Pratiquer un métier « d’homme » dans une société sexiste

Différentes professions sont attribuées selon le genre. Plusieurs types de discriminations peuvent se manifester lorsque ces barrières sociétales sont enfreintes. Chez les femmes, les métiers « réservés aux hommes » représentent un club sélect d’où elles sont exclues.

Tout au long du parcours scolaire de l’enfant, celui-ci est appelé à réfléchir sur ses choix futurs. Selon une étude réalisée en 1994 par la sociologue française Marie Duru-Bellat, la façon dont l’enseignement est prodigué à l’enfant dépend de son genre. Ce phénomène est à la base de certaines problématiques, dont l’attribution de certains métiers considérés féminins et masculins.

Les femmes qui refusent de se conformer aux stéréotypes établis par la société se voient soumises à une pression sociale plus grande. Elles doivent également s’adapter à des codes sociaux différents puisque l’environnement est conjugué au masculin. Il faut qu’elles fassent preuve d’un courage plus grand puisqu’elles « sortent du lot », du chemin qui leur a été tracé.

Mais alors pourquoi ces différenciations existent-elles? L’une des premières variables est évidemment la tradition : si notre entourage est toujours composé des mêmes éléments, nous sommes plus prompts à les recréer personnellement. C’est également une question de culture : si les femmes ont autrefois été proscrites du marché du travail, elles ont également été discriminées lorsqu’elles pouvaient enfin faire leurs choix de carrières. Elles étaient largement plus limitées que les hommes. Radio-Canada a d’ailleurs réalisé le portrait de quatre femmes pratiquant des métiers d’hommes en 2015 et l’une d’elles, Anick Gélinas, qui pratique le métier d’électricienne, a affirmé au journal que « son patron a demandé l’avis de tous les gars de la compagnie avant de l’embaucher… pour voir s’ils étaient prêts à l’accepter dans leurs rangs. » Les qualifications des femmes sont constamment remises en question. En politique, également, lorsqu’il a été discuté d’imposer des quotas de parité, la population est demeurée perplexe, comme si elles ne méritaient pas la place qui leur serait attribuée.

Le ministère de la Condition féminine définit les métiers traditionnellement masculins comme provenant d’« un domaine d’activité où on trouve moins de 33⅓ % de femmes. » Cependant, encore de nos jours, les femmes sont placées à l’écart même lorsqu’elles sont numériquement supérieures aux pourcentages déterminés par le gouvernement. Ce phénomène s’observe dans le cadre de plusieurs champs d’expertise. Majoritairement, ceux-ci dépendent de la force physique et sont étiquetés comme « masculins ». Ce facteur est désigné par le terme « hyper-masculinité », qui signifie une « forme extrême d’idéologie du genre masculin qui comprend quatre composantes principales : la dureté/endurance (toughness), la violence, la dangerosité et l’attitude insensible (callousness) envers les femmes et la sexualité », selon un article publié en 2013 par Psychomédia intitulé « L’hyper-masculinité encouragée par une grande proportion de publicités agressives ».

L’industrie de la vidéo

Le milieu cinématographique est encore aujourd’hui un espace où les femmes se voient attribuer, de facto, un niveau de compétence inférieur à celui de leurs collègues masculins. Elles doivent prouver avec davantage d’insistance qu’elles sont dans une position professionnelle qui leur est légitime. Certains comportements semblent se répéter de façon systématique.

Les tâches de plateau exercées par une femme sont constamment « double-checked » (c’est-à-dire contrevérifiées), comme l’explique Catherine, une passionnée du milieu depuis de nombreuses années. En effet, elle affirme que peu importe l’action qu’elle pose, « on [la] regarde de façon condescendante, on [lui] montre qu’[elle] doit mériter [sa] place. » On peut donc dire que le métier est empreint d’une culture du mansplaining, expression populaire qui désigne le moment un homme explique quelque chose de façon condescendante à une femme alors qu’elle connaît le sujet autant sinon plus que lui.

Étant donnée sa position jugée inférieure, les avances sexuelles ou romantiques ne se font généralement pas attendre. Catherine affirme que « quand on a le malheur de dire non, on devient victime assez rapidement de l’équipe au complet, qui, solidaire à son collègue masculin, se met à te répondre froidement, et remettre encore une fois tes compétences en question afin de t’humilier. »

Cet exemple montre bien pourquoi il serait important de cesser cette éducation différenciée selon le genre afin de cesser d’alimenter ces stéréotypes qui discriminent à la fois les femmes et les hommes. Il faut rappeler que les hommes sont également vus comme « moins masculins » lorsqu’ils exercent des métiers considérés comme « féminins ».

Chaque humain présente des caractéristiques et des intérêts différents, indépendamment de son genre. Le but, au fond, est de faire ce qui nous rend heureux.

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