La nécessaire convergence des luttes

Aujourd’hui le 1er mai , comme chaque année, a lieu la journée internationale des travailleurs. Historiquement, cette journée tire son origine des combats du mouvement ouvrier au XIXème siècle pour la réduction du temps de travail à une journée de huit heures (revendication qui sera satisfaite dans la plupart des pays industrialisés lors de l’entre-deux-guerres). Pour la petite histoire, le 1er mai vient du moving day, date à laquelle, à l’époque, beaucoup d’entreprises américaines entamaient leur année comptable, et donc également à laquelle les ouvriers devaient déménager pour retrouver du travail, leur contrat prenant fin. Il serait intéressant de revenir sur un historique plus complet de cette journée et des luttes qui ont pris forme autour de cette revendication, de raconter comment le 4 mai 1886 un rassemblement pacifiste en soutien aux ouvriers a dégénéré, aboutissant à la condamnation à mort de 7 militants anarchistes, ou encore comment des détectives privés étaient engagés par les patrons pour infiltrer les rassemblements et briser le mouvement syndical. À ce sujet, je vous conseille de lire sur le massacre de Haymarket Square, une histoire par trop méconnue et pourtant à bien des égards édifiante.

Ce que j’aimerais faire ici, c’est rappeler la nécessité de la convergence de toutes les luttes. Bien trop souvent on entend des militant-e-s anticapitalistes professer qu’« une fois le capitalisme vaincu, toutes les autres dynamiques d’oppression tomberont », comme si le sexisme et le racisme étaient des créations du système capitaliste. À l’inverse, nombreux-ses sont les militant-e-s antiracistes, féministes, antispécistes, pour les droits des personnes en général, qui oublient la dimension de classe dans leur lutte.

Bien sûr, il ne s’agit pas pour chacun-e en tant qu’individu de consacrer du temps et de l’énergie de façon égale dans chaque lutte ; ce serait impossible et à vrai dire contre-productif. Cependant, il est nécessaire que chacun-e ait conscience des autres luttes afin de ne pas leur nuire. L’ennemi commun est la domination, quelle que soit la forme qu’elle prenne ; il s’agit donc de ne pas reproduire des rapports de domination d’une lutte à l’autre. On ne peut pas prétendre avoir une action féministe si celle-ci a une dimension raciste, classiste, validiste, comme on ne peut pas prétendre lutter contre le fascisme et le capitalisme en étant sexiste. Car alors, l’oppression introduite vient de fait détruire toute possibilité de combattre efficacement la domination en général.

Si donc le 1er mai nous célébrons les ouvriers, les travailleurs, celleux qui ont mené les luttes qui nous permettent d’avoir aujourd’hui ces acquis, nous ne devons pas oublier les autres dimensions de la lutte. Le capitalisme est à abattre, mais aussi le patriarcat, le blantriarcat (le système qui repose sur la suprématie des Blanc-hes), et toutes les institutions et systèmes qui reproduisent des mécanismes de domination. A l’inverse, même en tant que non-salarié-e-sou ouvrièr-e-s, nous nous devons d’être des allié-e-s dans la lutte contre la classe patronale et le capitalisme.

A cet égard, j’appelle les femmes, les personnes racisées, homosexuelles, trans, à rejoindre les manifestations du 1ermai. Si nous prétendons nous battre pour nos droits, nous avons également le devoir de soutenir les revendications syndicales comme le salaire minimum à 15$. Quelle que soit sa forme, soyons toutes et tous uni-e-s dans la lutte contre la domination !


  • Rassemblement à 17h au métro Frontenac pour la manif du Syndicat Industriel des Travailleurs et Travailleuses (SITT-IWW) (constitution d’un contingent Pink Bloc ainsi que d’un contingent anarchiste) (bouffe communautaire de 14h30 à 16h30 au parc Médéric-Martin)
  • Rassemblement à 18h au carré Philipps pour la manif du CLAC (Convergence des Luttes AntiCapitalistes)

 Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd’hui.  (August Spies, anarchiste condamné à mort le vendredi 11 novembre 1887)

1 Comment

  • Élisabeth
    1 mai 2017

    Votre article est excellent. J’en profite pour dire que dans la ville de Québec, une Manifestation régionale du 1er Mai, organisée par la Coalition pour la justice sociale, aura lieu aujourd’hui entre 17h30 et 19h30 sur la Place de l’Université-du-Québec, 413, Boulevard Charest Est, Québec G1K

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