Je suis féministe était là: festival Edgy Women

Je suis féministe a été invité à couvrir l’édition 2012 du festival Edgy Women. L’expérience a été fort stimulante et nous comptons bien recommencer l’année prochaine. La fiesta féministe présentait plusieurs disciplines artistiques à la fois « expérimentaux et rassembleurs». Un petit tour d’horizon de l’événement qui se poursuit encore jusqu’au 1er avril.

Les vidéos-performances composant J’acte/I act étaient diversifiées, parfois drôles, toujours intéressantes. Ils se distinguaient par la multidisciplinarité des médiums utilisés dans chaque vidéo (illustrations, danse, peinture). Tous expérimentaux, les vidéos commissionnés par Eugénie Cliche absorbait le public dans les univers furtifs des artistes-vidéastes parfois proposant du sens, ou sinon laissant le soin au public de se créer ses propres significations.

In Succube, cette soirée démoniaque et déstabilisante, portait le.la spectateur.trice à questionner ses tabous, à son rôle de «voyeur» des corps mythiques se déhanchant devant elle.lui. Contorsionnistes, les artistes Andréane Leclerc et  Holly Gauthier-Frankel, mettaient en scène leurs corps telles des harpies ou des sphinx directement venues de l’Antiquité, questionnant l’abject et le beau du corps féminin. Simplement présenté dans le décor et dans les accessoires, le spectacle renvoyait aux méandres inconfortables d’une enfance à la fois sexualisée et dé-sexualisée. Nudité, eau, sang, jeux, tirage de cheveux, les artistes étiraient les contours de l’acceptable et de l’érotique en allant au coeur du malaise du public. Le tout donne un résultat pouvant choquer, mais qui reste poétique et ambigu, provoquant des réflexions et émotions longtemps après la prestation.

Je baise les yeux nous était présenté sous la forme d’une conférence de presse à laquelle participaient un trio de strip-teaseuses. Interrogées tour à tour par un animateur en cravate, les trois femmes ont présenté leur vision de la danse érotique de manière plutôt intellectualisante, le tout entrecoupé de numéros de strip-tease très peu aguichants. Un exercice de style intéressant, et une bonne introduction au discours porté par les travailleuses du sexe.

Le festival comptait aussi une nouveauté cette année: l’Edgy UPop (pour celles qui sont familières avec l’initiative d’éducation populaire autonome qu’est l’UPop Montréal, vous aurez déjà une idée du format de l’événement). En gros, l’Edgy UPop, c’est une série de conférences informelles où les artistes d’Edgy Women 2012 vont à la rencontre de leur public, public qui à son tour est invité à interroger les oeuvres programmées.

« Ces conférences sont un endroit où s’approprier les performances, où dialoguer, où se donner des outils pour réfléchir – comme femmes et comme féministes – à travers l’art, » nous a raconté Barbara Legault, animatrice de l’Edgy UPop. La militante féministe radicale a été repêchée par Miriam Ginestier, directrice d’Edgy Women, afin d’animer ces discussions.

De son propre aveu néophyte en matière d’art, Barbara s’est dit enchantée par l’opportunité de provoquer des rencontres entre milieux artistique et militant. Il faut décloisonner ces sphères qui, selon elle, se parlent trop peu. « Je lance un appel aux féministes à faire de la place à l’art. Ce peut être notre rempart contre le burnout, la sclérose. En revanche, je dis aux artistes, SORTEZ! Venez rencontrez les militantes! Alimentons-nous, visitons-nous, contaminons-nous! » Barbara continue de tenir un blogue jusqu’à la fin du festival, où elle livre ses impressions des performances.

À la session du dimanche 25 mars plusieurs questions situées à l’intersection de l’art et du féminisme ont d’ailleurs été soulevées. Le sensationnalisme est-il inévitablement une chose négative? Le sensationnalisme est-il inévitable quand on est femme et qu’on parle de sexe? Comment le sexe vient-il toujours délégitimer les propos des femmes ou leurs démarches artistiques? Deux heures de discussion passionnante qui ont passées trop vite!

On remet ça en 2013 pour la vingtième édition?

Article corédigé par Marie-Anne et Marie-Élaine.

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