En ce 6 décembre…*

*Texte préalablement publié sur mon blogue personnel Mexicaro sur le terrain

Aujourd’hui, 6 décembre, c’est la Journée nationale de commémoration et d’actions contre les violences faites aux femmesNationale parce que soulignée à travers tout le Canada. Mais au Québec, tout spécialement à Montréal, cette commémoration prend une symbolique toute spéciale en raison des événements du 6 décembre de 1989. Particulièrement aujourd’hui, en 2011, où le gouvernement conservateur de Stephen Harper tente d’éliminer le registre des armes à feu, et où le député conservateur albertain Jim Hillyer a eu l’audace, l’arrogance, le mépris et le manque de respect, pour célébrer les résultats du vote le 1er novembre dernier, de faire des signes de fusils avec ses mains. Bra-vo champion.

Et justement, aujourd’hui, j’étais invitée par une amie à assister au dernier cours de son séminaire de maitrise qui portait sur les violences faites aux femmes, elle voulait me présenter sa prof qui est vraiment calée en la matière… Quand je suis arrivée, les étudiantEs étaient en train de remplir les évaluations des profs. Trois profs donnaient ce séminaire. Puis, au retour des profs, elles ont décidé de commencer cette dernière séance par “cinq minutes” de silence. (Je mets la durée entre guillemets, puisque le temps est une notion élastique et culturelle… ;) ) Durant ce temps, je ne savais pas trop quoi faire, j’en ai profité pour penser, réfléchir à la journée, à la Poly…

Comme je savais qu’elle avait vécu quelques années à Montréal avec sa famille, j’ai demandé à mon amie si elle connaissait les événements de Poly. Non. Je lui ai donc expliqué que le 6 décembre 1989, Marc Lépine était entré dans la Polytechnique de Montréal, avait séparé les hommes et les femmes et avait tué 14 femmes. Il a tué 14 femmes parce qu’elles sont femmes, et parce qu’elles étudiaient dans un domaine dit “masculin”. Et c’est justement ÇA la définition du “féminicide“, concept malheureusement inventé par le Mexique pour la situation très grave qui se passe dans le pays.

Crédit photo Caroline Roy-Blais

À la fin du séminaire qui faisait le tour de la session, les profs ont sortis des ballons blancs (oui, j’ai eu un gros pincement au coeur pour l’écologie et la nature….) et des feutres, afin que chaque personne écrive quelque chose quant aux violences faites aux femmes, à l’atteinte de l’égalité et/ou de l’équité, ou concernant le séminaire. Des personnes ont dessiné des bonhommes, d’autres ont écris des souhaits… Mon amie a écrit ceci sur son ballon: “Un dia como hoy, pero en 1989, Marc Lépine mato a 14 mujeres estudiantes de la Escuela Politecnica de Montréal por ser mujeres que estudiaran algol de hombres.” En français: “Un jour comme aujourd’hui, mais en 1989, Marc Lépine a tué 14 femmes étudiantes de l’école Polytechnique de Montréal parce qu’elles étaient des femmes étudiant quelque chose masculin.” À la fin, tout le monde s’échangeait les ballons pour les lire à voix haute et chaque personne les jetait par la fenêtre, comme on lance une bouteille à la mer. Le plus beau, c’était que des gens en bas ramassaient les ballons, les lisaient et les envoyaient un peu plus loin…

C’est ce qu’on appelle la solidarité internationale…

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