40 ans de femmes et de vidéos
Hier, pour souligner la Journée internationale des droits des femmes, avaient lieu à Québec de multiples activités toutes plus intéressantes les unes que les autres. Bien entendu, il m’a fallu faire des choix déchirants et difficiles.
D’abord, la Coalition régionale de la Marche mondiale des femmes organisait différentes activités durant la journée. Soit, une action de visibilité en non-mixité, une manif mixte et une soirée festive et dansante non-mixte. Malheureusement, je n’ai pas assisté à ces événements, mais l’une de mes amies y a assisté et m’a dit avoir eu beaucoup de plaisir. Elle a même reçu la mention d’honneur de la militante féministe de l’année 2013. Bravo Hélène!
Puis, il y avait l’exposition 8 femmes | 8 mars (elle continuera jusqu’au 3 avril), dont les profits seraient remis au magazine Sapho, un magazine pour femmes lesbiennes et bisexuelles édité à Québec. Je m’y suis rendue avec deux amies. Les oeuvres étaient belles, mais nous avons dû quitter avant que les activités ne commencent réellement, puisque nous ne voulions surtout pas manquer la soirée organisée par Vidéo Femmes.
Cette soirée, animée par Marjorie Champagne, reine-mère de la Revengeance des duchesses proposait la projection de 12 courts métrages de fiction qui ont été acquis par Vidéo Femmes. Je propose ici une critique féministe de la soirée.
Dans un premier temps, sur la porte extérieure, l’événement était annoncé comme un « Party de brassières! » Ça m’a mise un peu mal à l’aise. Peut-être suis-je trop sérieuse, mais je ne trouvais pas ça très « attrayant »… D’autres blagues du genre « On va se raser les d’sous de bras » m’ont également titillée, sans m’offusquer pour autant. Et je ne vous parle pas des 20 femmes et 4 seuls hommes (visiblement à la recherche de partenaires) sur la piste de danse en fin de soirée – pourtant la soirée n’avait pas été annoncée en non-mixité… L’un d’entre eux m’a même demandé s’il pouvait zigner ma jambe, ce que j’ai refusé, mais qu’une dame dans la quarantaine a semblé accepter – avec regrets d’ailleurs – un peu plus tard, puisqu’il s’est exécuté sur la piste de danse… Bref, la classe! M’enfin…
Dans un deuxième temps, l’animatrice est arrivée sur scène costumée en « Superman », bien que quelques voix se soient fait entendre dans la salle pour la rebaptiser « Superwoman », la membre du CA de Vidéo Femmes a souligné qu’elle avait toujours rêvé de monter sur scène vêtue d’un costume de super héros. Si ma première réaction fût: Pourquoi n’a-t-elle pas choisi un costume de femme? J’avoue, avec le recul, que cela témoigne peut-être de l’importance de l’organisme Vidéo Femmes qui acquière et distribue des films réalisés par des femmes pour leur donner une visibilité internationale.
Puisque, comme le démontre l’étude L’avant et l’arrière de l’écran. L’influence du sexe des cinéastes sur la représentation des hommes et des femmes dans le cinéma québécois récent de la sociologue Anna Lupien en collaboration avec Francine Descarries et Réalisatrices équitables, le sexe de la personne qui réalise le film a une influence sur l’histoire et donc, sur l’imaginaire collectif. C’est donc dire que moins il y a d’héroïnes féminines, moins les filles, si féministes soient-elles, s’identifient aux femmes dans le cinéma.
Dans un troisième temps, cette soirée soulignait également le 40e anniversaire de Vidéo femmes. Il semble qu’il y a 40 ans, le féminisme donnait lieu à la création de plusieurs organismes, tels que le Conseil du statut de la femme, Vidéo femmes et les Réalisatrices équitables. Malgré tout, les stéréotypes et préjugés persistent dans la société québécoise. Comme l’a mentionné Andrée Pelletier, la co-présidente d’honneur de la campagne de financement de Vidéo femmes, nous avons tendance à nous déprécier comme femmes. En effet, elle racontait que sa première réaction lorsqu’elle a reçu l’appel pour devenir la co-présidente de cette campagne fut « Pourquoi moi? » Cela m’a rappelé que lors des célébration du 4e anniversaire de notre blogue, l’une de nos invitées d’honneur nous avait posé la même question! Bref, pour permettre l’abolition de la sous-représentation des femmes dans le cinéma, ça m’a donné envie de donner un coup de pouce à l’organisme et je vous souligne au passage que vous pouvez devenir membre ou participer à leur campagne de financement!
Dans un dernier temps, je m’en voudrais de ne pas souligner les 12 réalisatrices de talent dont j’ai pu apprécier les courts métrages de fiction hier soir! Certes, toutes les oeuvres ne sont pas féministes, mais au moins ça diversifie le panorama cinématographique. Dans l’ordre de projection, les films étaient:
- le très drôle Joie de Kristina Wagenbauer;
- le déprimant La visite guidée de Martine Asselin, sur l’avenir de notre planète;
- Congratulations de Michèle Gauthier, qui aborde le délicat sujet des premières règles;
- Along the road de Gabrielle Nadeau, où l’on voit une amitié naitre;
- Martine à la plage de Martine Asselin et Olivier Gilbert, qui questionne les raisons de faire des enfants;
- le touchant Fuck that de Lawrence Côté-Collins, traitant de la relation père-fille;
- À tous mes jules d’Émilie Rosas, Francis Pinard et Benoît Thomassin, qui aborde les préjugés sur le concubinage des femmes;
- le poignant Le vide de Renée Beaulieu, qui traite d’anorexie;
- le beau Les choses de ma vie de Yanie Dupont Hébert;
- le troublant Sept heures trois fois par année d’Anaïs Barbeau-Lavalette et André Turpin;
- l’énigmatique Sandra de Léa Clermont-Dion, alors qu’un flou s’installe autour d’une relation amoureuse et d’une travailleuse du sexe;
- le rigolo Mila de Kristina Wagenbauer.
En terminant, je nous souhaite 40 autres belles années de 8 mars, de vidéos et de femmes inspirantes! Et vous, que nous souhaitez-vous?