Le Macho des étoiles

Depuis une couple d’années, quotidiennement, je monte sur une scène habillée en mou, pis j’improvise des sketchs avec un paquet de monde qui fait pareil. J’adore l’impro. Mais cette année, il m’est arrivé de quoi qui m’a donné envie d’accrocher mes joggings.

Fin de saison dans la nouvelle ligue où je jouais. L’événement pour le match des étoiles sort, et ils me sautent aux yeux : les visages des meilleurs joueurs de la ligue alignés sur une banderole. Dix joueurs. Dix gars.

« Ah ben. Les filles sont pas drôles. Peut-être que ça prendrait un match des étoiles pour filles pour notre humour de fille. #boysclub », que j’ai commenté.

Pis pendant que je fulminais dans mon salon, je me suis souvenue des paroles d’un ami qui m’avait dit d’essayer de faire quelque chose de constructif avec ma colère dans des moments comme celui-là.

Faque j’ai écrit aux filles de la ligue pis j’ai organisé, avec la complicité des maîtres de cérémonie de la soirée, une intervention toute féminine. Grosso modo, les joueuses qui étaient partantes et moi avons fait un petit sketch humoristique pour souligner notre « pas d’étoiles » et notre absence au match, puis, nous avons partagé la scène avec les joueurs pour la première partie du match, leur laissant toute la place pour la deuxième partie.

J’étais vraiment fière de ma shot. Je me suis dit que ça ferait une belle surprise aux joueurs, que ça donnerait un bon show pour les spectateurs, pis que ça encouragerait les recrues potentielles à venir s’essayer dans une ligue capable de faire de la place aux filles.

Sauf que… non. Pendant la mi-temps, les « étoilés » s’étaient agglutinés en troupeau et avaient des messes basses énergiques. Après le match, au CA, il y a eu crise. Le lendemain, dans ma boite courriel, il y avait un char de marde. Et 113 commentaires FB sur le mur privé des joueurs de la ligue plus tard, j’ai bien compris que notre initiative n’avait pas été appréciée.

Sous la pression, les autres joueuses se sont confondues en excuses. « Non, on n’aurait pas dû, c’est vrai. C’était VOTRE match, on n’avait pas d’affaire là. Pis t’sais, 7 filles dans une ligue de 30 joueurs, c’est mieux que les 3 d’il y a quelques années! C’est grâce à vous si on a notre place, merci! »

Certains joueurs étoilés, bien certains d’avoir mérité leur place au match, n’ont pas caché leur colère et nous ont dit qu’on avait gâché la soirée, qu’on n’avait pas d’affaire là. « À chance égale, les joueuses ne se sont pas qualifiées. Point. » Ben oui. T’as raison. On est juste toutes poches.

Sauf que… non. Vois-tu, le problème, c’est qu’on n’a pas, et qu’on n’aura jamais, des chances égales.

Parce que le milieu de l’impro est représentatif de la société et que les femmes n’y tiennent qu’un rôle en arrière-plan. Parce que, comme dans le milieu de l’humour, le préjugé voulant que “les filles ne sont pas drôles” teinte encore le regard des joueurs, des arbitres et du public. Parce que, comme au cinéma, on nous fait encore jouer la blonde de ou la mère de, qu’on a moins de temps de glace et moins de répliques. Parce qu’on n’a pas les mêmes cordes vocales et qu’on ne peut pas enterrer un joueur qui nous coupe la parole pour puncher. Parce qu’on a intériorisé que notre place est subordonnée à celle de l’homme et qu’on le remercie quand il nous en fait une, aussi petite soit-elle. Parce que, quand on se fait donner un char de marde pour avoir osé en revendiquer une plus grande, on se confond en excuse et on retourne gentiment à l’ombre de l’égo masculin. Parce que le sexisme et la violence ordinaire nous donnent parfois envie d’accrocher nos joggings.

T’es un homme cis blanc hétéro. Tu sais pas c’est quoi l’égalité des chances.

39 Comments

  • Élisabeth
    12 juin 2017

    Merci d’avoir écrit ce texte. Je suis encore en train de le digérer tellement je trouve pitoyable qu’on en soit encore là en 2017 au Québec. Il ne fallait pas taire cette situation cependant. De l’intérieur, vous l’avez subie et dénoncée. Je partage votre article au plus grand nombre. Le savoir, c’est la case départ du changement.

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  • Sylvie
    12 juin 2017

    Il me semble qu’il y aurait dû y avoir au moins une femme au match des étoiles, car n’y a-t-il pas une joueuse de l’année? Cependant, votre manière d’agir ressemble plus à un stunt suite à un égo démesuré blessé.

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  • Mathieu Bouillon
    12 juin 2017

    J’en suis venu à tomber sur ce texte.
    Je ne sais pas de quelle ligue il s’agit mais sache que l’impro est loin d’être partout pareille.
    J’ai la chance de jouer à la LIM, une ligue où les 15 joueuses (pour 15 joueurs, oui on a la parité et ce, sans même avoir imposé de quota lors de la formation de la ligue) sont sublimes. Lumineuses. Extraordinaires. Elles tirent le show par en haut et, bien souvent, ce sont surtout elles que le public vient applaudir.
    Ne désespère pas. Tu sauras surement trouver un endroit où ce qui pogne, c’est pas juste des impros de gars fâchés qui crient dans un vestiaire de hockey.

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  • Mathieu Lepage
    13 juin 2017

    Change de ligue…
    Viens faire tes auditions à la LIM
    en septembre prochain, chez nous il y a 15 filles et 15 gars et c’est même pas une règle de sélection. Nous avons abolis la règle du minimum de joueurs de chaque sexe et par une sélection au talent, nous arrivons à 50%. On a compris depuis longtemps que l’improvisation est meilleure quand il y a un équilibre des genres. Chez nous, il n’y a pas d’impro de filles, il y a des impros point.

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  • Lourdenie
    13 juin 2017

    Allo dear! Tout d’abord, merci pour cet article! Je suis une femme noire féministe et je fais de l’impro depuis longtemps alors crois-moi je vois la nécessité de tout ce que tu as dit. On se demandait de quelle ligue s’agit-il? On voulait voir les commentaires dont tu parles. Merci!

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  • zoomba letourneau
    13 juin 2017

    Moi aussi je dis: essaie de changer les choses de l’intérieur, mais si ça bouge pas, change de ligue. La situation que tu décris a existé à bien des endroits, je pense que des réactions comme la tienne ont déjà fait avancer les choses ailleurs, dans les autres ligues.

    La LIM, oui, mais aussi les Cravates, la Lips, la … Et ces jours-ci, on a même droit au tournoi des divas (La Coupe Diva)

    Bon courage, lâche pas,

    Z

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  • iain maurice
    13 juin 2017

    Quand j’arbitrais au secondaire dans la grande ligue d’Ottawa, je faisais toujours une impro filles seulement par match. Plusieurs gens m’en voulaient… Je te le jure, le ton de l’impro changeait radicalement, les ptites avaient le temps de prendre leur temps et faire qqc de beaucoup plus mature.

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  • a
    13 juin 2017

    Si la probabilité de recevoir une étoile est la même pour homme et femme et que l’on pige 10 noms au hasard parmi 17 hommes et 7 femmes la probabilité de ne piger aucune femme est : (17/24) * (16/23) * (15/22) * (14/21) * (13/20)* (12/19) * (11/18) *(10/17) * (9/16) * (8/15) ou encore (17!/7!)*(14!/24!) = 0.0099, donc un peu moins de 1% de chance que cette situation se produise, donc 99% de chance que les probabilités favorisent les hommes.

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  • Ariane
    13 juin 2017

    Ce texte manque toutefois de nuance. Connaissant les raisons de l’autre partie, je pense que le débat doit se faire davantage sur la ligne de pensée d’une ligue: qu’elle est la définition d’un match des étoiles (les plus étoilés statistiquement parlant? les joueuses/joueurs qui sont ressortis dans l’année?, etc.), ordonner une parité des sexes à l’intérieur du CA et des juges de ligne, inciter massivement les filles à venir faire les camps, etc. On ne peut pas toujours pointer les « méchants garçons » parce qu’il y en aussi beaucoup qui nous valorisent et nous épaulent.

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  • Frédéric
    13 juin 2017

    Il y aurait une grande réflexion et discussion à faire à propos de ce sujet. Le « match de garage » va souvent au « plus fort la poche ». Il faut pousser plus loin. Il y a une place pour vous mesdames. Et perso, je me battrai toujours pour vous en faire une parce que le jeu féminin (si je peux m’exprimer ainsi) est non seulement nécessaire, mais aussi merveilleux. Rendez-vous sur facebook.com/groups/impropaganda

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  • Lysane
    13 juin 2017

    Je sais de quelle ligue que tu parles, je l’ai quitté pour les mêmes raisons. Une fille, dans cette ligue, c’est un accessoires. À chaque année, les recruteurs se demandent pourquoi il y a si peu d’inscriptions de fille à son camp.

    J’ai essayé avant toi de leur faire réaliser qu’il y avait un problème. Mais rien n’a changé. Après 2 ans d’essai, je suis partie et je leur ai dit pourquoi. Je vois que rien n’a changé…

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    • Lysane
      13 juin 2017

      Je souhaite m’excuser, c’est sous le coup de l’émotion que j’ai écrit mon commentaire.

      J’ai vécu plein de bons moments dans cette ligue, la majorité de ses membres sont des joueurs que je respecte beaucoup.

      Je souhaite juste qu’on laisse les femmes jouer à leur manière et qu’elle soit tout aussi soutenu et acclamé pas leurs comparses masculin.

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      • Lionel B
        18 juin 2017

        Pourquoi t’excuses-tu? Tu n’as pas craché sur tes anciens amis de cette ligue. Tu as dit qu’ils ont un problème avec la façon dont ils traitent leurs joueuses. Le fait que tu aies des bons souvenirs ne change rien au fait qu’ils doivent s’interroger sur le fait que les femmes semblent avoir peu de considération dans leur organisation.

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  • Thomas
    13 juin 2017

    100% d’accord avec toi !

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  • Maxime
    13 juin 2017

    Bon, par où commencer.

    Quelques heures à peine depuis la parution de cet article que déjà plusieurs membres de la communauté d’impro commentent le débat sur la parité homme/femme, et surtout sur le triste sort trop souvent réservé aux joueuses dans différentes ligues au Québec. Je suis très content que les femmes et les hommes prennent la parole et relayent leurs expériences personnelles pour justifier davantage la raison d’être de ce débat. J’espère profondément que les ligues seront plus à l’affût de cette réalité lors des prochains camps d’entraînement, mais aussi dès maintenant, à chaque match et à chaque improvisation, mais aussi au quotidien, parce qu’il n’y a pas qu’en impro que les femmes doivent lutter pour leur place.

    La ligue en question, c’est la Tothème. Je ne l’ai pas fondé, mais c’est mon bébé depuis 8 ans. Ce n’est pas pour rien que c’est la seule ligue à laquelle j’ai choisi de participer à titre de joueur, capitaine, trésorier, DJ et membre du C.A. Nous nous ne sommes pas des mononcles. Les autres joueurs et membres du C.A. sont des êtres humains dévoués au développement du talent local, l’expérimentation de ce merveilleux jeu qu’est l’impro et la participation équitable des femmes et des hommes.

    Il faut faire attention avant de salir une ligue sur les réseaux sociaux, surtout quand elle veut dire beaucoup pour nombre d’entre nous, comme moi. Le texte soulève une question importante : la place des femmes en improvisation. Je doute toutefois que son objectif soit de démoniser une ligue, d’autant plus que nuances et contexte y sont absents. En tant que ligue de banlieue avec une réalité particulière, soit celle d’avoir chaque année trop peu de joueuses présentes au camp, j’aime à penser qu’il y a peu de ligues qui ont pris autant de temps que la Tothème au cours des dernières années pour réfléchir à la problématique, et d’entreprendre des mesures pour y remédier. D’où le « stunt féminin » au match des étoiles.

    Sans entrer dans tous les détails, si vous vous en tenez aux faits, il faut d’abord se souvenir que nous avons accueilli à bras ouverts la proposition des joueuses lors du match des étoiles. Les étoiles, pour le peu que ça signifie (même à l’intérieur du C.A. nous sommes nombreux à ne plus en voir la pertinence), ont été remises tout au long de la saison de manière impartiale et objective par plus de 7 personnes différentes, hommes et femmes. Au cumul de fin d’année, pour la première fois en près de dix ans, les dix premières positions étaient cette année des hommes. Avec 5 filles dans un bassin de 30 joueurs réguliers, c’est quelque chose de probable. Y voyant quand même un symptôme de la même vieille problématique, on a tout de suite accepté l’offre de l’auteure de l’article pour y remédier, et on l’a soutenu et encouragé dans sa démarche. À la Tothème, on aime particulièrement les surprises et les revirements de situation, c’était donc doublement une bonne idée. Elles ont ainsi joué presque toute la période en mixte avec les gars, le tout suivi d’une longue improvisation finale exclusivement féminine pour clore leur participation en beauté, avant d’enchaîner plus tard avec la deuxième période.

    L’objectif était clair : réaffirmer au public et aux prochaines générations de joueuses notre volonté qu’il y ait non seulement plus de femmes à la Tothème, mais aussi en improvisation. Pas pour jouer « la blonde de » ou « la mère de », mais des rôles de femmes fortes, comme la Tothème a toujours tenté de l’encourager. Et à voir les spectatrices présentes ce soir-là, notamment les joueuses au secondaire, je suis prêt à dire que ça a fonctionné : depuis, beaucoup de jeunes joueuses finissantes au secondaire viennent nous voir pour nous dire qu’elles veulent venir faire le camp, et comme à chaque année, c’est à bras ouvert qu’elles seront reçues.

    Si certains ou certaines en ont eu une mauvaise opinion, qu’elle leur soit imputée à titre personnel, et pas à la Tothème. C’est sûr que je prêche pour ma paroisse, mais croyez-moi, c’est une ligue incroyable. Le débat de la place des femmes en improvisation est évidemment bien réel, il mérite d’être réfléchi et il m’apparaît évident que les acteurs et les actrices du milieu doivent se conscientiser davantage au problème. C’est comme ça qu’on fera avancer le débat. Pas en sacrifiant une ligue qui, de tout temps, a toujours eu cette cause à cœur.

    Qu’on se relève les manches ensemble pour que tous, joueuses et joueurs, sentent qu’ils aient leur place dans cette merveilleuse discipline qu’est l’improvisation, que ce soit dans des ligues ou durant des tournois. En attendant, bonne saison d’impro estivale à toutes et à tous

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    • Lilium
      13 juin 2017

      « Il faut faire attention avant de salir une ligue sur les réseaux sociaux, surtout quand elle veut dire beaucoup pour nombre d’entre nous, comme moi. Le texte soulève une question importante : la place des femmes en improvisation. Je doute toutefois que son objectif soit de démoniser une ligue, d’autant plus que nuances et contexte y sont absents. »

      Merci de reconnaître la question soulevée dans mon texte. Pour ce qui est de mon objectif, eh bien… il est lié à la question soulevée dans mon texte. C’est-à-dire : ouvrir un débat sur la place des femmes dans le milieu de l’improvisation.

      Rien dans mon texte ne justifie une réplique de la part de la ligue, puisque la ligue n’est pas mis au banc des accusés et qu’elle n’est pas nommée non plus. Je n’attaque pas la ligue, je raconte une expérience personnelle, et je fais le lien avec la place des femmes dans le milieu de l’improvisation (qui je le rappelle, est la question soulevée dans le texte).

      Si je n’ai pas apporté toutes les nuances que tu soulèves, c’est parce que le texte s’adresse à un vaste lectorat qui n’en strictement a rien à faire des querelles d’impro, de la ligue dont il est question, des joueurs impliqués ou de ce qu’ils en pensent. Je suis féministe s’intéresse à la condition féminine.

      Merci de ne pas faire dévier le débat en le réduisant à une simple anecdote.

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  • Maxime
    13 juin 2017

    Entièrement d’accord avec toi, élevons le débat plutôt que de le personnaliser.

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    • Lilium
      13 juin 2017

      Totalement. Le but n’a jamais été de pointer du doigt ou de faire une chasse aux sorcières. Je comprends que ça a été un peu le cas ailleurs qu’ici, ce qui est extrêmement dommage, parce qu’UNE ligue ne porte pas le poids du sexisme de tout un milieu. D’autant que la ligue en question a effectivement fait amende honorable en soutenant les joueuses dans leur démarche.

      Mais que cette démarche ait été nécessaire et qu’elle ait suscité un backlash aussi virulent nous indique l’importance de se pencher sur… la place des femmes dans le milieu de l’improvisation. 😉

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  • SIskoid
    13 juin 2017

    Ouep, un vrai fléau. En espérant que ceci peut illuminer et/ou inspirer, je vous laisse le lien à un épiode de notre podcast d’impro. Le sujet du jour était le rôle des femmes en impro, historiquement. Si vous voulez, vous pouvez sauter l’entrevue sur la carrière de Carolynn direct à la discussion sur le sujet à 36:20.

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  • Fabien
    14 juin 2017

    Bonjour,

    Mon avis sur le sujet est que si j’avais été dans ce match des étoiles qui est une forme de reconnaissance assez importante et un rendez-vous très attendu pour ma part je l’aurais très mal pris.

    Il n’y a là aucune forme de sexisme ma réaction aurait été la même avec si une bande de joueurs mixtes, ou d’homme, m’avait privé d’une mi-temps.
    On peut y voir de l’égo, mais celui qui prétendra qu’il n’y a pas d’égo dans le fait de monter sur scene est un menteur.

    Par contre pour ce qui est des vrai problemes posés : à savoir la représentation de la femme en impro et du fait d’avoir 100% de gars sur un match des étoiles je peux dire comment ça se passe dans mon ancienne ligue.

    Sur le premier point : ben faut arreter de jouer des caricatures de la société … on est pas obligé de jouer la même chose tout le temps. C’est la responsabilité de chacun et ça ne peut que rendre les scenes plus interessantes.

    Sur le second : la parité était obligatoire pour chaque équipe. Ca veut dire que pendant le championat les équipes arrivent avec des femmes et que pour le match des étoiles on choisi les 6 gars et les 6 filles les plus étoilées (on faisait des matchs à 6). Et donc ouais étrangement on se retrouvais avec des gars plus étoilés privés de match des étoiles, mais on avait des filles au moins. Et ça ça ne peut qu’améliorer la qualité du spectacle.

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    • siskoid
      14 juin 2017

      La question : S’il y a parité, pourquoi les femmes reçoivent moins d’étoiles?

      Un moment donné faut se poser ces questions là, parce que la personne qui donne les étoiles, comment elle s’explique ses choix?

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    • Jean-Michel Girouard
      14 juin 2017

      Tu vois Fabien, je crois qu’il y a un élément tout aussi pernicieux (sinon plus) que l’élément « féminin » dans cet événement, et c’est justement la mauvaise réaction à un élément non planifié dans un match d’étoiles. D’ailleurs, réagir à un événement non planifié, c’est pas mal l’essence de l’impro, non? De mal réagir face à quelque chose qui perturbe MON match des étoiles, c’est une réaction de bébés gâtés de haut niveau. Faire une crise parce que ta petite soeur invite des amies à ta fête, d’habitude ça arrête vers l’âge de 7 ans. Et les gars ne méritent évidemment pas de se faire brûler vif, mais une petite taloche derrière la tête peut-être. S’ils réagissent mal à ça, je me demande bien comment ils réagissent aux propositions sur l’impro qu’ils n’avaient pas envisagées ou qui modifient leurs propres idées. Moi j’aurais été bien content de vivre un moment spécial, particulier, un moment de « jamais vu avant ». Une des racines d’une meilleure intégration des femmes dans certains milieux d’impro (même l’intégration tout court peu importe le sexe) c’est que tous les joueurs et joueuses voient enfin l’impro comme un partage et un échange. Et non pas comme une opportunité de flatter son égo et de briller en solo.
      Il y a un égo en impro, oui. Celui qui nous pousse vouloir donner le meilleur spectacle possible, à se dépasser, et surtout à amener son partenaire plus loin. L’égo qui incite à se flatter la bédaine sous le jersey, à vouloir briller pour son accomplissement personnel, à prendre la place des autres mais c’est pas grave parce que le public aime ça, cet égo est à proscrire. Sans attendre! Et je suis loin d’être un menteur.
      Le match des étoiles est pour toi un « important rendez-vous très attendu »? Je serais bien curieux de t’entendre développer là-dessus.

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  • Elyse
    14 juin 2017

    Je joue de l’impro depuis maintenant 25 ans. Je suis une femme. Mais je ne suis plus ta fille, ta mère, ou ta blonde.

    Je me sens chanceuse d’avoir personnellement vu une évolution dans le monde de l’improvisation au Nouveau-Brunswick depuis que j’y oeuvre. À mes débuts, oui, on était « la fille de l’équipe », ou devait se battre pour sa place (ça aidait si on était sexy), et on nous réservait les rôles « féminins » qui étaient définis uniquement par rapport à un rôle masculin qui devait aussi exister dans l’impro.

    Maintenant, je regarde les jeunes universitaires, et je vois moins de ce que j’ai vécu (heureusement!). J’ai la chance de voir des improvisations avec des femmes, mais qui ne sont « des impros de filles ». Est-ce que des problèmes persistes? Sûrement. Ça doit dépendre des ligues et des mentalités des organisateurs aussi. Mais est-ce que c’est possible de passer par dessus cet héritage social? Je crois aussi que oui, à long terme, sans doute.

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  • Sophie Caron
    14 juin 2017

    En tant qu’honorable vielle croûte de l’impro, j’aimerais apporter mon grain de sel…. Premièrement, je trouve cet échange intéressant et stimulant ! Merci pour ça. Je veux aussi dire que je ne juge personne dans cette affaire. C’est beau de voir des gens passionnés d’impro intervenir sur un événement marquant de votre ligue !

    Pour moi, la parité en impro ce n’est pas juste une question féministe, c’est une question d’équilibre et de polyvalence. Plus ta ligue est variée, plus ta ligue est forte. Je ne parle pas seulement d’équilibre homme/ femme mais aussi d’équilibre de personnalité de joueurs: les comiques, les dramatiques, les bibittes, les physiques, les intellectuels, les verbomoteurs, les spécialistes de catégories etc… Petit conseil pour votre prochain camp de recrutement: identifiez les besoins de la ligue avant de le faire. Ça aidera les recruteurs à orienter leur choix. 23 gars/7 filles, c’est pas compliqué: votre ligue a besoin de filles, point final.

    Pour ce qui est de l’intervention des filles dans le match étoile, pour que les filles, parlent du problème, planifient l’intervention et osent le faire c’est que le besoin de se faire entendre est criant… C’est plate pour les garçons étoilés j’en conviens. Mais vous pourrez dire tsé la fois que les filles ont pété le match étoile… j’étais là !!!

    Pour Robert Gravel, il était important d’avoir la parité des sexes à la LNI. Quand un homme part de la ligue, il est remplacé par un homme, si une femme part, elle est remplacée par une femme. Ce n’est pas plus compliqué que ça… C’est choix que la ligue a fait, il y a 40 ans et elle le respecte encore aujourd’hui.

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  • Martin
    14 juin 2017

    C’est important de souligner le problème et d’en parler si l’on veut qu’il se règle. J’ai peut-être quelques réserves à le faire publiquement pour des cas spécifiques, comme ce fut le cas à travers l’intervention de la mi-temps, mais j’ose croire que le fait que ladite intervention fut approuvée par la ligue prouve que son comité organisateur a un réel désir de changer les choses pour le mieux. Et c’est plate qu’il ait fallu que ça arrive à ce point, mais si le tout ouvre la discussion et emmène d’autres ligues à revoir ses méthodes pour favoriser l’inclusion, il y sura eu de grands accomplissements qui en auront découlé.

    Par contre, une chise me chicotte… Même en faisant abstraction du but (aussi légitime puisse-t-il être) de la maneuvre, je m’explique mal la réaction négative de la part des autres joueurs…

    Tout d’abord, à quoi sert un match étoile? Célébrer la ligue, les joueurs ou des joueurs? Si l’on y célèbre la ligue, ce qui est selon moi le but de ce match, une intervention d’autres joueurs a sa place, du fait que ceux-ci ont aussi contribué au succès de la ligue par leur jeu.

    Si l’on célèbre LES joueurs/joueuses, le point d’avant reste, donc pourquoi les écarter de ce qui se veut un évènement festif pour la ligue?

    Et si ce match ne sert qu’à célébrer une partie des joueurs, pourquoi même organiser le tout, si ce n’est que pour flatter des égos?

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  • Geneviève Morin
    14 juin 2017

    Je trouve que l’article pointe du doigt une situation bien précise, et qui mérite certes d’être questionnée. Ce que je trouve dommage, c’est que l’auteure de l’article n’ouvre pas la réflexion plus loin : à mon avis le fait qu’un match d’improvisation ne compte que des hommes est symptomatique d’un problème plus large. Le féminisme en ce moment réfléchit à la représentativité des femmes dans toutes les sphères (politique, artistique, académique, etc.) Ce problème de représentativité frappe tous les domaines. Je trouve que cet article aurait pu ouvrir la question qui englobe l’anecdote.
    Dire que c’est une situation questionnable, c’est une chose, dire que les hommes « cis genrés, blancs et hétéros » ne connaitraient pas l’égalité des chances en est une autre. Je ne suis pas sure d’avoir bien compris où est-ce que l’auteure veut aller avec tout ça, quand on écrit un article pour dénoncer la catégorisation et qu’on finit par faire/dire la même chose que ce que l’on critique. Je trouve maladroit de finir un article de la sorte. Il aurait pu avoir un certain mérite intellectuel, mais la fin a démoli en partie tout ce que l’auteure a tenté de transmettre. Je ne trouve pas que c’est là la meilleure façon de communiquer ses convictions, féministes ou pas. Quand on dit « Je suis féministe et je m’intéresse à la condition féminine. » je crois que c’est là le vrai sujet. Ce n’est pas le but de discuter de l’impossibilité des hommes blancs hétéros de se prononcer sur la question. Le problème des femmes, c’est aussi celui des hommes. Laissons-les comprendre que l’égalité des chances c’est relatif à pleins de questions concernant le statut quo de l’homme occidental… mais svp laissons de côté le négatif et optons pour un féminisme progressiste, à l’écoute et inclusif. Je tiens finalement à préciser que je fais moi aussi de l’improvisation depuis très longtemps et que j’ai constaté certains problèmes de représentativité des femmes dans ce loisir. Je trouve que la tenue d’un article comme celui-ci a tout son sens, mais je ne suis pas tout à fait d’accord avec la formule réflexive. Je trouve que la dernière phrase redirige la portée de la réflexion dans un côté sombre du féminisme auquel je n’adhère pas tellement.

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    • Lilium
      15 juin 2017

      Il importe de comprendre une chose importante : lorsque les féministes parlent de l’homme cis blanc hétérosexuel, elles ne catégorient pas une cible à abattre, l’ennemi ultime de la femme, le gros méchant loup… il s’agit seulement du symbole de l’ultime privilégié de la société patriarcale occidentale.

      Mon commentaire en fin de texte ne visait pas à dire que les hommes cis blancs hétéro sont à eux seuls responsables de la sous représentation des femmes dans le milieu de l’impro. Le fait que les femmes acceptent de prendre une moindre place est tout aussi problématique. Cependant, ce sont les hommes cis blancs hétéro que cela avantage, et si l’on regarde les joueurs majoritaires dans l’ensemble du milieu, on verra que c’est cette catégorie de personnes (que je ne juge ni bonne ni mauvaise, mais dont je constate l’existence) qui domine.

      Oublions les femmes deux secondes, et comptons seulement le nombre de joueurs noirs, arabes, latinos, asiatiques… le ratio de ces joueus ne représente pas DU TOUT la population dans laquelle les joueurs d’impro se forment. Et ce n’est pas parce que les joueurs dominants sont activement racistes, ou, par rapport aux femmes, sexistes. Mais pour qu’une place plus grande soit faite aux autres, il faut que les joueurs majoritaires (hommes cis blancs hétéro) prennent conscience que leur privilège leur facilite la tâche et qu’ils renoncent à ces privilège au nom de l’égalité. De mettre leur réussite écrasante sur le dos de l’égalité, justement, c’est terriblement inique.

      Pour faire un parallèle, comme vous le mentionnez, avec un autre domaine où l’on entend le même genre de commentaires: lorsque le gouvernement fédéral a choisi de mettre sur pied un cabinet paritaire, on a entendu des gens crier au sexisme inversé, et soudainement, on s’est intéressé au mérite dans le processus de sélection des ministres. Comme si la politique n’était pas depuis toujours collusoire et que le mérite expliquait l’omniprésence de l’homme cis blanc dans ce milieu…

      Pour conclure, je vous laisse sur cette image d’un bédéiste engagé, parce que son image vaut plus que mes mots:

      http://everydayfeminism.com/wp-content/uploads/2014/10/A-Concise-History-Of-Black-White-Relations-In-The-United-States.png

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      • Geneviève M.
        16 juin 2017

        Quand tu parles d’hommes blancs privilégiés tu fais exactement référence à ce que j’ai mentionné, c’est-à-dire à la question plus large qui aurait dû être explorée selon moi : celle de la représentativité des femmes, mais oui si tu veux faire un tour plus large et engager une réflexion (que tu n’as pas faite dans cet article) on peut parler de représentativité de toutes les « minorités ». Je n’avais pas besoin qu’on me donne d’exemples et je tiens à souligner que ta réponse ne revient pas à la phrase exacte de ton texte qui est celle-ci : « T’es un homme cis blanc hétéro. Tu sais pas c’est quoi l’égalité des chances. »
        « Tu sais pas c’est quoi » … je ne vois pas trop où tu veux en venir. Tu portes un jugement sur une condition quelconque et tu prends pour acquis qu’un homme blanc cis genré et hétérosexuel n’est pas capable de « savoir ce que c’est l’égalité des chances. » Je trouve que c’est un raccourci intellectuel… Malheureusement, ton article ne peut pas se considérer comme « une simple constatation de l’existence d’une domination », pour reprendre tes mots. La dernière phrase porte un jugement très sévère envers un groupe et ne rend pas compte d’une observation nuancée. À chacune sa façon de réfléchir, j’imagine. Je préfère les questions plus larges et je trouve que ta réponse à mon commentaire est 100 fois plus réfléchie que ta dernière phrase d’article. Si ça t’intéresse autant, je t’invite à réfléchir aux théories sur la masculinité. C’est très intéressant et ça permet de voir parfois à travers d’autres lunettes. (Masculinities in theory de Todd Reese est un ouvrage qui porte à réfléchir à comment notre société construit le masculin.) Voilà !!

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        • Lilium
          16 juin 2017

          Un article à lui seul ne peut résumer la pensée féministe. Sur ce site, des articles, il s’en publie presque tous les jours. J’en ai écrit ici et ailleurs. Nos lectrices (le féminin l’emporte) en ont lu et relu. Si, dans chaque article, on décortiquait les enjeux féministes, ça deviendrait extrêmement lassant. Ce serait aussi infantilisant pour nos lectrices.

          Je comprends cependant que tu aurais aimé que le sujet soit abordé plus longuement, et pas seulement effleuré. Bonne nouvelle : ce sera fait dans un second article!

          Par rapport à ma dernière phrase, au risque de me répéter : elle servait à illustrer qu’il est inique que le privilégié ultime de notre société fasse appel à l’égalité des chances pour expliquer sa réussite écrasante. Ça veut pas dire que les hommes cis blancs hétéro ne peuvent pas parler d’égalité ou ne savent pas c’est quoi (tu remarqueras que ma phrase était formulée à la deuxième personne du singulier et répondait donc directement à celle disant qu’à chances égales, les filles ne s’étaient pas qualifiée pour le match des étoiles). Ça veut simplement dire qu’on ne doit pas se servir de l’Égalité pour justifier le maintien d’une position dominante dans un discours fallacieux qui ne prend pas en compte que, dans la société, certains doivent travailler considérablement plus fort pour arriver au même résultat que les privilégiés qui, eux, partent avec une longueur d’avance.

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        • meg
          17 juin 2017

          Geneviève M tu devrais faire des recherches sur l’expression « not all man »

          La phrase de fin veut dire : « Les hommes en tant que classe y savent pas c’est quoi l’égalité des chances ». On ne parle pas de votre petit frère qui est super égalitariste et qui aurais du faire l’objet d’un paragraphe spéciale pour ménagé son ego. Mais on parle de politique, de groupes, de classes, de genre, de discriminations SYSTÉMIQUE dans un contexte PATRIARCALE entièrement construit à l’avantage de la catégorie des hommes.
          Il y a des raccourcis car c’est pas la peine d’ecrire à chaque fois « les hommes y savent pas c’est quoi l’égalité des chances, sauf le cousin à Geneviève M qui est super savant, mais il était pas aux étoiles ».

          Les hommes ne savent pas c’est quoi l’égalité des chances, car si ils le savaient ils agiraient pour que les injustices cessent or ils ne font rien, ou tellement peu et en fait la plus part du temps ils font tout pour garder et renforcer leurs privilèges.

          Peut être que les hommes savent très bien c’est quoi l’égalité des chances, si vous le dites, mais alors leur comportement indique clairement ils n’en veulent pas du tout et font semblant de pas comprendre pour se garder leurs avantages.

          Et pour les masculinités, oui il en a plein, comme il y a plein de féminités. Tout ca c’est construit dans nos sociétés PATRIARCALES pour permettre la domination de hommes sur les femmes (et les enfants et les hommes moins haut placé dans la hiérarchie masculine qui pourrains tout de même se défoulé sur les femmes et enfants). Ce texte n’est pas une étude sur les hommes et leur manière riches et variés d’opprimé les femmes. C’est juste un texte sur leur technique d’oppression par l’invisibilisation dans le cadre d’une compétition d’impro.

          Ou sont ces hommes tellement conscients des enjeux d’égalité, qu’ils ont refusé de participé quant ils ont vu qu’il y avait si peu de femmes et dont vous semblez avoir connaissance ? Ou sont les mecs qui savent c’est quoi l’égalité des chances et ont appelé à son boycotte de cet événement et dont vous semblez avoir connaissance ? Apparemment ils n’étaient pas aux « étoiles », du coup pas besoin de parlé de ces hommes des étoiles qui savaient c’est quoi l’égalité des chances mais n’ont rien fait, ni rien dit.

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        • Lilium
          17 juin 2017

          Meg, je comprends qu’il puisse être fâchant comme féministe de se faire demander sans cesse de relativiser, de ne pas généraliser, mais le commentaire de Geneviève, qui était honnête et réfléchi, ne mérite pas d’être ridiculisé.

          Aussi, il y A EU des joueurs qui ont soutenu l’intervention des joueuses. Les maîtres de cérémonie ont modifié le pacing de la soirée afin que nous y soyons incluses, et ce de bonne foi.

          Maintenant, il est vrai que, dans l’ensemble, les joueurs n’ont pas tenu compte de l’absence des filles au match, et ce, gars comme filles. Mais une fois que le problème a été souligné, il y a eu une réaction favorable à l’intégration de celles-ci dans le match. Cette réaction a été minoritaire et plus ou moins assumée face à la réaction négative des autres. Mais je crois que plusieurs enjeux entrent en compte à ce moment-là, notamment la façon dont chacun gère les situations conflictuelles. Ce n’est pas tout le monde qui a le guts d’organiser un boycott ou d’affronter les autres dans un conflit de groupe.

          Ce qui m’a gênée n’est pas tellement l’absence de réaction des gens face au fait que les filles étaient tassées d’un match où on reconnaît le talent des melleurs joueurs de la ligue. Oui, c’est dommage, mais cela démontre surtout à quel point on est habitué à ce que les femmes soient dans l’ombre des hommes. On peut alors être en colère contre le système et vouloir le changer, mais on ne peut pas être en colère contre les autres seulement parce qu’ils font partie du système.

          Ce n’est pas non plus l’absence de soutien que notre intervention a reçue par la suite qui m’a gênée, parce que je comprends que les gens n’ont pas tendance à soutenir publiquement le côté qui mange les coups dans un conflits. Disons que le soutien était modéré et passif. Pis oui, c’est plate, mais c’est encore une fois relativement compréhensif.

          Ce qui ne l’est pas, par contre, et ce qui m’a réellement gênée, c’est la mauvaise foi assumée de certains, le backlash, la violence avec laquelle on s’est empressé de remettre les filles de la ligue à leur place quand elles ont agit pour renverser une situation qui leur causait préjudice.

          Bien des gens, hommes comme femmes, ne sont pas conscients du sexisme ordinaire qu’ils côtoient tous les jours. Ça ralentit un brin notre ascension vers l’équité, mais ça ne l’empêche pas. Mais, lorsqu’une femme dénonce une injustice qu’on lui fait subir ou agit afin de changer les choses, et qu’on s’oppose à elle, qu’on la ridiculise, qu’on lui fait des reproches, qu’on la culpabilise, là, on nuit à l’avancée des femmes. Et ça, ce n’est pas seulement problématique, c’est sexiste.

          C’est quelque chose qui arrive encore très souvent, surtout dans des situations où l’injustice dénoncée n’est pas grave aux yeux de la majorité, ou, pire, est justifiée. Et c’est là que réside, je crois, le plus grand problème auquel se sont butées les féministes de tous temps.

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        • Geneviève M.
          20 juin 2017

          MEG: Je trouve que c’est assez sévère de parler de mon cousin, haha surtout que je n’ai mentionné aucune personne et que j’ai parlé tout comme toi de groupes. J’ai compris la notion de groupes et d’oppression, je crois que c’est assez clair dans mes commentaires que je suis au courant de toutes ces nuances. Mais on dirait qu’il aurait fallu que je te l’écrive en lettres majuscules pour que tu comprennes le point de mon message. Le voici: je réfléchis aux mêmes questions que soulèvent ce texte depuis plusieurs années déjà. Je rédige d’ailleurs un mémoire de maîtrise qui porte un regard féministe sur des livres et je tente d’ouvrir une conversation plus large. Ce que j’ai appris à travers ces années d’université et de lectures c’est que la nuance est toujours une valeur qui devrait primer.
          Le féminisme doit fonctionner en ce sens. Je trouve (et lorsque c’est écrit « Qu’en pensez-vous » en section commentaire, c’est probablement parce qu’on peut écrire librement ce que l’on pense dans le respect) que la phrase qui commence par « ne pas savoir » est dite trop rapidement et sans nuance. Ce n’est pas parce que je ne suis pas une femme noire lesbienne et sans emploi que je NE PEUX pas savoir c’est quoi l’égalité des chances. C’est une phrase très complexe et c’est l’utilisation sans justification que je critique. Comme c’est complexe, elle ne devrait pas terminer un article, mais bien en commencer un, c’est mon avis. Maintenant, j’ai lu les commentaires de Lilium et je la trouve beaucoup plus nuancée que ce que j’avais cru au départ. Il faut éduquer les gens et non leur lancer des phrases qui peuvent enflammer un débat ou une cause aussi fragile que l’est celle du féminisme. (oui, je trouve que le féminisme de 2017 a tendance à se faire marginaliser, ce qui m’effraie un peu et me pousse à revoir mon approche féministe en général.) Je me demande si la nuance et l’intégration ne peuvent pas aider justement à la sensibilisation. On ne peut pas faire féminisme seul, c’est la définition même du féminisme « égalité des femmes et des hommes dans tous les sphères », on doit interroger les hommes sur des habitudes, des comportements et des gestes. Mais bon, si ce n’est toujours pas clair pour toi, on se reprendra !

          J’écris moi aussi pour ce blog : Geneviève Morin. Si ça t’intéresse, je suis dans le même camp et je cherche simplement à questionner la meilleure façon de parler féminisme !!

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  • Lionel B
    18 juin 2017

    Lilium, plus on avance dans cette discussion, plus on comprend que ce qui vous a le plus atteinte, ce ne sont pas les événements de cette soirée-là (en fait, vous semblez d’accord avec Maxime que la ligue a justement fait un effort pour rectifier les choses ce soir-là, en soutenant votre initiative), mais plutôt le « backlash » qui s’en est ensuivi, notamment sur Facebook. Vous parlez d’un « char de marde ». Pour qu’on comprenne mieux, pouvez-vous donner des exemples concrets de commentaires que vous avez reçus? Faire des copier-coller de la page fb en question? (sans montrer les noms bien sûr).

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    • Lilium
      24 juin 2017

      Je ne crois pas qu’il soit nécessaire ni pertinent d’entrer dans les détails d’une anecdote. La problématique est beaucoup plus vaste et mérite une réflexion profonde et non un pointage de doigt.

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  • Rosalie Landry
    14 octobre 2017

    Wow ! Merci pour le texte. Je suis sans mot.

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