Mythe de la féminité idéale

Le mythe de la féminité idéale ou idéalisée est très ancien. Il s’est modifié et développé à travers les époques. On le retrouve dans la mythologie, la religion, les arts, les croyances, les médias, etc. Il est moderne puisqu’il conditionne plus que jamais la vision que les femmes ont d’elles-mêmes grâce, notamment, à la publicité. Cette féminité se définirait comme une féminité sociale, c’est-à-dire comme « l’idée que l’on se fait de ce que doit être (en réalité, faire) une femme pour être aimable par un homme (ou par une femme qui fonctionnerait psychiquement comme un homme¹). »

Ce mythe présente une conception unique de la femme que toutes doivent suivre ou du moins essayer de suivre afin d’être acceptées par la société. Ainsi, une image stéréotypée de la femme persiste et s’amplifie. En effet, l’environnement social de notre société est tapissé d’un seul modèle de femmes, soit celui de la femme souvent blanche, jeune, mince, sexy et apprêtée².

De plus, la féminité idéale caractérise la femme comme un être superficiel et frivole, qui ne pense qu’à acheter compulsivement des produits de consommation afin de mettre en valeur ses attributs par des artifices. De cette façon, la féminité serait réduite à « une manière d’être entièrement façonnée en fonction du regard et des attentes d’autrui. »

Le mythe de la féminité idéale se manifeste concrètement dans notre société dans beaucoup de domaines. On le remarque tout d’abord dans l’éducation des enfants. En effet, la petite fille ne sera pas éduquée de la même manière que le petit garçon. Les bébés de sexe féminin sont valorisés par leur capacité à séduire en les encourageant à gazouiller, à sourire et à échanger davantage. Les bébés masculins, quant à eux, sont stimulés sur le plan moteur et physique et sont encouragés à réussir. Les valeurs enseignées sont souvent différentes. Pour les filles, on enseignera la tolérance et la solidarité et les garçons la compétition.

Plus tard, les rôles sociaux seront distribués selon le principe que les garçons ont nécessairement besoin de dominer et que les filles doivent utiliser la douceur ou la séduction pour prendre leur place dans la société. Le mythe de la féminité fait donc partie intégrante de l’éducation de la plupart des enfants. Il perdure ainsi jusqu’à l’âge adulte. On le retrouve ensuite à la télévision, dans les magazines féminins, dans les livres pour enfants, dans la mode, dans les médias, sur les lieux de travail, dans les écoles, au cinéma et plus encore.

Ce mythe est oppressant, car il emprisonne les femmes sous une façade qui ne représente pas leur unicité en tant qu’être humain. Elles sont constamment réduites à un modèle, la féminité idéale, qui est profondément stéréotypé et sexiste. Il est difficile de s’épanouir réellement dans le mythe de la féminité parce que c’est un modèle impossible à atteindre. Pourtant, quelle femme ne s’est jamais fait reprocher de ne pas être assez « féminine » ? Un reproche basé sur un mythe dépassé auquel personne ne devrait se référer.

 


¹Pascale MOLINER, « Féminité sociale et construction de l’identité sexuelle : perspectives théoriques et clinique en psychodynamique du travail », Web.
² Mona CHOLLET,  Beauté fatale : les nouveaux visages d’une aliénation féminine, p.200.
³Idem.
⁴ Mona CHOLLET, Beauté fatale : les nouveaux visages d’une aliénation féminine, p.201.
⁵ Laure MISTRAL, La fabrique des filles, p. 90-91.
Idem.

 

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