Retour sur la conférence « Féminisme dans les médias de masse »

Voici le texte qu’Émilie a écrit suite à notre expérience durant la conférence Féminisme dans les médias de masse qui a eu lieu à l’UQÀM le 9 novembre. Cette soirée était organisée par le Réseau Études féministes de l’UQÀM et la salle était pleine à craquer! Dans l’ensemble, c’était une belle soirée et nous espérons que d’autres conférences du genre seront organisées!

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Quand j’ai vu l’annonce de la conférence « Féminisme dans les médias de masse », j’étais vraiment contente! Le sujet de mon mémoire porte sur la présence des discours antiféministes dans les médias de masse, alors vous pouvez imaginer à quel point j’avais hâte d’entendre les conférencières et la discussion qui allait suivre. J’ai bien aimé la présentation des quatre conférencières, même si je pense que certaines, en plus de nous parler de leur expérience personnelle, auraient pu parler un peu plus précisément de la thématique de la conférence. Par contre, c’est la période de discussion / question qui m’a déçue. J’ai eu l’impression qu’il y a les « bonnes » féministes, et il y a les autres… Je tiens à préciser que ce ne sont pas toutes les questions et les commentaires qui ont été faits que je critique. Il y en avait plusieurs pertinents, intéressants et respectueux.

On parle souvent de solidarité entre les féministes, de solidarité entre les féministes du Nord et du Sud, de solidarité avec les mouvements altermondialistes ou autres mouvements sociaux… mais mardi, je la cherchais cette solidarité. Certaines semblent oublier que ce ne sont pas toutes les féministes qui sont militantes, qui ont fait des études féministes ou qui ont la chance d’avoir plusieurs féministes dans leur entourage. Par conséquent, ce ne sont pas toutes les féministes qui ont la « capacité » de s’exprimer comme le ferait une universitaire en études féministes ou une militante. Pourtant, sont-elles moins féministes ou de moins bonnes féministes? Si j’en crois la soirée de mardi, je me sens obligée de répondre par l’affirmative.

Oui, il est vrai que Marie-Claude Lortie a certaines positions qui dérangent plusieurs féministes, notamment sur la Fédération des femmes du Québec. Hier, on aurait eu la chance de lui demander de s’expliquer. À la place, l’une des participantes lui a dit (pour résumer) qu’elle disait vraiment n’importe quoi et que ses étudiants de CÉGEP « couleraient » s’ils osaient écrire dans une dissertation ce qu’elle écrit dans le journal. Je connais des féministes autour de moi qui n’ont pas du tout aimé les capsules de la Marche mondiale des femmes faites par la FFQ et qui ne sont pas toujours d’accord avec ses positions. Peut-être que ça aurait été l’occasion d’avoir une discussion intéressante sur la FFQ et demander des précisions à madame Lortie. Pour certaines, il semblait être évident que cette journaliste n’en fait pas assez, est trop essentialiste (avec sa proposition de sujets plus « féminins »), a de mauvaises idées et opinions. Pourtant, elle se dit féministe et elle est l’une des rares (ou la seule!) journalistes de la Presse qui parle de féminisme et qui dénonce des situations sexistes (commission Bastarache par exemple). Je la considère comme une alliée de nos luttes féministes, pas une ennemie. C’est bien facile de dire qu’elle pourrait dénoncer le système patriarcal dans ses chroniques, être plus radicale… mais elle vit son féminisme comme elle le veut, avec ses valeurs et avec les contraintes de son milieu de travail. Personnellement, je ne crois pas que c’est si simple être la féministe de La Presse…

Élise Gravel a aussi été sévèrement critiquée, surtout lorsqu’elle a dit que le féminisme devait être vendeur et sexy. Actuellement, tout dans les médias de masse doit être vendeur et sexy, non? On peut le critiquer, on peut vouloir changer les choses, mais il faut tout de même admettre qu’à l’heure actuelle, c’est la triste réalité. Pour que le féminisme passe dans les médias de masse et qu’il aille chercher des personnes qui ne se considèrent pas comme étant féministes, je crois qu’Élise Gravel a raison en disant qu’il faut utiliser des stratégies attrayantes et marketing. Le meilleur exemple, c’est le magazine Nunuche, qui n’a pas l’étiquette « féministe » de manière évidente, mais qui permet à des personnes qui ne se disent pas féministes d’avoir une réflexion sur les magazines pour femmes et l’image de la femmes dans les médias de masse. Oui, c’est une stratégie vendeuse et « sexy », mais pourtant féministe… et qui ne reproduit pas les stéréotypes et le sexisme présents dans les médias de masse.

Ma réflexion pourrait se résumer ainsi : pour qu’il y ait une véritable solidarité entre les féministes, peu importe leurs connaissances et leur implication, ça prend de l’ouverture. Il faut de l’ouverture pour accepter que ce ne sont pas toutes les féministes qui ont les mêmes opinions, qui utilisent les mêmes cadres d’analyse, qui s’expriment et qui vivent leur féminisme de la même façon. À cette conférence, j’ai vu certaines femmes qui semblaient fermées aux idées et propositions de ces deux conférencières, alors qu’elles sont aussi des féministes et qu’elles essaient de changer les choses dans un milieu qui est majoritairement sexiste et antiféministe. Elles le font avec leur expérience, leurs connaissances et les contraintes du milieu. Au lieu d’avoir un débat intéressant, on a eu droit à des conférencières qui étaient essayaient de nous convaincre qu’elles sont véritablement féministes, et certaines participantes qui jugeaient de façon assez critique les termes qu’elles ont employés, leurs idées et leurs actions (pas assez radicales).

J’ai lu dans certains commentaires sur le blog jesuisfeministe.com que les conférencières devraient s’attaquer aux vrais ennemis (société patriarcale, masculinistes). Peut-être que ce commentaire s’adresse à l’ensemble des féministes: s’attaquer aux vrais ennemis et pas aux autres féministes, même si elles ont des opinions qui dérangent ou qu’elles utilisent des moyens différents des vôtres. Évidemment, les débats et la confrontation de nos idées sont essentiels et nécessaires, mais je crois qu’il est possible de le faire sans que ce soit personnel et qu’on divise les féministes en deux catégories, soit les bonnes et les mauvaises.

Par Émilie Goulet
Publié le 22 novembre 2010 sur le blogue Les Gynocrates attaquent!

7 Comments

  • Marilyn
    22 novembre 2010

    Merci pour ton commentaire.

    Juste comme ça, il y a deux autres féministes (un peu plus radicales) dans les médias de masse: Micheline Dumont dans Le Devoir et Rima Elkouri de La Presse, mais elles ont toutes deux décliné l’invitation…

    p.s. Bonne chance pour ton mémoire!

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  • Aurore J. Beaumont
    24 novembre 2010

    Oh, moi, me féminisme ne sera jamais ni vendeur ni sexy. Une femme violée et exploitée n’est pas sexy. une maman décrissée et éreintée n’est pas sexy. Une personne en situation de déchéance sociale n’est jamais sexy… Sa rage, non plus…
    Aurore J. Beaumont

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  • Olga
    14 décembre 2010

    *

    les mass medias sont tout sauf pro-féministes.

    le plus triste c’est qu’ils surfent sur la vague du girl power et ce faisant ils donnent de la femmes une image revancharde et lui associe les travers masculins sous couvert d’égalitarisme de mauvais aloi.

    en gros, le messsage est : » la femme est désormais l’égale de l’homme , la preuve puisqu’elle en a tous les défauts »

    ce genre de discours cristallise plus les mouvements anti-féministes qu’il ne sert la cause féministe, d’autant que les mouvements féministes sont anormalement silencieux sur le sujet. les réactions sont d’ailleurs quasi immédiates » si on avait inversé les rôles, les féministes seraient montées au créneau ».

    c’est mon humble avis.

    deux exemples qui se passent de commentaires :

    ** clip de la chanteuse DIAMS : jeune demoiselle

    http://www.youtube.com/watch?v=CC3wsB4-XJI&feature=related

    pub senseo :

    http://www.youtube.com/watch?v=V7ALKfRYzjk

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  • Wallen
    14 décembre 2010

    je n’aime pas beaucoup le terme  » s’attaquer aux vrais ennemis « .

    je n’ai pas envie que le féminisme soit associé à un mouvement violent. je trouve la tournure très agressive !

    je suis féministe mais je ne considère pas les hommes comme mes ennemis, Dieu merci !

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  • Émilie
    22 décembre 2010

    Wallen: je ne considère pas du tout les hommes comme des ennemis ni le mouvement des femmes comme un mouvement qui est/devrait être violent.

    S’attaquer aux vrais ennemis dans le sens de lutter contre l’antiféminisme, le masculinisme et critiquer ces personnes, pas les autres féministes.

    J’espère que c’est plus clair.

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