Nos plumes comme des armes comme traces d’empowerment
Premières émotions.
Gorge nouée.
Pleurs refoulés.
Les premières lignes sont tranchantes comme la vie
Les suivantes sont suaves comme l’amour
Les dernières sont douces comme la mort
Je ne pleurai point parce que ces lignes me rappelaient à ma position privilégiée. Blanche. Nord-Américaine.
Je ne pleurai point parce que je portai le poids de nos fautes narcissiques sur mes épaules.
Et je ne pleurai point parce que j’écris et je lis cette langue infusée de l’oppression.
Si cette larme coulait sur ma joue ce n’était dû qu’a la vibration de ces mots en apparences si simples, mais au fond si lourd. Lourds parce qu’ils ne transportent pas seulement leurs mondes intérieurs, mais parce qu’ils ont la beauté de nous tirer dans ce monde secret, nous enveloppant de cette chaleur enivrante.
Lourds parce qu’ils portent « the women’s burden ».
Je ne sais pas si lire les lignes enracinées dans ce collectif avant leurs lancements fut la meilleure des idées. Je l’eu pourtant fait et c’est armée de ces mots flottant dans ma tête, que je m’y suis présentée. Si à mon arrivée la salle était emplie de mots en suspens, elle s’est vite gorgée, signe du succès de l’appel de cette initiative de réunir dans un collectif de poésie, maintes voix, toutes aussi belles les unes que les autres. C’est en travaillant ainsi ensemble, que les femmes pourront faire la différence.
L’initiative d’Elisabeth Massicolli, inspirée des paroles de Su’ad Abdul Khabeer voulant qu’il ne soit pas nécessaire de se porter comme la voix de celles qui n’en ont pas, mais plutôt qu’il s’agisse de passer le micro, est brillante et humble. On reproche souvent aux féministes blanches et privilégiées de parler pour des « femmes sans voix » alors que ces femmes sont les mieux placées pour faire entendre leurs voix. Ici, mission accomplie, ce recueil montre qu’il est possible de faire passer le message par la collectivité, le respect et l’harmonie.
Quatre voix de femmes s’élèvent tour à tour dans la salle.
Elisabeth Etienne nous dit que « certains mots doivent être prononcés à haute voix » et que « ces mots peuvent aller à toute les femmes ». La voix d’Élisabeth résonnait entre ces murs comme ceux de l’empowerment féminin, cette voix qui nous rappelle que nous serons les femmes que nous voudrons être, sans foi ni lois pour nous dicter nos pas.
Alex Viens nous rappelle qu’être femme est trop souvent poursuivi d’une angoisse volatile. Insaisissable. Elle nous rappelle le « juste au cas » qui n’a pas lieux d’être, mais qui fait partie pourtant de tant de vies. Alex Viens s’appelle « résistance ».
Josiane Ménard nous offre ces mots comme un baume pour ces jours où « vous vous sentirez petite ». Elle nous prend en son sein nous berçant dans un vide fragile et touchant. Nous rappelant qui si les femmes semblent d’abord pouvoir porter le poids du monde, elles ne sont ni niaise ni faible, elles sont fortes les femmes et elles feront tomber les barrages se dressant devant elles.
Pierrette Coulombe saisi l’essence du bruissement des mots qui résonnent dans les textes recueillis, l’ensemble « ça fait frissonner, mais c’est bon ». Elle porte cette sagesse qui montre que l’espoir est porteur d’une infinité de possibilité, de mouvement et de réussite. Elle nous projette et nous encourage à continuer d’œuvrer ensemble pour faire de la réalité notre réalité.
Les fautes du temps sont passée sous la plume de ces femmes et elles nous frappent, nous réveille, nous fait du bien. Si les lignes étampées dans ces pages nous transportent, les illustrations du recueil nous rappellent la beauté sous toute ses formes. L’utérus de Valery Lemay est ironique et réconfortant alors que la main de Natalie-Ann Roy invoque de l’angoisse et de la puissance.
Ces lignes et ces images nous rappellent qu’être femmes n’est pas une expérience lisse, univoque. L’être femmes est multiple, passionné, violent.
Ce receuil nous rappellent que si les femmes « care », elles ne se définissent pas seulement en ces termes. Les femmes se définissent de façon aussi multiple que le nombre qu’elles représentent. Il n’en va de rien que de vouloir lisser leur image, les associer à la douceur et la fragilité. Derrière cette apparence tendre, les femmes sont fortes et elles grondent, elles se feront entendre qu’importe le prix de leur insolence.
Le lancement de Nos plumes comme des armes / Our Words as Weapons¹ a fait du bien, tout comme les mots déployés dans son recueil.
Décidément un incontournable. Un baume sur nos cœurs, une bombe sur nos têtes.
¹Pour vous procurer ce magnifique recueil, les quantités sont limités !!! https://www.nosplumescommedesarmes.com
NB : Tous les fonds amassés par la vente des recueils iront à : Action réfugiés Montréal, Hélem Montréal et le Centre multiethnique de Québec, qui luttent contre l’intolérance.