Décès de Louky Bersianik, grande écrivaine féministe québécoise
Une de nos lectrice a porté cette triste nouvelle à notre attention aujourd’hui (merci Elise):
Louky Bersianik est décédée cette semaine. Elle est l’auteure de L’Euguélionne, l’un des premiers livres féministes au Québec. Je ne connaissais pas cette auteure (je suis née trop tard) et son livre n’est plus disponible. Je trouve ça dommage!
Comme Elise, je ne connaissais pas du tout cette auteure. Jamais entendu son nom. Ni même le titre du roman qui la lancera en tant qu’auteure, l’Euguélionne.
Dans ce roman qualifié de premier grand livre féministe, Louky Bersianik présente, pour mieux les dénoncer, les préjugés envers les femmes. «Si une femme a du génie, on dit qu’elle est folle, y écrivait-elle. Si un homme est fou, on dit qu’il a du génie. Voilà, dit l’Euguélionne, entre beaucoup d’autres, un puissant ressort au mutisme des femmes.» Le Devoir
Comment se fait-il qu’une écrivaine aussi marquante pour le mouvement des femmes québécoises n’ait jamais fait irruption dans mon éducation féministe? C’est moi qui est à côté de la track? La connaissiez-vous? L’avez-vous lue, jeunes féministes nées dans les années 80-90? Saviez-vous qu’elle était une des pionnières de la féminisation du langage?
C’est troublant, mais ça arrive souvent: un dècès nous rappelle l’existence et l’oeuvre de ces êtres talentueux qui ont marqué leur époque. Josée Boileau dit justement ceci dans Le Devoir d’aujourd’hui (qui semble être le seul média à aborder l’événement):
Pour réparer l’oubli, il faut rééditer L’Euguélionne. D’autant que cette mort coïncide avec l’anniversaire, aujourd’hui, de la tragédie de Polytechnique. Pouvoir relire avec quelle fougue Louky Bersianik invitait le monde à l’égalité serait aussi une contribution à la lutte contre la violence faite aux femmes.
Semble-t-il que c’était dans ses projets, elle qui a continué à écrire jusqu’au moment de sa mort, à 81 ans. En attendant, allons lire quelques extraits de L’Éuguélionne sur Sisyphe.
Catherine P.J.
J’ai entendu parler de L’Euguélionne, et donc de Louky Bersianik, dans le cours Littérature des femmes au Québec à l’UQAM. J’en ai lu quelques pages par la suite parce que l’oeuvre m’a intriguée (on ne le lisait pas dans le cours, probablement justement parce que le livre n’est plus disponible, il est trouvable dans les bibliothèques par contre). C’est intéressant tant par le fond que par la forme. Structure empruntée à la bible, un peu sci fi (l’Euguélionne vient d’une autre planète). C’est comme si ça prenait quelqu’unE venant d’ailleurs pour relever les absurdités dans les inégalités entre les hommes et les femmes.
Je dirais que ce n’est pas un livre facile à livre, d’après ce que j’ai pu voir. La structure surprend et peut déstabiliser. Par contre, je crois que celles et ceux qui s’intéressent à la littérature et au féminisme ne peuvent pas passer à côté…
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Catherine P.J.
Voici un lien vers un article de Lori Saint-Martin à propos de L’Euguélionne, si ça vous intéresse : http://www.erudit.org/revue/VI/1990/v16/n1/200877ar.pdf
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Claire Aubin
Je pense qu’il faut pallier à ce manque ( disponibilité de l’Euguélionne) et rapidement . Louky le souhaitait ardemment et en format accessible pour les études. C’est une oeuvre phare qui n’a pas été étudiée à sa juste valeur,on dirait même qu’elle a été boudée par les intellectuel-les tant il y a peu d’analyses sérieuses qui ont été faites sur ce livre. Pourtant il y a tant à dire!
Louky me faisait voir tout ces clins d’oeil et deuxième degré d’écriture que je n’avais pigés dans les années 80. ex.Allusions aux femmes politiques de l’époque, l’étude approfondie d’Alice au pays des merveilles…et quel humour!
En attendant sautez sur le Pique nique sur l’Acropole ( allusion au banquet de Platon…nous femmes n’avons que les moyens pour un pique nique …et sur la Main tranchante du symbole. Un pur plaisir entre féministes!
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Elise
Merci pour cet article. je vais chercher du côté des bibliothèques.
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Anna-Aude
J’ai trouvé l’Euguélionne dans une librairie de bouquins usagés dans le fin fond de l’Abitibi l’été passée. Comme Bersianik avait souvent été mentionné par certainEs de mes enseignantEs durant mon certificat en études féministes, le livre m’a comme sauté dessus! J’ai vraiment apprécié cette lecture et, comme on le mentionne plus, je crois que cette oeuvre devrait être éditée à nouveau et possiblement inscrite à l’étude. Magnifique!
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Nico Bersianik
Un petit mot, un peu plus d’un an plus tard, pour vous annoncer que l’Euguélionne fut publié à nouveau aux éditions Typo. C’est une belle version, nous avons travaillé fort là dessus, en suivant minutieusement le plan de Louky. Elle était encore en vie lorsque le projet de cette nouvelle édition s’est mis en branle. Elle n’aura finalement jamais vu le résultat. Elle tenait tellement à donner un nouveau souffle à cet œuvre afin d’éclairer les nouvelles générations de jeunes femmes et hommes. Voilà, l’Eguélionne est de nouveau en librairie pour vous. D’autres parutions sont à venir…
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Marie-Élaine
Merci d’avoir partagé avec nous cette bonne nouvelle!
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