6 décembre 1989
À défaut de trouver quelque chose d’original à dire sur la journée d’hier, je vous mets les liens vers quelques bonnes lectures:
Marie-Claude Lortie s’entretient avec Suzanne Laplante-Edwards, la mère d’une des victimes de Poly.
Micheline Dumont retrace 100 ans d’antiféminisme dans le Devoir.
Michèle Ouimet traite du point de vue de trois membres des équipes d’urgence sur les lieux ce soir-là. Le récit du policier dont le collègue a appris sur place que sa fille comptait au nombre des vicitmes est à glacer le sang.
Le récit (en anglais) d’une participante à la vigile d’hier soir, à Ottawa.
Sur Sisyphe, un dossier complet.
Excellente entrevue de Nathalie Provost et Francine Pelletier hier soir à Tout le Monde en Parle.
Et vous? Partagez vos lectures ou vos impressions.
pirtroll
Entre un type qui tue des femmes par haine du féminisme et des jeunes hommes qui se suicident 4 fois plus que les jeunes femmes (comme cela a été dit dans un autre post), je dirais que ça a l’air plutôt perturbant d’être un homme dans le Québec d’aujourd’hui.
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Pwel
Cher PirTroll (bon jeu de mot en passant, mais la subtilité a aussi ses avantages. Surtout qu’on commence a être pas mal blindés ici, faut nous en sortir des nouvelles pour être « pir ». Et cet argument sent le vieux tupperware^^).
Prenons un type qui exprime clairement sa haine du féminisme et qui tue pour l’exprimer. (relation causale directement exprimée)
Maintenant prenons des hommes qui se suicident.
(On me voit venir n’est ce pas?)
Quel est la relation causale direct entre le fait d’être un homme, et le fait de se suicider?
Je cherche vraiment très fort, mais je ne trouve pas parce que ces hommes peuvent avoir en commun leur genre, mais pas leur profession, leur éducation, leur mode de vie, leur relation familliale… Alouette!
Il y a longtemps, un prof d’université nous a raconté que l’endroit où il y a le plus de naissances au Pays-bas est aussi l’endroit où se trouvent le plus de cigognes.
Bang! Je viens de créer une relation causale à partir de rien moi aussi! Les cigognes doivent causer les naissances!
(Et je suis curieuse, est-ce que tu comptes dans nos malheureux suicidés victimes les hommes qui se tuent après avoir voulu tuer leur conjointe et/ou leurs enfants?)
—
Gang, vous devriez faire un tableau dans ce blog avec les arguments réchauffés. « Mais y’a plus d’hommes qui se suicident/ Mais les femmes aussi sont violentes dans un couple/ Mais c’est leur choix de vouloir vendre leur corps /Mais c’est leur choix de ne pas vouloir des positions de pouvoir / Mais c’est naturel, c’est dans leurs hormones-cerveau… »
Comme ça les gens qui voudront amener ces arguments révolutionnaires pourront seulement cocher la petite case qui leur convient, ou ecrire « voir argument 4.6.1 » et nous on va pouvoir faire des statistiques^^.
Mais je m’égare…
Merci pour tous ces liens Isabelle 🙂
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Pirtroll
@Pwel,
Ok, Ok pour votre argumentation qui elle aussi est des plus classiques dans le style » on n’y est pour rien « .
En attendant, et quelques que soient les causes, il semble le Québec ne soit plus une terre idéale pour l’équilibre psychologique des hommes avec les conséquences que cela entraîne en matière de violence faite aux autres ou à soi-même.
Quant aux statistisques sur le taux de suicide, elles sont ce qu’elles sont et vous ne les changerez pas au simple motif qu’elles ne vous plaisent pas.
Vous pouvez néanmoins continuer à discuter allègrement en bonne théoricienne que vous êtes, préférant à l’implacable sanction des chiffres la douceur et la poséie de la philosophie bon marché et empreinte d’autocongratulations assumées.
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Marie J.M.
Je ne pense pas qu’on soit à l’intérieur d’un concours: qui souffre le plus, les hommes ou les femmes? Quand je viens lire / discuter sur un site féministe, je viens tenter de trouver des façons d’améliorer le vécu des femmes et le mien par le fait même. La violence faite aux femmes est une problématique importante à laquelle les femmes ont à faire face ; le suicide, une problématique davantage masculine. Reprocher à un site féministe de ne pas aborder une problématique masculine? Je crois que c’est se méprendre sur l’objectif du site.
S.V.P. Un peu de respect pour les victimes. Allez ailleurs pour tenir un tel débat.
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Marie-Anne
J’ai appris en fin de semaine que l’échantillon d’hommes qui se suicident le plus c’est les jeunes hommes en questionnement identitaire sexuel, ou homosexuels. Et l’autre «échantillon» le plus touché, ce sont les jeunes hommes autochtones. Cette information provient du chercheur/sociologue Richard Poulin, ayant écrit «Les meurtres en série et de masse, dynamique sociale et politique».
On peut se questionner pertinement en quoi notre société met des pressions sociales sur ces jeunes hommes. Je doute qu’il n’y ait qu’une seule cause, de toute manière, pour expliquer ce phénomène désolant.
Mais de toute manière, ici n’est pas la place pour parler de cela. Alors je m’arrête.
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Imace
@ Pwel : post croustillant, je me suis délectée ! Sache que je soutiens avec enthousiasme ta proposition 🙂
Je n’ai pas vu le film Polytechnique, mais les liens qui le commentent sur Sisyphe (http://sisyphe.org/spip.php?article3212, http://sisyphe.org/spip.php?article3211) laissent un goût amer. Je suis très souvent déçue des films dédiés aux violences à l’encontre des femmes. Je me rappelle avoir eu la même impression suite au visionnage du film « Elephant ». Des images très belles, des personnages attachants… Et aucun regard critique.
Il semble que les réalisateurs refusent avec obstination d’offrir la moindre analyse quand un évênement bouscule notre conscience. Il faut que la tragédie vieillisse, appartienne à une autre époque, pour que leur approche commence à sonner juste (je pense notamment aux très beaux films sur la Shoah).
Quand le drame est contemporain, a fortiori quand il cible les femmes, la réflexion est perçue comme de l’indécence ou de la récupération. On a droit de montrer ce qui s’est passé, mais interdiction absolue d’y réfléchir !
Vous n’avez pas cette sensation ?
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pirtroll
comment ça » ce n’est pas le bon endroit pour en parler » ???
le thème c’est la commémoration d’une tuerie commise par un déséquilibré qui a tué des innoncentes en revendiquant son antiféminisme.
si ce n’est pas le bon endroit pour se demander pourquoi les cas de déséquilibres violents (envers les autres ou soi-même) sont si élevés chez les hommes, de quoi voulez-vous parler ?
Comment parler de la violence faite aux femmes (ou à d’autres) sans parler de ceux qui commettent ces violences ?
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Imace
Pirtroll illustre si bien les tentatives d’obstruction de la parole des femmes et d’accaparation de l’attention que je ne peux m’empêcher de vous présenter des extraits des articles sur le film Polytechnique présents sur le site Sisyphe, qui reprochent précisément ces travers au dit film.
Vous noterez aisément le parallèle entre les interventions de Pirtroll et les choix scénaristiques du réalisateur de Polytechnique.
« Le parallèle établi entre l’étudiant désemparé et l’étudiante survivante fausse la perspective. En insistant tout au long du film sur le personnage qui incarne l’étudiant en détresse, le film renvoie au second plan les véritables victimes et minimise les conséquences de la tragédie sur les filles. Je ne cherche pas à mesurer la profondeur des traumatismes des unes et des autres. Mais je ne peux faire abstraction de la réalité qui a inspiré ce film : ce sont des filles, et elles seules, qui étaient visées par le tueur, c’est elles qu’il a gardées sous son arme en renvoyant les garçons, c’est elles qu’il a voulu tuer et c’est certaines d’entre elles qu’il a effectivement tuées. » Micheline Carrier
« Le film Polytechnique est une fiction qui pousse volontairement à apaiser les tensions. […] C’est ce qui explique le choix des personnages, leurs actions et celui du montage des séquences. »
[Résumé : 2 personnages masculins fictifs sont inventés :
– un étudiant sensible et gentil, qui hésite avant de quitter la salle sur l’ordre de Marc Lépine, va avertir la sécurité, revient en courant, tente de secourir une femme blessée, s’excuse de les avoir laissées et finit par se suicider ;
– le copain de l’étudiante rescapée qui la réconforte. Curieux choix d’après l’auteure : (je cite) « Pourquoi cette nécessité de montrer les femmes protégées par des hommes, alors que cette tuerie montrait précisément la violence faite contre les femmes PAR un homme ? »]
« Lorsque vous irez voir le film, remarquez bien le rôle que jouent les personnages masculins. Ce n’est pas anodin. Exception faite des paroles qui ont été répertoriées sur papier, le reste est une FICTION qui tente de CONTREBALANCER le poids des gestes de cet homme armé qui tue des femmes de manière rationnelle, un geste politique. On ne parle pas des femmes ici. […]
[Le message politique du réalisateur] est celui du contrôle de la représentation des hommes dans ce film. […]
Il y a bien peu pour les femmes, dans ce film, sinon tout ce qui en a été exclu et passé sous silence. C’est tout le chemin qui reste à faire pour reprendre possession de notre représentation. » Annick Dockstader
Vous me pardonnerez la longueur des extraits, j’ai synthétisé au maximum, je ne pouvais faire plus sans risquer de déformer leur propos. Les articles entiers sont sur le site Sisyphe dont j’ai donné les sources.
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Marie-Anne
Précisions : j’avançais un propos, celui des suicides masculins mais ce billet est sur les différents articles sur Polytechnique. PAS sur les suicides des hommes. Peut-être faudrait-il que quelqu’une écrive un texte là-dessus pour largement en débattre. Mon erreur.
Cela dit, j’ai bien aimé l’extrait de Tout le monde en parle. Pour une fois, ils ont laissé la parole aux principales concernées !
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Raph
@Imace
C’est qu’on assiste souvent sur ce blogue à une tentative de diversion des masculinistes. Cependant, les femmes du blogue semblent de plus consciente de la manoeuvre.
Ne vous laissez pas distraire!
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Valerie
Attention attention. Richard Martineau a écrit un bon article (Voir le 6 décembre : http://martineau.blogue.canoe.ca/?cat=430). Je l’ai relu, je n’ai pas trouvé de failles ni d’allusions haineuses ou méprisantes.
Qu’est-ce qui se passe?
Tant mieux.
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Isabelle N.
Valerie: moi non plus je n’en suis pas revenue. Comme de quoi tout peut arriver!
Peut-être pouvons-nous rêver que les Pitrolls de ce monde nous laissent discuter tranquille? Après tout, c’est bientôt Noel, c’est la saison des miracles!
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pirtroll
l’inconvénient et l’avantage à la fois des pirtrolls, c’est qu’ils animent ce site qui sinon aurait une fâcheuse tendance à se cantonner à des discussions juste « tranquilles ».
Les discussions « tranquilles » sont certainement très consensuelles, la contre-partie étant alors qu’elles manquent cruellement de relief.
Pour le fun, sachez que ça ne m’embête pas d’aller sur des sites masculinistes en me faisant passer pour une féministe.
Je ne suis qu’un vilain et indécrottable polémiste !
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Jamed Lavy
Ne vous sentez pas indispensable Pirtroll : on se débrouille très bien sans vous, même pour les engueulades et autres divergences féministes si cela peut vous rassurer…
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Marie-Anne
Ah…je suis d’accord avec Jamed Lavy et Raph. Les trolls ne sont pas indispensables ! Même que le ‘relief’ qu’ils apportent aux discussions devient souvent des obstacles à celles-ci. Je crois aussi que ce sont des tentatives de diversion du sujet original, un détournement des sujets abordés dans le billet, notamment en faisant référence aux vies privées des blogueuses et commentateurs.trices.
POLÉMIQUE : Discussion, débat, controverse qui traduit de façon violente ou passionnée, et le plus souvent par écrit, des opinions contraires sur toutes espèces de sujets (politique, scientifique, littéraire, religieux, etc.); genre dont relèvent ces discussions.
«Il n’y a pas de vie sans dialogue. Et sur la plus grande partie du monde, le dialogue est remplacé aujourd’hui par la polémique. Le xxe siècle est le siècle de la polémique et de l’insulte (…) Des milliers de voix jour et nuit, poursuivant chacune de son côté un tumultueux monologue, déversent sur les peuples un torrent de paroles mystificatrices, attaques, défenses, exaltations.
Camus, Actuelles I, 1948, p.258. »
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Imace
@ Marie-Anne : j’aime beaucoup votre citation.
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Marie-Anne
@Imace : Merci !
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Marie J.M.
Hier (9 décembre), Richard Martineau publiait un extrait de la réponse du groupe « L’après-rupture » à son texte sur le 6 décembre. C’est à donner froid dans le dos… Je ne comprends pas qu’on puisse réellement penser comme ça au Québec.
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Stéphanie
Martineau reprend d’ailleurs ce sujet sur son blogue aujourd’hui:
http://martineau.blogue.canoe.ca/
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Marie-Anne
Ça fait drôle de voir citer du Martineau ici ! Cela dit, avec son style habituel il se moque des masculinistes.
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Caroline R.
@Marie-Anne:
Je suis d’accord ça fait bizarre, mais c’est intéressant!!! En plus, je crois que je suis d’accord avec ce qu’il dit!!!
Il faut que je vous raconte les filles:
Hier j’ai eu une GRANDE joie!!!!
Je passais devant la COOP de l’UQAM et j’ai vu dans la vitrine le livre que j’attendais depuis LONGTEMPS!!! *J’Hais les féministes! Le 6 décembre 1989 et ses suites* est enfin sortit!
Hé oui, le livre de Mélissa Blais est enfin disponible. J’ai dévoré l’introduction hier soir, en rentrant en métro… WOW!
Elle commence par un résumé, étape par étape, du déroulement de l’événement du 6 décembre 1989. Les notes et références sont plus qu’intéressantes et les précisions qu’elle apporte me semblent indispensables. J’ai vraiment hâte de continuer ma lecture!!!
Son récit est inspiré de son mémoire de maitrise. Et fut imprimé juste avant les comémorations de Poly à l’UQAM la fin de semaine dernière.
Je vous le recommande!
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