Suggestions cinéma !

Toujours à l’affût de bons films à tendance féministe*, j’en ai trouvé 3 (wow!) récemment qui m’ont paru assez merveilleux pour valoir la peine d’être partagés !  Les trois films sont réalisés par des femmes (re-wow!) et ont pour thème une quête identitaire reliée au genre** femme dans des époques données.

ORLANDO

La réalisatrice du film Orlando, Sally Potter, a su adapter le roman du même nom de Virginia Woolf avec un talent incomparable. Poétique, ce film relate l’histoire d’Orlando, un homme qui se transformera en femme à travers les époques. Selon les standards de masculinité et de féminité de chaque époque, il-elle sera confronté aux préjugés spécifiques attribués aux hommes et aux femmes. Ainsi, Orlando naît au 16e siècle, à la cour d’Elizabeth 1ère et survit jusqu’au 20e siècle. En Orient, Orlando deviendra femme et subira les conséquences de devoir se plier aux usages féminins du 17e siècle. Ce qui surprend dans l’adaptation cinématographique du roman de Virginia Woolf, c’est la très belle photographie et la performance de l’actrice Tilda Swinton. Les images sont merveilleuses et semblent tirées d’un conte pour enfants.  Une conte aux neiges éternelles et à la lumière enchanteresse, qui appuie les tourments et les joies du personnage principal. En fait, ce film est un conte fantastique, s’appuyant sur l’événement extraordinaire qu’est un changement de sexe/genre.  Tilda Swinton, l’actrice principale, campe le rôle d’Orlando et resplendit dans une composition pas nécessairement évidente. Son allure androgyne lui permet de se glisser autant dans la peau d’un jeune homme du 16e que de celle d’une femme de l’époque victorienne. Un must !

MARIAGES

Catherine Martin réalisa son film Mariages en 2001 et je viens tout juste de voir cette histoire touchante d’une jeune femme, Yvonne (Marie-Ève Bertrand), qui découvrira son identité et ses désirs durant un été décisif à la fin du 19e siècle. J’ai tout simplement adoré, parce que c’est un récit atypique se concentrant sur deux soeurs qui sont en conflit. Dans l’ambiance austère de l’époque victorienne, elles s’affrontent et Yvonne, anticonformiste et profondément sensuelle, choisira son destin au grand dam de sa soeur aînée, magistralement interprétée par notre Guylaine Tremblay nationale. Encore une fois, la photographie est utilisée abondamment pour les effets dramatiques ; la nature contribue à mettre en relief les émotions du personnage principal et devient presque un personnage en soi.  Le vent, notamment, a une importance dans le rêve «prémonitoire» qu’Yvonne fera au début du film.  Plusieurs thématiques de «femmes» seront abordées, la famille, l’amour, le désir, la volonté de s’émanciper du carcan familial dans un contexte qui ne le permet pas nécessairement… Un très beau film qui peuplera nos imaginaires féministes…

L’ARRACHE-COEUR

L’Arrache-Coeur (1979), film de Mireille Dansereau, traite de l’histoire de Céline, une femme inquiète et angoissée. Elle sent qu’elle n’a pas été assez aimée par sa mère et entretient une relation d’amour-haine avec cette dernière. Céline ( Louise Marleau, juste ) tente de se retrouver et elle doit concilier sa vie professionnelle avec sa vie familiale, qui se compose de l’éducation d’un petit garçon et le soutien de son mari cinéaste qui n’arrive pas à faire ses films.  Céline devra faire face aux problèmes qu’elle a par rapport à sa mère pour pouvoir trouver un équilibre et un sens à sa vie. Vous comprendrez que ce film parle des relations ambiguës qu’une femme développe avec sa mère, qui peut être son modèle autant qu’une ennemie. Un film troublant, qui nous renvoie à notre propre situation en tant que fille.  Un film porté par Louise Marleau, incarnant la détresse immense qu’une femme peut avoir après un mariage et un enfant lorsqu’elle se remet en question.  Un film porté par les dialogues plutôt que les images, mais qui reste toutefois très intéressant pour l’époque où les réalisatrices québécoises prenaient peu à peu leur place dans la cinématographie d’ici.

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* Ces films ne sont pas explicitement féministes, mais on peut en faire une interprétation/appropriation féministe.  Pour plus sur ce point, se référer à ce billet.

** Le sexe est associé aux organes biologiques que l’on a à la naissance et le genre est ce que l’on construit socialement à travers des attitudes, des vêtements, des tâches définies etc. Ce sont deux choses différentes au yeux du féminisme. On peut avoir un sexe et ne pas correspondre au genre qui lui est attribué.