À tous ceux qui m’ont harcelée sexuellement en ligne

À tous ceux qui m’ont harcelée sexuellement en ligne

 

Je devais avoir 13 ans la première fois qu’un homme m’écrivait pour me dire que je l’intéressais. Le traiter de pédophile l’a refroidi assez sec, mais depuis ce temps, cela n’a pas cessé. Recevoir autant d’attention de la part des médias après avoir participé à une téléréalité a incité au moins une cinquantaine d’hommes à me faire part de leur intérêt pour moi. Ma réponse désintéressée est quelque chose que la plupart d’entre eux n’ont pas accepté. J’étais seule dans ce combat face à eux, mais j’ose encore me tenir debout pour leur dire comment ça m’a blessée:

 

Les femmes ne te doivent rien

 

Chaque personne a le droit de m’inviter à un rendez-vous. Mais dès que je refuse, plusieurs me traitent de superficielle ou même m’envoient un grand paragraphe d’insultes. Ils m’accusent de ne pas leur avoir donné de chance. La seule chance que je leur dois est celle de me lancer une invitation. S’ils ne sont pas capables d’accepter un non, ils ne devraient jamais commencer la conversation. Si j’avais dit oui à tous, j’aurais passé chaque jour du mois à un rendez-vous pour probablement finir quelques fois au poste de police car quelqu’un a trop voulu en profiter. À force de me faire harceler après avoir répondu à la simple salutation d’un inconnu, j’ai compris que je ne leur devais même pas une réponse. Je n’ai pas à me mettre à risque pour plaire à quelqu’un au nom de la politesse.

 

Tu n’es pas le seul à tenter ta chance

 

Une simple invitation ne fait pas tant de mal. Mais avoir reçu une cinquante de demandes d’inconnus en moins de deux semaines est particulièrement dérangeant. Ce n’est pas nécessairement une personne qui insiste. Ce sont tous ces hommes qui m’envoient des messages qui me donnent le sentiment d’être harcelée continuellement, toutes ces personnes qui ne se contentent pas d’un refus et qui continuent d’en demander plus. Je ne vous connais pas. Vous n’avez rien de spécial pour moi. Et même si j’aimerais du moins prendre le temps de clarifier les choses pour chacun, c’est cette accumulation d’hommes dans mes messages privés qui me font sentir anxieuse à chaque fois que je reçois une notification.

 

La notion de consentement commence en ligne

 

Lorsque quelqu’un me lance une invitation, que je la refuse et qu’un homme s’emporte, c’est un signe clair que je dois me tenir loin de lui. Insister ne me fera jamais changer d’idée, cela ne fait que confirmer ma bonne décision d’avoir dit non. Si quelqu’un n’est pas capable d’accepter le fait que je ne suis pas intéressée par un rendez-vous, comment sera-t-il capable de comprendre que je ne veux pas de contacts physiques ou de commentaires déplacés? Certains vont même jusqu’à se venger en m’envoyant une photo de leur pénis quand je leur dis que je ne suis pas intéressée. Visiblement, si je refuse de porter attention à leur organe sexuel, ils vont me l’imposer. C’est de cette façon que le harcèlement me donne un sentiment d’agression sexuelle où mon consentement et ma personne ne sont pas respectés.

 

Les femmes ne sont pas des propriétés

 

La plupart des messages que je reçois me donnent l’impression que je ne suis qu’un objet sexuel à posséder. On m’écrit que j’ai de belles fesses, on me demande quelle est ma taille de brassière. Je ne suis qu’une femme à baiser, un outil de satisfaction masculine, pour la plupart d’entre eux. Et ils veulent m’obtenir comme si j’étais venue au monde uniquement pour leur faire plaisir. Dire non ne suffit pas. La seule réponse qui leur fera cesser est si je dis que j’ai un copain. C’est uniquement là qu’ils auront l’impression que quelqu’un me possède déjà et qu’ils ne voudront pas voler la copine d’un autre. L’opinion d’une femme qui n’est pas intéressée ne vaut rien pour eux. J’ose me prononcer et je suis bombardée d’insultes pour me punir d’avoir mis fin à leurs fantasmes. Et je me demande comment je pourrais sentir que j’ai de la valeur à leurs yeux si ce n’est pas que comme un objet sexuel qu’ils possèdent.

 

Tu ne réalises même pas le mal que tu fais

 

On a beau parler des notions de consentement, mais certains hommes ne semblent pas en comprendre les bases. Ils pensent que le rôle de l’homme est d’insister, tandis que celui de la femme est de résister. Pour eux, dès que je dis non, je commence un jeu qu’ils veulent absolument gagner. La seule façon que j’ai trouvé pour leur faire taire sans mentionner de copain est de dire clairement que je ne suis pas consentante, parfois aller jusqu’à menacer d’appeler la police. C’est à ce moment-là que la plupart d’entre eux laisseront tomber. Mais certains iront quand même jusqu’à me dire qu’ils ne veulent pas me violer, mais simplement me faire l’amour sans mon consentement. Et cette menace de viol est quelque chose que je devrais risquer chaque fois parce qu’autrement un homme se sentira mal que je n’aie pas répondu?

 

Si tu m’envoies encore un message, je ne répondrai plus. Et si tu as de bonnes intentions, tu comprendras. Tu as beau me détester pour ça, mais je m’aimerai assez pour m’éviter ça.

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