Le 8 mars… et pis après?
Ceci est un billet prétentieux littéraire et académique philosophique. You’ve been warned.
Je réfléchis, à ce qui nous manque pour travailler ensemble à l’amélioration des conditions de vie de toutes les femmes, et de l’ensemble des personnes qui vivent de l’oppression genrée. (Parce que c’est ça qu’on veut faire à la base, right?) Je me demande qu’est-ce qui fait qu’il est si difficile de mener des luttes côte-à-côte, parce qu’on mène aussi des luttes parallèles, ou des luttes qui vont en diagonale.
Il y a des féministes avec lesquelles je ne suis pas d’accord. Il y a des féministes qui ne seront pas d’accord avec moi. Mêmes mes bon.ne.s ami.e.s féministes, on s’entend pas toujours sur les subtilités d’analyse, l’application pratique des théories, les meilleurs moyens d’action ou tactiques à employer… Mais pourquoi ça, ça devrait nous empêcher de nous trouver des espaces où discuter? contre-argumenter? entendre? questionner? Tant qu’on s’écoute, tant qu’on ne parle pas les unes à la place des autres, tant qu’on n’universalise pas les expériences, tant qu’on ne reproduit pas entre nous des dynamiques patriarcales… Ah mais c’est ça qu’on fait pourtant. Trop fucking souvent.
Je suis contente de voir qu’on s’efforce quand même à créer des lieux où se rencontrer, quitte à exposer nos différences, mais aussi nos points communs. Des lieux comme ce blogue, même si y’a des patates chaudes (*COUGHTRAVAILDUSEXECOUGH*) qu’on évite d’aborder parce que pas moyen de traiter de cette question sans se faire accuser de partisanerie ou de lobbying (whaaat?). Des lieux tels que la démarche des États généraux du féminisme, coordonnés par la FFQ, dans un effort réel d’ouverture au dialogue: entre femmes autochtones et allochtones, entre féministes des centrales syndicales et militantes grassroots, entre générations, entre courants. (Elles ont d’ailleurs eu droit à des accusations de partisanerie aussi.)
J’aimerais qu’on arrête de gosser pour des questions d’alliés problématiques, à l’invitation de Loretta Ross, l’une des fondatrices de SisterSong. Et j’aimerais qu’on pense d’abord notre résistance en fonction des personnes les plus vulnérables dans nos sociétés, comme Dean Spade en explique la nécessité. J’aimerais un féminisme qui checke son privilège.
Je nous souhaite de travailler dans cette voie.
Avant-hier on était le 8 mars. Hier, le 9. Aujourd’hui, le 10. Pis vous, votre féminisme, il sera comment demain?
Barb Ze Radikale
j’aime ben ça c’que tu dis marie-élaine…
et je me permettrais de dire itou que la lutte, c’est + dans la rue et dans l’organisation concrète, + dans l’action directe ou subversive ou créative ou invisible ou illégale ou douce ou éducation populaireuse et – dans des workshops, sur facebook, sur des blogs, dans nos têtes, dans nos espaces-déjà-fucking-privilégiés-pour-la-plupart-d’entre-nous-qui-lirons-ce-blog-justement.
c’est – de « first world problems » et + de solidarisation avec oui les personnes les plus opprimées par le patriarcat, l’hétérosexisme, le colonialisme, le capitalisme, l’ableism, le racisme, allouette…
love&rage always
barb ze you know what
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Marie-Élaine
La question est donc lancée: est-ce que les blogues sont des espaces privilégiés?
Je dirais oui, à cause d’un paquet de choses (qui ne sont pas inhérentes aux blogues eux-mêmes). Une question de manque d’accès, principalement? L’université aussi est un lieu de privilège.
Mais ça veut pas dire que je vais me couper de ces espaces pour réfléchir. Ou que je devrais.
Je suis d’accord que de rester *uniquement* dans ces lieux ne permet pas les échanges riches de l’action directe ou les prises de conscience de la rue. Ça prend un équilibre.
Libre à chacune d’établir l’équilibre qui lui convient 😉
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Barb Ze Radikale
Je dis -, comme dans « moins » et non pas « éliminons-ces-satanés-blogues-et-universités-lieux-de-privilégié.e.s… »
Évidemment qu’un blog comme celui-ci contribue à notre mouvement féministe…
Ce que je dis c’est surtout + (comme dans PLUSSSSS) d’actions!
La même Barb
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Euterpe
Et « après », il y en a qui appellent ni plus ni moins des activistes féministes « trolls » : http://blog.plafonddeverre.fr/post/A-quoi-servent-les-FEMEN-%281/2%29
Personnellement cela me rend carrément furieuse :http://angrywomenymous.blogspot.de/2013/03/la-femen-est-elle-une-bestiole-utile-ou.html
Bon voilà.
Moi aussi je trouve qu’avec la situation patriarcale actuelle on devrait tous les jours être dans la rue et surtout pas en train de dire des trucs dégueulasses comme telles féministes sont des trolls.
Je ne sais pas si je serais publiée mais tant pis.
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Marie-Élaine
Pour moi, il y a une marge entre être un troll et poser des actions féministes problématiques. C’est beaucoup dans la façon de faire? Troller, c’est un comportement qu’on adopte face au débat d’idées, un refus d’engager. Si t’es une féministe et que tes moyens d’action sont discutables, soit. Ça fait de toi un troll uniquement si tu fais l’oreille sourde aux critiques et que tu restes dans ta bulle de « non non, je suis féministe donc tout ce que je fais, c’est nice ». C’est avec ce monde-là que j’ai pas de patience. Je ne sais pas si c’est ce que font les FEMEN, j’ai pas trop suivi leurs affaires.
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3hungary
2vancouver
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