Quel lien entre un corps de femme, Abby de NCIS et la médecine?

La réponse tient en trois mots ou six cents deux pages : Choeur de femmes.

Ce livre (résumé de l’histoire) aborde le rapport de la femme à son corps et même si certains aspects sont un peu stéréotypés ou partials, il a le mérite de poser les bonnes questions et de faire réagir.

L’auteur, Martin Winckler, critique violemment l’attitude fermée et condescendante des médecins (ici en particulier les gynécologues) envers leurs patientes. Une attitude qu’il attribue en grande partie au formatage que subissent les étudiants de médecine en France. Pour l’anecdote, il vit en ce moment au Québec dont il défend le système de formation qu’il juge plus humain. Et même si j’estime que l’on a le médecin que l’on choisit et qu’on est assez grandes pour en choisir un qui nous respecte et nous écoute, le comportement de certains est intolérable. Et les chiffres et témoignages que rapportent Winckler font froid dans le dos. On apprend par exemple que certaines femmes ont avorté à deux reprises par la faute de leur spécialiste. Ce dernier refusait en effet d’adapter leur traitement alors que celles-ci tombaient enceintes malgré un respect scrupuleux de celui-ci.

Il aborde également le sujet de la contraception. En France, la pilule est reine (c’est le seul contraceptif avec le stérilet à être remboursé par la Sécurité Sociale) et la plupart des praticiens sont peu informés sur les autres moyens de contraception (patch, anneau, implant, diaphragme…). Il défend aussi de façon (trop) acharnée le DIU, un contraceptif que de nombreux praticiens français refusent de poser aux femmes sans enfants alors qu’il a été démontré que cela ne comporte aucun risque. Cependant, j’adhère complètement à sa volonté de mieux renseigner les femmes afin qu’elles adoptent la contraception qui leur convient le mieux. Je trouve sa démarche d’autant plus utile que selon un article de Psychologies magazine, de nombreuses femmes, dégoûtées par le « tout pilule » et encouragé par la mode du bio reviennent à des méthodes contraceptives dites naturelles mais moins fiables. Ce retour à des méthodes archaïques et peu sûres m’effraie. Je pense que la solution n’est pas le retour en arrière mais une meilleure information des femmes (et des hommes) et une science plus respectueuse de l’humain et de l’environnement. Or comme le déplore l’héroïne du roman, beaucoup de laboratoires sont aujourd’hui plus soucieux du rendement que des conséquences de leurs produits.

Enfin, l’intrigue aborde aussi la question du genre. Pendant des années, il y a encore peu, on procédait à de (nombreuses) interventions chirurgicales afin de « construire » un genre à de jeunes enfants dont les organes n’étaient pas différenciés. Une procédure révélatrice d’une société où le trouble dans le genre n’est pas permis. Où le genre se définit biologiquement. Or l’héroïne, prénommée Jean, nous prouve que la féminité peut se construire socialement et psychologiquement sans avoir recours nécessairement à la chirurgie.Que le genre est aussi une construction sociale.

Bref, un roman qui nous fait réflechir et qui nous rappelle l’importance de se connaître, de se respecter et de se faire respecter que ce soit avec les soignants et plus généralement dans la vie quotidienne.

8 Comments

  • clairedesbois
    14 octobre 2010

    Juste une petite précision : toutes les pilules contraceptives ne sont pas remboursées par la sécurité sociale française (les pilules dites de 3e générations le sont rarement. Or, étrangement, elles sont très facilement prescrites par les gynecos).
    En revanche, l’implant est remboursé, à 75%. (et comme cadeau d’anniversaire – ou de Noël hein, c’est pas bien grave-, moi je veux la commercialisation de l’implant au Québec).
    Ah et sinon oui, le roman fait 600p, est agréable à lire, et se finit en 2-3 jours 🙂

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  • Sophie BD
    12 novembre 2010

    J’aimerais préciser que les méthodes dites « naturelles » ont beaucoup évolué depuis le temps, et les connaissances que nous avons sur le cycle féminin (et sa diversité, ses multiples déclinaisons) aussi. La méthode sympto-thermique, enseignée gratuitement par l’organisme Serena au Canada, lorsque bien utilisée, serait aussi sûre pour le contrôle des naissances, sinon plus que l’usage du condom. Bien utilisée sous-entend par contre d’avoir suivi une formation, d’être très disciplinée et rigoureuse et que le conjoint soit activement impliqué dans la démarche.

    J’ai moi-même beaucoup vu ou entendu parler des amies de leur retour aux méthodes naturelles et ça donnait des frissons dans le dos en effet vu le manque de connaissances que l’utilisation qu’elle en faisaient dénotaient. Par contre, je vois d’un bon oeil un choix de méthode contraceptive qui peut aussi amener à mieux comprendre et connaître son corps, ce qui pourra s’avérer fort utile lorsque la conception sera désirée.

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  • Stéphanie
    14 novembre 2010

    Le courant « naturaliste » dans la contraception m’inquiète un peu en ce qu’il néglige de plus en plus le condom, encore le meilleur moyen de prévenir la transmission du VIH/SIDA. Les personnes atteintes ne l’ont pas écrit dans le front et la moitié d’entre elles ne sont même pas conscientes de l’être.

    D’autres part, j’ai été rédactrice pour la section questions/réponses de quelques sites web et j’ai été frappée par la quantité de questions d’adolescentes et de femmes qui se demandaient si elles pouvaient être enceintes mais qui semblaient ne pas bien connaître le fonctionnement de leur corps.

    Certaines utilisaient la pilule et en avaient oublié une ou plusieurs, d’autres n’utilisaient aucune contraception, l’une d’elle était même vierge et la plupart de connaissaient pas leur période de fertilité et ne me mentionnaient pas non plus la durée de leur cycle menstruel…

    Je ne savais pas toujours de quels pays elles écrivaient ni si elles avaient accès à des tests de grossesse. Enfin, aucune ne semblaient avoir songé à la possibilité d’avoir contracté une ITS.

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  • Emilie
    15 novembre 2010

    Je suis d’accord avec vous Sophie et Stéphanie et ce qui ressort de vos commentaires est tout à fait vrai : il n’existe pas UNE contraception parfaite pour tout(e)s mais il faut apprendre à se CONNAÎTRE (et Winckler te rejoint là dessus Stéphanie : beaucoup de femmes ne connaissent pas assez leurs corps et les moyens contraceptifs existants) et à connaître nos risques et nos besoins pour vraiment bien se protéger.

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  • Imace
    15 novembre 2010

    Il y a effectivement un manque d’information impressionnant en France sur la contraception.

    Histoire de colorer un peu le débat, un modeste témoignage : étant d’une nature particulièrement rétive aux rituels quotidiens, j’ai cherché à échapper à la contraception par pilule pour me faire poser un stérilet.

    Jusque là, mes gynécos successives et médecins généralistes avaient toujours été assez réticents au sujet du DIU, notamment pour une nullipare. Mais j’avais lu beaucoup d’informations contraires sur la toile. Je me choisis donc, dans l’annuaire, une nouvelle gynéco.

    Première tentative : terriblement peu encline à la pose du DIU parce que je n’ai pas eu d’enfant, la gynécologue finit par accepter cette possibilité, et me prescrit un DIU hormonal car elle craint que le cuivre rende mes règles encore plus abondantes et aggrave ma (très) légère anémie. J’achète l’engin : 115 €. Pas remboursé du tout par la SECU.

    Le contact avec cette première gynéco ayant été particulièrement éprouvant (la dame m’a mise en garde contre l’augmentation des risques d’infection par une IST et la stérilité qui pouvait en résulter ; je lui ai répondu gentiment que je n’avais pas, hélas, une cohorte de partenaires mais un vieil amant fidèle, et que par ailleurs je ne comptais pas avoir d’enfants ; dès lors, une stérilité infectieuse pouvait presque m’arranger… Elle est devenue glaciale, comme si cette absence de goût pour la maternité faisait de moi un monstre), je cherche donc une seconde gynéco. J’achète entre temps le DIU.

    La seconde gynéco m’informe, schéma à l’appui, que le DIU hormonal sera juste impossible à insérer, puisqu’il mesure un bon centimètre de plus que mon utérus n’ayant jamais été distendu par la grossesse… Qu’il faut donc se rabattre sur un DIU au cuivre, qui ne fera que prolonger d’un jour l’abondance de mes règles, ce qui n’aura pas d’incidence significative sur ma santé.

    Bien, bien, bien. 115 € foutus en l’air, donc. Par dépit, j’ai oublié mes projets, je n’avais pas envie de payer à nouveau ce prix…
    Je ne dis bien évidemment pas que toutes les gynécologues sont antipathiques ou incompétentes. Par contre, je pense que l’insuffisance d’informations relatives au DIU ne sévit pas seulement dans la population des femmes en âge de procréer, mais également en amont, dans la population des médecin(e)s sensé(e)s les conseiller et les soigner. Et c’est quand même sacrément dommage.

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