Questions poils
Mmm. Mmm. Questions poils, corps et sexe.
Le retour d’un mois de voyage au Chili, que j’ai pratiquement passé à poil sur des plages idylliques, en m’en allant sans payer, en faisant du pouce et en voyageant dans des derrières de pick up, me permet de faire clairement les liens difficiles mais essentiels entre mes perspectives théoriques et l’expérientiel en tant que source de connaissance. (Voir ici les réflexions de Sandra Harding – épistémologue féministe – sur les sources de la connaissance)
Ça doit être parce qu’en mars je retourne sur les bancs d’école et que j’me remets à lire des textes scientifiques et à m’obstiner sur les sciences exactes et les sciences sociales, et la pseudo neutralité de mes amis économistes.
Bon, j’tombe sur un article d’un homme sur les poils. Problématique qui m’intéresse, m’interpelle depuis que j’ai atteint la puberté. Du haut de ma grande maturité de 12 ans, il me semblait essentiel de raser les 3 p’tits poils qui avaient commencé a pousser en d’sous mes bras.
Je devais faire comme tout le monde, éviter la honte dans le vestiaire des filles dans les cours d’éducation physique, déjà que je suais au maximum et que je découvrais à mon grand désarroi que je n’allais pas hériter des attributs féminins de ma mère. Fin bref.
Période sombre, l’adolescence n’épargne généralement personne. Ça a tout de même pris 4 ans et quelques discussions familiales significatives (quelle bonne équipe ma mère et mon père!) pour que je comprenne que c’tait pas nécessaire, obligatoire, hygiénique, propre de se raser, de s’épiler, de se brûler la peau à la cire chaude, de dépenser des sous et du temps à l’électrolyse.
Ça aura pris le Cégep de Sherbrooke, l’importance du féminisme dans le mouvement étudiant et social au Québec. Ça aura pris mon caractère de cochon et un esprit de contradiction presque systématique. Et des amoureux et des amants qui trouvaient ça ben relax, et qui pouvaient écouter sans comprendre mes doutes et les incohérences qui qualifient toujours mes complexes capillaires. Ça aura pris des Marie-Michèle, pis des Éliane, pis des discussions à Rive.
Et puis après presque 15 ans de vie consciente dans ce bas monde anti poil, je continue d’y réfléchir. Avec des crises passagères d’envie de m’épiler complètement, de me mettre une perruque aux cheveux plats et de réaliser le genre de fantasme qui a occupé mon enfance peuplée de Barbie, de robes de princesse et des balades en roller à Miami Beach. Je continue aussi à me plaire, à me trouver jolie quand je vais bien et moche quand j’suis fatiguée et déprimée.
Mais j’continue à y réfléchir, à douter des visions dichotomiques, et à me méfier des commentaires masculinistes.
J’continue à croire que c’est une violence, mais j’peux pas oublier les amies travesties et trans qui veulent pouvoir aller se faire épiler sans problème, qui questionnent beaucoup plus que le poil, tout en le rejetant complètement. Et qui m’empêchent d’être persuadée, parce qu’elles-mêmes doutent. Qui font que ma vision est une simple expression de ma subjectivité, de ma culture, de mon corps, de mes expériences. Et qui me font me méfier des « Nous la femme » de salon de coiffure qui se permettent de parler en mon nom sans que je n’y aie jamais consenti. Qui me font douter de la nécessité de l’existence de telles catégories. Même que j’marche sur des oeufs dans ma tête quand j’me mets à y penser. Heureusement que Dolphy me permet de ne pas interrompre le fil de mes pensées et me pousse à continuer à déconstruire.
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Par Ti-Gars
Publié le 25 février 2011 sur Dents en or et bicyclette rouge
Ululo
Pour garder ses poils, il faut se battre contre les autres: hippie, lesbienne, extrémiste, tous les substantifs y passent.
Et souvent, aussi, comme tu l’as bien dit, il faut se battre contre soi-même, puisque veut veut pas, on a intégré cette image de femme lisse et prépubère, et ces poils nous apparaissent longtemps disgracieux, jusqu’à ce qu’on les apprivoise et qu’on les aime.
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Marie-Noelle
Les poils… grosse question qui vient m’énerver moi aussi, passant de non-épiler pendant un mois à tout vouloir arracher une certaine journée!
Et ça varie selon la localisation. Je tolère bien mes poils sur les jambes ils sont doux, les aisselles ça m’énerve car soit ça « pue » quand je les garde ou soit ça pique quand ça repousse, les quelques poils sous le nombril oubliés pendant l’hiver mais débusqué avec l’été, les poils pubiens… qui vont au-delà du pubis sur les aines à enlever pour la piscine, les autres sous le maillot à se demader combien-en-garder-les-tailler-pourqoui-pas-les-garder-maudite-industrie-pornographique-les garder, les foutus sourcils trop touffus qui font madame-fachée-pas-féminine, et -le comble- les poils sur le menton que j’ai arrachés en période de stress universitaire et qui passent maintenant à l’électrolyse pour disparaître à tout jamais (bien que je ne soit pas encore 100% à l’aie avec ma propre décision!).
Fichus poils. J’envie mon chum avec sa barbe, sa possibilité de partir en vacances sans se soucier de ses aines, ses jambes, ses aisselles…
Finalement le pire, c’est mon ambiguïté face à eux, ma réflexion « coudon c’est juste du poils! » versus les codes sociaux intégrés versus mon analyse féministe qui me dit combien nos corps de femmes ne nous appartiennent pas encore.
Pffffffffffffff!
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Ti-Gars
J’pense que la question des poils, (au nombril, aux aines, pubiens..) de la taille des seins (petits, gros, différents, noirs, blancs, bruns, jaunes..) ou du nez ou des cheveux, est liée à une problématique centrale plus euh.. ample; le lien entre le corps et l’identité.
Qui a la légitimité de définir quelle identité peut et-ou doit être associée à telle ou telle autre caractéristique physique?
Comment ça se produit?
Et surtout comment on peut s’approprier ou se re-approprier le « monopole » de la définition de son identité…
Sur la question, pour les personnes lisant l’espagnol; une amie argentine
http://marlenewayartextual.blogspot.com/
Moi j’continue à y réfléchir.. et je retourne à mes études de la linguistique de l’espagnol..
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1pendant
2wickedly
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