Vie de meuf ou la confusion sur les féminismes et le sexisme
Profitant de la fin de la canicule pour me reposer et prendre le temps voir passer le temps, j’ai écouté On aura tout lu à la Première chaine de Radio-Canada. Pour mon plus grand plaisir, on annonça que l’on aborderait durant les premières minutes (entre les 6e et 22e minutes, plus exactement) de l’émission le nouveau livre d’Osez le féminisme !, inspiré du blogue Vie de meuf.
La lecture du livre et la discussion sur le sexisme avaient été confiées à l’auteure Djemila Benhabib , que je connaissais pour son livre « Ma vie à contre-Coran » dans lequel elle s’insurge contre les accommodements raisonnables (vous vous souvenez certainement de toute la controverse qu’avaient soulevés ces dits accommodements et la Commission Bouchard-Taylor… ?) et met en garde contre l’islamisme radical. De plus, sur son site internet officiel, on peut lire qu’elle dénonce certaines positions de la Fédération des femmes du Québec en ce qui concerne le voile islamique. Bref, l’auteure a clairement des sympathies pour le mouvement féministe et a des positions qu’elle énonce clairement.
Également, on avait demandé à Biz , du groupe Loco Locass, de lire ledit livre « Vie de meuf, le sexisme ordinaire illustré » (dont on peut lire une critique ici). Le chanteur se dit moderne, égalitariste et remercie les mouvements féministes pour les avancées qui profitent à toutes les personnes.
J’étais ravie qu’on demande à deux auteurEs que j’aime bien et dont j’admire les prises de positions et la clarté des propos de lire ledit livre. Or, il m’a semblé que l’on mélangeait les choses dans cette critique. D’une part, on critiqua la forme et le contenant, plutôt que le contenu. Biz se questionne s’il est approprié de publier dans un livre ce ramassis d’anecdotes anonymes dont on ne peut vérifier le contenu. Si je comprends l’inconfort quant à l’anonymat que procure le blogue, je doute que ce livre veuille étaler la Vérité, mais plutôt souligner ou illustrer, comme son sous-titre l’indique, le sexisme ordinaire de tous les jours. Le chanteur loquace va même jusqu’à qualifier le livre de » florilège (recueil de pièces choisies) de mufleries (grossièretés, indélicatesses) ».
D’autre part, on s’en prend à la neurobiologiste qui signe la préface puisqu’elle affirme que tout est acquis, que rien n’est inné, position des féministes égalitaristes. Certes, on peut ne pas être d’accord avec ce propos. Il faut cependant avoir conscience que « les féministes » non plus ne sont pas toutes d’accord avec cette affirmation. Biz croit que les femmes sont biologiquement plus aptes à s’occuper des jeunes enfants, niant presque tout apprentissage social, cette position est défendue par les féministes différentialistes. Le débat entre les féministes différentialistes et les féministes égalitaristes n’est toujours pas réglé, et je ne compte pas le résumer ici. Toutefois, j’aimerais mettre en garde contre la tentation d’amalgamer féminisme égalitariste et féminisme radical. Les féministes radicales affirmaient que la source, la « racine » de l’oppression des femmes était le patriarcat. Elles n’avaient que faire du débat inné/acquis que même les théories psychologiques, biologiques et anthropologiques n’ont pu régler. Djemila expliqua que certains choix sont politiquement et socialement influencés, et que c’est contre cette influence que ces féministes s’en prennent.
On profita même de l’occasion pour dénigrer « nos cousins français » et se rassurer que la situation des femmes est bien pire en France, qu’au Québec. Comme le dit l’adage: lorsque l’on se regarde, on se désole, lorsque l’on se compare, on se console!
Enfin, Djemila souligne qu’il est important, encore aujourd’hui, d’avoir des discussions sur le sexisme et qu’elle craint la perte de certains acquis des mouvements féministes. Aussi, elle insiste sur la nature humaniste du féminisme et sur l’importance de délaisser le déterminisme biologique pour se donner les moyens politiques pour changer les choses.
En somme, cette discussion qui voulait porter sur le sexisme a plutôt dérivée sur les féminismes. Cela me prouve l’importance des mouvements féministes, mais plus encore celle de faire de l’éducation populaire sur les féminismes. De plus, cela me réconforte sur la validité de notre blogue. Vous remarquerez qu’à la fin de la discussion on s’interroge s’il y a un tel regroupement au Québec et on mentionne le nom de Marianne. Je crois que le temps est venu de nous faire connaître, d’envahir l’espace médiatique et virtuel. Pour ma part, j’ai écrit à Biz, Djemila, Marie-Louise et Caroline De Haas de Osez le féminisme ! pour leur faire connaître notre blogue en leur indiquant que j’écris cet article.
audrey
bonjour : je ne comprends pas le titre de cet article.
pourquoi le livre vie de meuf confond feminisme et sexisme ? c est un non sens ?
quand on est féministe on dénonce le sexisme non ???
ce chanteur biz est particulier non ? il n y a vraiment que des hommes pour s interroger sur la véracité des propos recueillis comme si des gens remettaient en cause les propos de vie de merde ou les témoignages dans les reportages et j ai envie de dire que les hommes trouvent toujours plus naturel que ce soit les femmes qui élèvent les enfants.
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Caroline R.
Bonjour Audrey,
J’avoue que le titre peut porter à confusion. C’est que lors de cette émission, on voulait utiliser ce livre pour provoquer une discussion sur le sexisme. Or, la discussion était plutôt confuse et tournait plus autour des féminismes. Je voulais donc souligner que la discussion, dont le livre était le prétexte, était confuse.
C’est intéressant que vous soulignez Vie de merde, puisque l’une des intervenantes dans la discussion l’a souligné. Je vous recommande d’écouter ladite discussion, cliquer sur On aura tout lu (ci-haut) et allez à la 6e minute.
Merci de vos commentaires.
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Martin Dufresne
J’aurais attendu beaucoup mieux de Biz. On dirait que, tant que le féminisme est une question de principe, ça peut aller… mais que dès qu’on met en cause des comportements et propos masculins qui démontrent que les choses n’ont pas changé aussi vite que ne le prétendent certains, les femmes vont une nouvelle fois « trop loin » pour les hommes à qui on offre le micro. Come si nous les hommes étions les gardiens d’une immense porte, auto-autorisés à la fermer quand nous le jugeons justifié.