandine ( France)

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    • Maia
      3 mai 2022

      Bonjour Blandine,
      J’aimerais savoir où vous en êtes de votre parcours?
      Moi je suis en cours de diagnostic: SEGP ou névralgie pudendale ? Mes symptômes sont variables: démageaisons, picotements, poids ou sensation d’objet dans le vagin, excitation du clitoris etc. Ca change constamment parfois c’est une excitation sexuelle parfois plutôt une gêne au niveau de la vulve.
      J’ai commencé un parcours de diagnostic avec le centre de l’ Avancée à Aix où se trouvent des gyneco qui connaissent le SEGP et le nerf pudendal. Je fais aussi de l’ostéopathie, et de la kyné spécialisée (ma kiné masse le vagin et est formée en fascia thérapie).
      Je précise que je débute une ménopause et que ça peut être hormonal.
      @suivre
      Maia

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  • Marion
    30 avril 2022

    Bonsoir Blandine,
    Est ce possible qu’on discute sur vos examens pour le SEGP ? Vous avez commencé par quoi ? Je suis complètement perdue et déprimée de ressentir tout ça et je ne sais pas par où commencer…

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  • Blandine
    20 octobre 2023

    Bonjour Maia et Marion ,

    Je suis Blandine

    Sincèrement ne pensais pas que des personnes m’avait répondu et j’en suis désolée ! J’étais revenu à une époque 2 ou 3 fois mais aucune réponse 🙁

    Oui les causes d’un SEGP sont souvent différentes d’une personne à l’autre et le parcourt médical est malheureusement parfois long et pénible !

    Avez-vous trouvez la cause de votre SEGP depuis tout ce temps là ?

    J’ai passée en juillet 2023 , 2 IRM : une cérébrale et encore une médullaire = du rachis dorsal .

    Toujours une petite protrusion discale au niveau L5/S1 , mais est-ce la cause exacte et bien ce n’est pas sur !
    Pas de Kyste tarlov qui comprime les racines du grand nerf pudendal au niveau des vertèbres sacro-lombaire ., ni au niveau de la sphère génital ,pelvienne . (le nerf pudendal est en grande partie le nerf des organes génitaux . Il part des vertèbres sacro-lombaire de S1 à S3 , S4 et va entre autre , au nerf dorsal du clitoris etc… )

    IRM cérébrale = rien de particulier !

    Par contre j’ai du passer un EMG Electrophysiologie Pudendal/Périnéal en septembre 2023 ,
    Cette examen est très important et indispensable pour trouver les disfonctionnements des différents nerfs ! Si tel ou tel nerf est atteint (blesser) pas facile et assez long !

    Il test les nerfs des sacro-lombaires , Pudendal ,périnéale et certains qui partent de la tête au organes génitaux etc… etc… En fait c’est assez complexe ! (Examen fait chez une urologue /neurologue à Paris .

    Oui , il y aurait quelque chose entre les racines qui sortent du coté gauche des sacro-lombaires et le nerf pudendal . ( Est-ce des suites post opératoire et très tardives de mon opération de la hernie discale L5/S1 ? Par contre , cette spécialiste urologue /neuro » et mais surtout une neurochirurgien vu une semaine plus tard , pense à la cause neuropathie ( polyneuropathie ) au niveau de certains nerfs du bas des jambes (mollets) et qui peu à peu à fini par toucher le nerf pudendal et périnéal !

    Je vais devoir consulter le 13/11 une spécialiste pour un éventuel traitement neurologique et si ça ne marche pas ,ça sera l’opération au niveau pudendal ou autre ?

    En fait y à rien de concret 🙁 Donc à suivre !…

    Maia ! Alors comme il y à plusieurs causes et d’après vos renseignements , il faudrait déjà passer une IRM pelvienne /périnéale pour voir si 1 kyste irrite ( pince) une partie du nerf pudendal ou dorsal du clitoris et aussi , voir si il y à des varices génitales ! ces 2 choses là sont souvent la cause d’un SEGP !

    Faire aussi et par élimination des analyses bactériennes au niveau de la sphère génitale , urètre ,vaginale etc…

    Si rien au niveau pelvien = kyste au niveau pudendal et varices génitales et bien il faudra passer comme moi l’EMG Electrophysiologie !

    La cause hormonale vous concernant ? je ne pense pas ? Mais , vous pouvez faire des analyses du taux de l’hormone dopamine ! et œstrogène .

    Pour vous Marion , je reste bien sur à votre disposition 🙂

    Bien à vous

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  • Blandine
    23 octobre 2023

    à L’attention de « Vulve en Colère » et qui à crée le sujet PGAD .

    Vous avez trouvez une solution ? une opération ?

    En général il faut passer une IRM pelvienne ou un échodoppler pour voir si varices pelviennes / génitales qui cause souvent un PGAD ou si il y à un kyste tarlov qui irrite ,pince le nerf pudendal qui est le nerf des organes génitaux ou le nerf dorsal du clitoris ?

    Bien à vous

    Blandine

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