Merci du compliment
Pourquoi sommes-nous si nombreuses à ne pas être en mesure d’accepter les compliments?
J’observe fréquemment chez mes collègues certains comportements qui caractérisent souvent la gent féminine. Car madame a beau être une superwoman qui jongle avec une quantité phénoménale de défis, elle n’accepte que rarement les compliments!
Cette réflexion est née d’une récente discussion dont j’ai été témoin. Une de mes consœurs, appelons-la Collègue T., complimentait la seconde sur sa nouvelle coloration. Prise au dépourvu, celle-ci a rétorqué qu’elle avait teint sa tignasse une semaine auparavant. Pas de merci, c’est gentil. Puis, une autre femme s’est jointe au groupe et Collègue T. lui a révélé qu’elle la trouvait fort jolie. Cette dernière a esquissé un regard interrogateur avant de lui lâcher un reproche. Comme si cette marque de gentillesse n’avait pas sa place entre nous! Une autre travailleuse, dynamique mère de trois jeunes enfants, est entrée dans la pièce et Collègue T. est revenue à la charge, encensant le soin avec lequel elle s’occupe de sa marmaille. Moue suspicieuse de la maman en question, qui lui a immédiatement demandé ce qu’elle voulait, sur un ton frisant légèrement la paranoïa.
Ces quelques exemples illustrent bien les différentes défaites utilisées pour repousser les compliments. Demandez-vous pourquoi vous refusez systématiquement qu’on vous louange. Pourquoi devez-vous constamment vous justifier ou vous déprécier? Est-ce de la fausse modestie? De la timidité? Par peur d’être victime de flatterie basse et intéressée? Par crainte de paraître prétentieuse ou vulnérable?
Complimenter est une forme de communication censée être valorisante. Or, pour certaines personnes, la valorisation est justement plus difficile à assumer que la critique. Cessons donc de nous dénigrer. Après tout, selon l’Association canadienne pour la santé mentale, accepter les compliments serait le gage d’une bonne santé mentale. La prochaine fois qu’on vous trouvera jolie, élégante, inspirante, sachez l’apprécier.
Mesdames, je vous trouve belles! Alors, à qui on dit merci?
Dominique
Je me demande si c’est vraiment un problème tant généralisé… personnellement je suis toujours ravie de recevoir un compliment honnête, c’est flatteur et ça « fait ma journée » comme on dit.
Est-ce aussi une affaire de « femmes » ou serait-ce plutôt une faille sociale qui est « repérable » chez tout individu ? Aucune idée… mais il sera intéressant de vous lire sur le sujet…
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Luc
Une faible estime de soi mène à être incapable de recevoir un compliment. Comment en effet accepter de se faire dire que l’on est beau lorsque l’on se trouve laid comme un cul de singe? Est-ce que les femmes ont une moins bonne estime d’elles-mêmes que les hommes?
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Emilie
Dominique: Naturellement, il y a des hommes qui ont du mal à recevoir des compliments. Il me semble cependant que cette tendance soit un peu plus marquée chez la femme. Peut-être est-ce relié à notre éducation, nos valeurs, notre bagage de « femmes », justement. Apprendre à être modeste, n’est-ce pas un des préceptes avec lesquels nos aïeules ont dû vivre? Et il est bien possible que ce soit encore ancré en nous, du moins, chez certaines d’entre nous.
La peur d’être manipulée est sans doute un autre facteur. C’est ce que je note chez beaucoup de mes consoeurs. Certes, les hommes peuvent aussi ressentir cette peur, mais plusieurs ont appris à la cacher, du moins chez les générations un peu plus vieilles.
Autre chose, c’est que plusieurs ont tendance à donner beaucoup, sans être vraiment capable de recevoir, qu’il s’agisse d’un compliment, d’un cadeau, etc. Les raisons sont multiples : problème de perception, manque d’estime de soi, etc. Je crois aussi que la société a fait en sorte qu’on ait tendance à craindre l’hypocrisie et les femmes autour de moi semblent particulièrement sensibles à cela. Pourtant, nous sommes souvent entourés par le faux…
Il n’y a pas qu’une seule réponse aux points que vous soulevez, ce sont des pistes qui s’ouvrent vers d’autres discussions, d’autres observations.
Luc : Absolument. Le manque d’estime de soi porte à agir de manière dépréciative et refuser les compliments en est un exemple. Il est certain que ce manque de confiance ne touche pas uniquement les femmes. Par contre, on peut croire que les valeurs véhiculées par une société qui met de l’avant ce qui est toujours plus beau, plus jeune et sans défaut porte la femme à sentir qu’elle ne cadre pas du tout dans ce système Et maintenant, aussi, l’homme semble évoluer de plus en plus dans un pattern similaire… En se comparant à des modèles de perfection quasi artificielle, une personne en vient à préférer être « autre »… et à avoir du mal à se faire dire le contraire.
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Myriam
Au Japon, recevoir un cadeau signifie d’une certaine façon accepter une offense: en m’offrant quelque chose, ou un compliment, tu me mets en position de redevance, j’ai maintenant une dette envers toi, et c’est sujet à un malaise. Si je ne me trompe pas, les conventions sociales dans cette culture orientale très régulée permettraient d’utiliser le cadeau comme une arme, une intimidation. Qu’en est-il des cadeaux honnêtes? J’ose croire qu’ils provoquent le même malaise.
Bien que la plupart du temps j’accepte les compliments avec joie et humour, il m’arrive de ressentir ce malaise causée par l’impression d’être soudainement alourdie d’une dette. Les femmes ayant un sens de l’équité à mon avis plus naturel que les hommes(ça, on pourrait en discuter ailleurs), est-ce que ces malaises de redevances pourraient expliquer que plusieurs d’entre nous ayons du mal à accepter les compliments?
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Elyse
J’abonde un peu dans le sens d’Émilie et de Luc. Je crois que le fait que plusieurs femmes (et hommes, j’en connais, mais moins) soient frileuses aux compliments, c’est qu’elles ne sont pas, au fond d’elles-mêmes, « d’accord » avec les propos flatteurs.
TRANCHE DE VIE
J’ai une collègue, appelons-la Georgette, femme dans la quarantaine, rémission d’un cancer, une voix chaude, le teint rose et frais, le regard vif, personnalité formidable, la jeunesse éternelle dans le soulier (vous savez, ce petit oumph) et… un peu ronde.
MOI : Georgette, t’es belle!
GEORGETTE : hon, ben là, tu ne m’as jamais vue toute nue!
MOI : (intérieurement, « non, et ça ne risque pas d’arriver non plus ») …. ben euh, arrête ça, moi je te trouve belle (en répétant, je vais peut-être être plus convaincante; si les Teletubbies le font, je peux le faire moi aussi).
Voilà, elle a quand même plusieurs caractéristiques du canon de la beauté (jeunesse apparente, le teint, le dynamisme, etc.), mais voilà une chose qui cloche (probablement majeure pour elle) selon le modèle et pouf! l’estime de soi au recyclage et l’autocritique qui rapplique avec la cavalerie.
Je crois que cette satanée autocritique rend les femmes plus dures envers elles-mêmes qu’il ne le faut, mais le modèle qu’on nous présente sans cesse (ce fameux modèle auquel 0,005% de la population + maquillage + coiffure + photoshop correspond) n’aide pas et participe à cette critique si sévère, puisqu’en se comparant, on se trouve forcément moches. Tout ça en plus du sentiment d’inadéquation constamment perpétué par l’avalanche de magazines « féminins » (ok, je commence à sonner comme un disque qui saute).
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Emilie
Myriam: Votre remarque sur le Japon est intéressante. À certains égards, recevoir un cadeau ou une bonne parole peut effectivement faire penser qu’il faille donner autre chose en retour. Comment savoir si cette offrande est gratuite?
Elyse: La plus belle femme du monde, la plus brillante et celle à qui tout sourit pourrait aussi refuser les compliments sous prétexte qu’elle n’y croit pas. Si une personne n’a pas cette bonne perception d’elle-même, il est difficile de lui faire miroiter autre chose.
Il est bon de s’autocritiquer. Nul n’est parfait. Le problème réside dans le fait que certaines personnes ont tendance à s’autocritiquer à outrance, comme si elle n’avait pas le droit à l’erreur, pas le droit de ressortir de la masse, pas le droit d’être différentes… C’est dommage. Et, effectivement, ces images que nous renvoient les magazines sont parfois très destructrices pour l’estime de soi. On nous dit de ne pas nous comparer aux autres, mais… a-t-on vraiment le choix?
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Elyse
Myriam : je suis tout à fait avec toi, le plus beau « pétard » peut se trouver moche (c’est d’ailleurs, malheureusement, souvent le cas).
« Nul n’est parfait ». Voilà justement la raison pour laquelle il faut arrêter cette autocritique malsaine et insidieuse.
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Edenne
Pour ma part, je dois admettre que je me sens mal à l’aise lorsque des proches me complimentent en ce qui a trait au matériel, au vide.
Je m’explique, bien que l’intention derrière un «Wow! J’aime vraiment ta robe!» soit bienveillante, je me sens plutôt réduite à un morceau de tissu… Qu’en est-il de l’être derrière le vêtement?
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Stéphanie
Je crois que c’est plus facile d’accepter un compliment lorsque celui-ci concerne un trait de personnalité ou un travail accompli parce qu’on sait qu’on a plus de mérite dans ce cas que dans le cas de notre apparence, qu’on n’a pas choisie après tout.
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Valerie
Vos vêtements, votre coiffure, votre façon de vous présenter, vous ne les avez pas choisis, peut-être? Allons donc! Pour moi, recevoir un compliment, qu’il soit à propos de mon apparence physique ou de ma personnalité, ça me fait toujours plaisir.
Parce que mon corps fait partie de ce que je suis, parce que mon allure, c’est moi qui l’ai construite, parce que ma silhouette (un peu ronde, je dirais voluptueuse) est un reflet de mon mode de vie (peu sportive mais ô combien épicurienne), parce que pour quelqu’un de sensuel comme je le suis, mon corps, en tant qu’objet et sujet de plaisir, est indissociable de la vie qui l’habite, je suis toujours heureuse de recevoir un compliment, qu’il soit à propos de ma nature profonde ou plus superficiellement de ma coupe de cheveux.
Je ne dis pas que je ne ressens jamais de malaise à recevoir un compliment: quand je pense qu’il n’est pas sincère, je suis automatiquement sur mes gardes. Mais sinon, ça me fait plaisir! Malgré mon corps si peu concordant avec les canons actuels de la beauté, je sais que je suis belle. Il s’agit simplement de savoir me regarder.
Ça vous paraît peut-être présomptueux. Au contraire, c’est le résultat d’un long travail intérieur, sur le regard que je porte sur moi-même. Ce n’est pas tous les jours évident, surtout avec la pression sociale qui veut qu’on soit toujours plus mince, plus sexy… mais on y arrive.
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Stéphanie
Oh, je voulais plus parler des traits du visage ou de la couleur des yeux par exemple. Il faut dire que je ne me maquille rarement et me coiffe un peu n’importe comment… Bien sûr l’habillement et les accesseoirs font appel à la créativité personnelle.
Ce qui est triste c’est que beaucoup de femmes ne se contenteront pas de vous contredire si vous les complimenez sur leur apparence. Elles feront la même chose si vous leur dites qu’elles sont intelligentes, courageuses ou talentueuses.
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Emilie
Pour reprendre vos commentaires, j’ajouterais qu’il semble être plus facile de complimenter une femme, ou un homme, sur des traits extérieurs, sur son apparence, que sur ses qualités intrinsèques. De plus, je crois que lorsque la personne devant nous ne nous est pas très familière, lui offrir une bonne parole concernant ses cheveux ou un bijou qu’elle porte est à la fois plus facile et plus banal.
Quand dit-on à une personne qu’elle a une belle personnalité? C’est extrêmement rare!
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Roxanne
Je suis d’accord avec cet article. Je juge qu’il est nécessaire à la société, et pas seulement aux femmes, de savoir accepter les félicitations et les compliments, car si la critique aide à avancer, le compliment est tout aussi important!
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