De la chance… (coup de gueule)
J’ai quand même de la chance… C’est ce que plusieurs d’entre-nous se disent, moi la première, pendant ou après avoir vécu des trucs pas l’fun, en pensant à celles qui ont vécu ou qui vivent bien pire que nous.
Et ça me frustre. Ça me frustre, parce qu’à chaque fois que je pense ça ou que j’entends quelqu’une* le dire, je m’imagine toujours le dude-cis-hétéro-blanc qui aurait plein de raison de se dire chanceux, mais qui ne le fait pas parce qu’il ignore à quel point il est privilégié, et qu’il s’en fout de le savoir, tant qu’il reste privilégié.
Mais ce qui m’enrage le plus dans cela, ce n’est pas que ces dudes-là ne se disent pas chanceux, c’est qu’ils n’ont pas à le faire (ce qui ne devrait pas les empêcher de constater qu’ils sont foutrement privilégiés). Parce que, tsé, ne pas subir de misogynie, de transphobie, d’homophobie, de racisme et autres, ce n’est pas avoir de la chance, c’est simplement être traité humainement!
Au bout de compte, il me semble que lorsqu’on dit qu’on a de la chance, ça revient à dire qu’on a moins de malchance que d’autres personnes qui vivent des oppressions systémiques et déshumanisantes plus intensément ou en plus grand nombre que nous. Et ça me frustre.
*L’absence de masculin n’est pas une tentative d’analphabétisme inversée. C’est simplement que je n’ai pas encore entendu quelqu’un le dire.