Brouillon de culture
Ce titre me parait bien trop beau pour ne pas croire que quelqu’un l’a déjà inventé. Mais c’est un plagiat non-intentionnel. Appelez moi PPDA.
Cette semaine c’était ma semaine culturelle. Je suis allée me la péter au salon du livre. Le Salon du Livre en France (ou devrais-je dire à Paris bien sûr), c’est l’événement peopolo-littéro-culturel de l’année. En gros, l’endroit ou il faut voir et être vu. Il y a des auteurs qui dédicacent, des stands d’éditeurs en tous genres, des conférences plus ou moins intéressantes et surtout un foule de badauds. Tout un dimanche dans un préfa blindé bien rangé par petites allées et grands carrés, à répéter « tant de livres, si peu de temps », il fallait en vouloir. Et je suis pas déçue j’ai vu Guillon et Debré (et ouais). Sinon comme je suis monomaniaque, j’ai assisté à une conférence intitulée : « Le milieu de l’édition est-il sexiste? ». Conférence animée par le directeur de Causette, avec une sociologue, une écrivaine, deux éditeurs, et une patronne de librairie. Jusqu’ici tout va bien, l’écrivaine se la pète, les éditeurs se la pète. On nous apprend que oui c’est un milieu sexiste mais ni plus ni moins que tous les autres. Le fameux plafond de verre existe aussi et patati et patata.
Ça aurait pu tourner à l’ennuyeux jusqu’à ce que tout ce petit monde (à l’exception du modérateur et de la sociologue) , passé ce constat, se gargarise de son non-sexisme et de l’inutilité aujourd’hui de collections féminines/féministes ou d’écriture féminine, les qualifiant à plusieurs reprises de « Ghetto ». La répétition du mot ghetto a eu raison de mon calme. Coup classique, me promettant à chaque fois de ne pas parler me voilà bouillant bouillant jusqu’à la catastrophe : la voix chevrotante dans le micro et les palpitations cardiaques (mon engagement aura raison de moi). Voici en gros mon argument (heureusement pour vous mieux explicité qu’il ne le fût alors).
Mettons de suite les choses au clair, loin de moi l’idée de penser qu’il puisse naturellement exister un style d’écriture ou un contenu propre à chacun des sexes. On l’aura compris les stéréotypes c’est caca. Mais s’arrêter là et dire que tout le monde est beau et gentil ne réglera pas le problème et n’empêchera point les discriminations de se reproduire.
Et quand ces éditeurs se gargarisent de « ne pas publier des hommes ou des femmes mais des auteurs », j’ai envie de :
1) leur demander s’ils veulent une médaille
2) leur expliquer que parfois le système est plus fort que toi et que tu peux inconsciemment reproduire des schémas dominant en n’y prenant pas attention (et c’est de la simple sociologie pas de la psychologie comme semblait me le reprocher d’un ton méprisant cette éditrice)
3) leur rappeler que auteur ça s’écrit sans e à la fin.
Parce que le principal problème c’est bien que la production artistique et littéraire est un milieu qui a été créé et dominé par les hommes depuis des centenaires (comme plein d’autres) et qu’il ne suffit pas de ne pas discriminer pour en changer la structure. Et les discours universalistes de ce type tendent parfois à cacher les problèmes.
Alors OUI à une écriture féminine, OUI aux auteures qui s’y sont penchées (Monique Wittig, Hélène Cixous) et pourquoi pas des collections féministes! Je ne dis pas que toutes les femmes se doivent d’écrire de façon féminine et pour des femmes, loin de là mais faire entendre sa voix c’est le premier combat des dominés. Tout le monde semble le comprendre et l’acclamer quand Aimé Césaire parle de négritude. On crie aux ghetto à l’évocation de collections féministes. Pourtant elles ne seraient pas interdites aux hommes! Finalement le vrai ghetto ne vient -il pas du fait que très peu d’hommes s’intéresseraient à cette littérature-là (en témoigne le nombre de femmes dans l’assemblée de cette conférence!).
Et si cette fameuse éditrice se détourne « par principe » d’un magasine comme Causette qui se déclare féminin et féministe car elle n’aime pas les ghetto c’est peut-être parce qu’elle ne s’imagine pas un instant que ce dernier puisse être lu également par des hommes. Ce qui est faux et bien révélateur de ses préjugés.
Et qu’on ne viennent pas me rabâcher que le problème n’existe plus, que les femmes sont libres d’écrire (cf.constat unanime ci-dessus). Alors trouvons des solutions, chacun comme il sent , l’écriture féminine en est une parmi tant d’autres.
A part ça, c’était le printemps du cinéma, les prolétaires ont envahi les salles obscures. Au programme : un western, grand spectacle divertissant et bien ficelé avec un Matt Damon à qui je n’ai pas instantanément l’envie de mettre des gifles pour le première fois (True Grit), un film historique moins mélo que je ne l’aurais cru (Le Discours d’un roi), un film politique sans politique avec des (trop) jolies filles gloussant un peu (trop) pour leur droits (We want sex equality) et Paul. (Cherchez l’erreur, j’ai des amis à contenter).
C’était bien.
—
Par Yé
Publié le 24 mars 2011 sur Dalida, Marx et moi
rholia toog
Oui c’est de la pure reproduction
Moi je dirai , pas assez de femmes s’interresse à cette littérature écrite par des femmes,les hommes y viendront bien naturellement comme pour le reste…
A les voir ,les entendre occupper tous les espaces leur coquilles sont vides et la beauté des nacres ,bien absente.
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