La charge mentale : lorsque les femmes pensent à tout

Les femmes jonglent en permanence, dans leur tête, avec leurs objectifs professionnels et les tâches quotidiennes à effectuer : il est 17 h, ma collègue éteint son ordinateur et me lance : « Je dois récupérer ma fille au poney club! Bonne soirée! » ou encore, mon autre collègue qui termine la rédaction de son article me parle de sa deuxième journée : « je dois faire des courses, lancer la machine à laver et sortir mon compagnon à 4 pattes ». Les femmes doivent « tout faire ». C’est elles qui pensent et organisent le foyer. Alors quoi, nous avons décroché le diplôme de meilleure cheffe de projet du foyer?

La charge mentale : une souffrance

Conséquence directe de l’inégale répartition des tâches ménagères dans le couple : les corvées domestiques (entretien du foyer et éducation des enfants) seraient à 93 % effectuées par les femmes, selon une enquête du Credoc, publiée par la Caisse nationale d’allocations familiales en 2015.

Longtemps reléguées au second plan dans l’histoire/évolution du travail, les femmes se sont investies dans la sphère privée, développant ainsi une culture et un système de valeurs liées à la famille. Jean-Claude Kauffmann décrit très bien le poids de ce système : à la fois « créatrices » et « porteuses » de ce monde de l’affect, les femmes « ont la famille dans la tête ». On parle alors de charge mentale.

Ce phénomène a été largement analysé et décortiqué par des sociologues et féministes dans les années 80, et conceptualisé par Monique Haicault. L’idée est qu’au-delà des tâches quotidiennes le fait d’avoir à l’esprit et de porter mentalement la préoccupation de ce qui doit être fait à la maison contribue à l’épuisement des femmes.

La dessinatrice Emma a récemment mis en ligne, sur Internet, sa BD « Fallait demander ». Elle y décrit une femme qui ne sait plus où donner de la tête entre le dîner à préparer et les enfants à gérer dans la cuisine. La casserole déborde et son compagnon lui reproche… de ne pas avoir demandé de l’aide!

Cette bande dessinée a le mérite de mettre des « mots sur les maux », de mettre les mots sur la pression constante (voire permanente) qui pèse sur les femmes et sur la fameuse responsabilité du « bon fonctionnement du foyer ». Elle pointe vers le rôle d’exécutant des hommes, qui préfèrent laisser la place aux expertes.

Situation insoluble?

Si l’on en croit JC Kauffmann, la solution résiderait dans l’analyse de notre inconscient, puisque nos pratiques et nos habitudes y seraient ancrées : « ce que font les hommes n’est pas comme il faudrait et elles sont agacées du fait que l’homme ne comprend même pas pourquoi elles sont agacées et ce qu’il aurait fallu faire ».

À cette explication s’ajoutent l’éducation et la culture inculquées dès le plus jeune âge aux enfants. Elles ont transmis des images et des représentations qui sont à la base de notre construction des rôles sociaux genrés. En d’autres termes, nous sommes façonnées selon ce que la société attend de nous en tant que femmes et hommes. On reproduit ainsi ce schéma inégalitaire dans notre quotidien.

Emma, quant à elle, propose d’alléger la « charge mentale » de la femme pour la partager avec l’homme. Aussi, nous parviendrons à une égalité mentale. Mais, cette charge demeure difficilement quantifiable par rapport aux tâches ménagères : ainsi, sa répartition au sein du couple s’avère très complexe.

Par : Clam780

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