Philippines: Les premières impressions sont importantes
Il faut 15 heures de vol entre Paris et Manille, capitale des Philippines. J’ai fait une halte de quatres heures à Jeddha, en Arabie Saoudite. Ironie du sort, puisque je pars travailler dans une ONG pour le droit des femmes. On s’y attend, mais ca choque tout de même : les femmes voilées de la tête aux pieds. Parfois le visage découvert, parfois qu’une fente pour les yeux, parfois elles disparaissent en entier sous leurs drapés de noir. Des fantômes chez elles, ni leur mains ni leur nez n’oserai dépasser. Ce qui est le plus étrange de cette présence invisible sont les hommes qui les accompagnent. Habillés comme des jeunes italiens : cheveux gommés, chemise à manche courte, entrouverte au col, pantalon moulant… il guide sa femme qui, sous son masque noir, trébuche dans les pattes de chaises. Selon ce que certaines m’ont expliquée de l’Islam, femmes et hommes doivent s’habiller de façon sobre, et ce pour ne pas révéler leurs corps qui ne seraient qu’une distraction futile pour l’intellect et la foi.
Je m’arrête ici, trop d’encre à coulé des stylos des grands moralisateurs des journaux nationaux qui aiment trop faire les juges, frustrés de la dissidence de certains face à la dictature occidentale. J’en reste là, ce n’est qu’une petite intro, mais il me semble évident que la femme fantôme disparaît partout que ce soit sous un voile ou non. C’est avec cette appréhension que je suis débarquée à Manille.
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Ceci est le premier texte d’une série de quatre. Je suis en stage aux Philippines avec le groupe militant GABRIELA, un organisme qui regroupe plus de 250 groupes de femmes aux Philippines et à l’étranger. Cette association travaille pour la défense des droits des femmes indigènes.