Quand l’Actualité devient Filles d’Aujourd’Hui
« Les 100 habiletés de l’Homme québécois », c’est le titre de cette liste publiée par le jadis sérieux magazine l’Actualité. Et oui, ce magazine qui nous a fourni certains des plus intéressants dossiers journalistiques sur des sujets importants s’attaquent maintenant à cette question qui nous obsède tous : qu’est-ce que cela veut dire, être un homme au Québec en 2010?
Apparemment, cela veut dire savoir poser une tablette (no 49), savoir manger avec des baguettes (no 23) et surtout, être capable de faire du feu avec du bois humide (no 57). Ce ramassis de clichés semblant être sorti tout droit des années 50, est censé être drôle? À en croire les commentaires qu’on peut lire sur le site (et qui sentent la commande à plein nez) il faut prendre l’exercice avec un grain de sel. Mais bon, c’est bien connu, les féministes n’ont pas d’humour!
Je ne trouve rien de drôle dans le fait de perpétuer le mythe voulant que les attentes soient irréalistes envers les hommes, alors même que la majorité des items sur cette liste n’ont aucune importance quand vient le temps de choisir son amoureux, en tout cas chez les filles (et les gars) que je côtoie.
Quel modèle d’homme québécois prônons-nous ici? Un amoureux du plein air, même s’il réside en plein centre-ville. Une grande gueule (« parler en public » no 70) exit les timides! Un bricoleur, amateur de poker et de jeux vidéos (amusant, j’ai plutôt entendu dire que cela constitue un obstacle).
Bref, un objectif inatteignable.
Ce n’est pas une avancée du féminisme de voir que nous devons encore, tous sexes confondus, nous comparer à des modèles irréalistes. C’est même plutôt triste.
http://www.lactualite.com/societe/les-100-habiletes-de-lhomme-quebecois
Marie-Anne
Moi j’ai réagi en me disant que c’était une blague, c’te couverture là ! Ben voyons donc ! C’est n’importe quoi ! Voir qu’il y a des ‘critères’ pour établir la vraie masculinité. Est-ce que c’est supposé être drôle ? Parce que je ne comprends pas…
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Myriam
Il aurait été 100 fois plus pertinent et « actuel » de prendre ce temps et ces pages pour faire l’éloge de la diversité des hommes plutôt que de leur demander de se conformer.
Inventer et promouvoir des généralités, c’est s’inscrire en accord avec les phénomènes de discrimination. Les généralités peuvent être une inspiration pour l’humour, soite. Mais lorsqu’elles sont énoncées par un média d’enquête comme l’Actualité, cette démarche cabotine joue dangereusement avec les causes de l’exclusion sociale: la pression à se conformer à un modèle irréaliste.
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Anne Archet
J’allais écrire: «Il faudrait faire lire Judith Butler aux journalistes de l’Actualité», mais honnêtement, je doute que les journalistes lisent.
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Valérie
Anne Archet: « (…)je doute que les journalistes lisent ».
Est-ce une blague (je suppose que oui; du moins, je l’espère)?
Si tel est le cas, n’embarquez-vous pas dans le même jeu que ces dits journalistes qui énoncent des énormités sous le couvert de l’humour?
Si non, pourquoi un tel mépris à l’égard de l’ensemble des journalistes? Il me semble que, là encore, c’est entrer dans les préjugés (d’ailleurs, je ne savais pas qu’il existait un préjugé à l’endroit des journalistes quant à une inculture généralisée de leur part! J’aurais plutôt eu tendance à croire le contraire… enfin).
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Anne Archet
De l’humour? Non. C’est une généralisation injuste et honteuse… mais qui s’applique hélas à la majorité de la profession. Un exemple au hasard :
http://blogues.cyberpresse.ca/edito/2010/04/13/la-fin-d’une-epoque/
Voilà un mélange de mauvaise foi, d’usage de mots dont on ne connaît pas la définition (comme «hargne» et «anarcho-syndicalisme»), quand ce n’est pas carrément des sophismes d’ignorance de la question (le truc sur M. Roy).
Les conditions de pratique du journalisme sont telles (souvenez vous du salaire horaire qu’on offrait chez feu Québec 89, ou alors l’horrible cession des droits exigées par les éditions TVA…) qu’elles finissent par n’attirer que de bien sinistres médiocrités. Nommez-moi un journaliste qui sait s’exprimer et qui a un peu de culture générale, je vais vous en nommer vingt qui usurpent leur statut de «chien de garde de la démocratie». (lol)
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Jean-S. Marsan
Bien d’accord avec votre commentaire sur les 100 habiletés (et non « habilités », comme vous l’écrivez) de l’homme québécois selon le magazine L’actualité.
Le débat provoqué par L’actualité est quand même intéressant. Si le magazine a voulu provoquer des discussions sur la condition masculine, les relations hommes-femmes, etc., il n’a pas manqué son coup.
La liste d’épicerie de L’actualité m’a inspiré quatre billets successifs dans mon blogue. Je vous invite à les lire:
http://ladrague.qc.ca/2010/04/08/cahier-des-charges-homme-ideal-4/
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Nat
Je reviens de la librairie et par curiosité j’ai jeté un coup d’oeil sur la liste en question. Et bien, c’est plus ridicule que ce que j’imaginais. Un des éléments de la liste est « gérer les SPM de sa blonde » et un autre est « écouter sa blonde raconter sa journée et faire semblant de trouver ça intéressant »… Pour ce qui est de poser des tablettes et changer des roues, on sait qu’ils le font depuis des lunes. Ce sont des habiletés qui seraient pratiques pour tout le monde, hommes et femmes confondus, mais qui sont considérées comme « viriles ».
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Stéphanie
Vous constaterez que le « SPM » est considéré d’office comme faisant obligatoirement partie intégrante de la vie de toute femme en âge de procréer. Je commence à me demander si on ne confond pas « SPM » avec « menstruations ».
Imaginons maintenant qu’une semblable liste, adressée aux femmes cette fois, ait comporté une phrase disant « Gérer les crises de rage de votre conjoint ». Ce serait la levée de bouclier, on crierait à la discrimination contre les hommes!
Rappelons que toutes les femmes ne souffrent pas du SPM et le principe d’un syndrome PRÉ-menstruel c’est d’avoir obligatoirement lieu AVANT les menstruations, sinon ça s’appellerait le « Syndrome menstruel ». De plus, aux symptômes psychologiques s’ajoutent des symptômes physiques, comme de la douleur et de la fatigue, bref rien de très hilarant.
Même si le SPM n’existait pas, je suis convaincue que si les hommes avaient aussi à vivre plusieurs jours par mois avec des crampes au ventre et des écoulements sanguins, que la culture persiste à voir comme quelque chose de sale et de répugnant, la perception du phénomène serait complètement différente.
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Nat
En ce qui me concerne je n’ai pas vraiment de symptôme psychologique significatif, sauf peut-être que je suis légèrement moins tolérante aux situations et aux comportements qui me tapent sur les nerfs… Autrement dit, ma personnalité prend des traits qui rappellent certains stéréotypes masculins 😉
En tout cas, ça ne m’a jamais empêché de monter un meuble ou de faire mon travail, et personne de mon entourage n’a à « gérer » mes « SPM » (ni celles de qui que ce soit à ma connaissance).
Ceci dit, je serais curieuse de savoir quelles « habiletés » devraient avoir les femmes québécoises selon l’Actualité…
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Marie-Anne
Il y a Cecile Gladel qui a pondu une liste des habiletes de la femme moderne > http://cecilegladel.wordpress.com/2010/04/30/le-cahier-de-charge-de-la-femme-moderne/
Et Urbania qui a aussi fait part de son opinion > http://urbania.ca/blog/1175/que-le-vrai-gars-se-leve
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