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De l’importance du féminisme aujourd’hui

De plus en plus, les médias contribuent à propager l’idée que l’égalité est déjà atteinte, mais il est possible de vite se rendre compte en faisant quelques recherches et en observant la vie quotidienne que des inégalités et des stéréotypes de genre subsistent. Donc, j’écris cet article pour prouver que le féminisme est toujours aussi pertinent qu’auparavant au Québec en raison de la violence conjugale, des infractions à caractère sexuel, du sexisme ordinaire et des inégalités salariales. Ce texte représentera une synthèse non exhaustive des raisons de l’importance du féminisme encore aujourd’hui. Certains des sujets qui y sont abordés seront développés davantage dans de prochains articles.

D’abord, la violence conjugale, dont sont victimes encore davantage les femmes, constitue la première raison qui justifie l’importance du féminisme encore actuellement. Selon le ministère de la Sécurité publique du Québec, elle peut être définie comme la violence physique, les tentatives de meurtre, les homicides, les agressions sexuelles, les paroles et les gestes intimidants, les enlèvements, les séquestrations, les vols et les appels téléphoniques indécents ou harcelants. De plus, selon cet organisme elle est aussi exercée par un conjoint ou un ex-conjoint et frappe encore davantage les femmes que les hommes. Ainsi, au Québec, en 2014, c’était 14 716 femmes (78,5 %) et 4 030 hommes (21,5 %) qui en ont souffert. De plus, 80,5 % des agresseurs étaient des hommes. Donc, cela invalide les affirmations selon lesquelles les femmes seraient aussi violentes que les hommes. Cette idée présente dans certains médias sans jamais être appuyée par des preuves. La violence dont sont victimes les femmes est également d’intensité plus forte. Au Québec, en 2014, 100 % des victimes d’homicides et d’enlèvements perpétrés par un conjoint ou ex-conjoint sont des femmes tout comme 97,8 % des gens séquestrés et 97,2 % des personnes agressées sexuellement en contexte conjugal.

Ensuite, le féminisme est également toujours d’actualité, car les femmes sont encore beaucoup plus victimes que les hommes d’infractions à caractère sexuel. En 2014, selon les statistiques policières les plus récentes du ministère de la Sécurité publique qui recense ce type de méfait au Québec, la majorité des victimes, pas seulement en contexte conjugal, sont des femmes dans 84 % des cas et 96 % des agresseurs sont des hommes. Cet organisme prend en considération dans sa définition d’infraction sexuelle, les agressions sexuelles simples, armées et graves ainsi que les contacts sexuels, l’exploitation sexuelle, l’inceste et le leurre d’un enfant à l’aide d’un moyen de télécommunication. Les statistiques policières de 2014, qui sont les plus récentes sur le sujet, révèlent aussi que ces pourcentages énoncés précédemment sont applicables à un total de 5 340 infractions sexuelles commises au Québec. Par contre, toujours selon cette source de données le taux de dénonciation des agressions sexuelles est estimé à seulement 5 %. S’il y avait réellement une égalité totale entre les hommes et les femmes au Québec, la majorité des agresseurs ne serait pas des hommes et les victimes des femmes. Le nombre de ces infractions ne serait également pas aussi élevé.

Or, les inégalités de genre ne se manifestent pas seulement par ces faits alarmants. Elles sont également perceptibles dans le quotidien d’un plus grand nombre de femmes par le sexisme ordinaire qui peut se manifester par le harcèlement de rue qui consiste à se faire dire ou crier des phrases par des inconnus dans la rue – en fait, par des passants ou des hommes en auto. Par contre, ce qui est déplaisant c’est que ce type d’évènement arrive presque exclusivement aux femmes, et ce, à répétition. Selon le Centre d’éducation et d’action des femmes de Montréal (CEAF), le harcèlement de rue peut consister en des bruits de bisous, des coups de klaxon, des sifflements, des demandes de faveurs ou des propos à connotation sexuelle. Cet organisme est le seul à avoir fait une étude sur ce phénomène au Québec, qui est d’ailleurs mieux documenté par des études scientifiques en France, aux États-Unis et dans de nombreux autres pays. Il a recueilli des données à Montréal qui indiquent que près de 90 % des femmes sondées croient que ce type de comportement est bel et bien un problème. Cette étude révèle donc l’existence d’un phénomène bien réel au Québec à Montréal et présente des témoignages troublants. Néanmoins, il n’existe pas d’étude de ce genre pour l’ensemble du Québec. Par contre, moi-même qui prends souvent des marches à l’extérieur j’ai vécu ce type d’expérience déplaisante à Québec et à Lévis. Cependant, le sexisme ordinaire c’est aussi des idées préconçues sur les femmes, une moins grande validité accordée à ce qu’elles disent et une division encore inégalitaire des tâches à la maison entre les membres de couples hétérosexuels.[1]

Donc, le féminisme est aussi important pour lutter contre les stéréotypes qui enferment les hommes et les femmes dans des comportements qu’ils se doivent d’adopter sous peine de subir une certaine réprobation, car les hommes comme les femmes peuvent en être victimes. Les hommes se doivent selon ces stéréotypes d’être indépendants, virils, avoir de la force physique et ne pas démontrer trop de sentiments, mais ces idées préconçues sont malsaines pour eux-mêmes et pour les femmes qui les côtoient. D’abord, pour eux-mêmes, car ils ne vont pas communiquer leurs sentiments ou leur détresse psychologique, ce qui n’est pas bon pour leur santé mentale. Ensuite, les comportements stéréotypés font de la femme une personne douce, soumise et centrent sa valeur sur son apparence physique. La publicité, la mode et les jeux vidéo, par exemple, regorgent de stéréotypes de ce type concernant les hommes et les femmes. De plus, ces stéréotypes mettent de l’avant un rapport d’opposition et de supériorité entre la masculinité et la féminité définies ainsi.[2]

Le féminisme est également toujours d’actualité, car il permet de lutter contre une autre forme d’inégalité entre les genres que les stéréotypes, soit les inégalités salariales. Celles-ci continuent à exister entre les hommes et les femmes au Québec. Selon l’Institut de la statistique du Québec, en 2013, les femmes touchaient en moyenne 21,04 $ l’heure, tandis que les hommes recevaient 23,95 $ l’heure. Le salaire moyen des femmes au Québec équivaut également à 87,9 % de celui des hommes. Cependant, il y a des variations en fonction des secteurs d’emploi puisque par exemple les femmes vont gagner 69 % du salaire des hommes dans les professions du secteur primaire, 76,8 % en transformation, fabrication et services d’utilité publique, 80,6 % en vente et services et 86 % en gestion. Par contre, elles gagnent 90,1 % du salaire masculin dans le secteur des affaires, de la finance et de l’administration, 93,8 % dans celui de la santé et 97,1 % dans celui des arts, de la culture, des sports et des loisirs. Néanmoins, ces données mettent en lumière que l’égalité salariale n’est pas totale même au Québec, ce qui est révoltant, tout comme le fait que dans certains secteurs d’emploi les femmes vont gagner un salaire nettement inférieur à celui des hommes.

Pour conclure, je dirais que le féminisme est toujours essentiel aujourd’hui, car la violence conjugale et les infractions à caractère sexuel touchent encore beaucoup plus les femmes que les hommes. De plus, les stéréotypes sexistes qui peuvent contraindre les hommes et les femmes à certains rôles et comportements, justifient aussi son existence. Les inégalités salariales, qui font que les femmes de certaines professions ont encore des salaires moins élevés que les hommes qui exercent les mêmes fonctions, constituent aussi une autre raison importante. Selon vous, quelles sont les raisons qui justifient le plus que le féminisme soit toujours d’actualité encore présentement ? Avez-vous des témoignages par rapport aux faits présentés dans cet article ?

 

[1] Des sujets que traitent Diane Lamoureux, professeure au Département de science politique de l’Université Laval, Viviane Namaste, professeure à l’Institut Simone-de-Beauvoir de l’Université Concordia et Marie-Ève Surprenant, chercheuse et auteure féministe, pour ne nommer que ces dernières.

[2] Francis Dupuis-Déri traite des stéréotypes de genre et du discours du mouvement masculiniste, qui contribue à les maintenir, dans son texte : https://www.erudit.org/fr/revues/rf/2012-v25-n1-rf0153/1011118ar/. Voir aussi le livre de Emer O’Toole Girls will be girls qui aborde aussi le sujet des stéréotypes de genre.

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