Quatre cravates et une féministe (version 2011)

J’ai assisté en personne au débat d’hier soir entre les 4 chefs de partis politiques et laissez-moi vous dire que l’ambiance était tout sauf chaleureuse! Si vous me permettez, l’horrible décor était encore plus laid de proche.

D’un point de vue féministe, il n’y avait pas grand chose à se mettre sous la dent. Seul Gilles Duceppe a parlé à deux reprises des femmes : au début du débat, il a mentionné que les femmes travaillant pour les entreprises fédérales devraient avoir le droit au retrait préventif, comme celles régies par le code de travail du Québec, et en discours de clôture, il a mentionné les valeurs mises à mal par le gouvernement conservateur, comme les droits des femmes.  

Ignatieff a saisi plusieurs fois l’occasion de rappeler la promesse électorale, datant de Paul Martin, d’un programme national de garderies.  La famille semblait en effet au cœur des préoccupations : le mot a été prononcé pas moins de 16 fois!

Sur la question du registre des armes à feu, question qui interpelle les femmes si on se fie aux sondages, les conservateurs n’ont pas dérogé de leur objectif de l’abolir, pendant que Jack Layton essuyait les critiques de n’avoir pas imposé une ligne directrice à son parti. Cette question semble faire partie de la stratégie conservatrice « votre région au pouvoir » pour courtiser les régions rurales, farouchement pour l’abolition du dit registre. Pour lutter contre le crime, Harper propose des peines plus lourdes. Deux fois il a mentionné les « sentences-bonbons » (et que dire de sa nouvelle expression fétiche : broche à foin!)

Bref, un bon débat, mais duquel les femmes ont été absentes. On est loin du débat de 2006, au cours duquel les chefs s’étaient déchirés sur « le droit des femmes de choisir pour elles-mêmes » (c’est plus cute que de dire avortement!)

Je ne vois pas comment on peut désigner un vainqueur : Duceppe, super à l’aise, a un redoutable sens de la formule. Layton est égal à lui-même : sympathique, mais ses affirmations manquent de réalisme. Ignatieff s’en est très bien tiré pour une première fois. Et Harper, ma foi… il se maîtrise bien, reste calme malgré son français lamentable, et ridiculise les autres en traitant leurs échanges de « chicanes sans importance».

J’étais assise derrière la caméra que Harper a regardée intensément tout le long du débat. En personne, je dois dire, il donne froid dans le dos.

3 Comments

  • Marie-Josée
    15 avril 2011

    Merci de nous partager ton expérience.

    Effectivement, il semble que nous ayons bien du travail à faire pour que les femmes aient leur place en politique (que ce soit en termes de leur présence physique ou du fait de traiter de leurs préoccupations).

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  • Catherine
    15 avril 2011

    À ce sujet, je vous suggère cet article de la journaliste Judith Timson, paru dans le Globe and Mail (je sais: pourtant pas un bastion du féminisme contemporain). Sa conclusion: les chefs des quatre principaux partis politiques canadiens sont des hommes blancs, grisonnants, et qui s’adressent à l’électorat féminin sur un ton un peu nunuche…

    Bref, la question demeure: pourquoi n’y a-t-il pas plus de femmes en politique? Qu’est-ce qui nous retient?

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  • Catherine
    15 avril 2011

    Oups! Voici le lien!

    http://www.theglobeandmail.com/life/relationships/news-and-views/judith-timson/where-are-canadas-21st-century-leaders/article1985903/

    À remarquer que cet article a été publié dans le cahier « Life » (!), dans la section « Relationships » (!!). D’où le commentaire précédent à l’effet que le G&M et la pensée féministe, généralement, ça fait deux…

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