Ça dégénère?

Nous avons reçu ce courriel la semaine dernière:

Bonjour à toute l’équipe de jesuisfeministe.com.

J’aimerais voir un débat autour de la chanson ‘Dégénération’ de Mes Aïeux, qui traite de façon insultante et condescendante le droit des femmes de choisir ce qu’elles font de leur grossesse, et qui ne mentionne pas la contribution du père.

‘Hé pis toé ma tite fille tu changes de partenaire tout le temps
Quand tu fais des conneries tu t’en sors en avortant
(…)
Et tu rêves la nuit d’une grande table entourée d’enfants’

Je hais cette chanson avec mes tripes. Ma grand-mère, qui a eu douze enfants pas tous désirés, doit se retourner dans sa tombe.

Merci de votre attention.
Kim Thibault

Est-ce que vous partagez l’opinion de Kim?

39 Comments

  • Audrey L
    19 mars 2010

    FIOU!!!
    Honnêtement, je commençais a me demander si j’étais seule a trouver ça comment dire…Cru et réducteur! A chaque écoute je grince des dents. Je comprend et je comprend pas.

    Je crois que dans le fond, ces quelques lignes résument que la fille veut des enfants et de la stabilité comme le gars veut lâcher son appart pour devenir propriétaire…L’auteur a voulu trouver un pendant féminin au « valeur d’antan » et en quelque part montrer qu’il y a aussi des femmes qui ne se sentent pas a l’aise dans notre ère techno-sexo-rapido

    Mais entre nous, dire que de tomber enceinte involontairement est une connerie et que d’avorter c’est ce sauver… Oui a la limite si tu baise sans protection et que tu veux pas tomber enceinte c’est pas très réfléchit…

    Mais c’est tellement humain! et humaine! Combien de chose irréfléchit fesons nous par jour?! Comme si les mecs n’en fesait pas des conneries 😀

    Mais honnêtment, après avoir écrit ces lignes, au delà des mots je crois que c’est plus le ton moralisateur qui me choque…

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  • Véronique
    19 mars 2010

    Cette chanson selon moi joue sur le sentiment de mélancolie par rapport au passé ou à ce qu’on a pas. Oui baiser sans condom, c’est faire une connerie, surtout si c’est à risque dans la période du cycle menstruel. La connerie est humaine et très compréhensible, mais ça reste une erreur qu’on aurait pu éviter en prenant ses responsabilités et en étant prudent. Cette chanson est un peu larmoyante. Je ne la trouve pas moralisatrice pour deux cennes. Je la trouve descriptive, mélancolique et platte. C’est mon opinion les filles!

    Véronique

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  • Véronique
    19 mars 2010

    Ah, pour ce qui est de ta question, Kim, excuse-moi j’avais lu vite… La contribution du père… Écoute, c’est clair que ce n’est pas une chanson féministe. C’est une chanson bien convenue, qui décrit deux situations vécues par beaucoup de femmes : celles du passé et celles d’aujourd’hui. Il n’est pas question des actions de l’homme, mais bien de ce que ressent une femme par rapport à sa situation et ses «choix» justement (remarque dans le temps c’était bien dur de faire le choix de pas avoir d’enfants). Ça aurait peut-être été intéressant s’il avait dit «elle rêve d’un mec qui va rester avec elle au lieu de se pousser», mais même à là, ça aurait pu insulter certaines femmes qui revendiquent une indépendance dans leur sexualité… Beurk. Qui sommes-nous pour juger des rêves de quelqu’un? En quoi cette chanson «dénonce-t-elle» les méfaits de l’avortement. Un avortement c’est platte, ce sera toujours platte, ça fera toujours mal. C’est un choix qui fait mal. C’est comme ça. Je ne trouve pas que la chanson est moralisatrice ou contre l’avortement, comme j’ai déjà dit je la trouve larmoyante. Bon maintenant j’arrête, je me répète c’est terrible. Excusez-moi.

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  • Caroline R.
    19 mars 2010

    Justement, c’est parce qu’il n’y a pas de contribution du père que cette fille doit avorter, non?
    De toutes façons, Mes Aïeux est un groupe (que j’adore) qui veut revamper les airs traditionnels, remettre au goût du jour les préoccupations anciennes. Ils ne changent pas les mentalités, ils en prennent conscience.
    Prennons le d’un autre côté, cette tendance que nous avons à idéaliser ce passé, avec ces grandes tablées nous fait justement rêver. Et c’est peut-être ça que Mes Aïeux remettent en question? Elle ne veut pas d’enfant dans l’immédiat, mais rêve secrètement de ces tablées. Comme quoi on ne se satisfait pas de ce que l’on a et que l’on pense que c’était mieux avant. C’est d’ailleurs un argument antiféministe souvent invoqué… non?

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  • Sylvie D
    19 mars 2010

    Ouf! personnellement je trouve que c’est pousser le bouchon un peu loin. Je ne pense pas que chercher la bébitte noire dans un texte de chanson soit utile à la cause féministe.
    C’est un texte de chanson, c’est de la poèsie, une méthaphore, une image, une idée, une histoire d’une fille, pas des femmes. Est-ce que tout les pères Babyboomer ont investi l’argent de la terre ancestrale pour vivre la belle vie de confort ? Ben non, là encore c’est une image. Est-ce que cette métaphore constitue une vision réductrice des pères de familles Babyboomer ? …

    De plus, il y a une structure dans une chanson et clairement ici une phrase de 22 mots n’auraient pas été en harmonie avec le l’air du refrain. De toute façon, l’histoire n’est pas à propos de l’avortement. Moi j’y voit une fille seule, perdue qui remplit son vide par des histoires sans lendemain et que derrière l’image de fille indépendante qu’elle projette, il a un rêve de vie famille et d’amour inconditionnel.
    J’aime bien cette chanson, mais je dois admettre que Véronique a raison quand elle parle de mélancolie, tout à fait. Le mal de notre siècle: la solitude, le vide. L’illusion du passé: l’amour, l’entourage, être prêt des valeurs « nobles ». je dis illusion, parce qu’au quotidienne c’était pas si jojo à vivre en réalité.

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  • Catherine
    19 mars 2010

    J’avais (dans une autre vie) écrit un post à ce sujet sur « Justice is a Woman with a Sword »: http://womenwithswords.blogspot.com/2007/11/party-like-its-1988.html

    (Petite plug…)

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  • Jamed Lavy
    20 mars 2010

    Bon, je ne connais pas ce groupe et je ne saisis sans doute pas toutes les subtilités linguistiques de la chanson mais d’instinct si j’ose dire j’ai trouvé ce refrain méprisant. Je n’ai pas non plus compris qu’il s’agissait de l’histoire d’individu-e-s en particulier, davantage de clichés épocaux.

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  • Mlle G.
    20 mars 2010

    en accord avec Sylvie.
    je crois qu’il faut prendre les histoires de la chanson comme des portraits, pas une allégorie de toute une génération.

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  • Elyse
    21 mars 2010

    Si musicalement, cette chanson peut être intéressante, question contenu, on la croirait inspirée d’une conversation entre l’ADQ et Lucien Bouchard : pessimiste, déprimante, encensant le retour aux « vraies » valeurs fort galvaudé par les temps qui courent. Ceci dit, ce n’est pas un épisode de Virginie, donc le fait que le père ne soit pas dans le portrait et qu’on ne fasse pas allusion à la contraception me semble aller de soi… C’est une chanson, on veut faire image, on cristalise des stéréotypes. Si on y lit l’évocation ou une tentative d’explication bien mince du problème de dénatalité au Québec, on tourne les coins ronds en ti-pépère (pour reprendre le même champ lexical) et on peut y entendre un ton légèrement moralisateur (ces méchantes filles aux moeurs légères qui se font avorter 3 fois par mois), mais on s’entend que ce n’est pas un essai de sociologie… Ici, les filles continuent à être les gardiennes de la morale.

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  • Janik
    21 mars 2010

    Une grosse partie du débat tient à la compréhension qu’on a de la place qu’occupent des paroles de chansons, des propos ou des gestes «isolés» dans une culture.

    Beaucoup d’entre nous avons une lunette psychologisante et atomisante de la réalité. Tout est détaché et sans lien. Et surtout, nous avons une soi-disante extrême liberté à ne pas être influencé-e par des messages, à ne pas être marqué-e par la socialisation.

    Les paroles de cette chanson n’apparaissent pas sous vide. «Hé pis toé ma tite fille tu changes de partenaire tout le temps» fait écho et renforce la condamnation spécifique adressée aux femmes qui sont sexuellement autonomes et qui ont plusieurs partenaires. Une telle condamnation est RAREMENT formulée à l’endroit des hommes. Or, ces affirmations ont des répercussions sociales sérieuses. Un exemple: c’est traditionnellement les moeurs des femmes qu’on scrute en matière de viol et d’agression sexuelle. Si elle «couche à gauche et à droite», on va la considérer responsable de l’agression subie. Les accusés, de leur côté, ne verront JAMAIS leur passé sexuel être ainsi scruté à la loupe et être facteur culpabilisant. Il aura beau avoir couché, lui, «à gauche et à droite» qu’on aura rien à lui reprocher. Vous pensez que j’exagère. Informez-vous sur les réalités des agressions sexuelles et surtout, sur celles des femmes travailleuses du sexe/prostituées qui sont victimes de viol.

    J’aimerais développer sur les deux autres propos mais ne le pourrai pas faute de temps :/ Le but de mon intervention est simplement de souligner que c’est faux de croire qu’il ne s’agit que d’«innocentes paroles de chanson». Certes, ce n’est pas la chanson à elle seule qui est responsable de la répercussion que j’ai nommée. Tout comme aucune «petite parole», aucun propos ou geste, pris isolément, n’est responsable de l’ensemble des comportements sexistes. C’est en fait l’accumulation de toutes ces petites choses, tous ces apparents «détails» qui font le sexisme. Alors si on veut lutter contre lui, on n’a pas le choix de critiquer ces «petites choses» et de les relever.

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  • Jamed Lavy
    21 mars 2010

    Tout à fait.

    Cet extrait renvoie à l’image de la coupable (vilaine trainée, en gros) ou de la victime (pauvre petite influencée par ces mœurs modernes qui t’arnaquent à tout va). Je résume un peu mais c’est l’impression que j’en ai.

    Et jamais – ô grand classique en ce qui concerne les femmes, qu’on dichotomise à tout va – à celle d’une personne mature, réfléchie, consciente, libre, éclairée… et responsable de ses choix, quels qu’ils soient.

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  • Elyse
    21 mars 2010

    @Janik
    Tellement trop d’accord, et pas besoin d’aller bien loin pour se rendre compte que la sexualité des filles, dans la mesure où elle sort un tant soit peu d’un certain cadre, entraine de forts jugements auxquels la sexualité des garçons échappe (et j’ai une trââââlée d’anecdotes). À mon sens, cette phrase aux apparences anodines reflète simplement cette situation.

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  • Judith
    21 mars 2010

    Merci!
    Je trouve cette chanson moralisatrice et rétrograde. Ce couplet en particulier, méprisant pour l’intelligence et la capacité des femmes à faire des choix responsables, éclairés et pas toujours faciles, me fait grincer des dents, autant que l’unanimité qui semblait régner autour de cette chanson.

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  • Maya
    21 mars 2010

    @Janik
    Tout à fait d’accord avec toi. C’est trop facile de dire « c’est juste une chanson » et d’oublier que ça fait partie d’un tout dans lequel on baigne en permanence.
    Je dois l’admettre, j’aime bien cette chanson, mais son côté réducteur et, pour ce qui est du couplet dont il est question ici, moralisateur et double standard, finit par me tomber sur les nerfs.

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  • Véronique
    22 mars 2010

    Comment vilaine traînée?????
    Je n’entends pas ça du tout. J’entends plutôt un ton de compassion de la part du chanteur, qui ne juge pas! C’est mièvre!!!!!

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  • Véronique
    22 mars 2010

    ah excusez j’avais pas lu jusqu’au bout et j’arrive pas à effacer mon message impulsif… c’est exactement comme dit Jannick mais en deuxième : «pauvre petite». C’est plutôt ça que j’entends moi. «Pauvre petite». Que ça fait donc pitié et qu’on se morfond. Comme c’est triste et difficile.

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  • Stéphanie
    23 mars 2010

    Ce qui est rigolo, c’est que l’auteur ne semble pas voir que derrière la fille qui « change de partenaire tout l’temps », il y a forcément des partenaires qui changent de fille tout l’temps À moins que la fille de la chanson ne fasse l’amour qu’avec des puceaux qui vont voeu de chasteté ensuite, il faut être assez effronté pour porter un jugement!

    Par ailleurs, pour revenir à la « connerie » (une grossesse non-désirée, dixit la chanson), pourquoi en parler comme d’un phénomène moderne? Vous croyez que les femmes d’autrefois (et leur mari) accueillaient 10-15-20 grossesses avec le sourire? Je suis sûre que beaucoup de femmes regrettaient bien de ne pas avoir eu la migraine plus souvent (ou de ne pas avoir envoyer paître le curé de la parroisse!) Et je ne parle pas de toutes les femmes qui ont dû se « marier obligées » comme on disait, pour cause de grossesse imprévue!

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  • Audrey L.
    23 mars 2010

    Je ne sais pas si c’est ça mais…Le point commun est que ça nous tombe sur la rotule que l’ont regarde la situation féminine actuelle à travers des yeux du passé sans nuances qui ne voit que les mauvais côté de nos acquis. Que l’ont se fait avorter quand ont fait des  » conneries*  » et que l’ont change de partenaires tout le temps.

    (d’ailleurs une relation de 4-5 ans pourrait théoriquement rentré dans ce lot si ont compare cela a un mariage a vie…Non?!)

    Alors que de notre point de vue c’est quand même « libérateur » (en faites j’arrive pas vraiment a trouver un bon qualificatif) de savoir qu’il y a une sortie de secours en cas d’urgence, au cas où… et que si le mec que l’ont croyait être un modèle fiable est en fait un citron, on est pas pogné avec à vie. Que l’ont peut « tester avant d’acheter » quoi!Ou juste faire un tour pour le fun…

    *(Note de quelqune ultra chouchou de prof qui veut absolument montré qu’elle sait quelque chose 🙂 vous n’êtes pas obligé de lire!)

    Dans le vieux français, au moyen-âge principalement « con » désignait l’apareil génital féminin. Donc une connerie c’est finallement une « affaire de sexe féminin » ce qui théoriquement suit l’utilisation qui a été faites dans la chanson ou connerie serait en quelque sorte le terme vieillit de conception.

    Mais, il faut quand même dire que même a l’époque le con ne jouissait pas (arg!) d’une bonne réputation, ce n’est pas pour rien que le con d’aujourd’hui reste un qualificatif qu’il vaut mieux ne pas être affublé.Alors mêm si il serait bien utilisé dans le contexte il n’en reste pas moins que ce mot reste fortement péjoratif. Donc c’est même à ce demandé même si le compositeur connaisait cette nuance…

    (Honnêtement, est-ce c’est le genre de commentaire je le garde pour moi? soyez franche je veux pas emmerdez tout le monde avec ce genre de truc…)

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  • Nat
    23 mars 2010

    Ce qui me « tape », entre autre, des paroles de cette chanson est que dès qu’il est question des femmes, le sujet reste cantonné au sexe ou aux enfants, alors que tout le reste ne concerne que les hommes, qu’il s’agisse du temps moderne ou du « bon vieux » temps. Par contre, quand il est question de sexe ou d’enfants, ça ne concerne que les femmes. Les hommes sont des bâtisseurs alors que les femmes se réveillent la nuit parce qu’elles sont tristes de ne pas avoir une rimbambelle d’enfants…

    Pathétique, n’est-ce pas?…

    Bien sûr, ce n’est qu’une chanson, et je ne crois-pas que l’auteur des paroles soit un misogyne fini, je dirais plutôt qu’il est un donneur de leçons un peu naïf… Reste que ça donne un apperçu d’une façon de penser solidement ancrée. Il a tout de même pris ses idées quelque part et ça ressemble beaucoup aux idées reçues qu’on entend ici et là.

    Et oui, le ton est très moralisateur! « Et pis toué ma ptite fille, tu changes de partenaires souvent, quand tu fais des conneries, tu t’en sauve en avortant »… c’est même infantilisant. Quand j’entend des gens dire que ce sont des paroles qui « font réfléchir » et « remettent les valeurs à la bonne place » ça me fait grincer des dents un peu…

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  • Marge
    24 mars 2010

    Je viens d’Europe alors ces paroles sexuées ne me choquent pas. Il y a 2 niveaux de lecture dans la chanson et il faut aussi regarder au delà du clivage homme-femme.

    Bien sûr : Non aux tablées de 14 morveux pas désirés. Oui aux préservatifs. Oui à la vasectomie.

    Mais au Québec, la natalité est devenue si faible que le gouvernement fait venir des étrangers par dizaines de milliers chaque année et les anglais rachètent vos terres. Faites attention, le pays va disparaitre, envahi (à nouveau ?).

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  • Myriam
    24 mars 2010

    @Audrey L

    Rappeler l’origine du mot « con » ne sera jamais de trop dans une discussion. On peut encore changer l’histoire et se réapproprier ce qui nous appartient, et je parle de notre con, évidemment. On a toutes un con.

    Je sens que l’on sort du sujet du post. Or il est vrai que Mes Aïeux a, probablement sans le savoir, choisi la déclinaison d’un mot utilisé par _nos réels aïeux_ pour désigner le sexe féminin, et ce dans un contexte qui réfère également aux comportements sexuels des femmes. Intentionnellement moralisateur, infantilisant et discriminatoire? Je ne pense pas. Par contre, comme le mentionne Nat, ce choix de mot a été sournoisement influencé par des idées reçues, combinées à la rythmique sonore des mots, hélas.

    Ce groupe VEUX influencer le peuple, on le vois par leurs choix écologiques radicaux. Et ils ont le public jeune (moins indépendants de pensée) dans leur poche depuis la sortie de cette chanson à succès en 2004. Je pense donc qu’effectivement ce genre de paroles dramatiques bien rythmées peut influencer les identités de genres des « petites filles ». Même si j’ai été très touchée par la charge qui se dégage de Dégénération, cet extrait m’a toujours fait une drôle de sensation.

    Je finirai par une anecdote éloquente: Noël 2006, chez ma belle famille, les nièces ont préparé un petit show sur la chanson « Dégénération ». 4 fillettes de 7 à 13 ans très entraînées par le rythme irrésistible et la montée dramatique, chantent en chœur avec un grand sourire « Hé pis toé ma tite fille tu changes de partenaire tout le temps
    Quand tu fais des conneries tu t’en sors en avortant ». Malaise, décalage, personne n’a commenté. Ne comprenaient-elles pas la portée de leurs paroles, mais ça restera dans leur imaginaire, avec l’effet de confirmer tous les autres préjugés sexistes oppressants qui pèseront sur elles.

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  • Stéphanie
    24 mars 2010

    Le couplet adressé à la « p’tite jeunesse » (donc aux jeunes des deux sexes) se termine par ces mots:

    « Pour calmer tes envies, le hold-up et la caissière
    Tu lis des livres qui parlent de simplicité volontaire »

    Il y a beaucoup de déresponsabilisation dans la première phrase. Cela fait contraste avec le ton de remontrance utilisé dans le couplet adressé à la fille qui se fait avorter. Un vol c’est tout de même un crime…

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  • Myriam
    24 mars 2010

    @ Stéphanie

    Oups! Pour cet extrait, on entend plutôt:

    « Pour calmer tes envies de hold-uper la caissière,
    tu lis des livres qui parlent de simplicité volontaire »

    C’est donc justement dans l’idée d’une responsabilisation.

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  • Stéphanie
    24 mars 2010

    Désolée, j’avais réellement compris ça! 😀
    Espérons que c’était de l’humour noir dans ce cas.

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  • No_mad
    24 mars 2010

    Alors là, les bras m’en tombent.

    Quand je vois certaines intervenantes élaborer des thèses longues comme le bras pour crier au scandale contre cette toute petite chanson, j’ai parfois honte à mon féminisme.

    Le féminisme ne donne pas le droit ni d’être aveugle ni d’être rigoriste jusqu’au bout des pieds.

    Le message de cette chanson n’est absolument pas la culpabilisation de la femme par rapport à sa sexualité et à la procréation. C’est juste une chansonnette qui se veut nostalgique même si c’est assez angélique au regard de ce qu’était la vie réelle de nos aïeux !

    Et si on y fait référence à une sexualité débridée face à l’avortement c’est d’abord parce que la grossesse est quoi qu’on en dise en premier lieu une affaire de femme au sens physique du terme. C’est la femme qui a le pouvoir d’avorter ou de ne pas avorter. En aparté, je dirais que cela n’empêche pas pour autant le droit à la critique de l’acte en lui-même : on peut être contre l’idée de l’avortement (c’est mon cas) sans vouloir empêcher celles qui le souhaitent de le faire et sans souiller leur dignité. Cela s’appelle la liberté d’expression et ne remet pas en cause la dignité des femmes qui avortent. Fin de l’aparté.

    Ce qu’on souligne dans cette chanson, c’est avant tout la difficulté de concilier liberté et maternité dans une société où individualisme et sociabilisation s’affrontent. Ça me paraît pourtant clair : on veut « vivre moderne » pour le côté pratique et on voudrait « vivre ancien » pour se persuader que notre vie est aussi belle que celle qu’ont eue nos parents à travers nos yeux d’enfants.

    A côté de cela on fait passer les jeunes hommes pour des incapables et on fait passer les jeunes pour des débiles mais là ça ne vous interpelle pas le moins du monde.

    Ce qui dégénère c’est la contestation féminisatrice (et non pas féministe) systématique voire automatique.

    Autant le cas ORELSAN méritait d’être dénoncé parce qu’il touchait à la dignité de la femme en tant qu’être vivante et douée de raison et ayant droit à disposer d’elle même, autant ici je ne vois qu’une mauvaise querelle au nom d’un dogmatisme bien pensant et puritain.

    À ce train là, il sera bientôt impossible de parler des femmes dans les films, dans les livres, dans les chansons ou de les montrer dans des tableaux ou photos autrement qu’en les présentant comme des êtres parfaits et asexuées. Pour ma part, je ne suis ni parfaite ni asexuée et je tiens à ce que les artistes puissent dénoncer les travers de notre société, comme ils l’ont toujours fait, et même si ces travers concernent les femmes.

    Je ne suis pas solidaire avec cet acharnement.

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  • Stéphanie
    24 mars 2010

    No_mad

    « Cela s’appelle la liberté d’expression… »

    Tout est dit! 😀 Nous avons le droit d’exprimer ce qui nous déplaît dans cette chanson. De plus, je ne crois pas que les blogueuses feraient une comparaison entre le groupe Mes Aïeux et Orelsan.

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  • Myriam
    25 mars 2010

    @No_mad

    Les opinions sur ce billet sont très variées, et c’est dans ces moments-là que je trouve ce blog le plus pertinent. Sur ce billet, je sens vraiment qu’il y a une tribune pour tous les points de vues, et que le sujet initial est un prétexte, une étincelle, pour discuter et débattre de quelque chose qui le dépasse largement.

    Alors pourquoi vouloir faire taire celles qui ont envie de réfléchir sur leur irritation commune face à ces paroles?

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  • Nat
    25 mars 2010

    Je n’ai pas entendu de féministe crier au scandale, moi… Juste discuter au sujet des paroles d’une « chansonnette » qui, soit dit en passant, est extrêmement populaire au Québec. Le groupe a gagné de nombreux prix pour leurs albums pour le nombre de copies vendues. Et c’est un groupe qui se veut activiste.
    Les paroles de cette chanson valent la peine qu’on en discute pas pour crier au scandale ou faire le procès du groupe. Il évident que contrairement à Eminem ou autre du même genre, ils n’ont pas voulu choquer. Je pense que le double standard et les stéréotypes sur les rôles des hommes et des femmes sont complètement involontaires de leur part.
    Comme ils semblent aller de soi pour l’auteur des paroles et une grande partie du public c’est justement une raison de plus pour en discuter.
    Les artistes peuvent bien dénoncer les travers ou ce qu’ils pensent être les travers de qui ils veulent et nous on a le droit de donner notre opinion.

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  • Ülo
    25 mars 2010

    Ce que je trouve désolant, dans cette chanson:

    En gros, l’adéquation entre partenaires multiples et grossesse non désirée. Comme si avoir plusieurs partenaires était gage d’irresponsabilité.

    Donne aussi l’impression que l’avortement est un moyen de contraception.

    Yuk.

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  • Elyse
    26 mars 2010

    @No_mad
    Je comprends ta réaction, j’ai eu la même initialement, du genre « kessé ça le festival de l’enculage de mouches? », mais je me suis ravisée. Il n’y a pas matière à s’arracher les cheveux de la tête ni à écrire une lettre de plainte au groupe (nous serions chauves bien vite!). Cependant, je ne vois pas cela comme de l’acharnement non plus (« Don’t shoot the messenger » comme disent les Chinois); on pourrait passer en revue plusieurs autres manifestations culturelles et y trouver des représentations de la femme (et de sa sexualité) questionnables. À mon sens, cette chanson est représentative de l’air du temps, des valeurs d’une société dans laquelle elle se campe, vue l’unanimité qu’elle entraine, et c’est ce qui la rend justement si intéressante à commenter. Il y a des cas bien « pires », c’est sûr, mais qui polarisent beaucoup plus la société. Entre le rigorisme à plus soif et le laisser-aller total, il y a une marge. Entre les deux, il y a le commentaire.

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  • SophieSexologue
    28 mars 2010

    Bonjour!

    À la sortie de cette chanson, j’avais entendu Stéphane Archambault, le chanteur du groupe, parler (se justifier) sur cette partie du texte et il a descendu dans mon estime à ce moment…

    Il disait que la majorité de ses amie s’étaient déjà faites avorter et qu’il trouvait ça hallucinant de les voir utiliser l’avortement comme un moyen de contraception.

    Mon hypothèse est que Stéphane Archambault a 2 amie fille… Non sans blague, il essayait vraiment de dire que plus de 50% des filles s’étaient déjà faites avorter, ce qui est tout à fait faux (on le sait car il y a des statistiques à ce sujet).

    Donc je suis désolée de vous l’apprendre, mais les paroles de ce texte sont réellement sentie par l’auteur et il ne s’agit pas d’une métaphore… à moins qu’il ait changé d’opinion sur le sujet…

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  • Fanie
    28 mars 2010

    Comme certaine d’entre-vous, je n’ai jamais vu matière à débat dans cette chanson que j’aime bien. Que les paroles soient senties ou métaphoriques ne change rien à mon opinion.

    Je connais malheureusement bon nombre de filles qui se sont fait avorter plus d’une fois suite à une connerie. Est-ce entièrement de leurs fautes ? Non. Mais un moment donné, faut pas essayer de créer une polémique où il n’y en a pas. Quand tu gaffes, tu répares et tu apprends. Certaines apprennent, certaines oublient. De là la répétition des avortements.

    J’ai peut-être l’air de juger gros comme le bras, mais croyez moi, je sais de quoi je parle. J’ai vécu plus d’un avortement pour diverses raisons. Sans en avoir vécu 56, on s’entend… Et même avec mon passé, cette phrase ne m’a jamais titillé la fibre féministe.

    Pour ce qui est du père… 1)le bébé il grandi dans NOTRE ventre. Alors pour ce qui est de sa prise de responsabilité, je connais des hommes qui accompagnent les femmes dans leur interventions, qui les supportent peu importe leur décision. Y’en a aussi qui disparaissent du décor et qu’on ne revoit plus. Mais c’est comme ça la vie. Non ?

    Il aurait fallu dire quoi ? « Quand tu fais des conneries avec un mec qui fait aussi des conneries, tu t’en sauves en avortant parce que le mec est parti sans laisser d’adresse et en fille responsable, tu sais que tu n’es pas prête à mettre un enfant au monde, sans père, et tu veux plus pour toi et ton enfant »? C’est que, ça aurait f*cké le rythme de la chanson.

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  • Stéphanie
    29 mars 2010

    J’ai entendu un médecin qui pratique des avortements dire que la majorité de ses clientes étaient des femmes dont le moyen de contraception avait échoué. J’ai entendu moi aussi parler de quelques filles qui se sont fait avorté plusieurs fois mais il faut éviter de généraliser avec 2-3 cas pour prétendre que l’avortement est devenu un moyen de contraception.

    Des femmes deviennent parfois enceintes lorsque des antibiotiques ou des produits naturels perturbent le fonctionnement des anovulants, lorsque le condom se rompt, etc. C’est des choses qui arrivent. Certains voudraient que l’on restreigne le droit à l’avortement à cause des abus mais des gens abuse du système judiciaire et on ne restreint pas l’accès aux tribunaux.

    Ça n’a pas rapport mais je pense aussi aux filles qui sont prisonnières d’un réseau de prostitution ou dans un gang de rue et qui subissent des avortements à répétition parce que leurs clients ne mettent pas de condom. Les proxénètes qui ne leur laissent que de quoi survivre ne fournissent sûrement pas toujours la pillule. Il faudrait pour ça qu’ils laissent échaper leur proie suffisamment longtemps pour qu’elle consulte un médecin. Je n’ai pas besoins de vous dire le nombre de ITS non-traitées dont ces filles souffrent et dont certaines peuvent rendre stériles!

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  • Sophie Sexologue
    29 mars 2010

    @ Fanie: Je comprends ce que tu dis. Par contre, je crois, comme Stéphanie, qu’on ne peut généraliser ta situation et celle des personnes que tu connais à l’ensemble des femmes et surtout des femmes qui ont eu recours à l’avortement.

    L’avortement n’est pas un moyen de contraception et les femmes qui ont déjà eu à subir cette épreuve peuvent témoigner que c’est loin d’être des vacances à la plage!

    Les femmes ne se disent pas: « Bah! Oublions le condom! Au pire, je me ferai avorter! »

    Il ne s’agit pas de se demander si Mes Ayeux auraient dû inclure toutes les variables de la réalité de l’avortement de leur chanson.

    Mon questionnement est « Était-il nécessaire d’inclure cette phrase? Est-ce si répendue? Est-ce que les femmes sont aussi irresponsables que semble le croire monsieur Archambault? »
    Je crois que non et je crois qu’avec son talent créatif, il aurait pu parler de pleins d’autres réalités que les femmes vivent et qui rejoignent plus la réalité que ce préjugé.

    Doit-on crier au scandale en lien avec cette phrase en particulier? Non. Mais je crois que ça vaut la peine de nommer que c’est ce genre de petites pécadilles du quotidien qui créent l’omniprésence des préjugés.

    Si on ne les nomme jamais, on ne pourra pas éviter de les reproduire dans le futur.

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  • Frederic
    23 septembre 2010

    Judith écrit: « Je trouve cette chanson moralisatrice et rétrograde. Ce couplet en particulier, méprisant pour l’intelligence et la capacité des femmes à faire des choix responsables, éclairés et pas toujours faciles, me fait grincer des dents, autant que l’unanimité qui semblait régner autour de cette chanson. »

    Le couplet:

    ‘Hé pis toé ma tite fille tu changes de partenaire tout le temps
Quand tu fais des conneries tu t’en sors en avortant »

    Regarde Judith au cas ou tu n’aurais jamais lu un livre d’histoire en dehors de Benoite Groulx. Les femme il y a 50 ans n’avortaient pas a cause de la religion et des lois.

    Aujourd’hui elles avortent lorsqu’en effet elle font une gaffe comme un mauvais choix de partenaire etc… Ca c’est la VRAIE vie!

    Selon Judith les femmes ne font jamais de « conneries » elles ne se trompent jamais. Il n’y a que les hommes qui font ça. Selon elle il est rétrograde de dire que les femmes peuvent faire des erreurs comme les hommes.

    Cette volonté affichée de vouloir montrer les femmes comme étant supérieures aux hommes est une des raison pour laquelle le féminisme n’attirent plus les filles d’aujourd’hui.

    Je travaille dans un salon de coiffure et depuis 16 ans je vois des centaines de femmes a chaque semaines de toutes origines et de toutes classes sociales …. elles me parlent des hommes de leur vie etc… le féminisme n’est pas très populaire chez les femmes. Pour être franc, les femmes vous détestent.

    Mais bien entendu je suis un homme mon opinion n’a aucune valeur a vos yeux ….

    Je l’aime bien cette chanson la….

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  • Nat
    24 septembre 2010

    Est-ce qu’il y a quelqu’un qui a dit que seulement les hommes faisaient des erreurs? Je pense que vous n’avez pas bien saisi ce qui nous fait réagir dans cette chanson. Moi j’aime bien le rythme, la mélodie et les voix mais les paroles m’agacent pour plus d’une raison.
    Si les gens déforment sans arrêt tout ce qu’on dit ce n’est pas surprenant certaines personnes détestent le féminisme…

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  • Caroline R.
    24 septembre 2010

    Je sais qu’il ne faut pas nourrir les trolls, mais là il faut que ça sorte:

    Est-ce nécessaire?

    Frederic, sérieusement, est-ce nécessaire de venir dans un espace ouvertement féministe pour venir nous dire combien « les autres femmes » nous détestent (témoignage recueilli dans l’anonymat de votre salon de coiffure)? Sérieusement?

    Le sujet de cette discution ne porte PAS sur la vision des autres femmes sur les féministes, mais bien sur la chanson de Mes aïeux.

    Je ne veux pas montrer les femmes comme supérieures aux hommes. Je veux qu’on prenne conscience, collectivement que l’avortement a toujours fait partie de la vie des femmes. Elles ne faisaient pas de « meilleurs » choix grâce à la religion, elles ne faisaient que risquer leurs vies pour se faire avorter clandestinement afin de sauve-garder leur honneur. Et c’est d’ailleurs le cas encore pour plusieurs femmes dans le monde.

    J’ajouterai en conclusion deux choses:
    1- la marche mondiale des femmes de la FFQ a pour thème: « Tant que toutes les femmes ne seront pas libres, nous marcherons! » Et cela inclu LA LIBERTÉ DE DISPOSER DE NOTRE CORPS!!!!

    2- Pour celles et ceux qui auraient envie d’avoir un apperçu de comment se passaient les avortements clandestins dans la France des années 1960 (quelqu’une aurait des suggestions québécoises?), je vous suggère de lire « L’Événement » d’Annie Ernaux.

    Voilà.

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