Retour sur la table ronde du 70e anniversaire du droit de vote des femmes
Vendredi 24 septembre 2010, je participais à une table ronde qui avait pour titre Le droit de vote des femmes, 70 ans déjà ! Qu’est-ce qu’on en fait ? dans le cadre du FESTIV’ELLES 2010. J’ai eu l’occasion de rencontrer des femmes inspirantes et engagées. Des femmes qui ont du coeur et de l’humour. Retour sur les moments marquants que j’ai noté dans mon p’tit cahier.
D’abord, Micheline Dumont nous a raconté comment les Québécoises ont obtenu le droit de vote. L’historienne et professeure a l’habitude de raconter l’histoire des femmes, c’était passionnant et punché! Conclusion: ce dont il faut se souvenir, ce n’est pas qu’Adélard Godbout a donné de droit de vote aux femmes en avril 1940. Ce qui est important, ce n’est pas la date. C’est de se rappeler que les femmes ont lutté pour ce droit pendant des dizaines d’années et que c’est à grâce à leur entêtement qu’elle l’ont obtenu. Ça, ce n’est pas écrit dans les livres d’histoires.
Ensuite, Evelyne Mudahemuka nous a parlé du droit de vote des femmes dans le monde. Sur papier, la très grande majorité ont le droit de voter. Mais dans la réalité, elles subissent le poids de leur religion, de leur communauté et de leur culture, notamment en Afrique et en Asie. Si prendre la parole est un risque dans certains pays, le droit de vote est perçu comme une revendication extrême.
Christiane Pelchat, présidente du Conseil du statut de la femme et ex-députée, constate que dans notre société patriarcale, il faut des mesures de discrimination positive pour encourager les femmes à faire de la politique. La conciliation travail politique-famille pour une femme est extrêmement difficile voire impossible. Il a été question de Emily’s list, le support financier des candidates démocrates aux États-Unis. Si les femmes veulent changer les choses, la politique est une option, mais ce n’est pas le seul lieu de changement. Il est important que les femmes se regroupent et qu’elles agissent dans une perspective féministe et pas seulement pour leur gloire personnelle.
L’écrivaine et éditrice Andrée Yanacopoulo a ensuite lancé une série de questions à la nouvelle génération de féministes, elle qui s’est décrite avec humour comme une nostalgique du néo-féminisme des années 80. Elle s’est interrogée sur la transmission de l’histoire des femmes, sur l’éducation que nos fils et filles reçoivent, sur les facteurs qui amènent la prise de conscience féministe. Elle s’est demandée ce qu’il était advenu du féminisme politique, de la socialité des femmes dans leur lutte. Et où était donc passées les théoriciennes?
Il me restait très peu de temps après toutes ces interventions, mais j’ai pu répondre à quelques pistes lancées par Andrée. D’abord, je crois qu’on s’entend toutes pour dire qu’il y a un problème au niveau de la transmission de l’histoire des femmes et du féminisme. C’est pourquoi les livres de Micheline Dumont sont des ressources importantes. On devrait donner Le féminisme québécois raconté à Camille à chaque jeune femme de 16 ans. Sinon, on s’organise autrement, virtuellement peut-être, mais on se regroupe, on a une autre socialité. Si je suis une des rares à m’afficher jeune féministe publiquement (on a brièvement parlé du poids du fameux mot!), il est important de briser l’isolement et de permettre la prise de parole des autres jeunes féministes québécoises. C’est ce qu’on fait sur jesuisfeministe.com! On fait circuler l’information, les pétitions, les opinions. Le politique n’a plus la cote chez les gens de notre génération, en général. Mais on continue d’être engagées autrement, avec les outils de notre époque.
De gauche à droite:
Christiane Pelchat, Présidente du Conseil du statut de la femme
Micheline Dumont, historienne et professeure émérite, Université de Sherbrooke
Marianne Prairie (moi!)
Andrée Yanacopoulo, éditrice et écrivaine
Evelyne Mudahemuka, Attachée Politique, Cabinet de l’honorable Lucie Pépin, Sénat du Canada, siège sur le conseil d’administration au niveau national (Unifem Canada)
Geneviève Rioux, comédienne, animatrice de la table ronde
Marie-Noëlle
J’ADORE Micheline Dumont: qu’elle femme intéressante! Quelle énergie et passion pour l’histoire des femmes et quelle intelligence face àla situation actuelle!
À inviter dans tous vos partys, rencontres, conférences, etc. Elle rassemble même les jeunes femmes qui ne se disent pas féministes autour de l’importance de connaître notre histoire. Quand on connaît l’histoire de nos luttes de femmes, difficile de balayer les « vielles féministes » du revers de la main.
Bravo pour l’ensemble des participantes!
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