Pascale Navarro: « les femmes ont peur d’elles-mêmes »

Gatineau recevait hier soir la belle visite de l’auteure et journaliste Pascale Navarro pour une conférence sur son livre « Les femmes en politique changent-elles le monde? ». Pour les besoins de ce livre, l’auteure a rencontré plusieurs politiciennes québécoises de différents horizons et ses réflexions sont plus qu’intéressantes.

Elle manifeste entre autre la crainte de voir les partis utiliser le stéréotype d’angélisme des femmes en politique pour se refaire une image, tout comme les jeunes et les groupes culturels, d’ailleurs. Comme si les femmes devaient nécessairement être plus droites, plus honnêtes et meilleures politiciennes que leurs confrères. Les femmes ne peuvent pas « sauver » la politique, c’est trop leur demander. Et après, on ne peut que les blâmer d’avoir échoué.

Mme Navarro insiste sur l’importance de la désexualisation des valeurs pour que les valeurs dites « féminines » de compassion et de sensibilité soient dorénavant universelles (et donc mieux acceptées en politique). Elle aimerait voir les enjeux « des femmes » comme les enjeux sociaux, devenir des enjeux communs. De cette façon, il ne reviendra pas aux quelques courageuses élues de défendre les services de garde ou les congés parentaux mais bien à tous les politiciens.

Il est important de souligner que la représentation féminine n’a pas fait un pas de géant lundi soir. De 23%, elle n’est passée qu’à 25%. Les études démontrent que sans mesures législatives comme des quotas, nulle part la représentation politique des femmes ne dépasse 30%.

Parlant de quotas, Mme Navarro a souligné que ceux-ci étaient mieux reçus dans le monde des affaires, pour que les CA des grandes entreprises soient paritaires, qu’en politique. Intéressant…

Finalement, le titre de ce billet est la réponse de Mme Navarro à ma question « pourquoi les femmes ne votent-elles pas pour les femmes? » Il semble qu’il y a encore du chemin à faire pour convaincre, même les femmes, que les politiciennes peuvent réussir aussi bien que les politiciens.

2 Comments

  • Marie-Josée
    14 mai 2011

    Merci pour ce texte intéressant. Il m’a aidé à mettre des mots sur mon malaise face à l’idée que les femmes changeraient le monde si elles étaient en politique: arrêter les guerre, les inquités, la faim dans le monde, etc. Un trop lourd fardeau pour y arriver seules.

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  • Martin Dufresne
    16 mai 2011

    On pourrait par contre se demander si l’élection de *féministes* changerait la politique et le monde… Je crois que oui. Les femmes ne sont pas nécessairement solidaires des intérêts du reste des femmes – on l’a bien vu avec des politiciennes de droite qui ont saccagé comme leurs collègues masculins les programmes dits sociaux dans bien des pays – mais les féministes, elles, tentent de l’être, par principe, et ce souci égalitaire d’un groupe aussi systématiquement désavantagé changerait sans doute la donne… si nous lui accordions notre vote et nos appuis.

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