Fracturées numériques ?

Les femmes utilisent-elles moins internet que les hommes ? En fait, c’est de moins en moins le cas. Des écarts assez importants existaient au début de la diffusion des TIC. Mais ils s’amenuisent fortement avec la banalisation d’internet dans la vie quotidienne et professionnelle. La fracture numérique a d’autres facteurs explicatifs bien plus déterminants que le genre : le revenu, le niveau de formation…Mais les femmes font d’internet un usage différent. Selon une étude réalisée par la fondation Wikimedia, seuls 13% des contributeurs  de l’encyclopédie en ligne Wikipédia sont des femmes.

Le New York Times s’est interrogé sur les raisons de ce phénomène, quelque peu paradoxal puisque par leur ouverture, leur liberté, leur anonymat, leur gratuité, les TIC sont censées être éminemment démocratiques – c’est ce qu’on nous rabâche à longueur de journée.

La première raison, la plus évidente, c’est bien sûr l’autocensure des femmes, qui font preuve d’une confiance en elles moindre, et donc ne se sentent pas capables de contribuer à Wikipédia  (vous comprenez, ce serait vaniteux de leur part…). Comme l’évoque le New York Times, Wikipédia c’est l’espace public… un espace traditionnellement masculin. Le OpEd Project a récemment montré que les femmes étaient peu présentes dans les articles d’opinion de grands journaux américains (exemple : 82% d’hommes dans les colonnes du Wall Street Journal en décembre 2010, 80% dans le New York Times, 81% dans le Washington Post).

Une deuxième raison tient à la différence de styles d’expression entre hommes et femmes. Pour la linguiste Susan C. Herring, les hommes tendent à affirmer leurs opinions comme des faits, de façon assurée. Les femmes, en revanche, formulent leurs messages et leurs contributions, même très factuels, d’un ton moins confiant, les présentant comme des suggestions, des propositions (d’ailleurs, c’est prouvé, les femmes s’excusent plus que les hommes). «Sur Wikipédia, explique-t-elle, il n’y a aucune place pour des suggestions et des propositions. Le point de vue se veut neutre –les faits, rien que les faits- ce qui tend à favoriser un style d’expression masculin ».

Troisième raison : les échanges sur Wikipédia sont souvent conflictuels. Sur les talk pages, où s’écrivent les articles, les contributions des internautes sont fréquemment critiquées et contestées ; avec un ton pas toujours tendre. Parce que le site est à la fois très ouvert et complètement anonyme, une minorité de contributeurs « à haut potentiel de conflictualité » (les trolls…) a parfois un effet disproportionné sur l’ambiance et la dynamique du site. Ce qui peut déplaire aux femmes, voir carrément les intimider.

Pour Joseph Reagle, professeur à Harvard et auteur d’un ouvrage sur Wikipédia, « l’idéologie et la rhétique de la liberté et de l’ouverture peuvent alors être utilisés (a) pour balayer d’un revers de la main toutes les inquiétudes liées à des messages injurieux ou insultants et leurs effets de censure et (b) rationaliser la faible participation féminine, en la présentant comme un simple objet de choix et de préférence. » On se reportera pour une parfaite illustration de ce phénomène, à l’article éditiant de stupidité publié par slate.fr.

Le bonheur Facebook

A défaut d’une contribution massive à Wikipédia, les femmes tendent donc à préférer d’autres formes de communication sur internet : les blogs et les réseaux sociaux. Ce n’est pas une coïncidence : contrairement à Wikipédia ou aux forums de discussion, ces technologies permettent de contrôler les débats, en effaçant ou interdisant les commentaires ou en restreignant la liste de contacts autorisée à accéder à l’information.

Diverses études semblent ainsi converger sur le fait que les femmes sont davantage présentes sur les réseaux sociaux et y passent plus de temps que les hommes. Ce qui s’explique par une différence majeure dans l’usage que les hommes et les femmes font d’internet : les hommes tendent à y rechercher des informations ou des solutions pratiques, tandis que les femmes en tirent profit pour maintenir des liens sociaux et familiaux.

Mais les femmes ne vivent pas leur présence sur les réseaux sociaux de la même façon que les hommes. C’est ce qu’évoque en tout cas une étude du département de Psychologie de Stanford, intitulée « Le malheur est plus partagé que les gens ne le pensent ». Comme l’explique slate.fr, Facebook repose sur « le déploiement public des atouts de chacun sous la forme de listes d’amis, de photos, de projets réalisés ». Il présente une version joyeuse, parfaite et enjouée de la vie des gens, et « nous invite à des comparaisons dont nous sortons avec l’impression que nous sommes des loosers ». Les femmes sont touchées de façon plus aigües par cette culture de la compétition car elles utilisent davantage Facebook pour leur communication personnelle (photos, contenus liés aux amis ou aux enfants…), contrairement aux hommes qui préfèrent partager des articles ou des commentaires sur les évènements récents.

Internet façonné par les hommes ?

Au-delà de cette question des usages, on assiste à une certaine division du travail dans la nouvelle économie du travail. D’un côté, une surreprésentation des femmes dans le télétravail – qui les confine de nouveau à domicile. De l’autre, une masculinisation de l’expertise technique et informatique : les femmes sont largement absentes des « métiers du numérique », donc des lieux où se conçoivent et se maîtrisent les enjeux des TIC (on compte selon Eurostat 28% de femmes dans les services informatiques pour l’Europe des 15). Ce sont donc davantage les hommes qui définissent, organisent, gèrent et contrôlent les fonctions de l’espace virtuel, le style de ses présentations, la forme et la sémantique de ses contenus…

Par Eve
Publié le 3 mars 2011 sur Le mauvais genre

16 Comments

  • Clerc
    26 décembre 2011

    Article très intéressant ! Merci !

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  • Elise
    29 décembre 2011

    Article très intéressant! je suis sûre que si on faisait une enquête similaire sur les commentaires de Cyberpresse, le Devoir ou Radio-Canada, on aurait le même genre de résultats que pour le NYT ou le Wall Street Journal. Pour un commentaire de femmes, il y a plein d’hommes; ça donne pas trop le goût de participer, ces messieurs n’étant pas toujours très sympathiques.

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  • Hercs
    5 janvier 2012

    L’article de slate.fr, bien que jugé stupide, révèle pourtant une vérité: les femmes et les hommes sont différents. Pourquoi introduire cet article en parlant fracture numérique homme/femme liée au revenu, éducation… alors qu’il s’agit peut-être juste de centres d’intérêt différents… ce que vous tendez à démontrer par la suite !

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  • Imace
    8 janvier 2012

    Les vérités révélées, on les trouve surtout dans la Bible et autres livres saints. Pour ma part, je maintiens que l’attachement à des « spécificités masculines et féminines » sont surtout le fait d’individus qui, médiocres et insignifiants par eux-mêmes, cherchent à s’attribuer magiquement certaines qualités simplement parce qu’ils appartiennent à tel groupe.

    Je considère quant à moi que les gens n’ont d’autres qualités que celles qu’ils et elles démontrent.

    Pour l’article de Slate, lisez donc les commentaires qui suivent, ils sont plus intéressants que le texte initial. J’avais posté sous le pseudo « une de ces féministes qui… ». Je ne vais pas reprendre mon post ici, mais mon opinion n’a pas varié.

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  • Guillaume
    8 janvier 2012

    Comment expliquez-vous, par exemple, le milieux de la construction, qui est majoritairement masculin et ne compte pas de contingentement(pas sur du mot) féminin, sois masculin? Que le milieux, par exemple, des soins esthétique sois majoritairement féminin, coicidence ou spécificité?

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  • Imace
    8 janvier 2012

    C’est un vieux débat sur la place de l’inné et de l’acquis. On peut aussi se demander si les gens agissent différemment selon leur sexe, ou si on les place dans des situations différentes selon leur sexe. Une troisième hypothèse est que l’on interprête différemment des réactions semblables, selon le sexe de la personne qui les présente.

    Quoiqu’il en soit, ce N’est PAS le débat de ce topic. Détourner le topic pour aborder un débat que n’importe quelle féministe a déjà lu quelque chose comme 400 fois, ça n’a pas d’intérêt. Tant pis pour vous si vous avez besoin de vous classer parmi le groupe « homme » pour vous sentir avoir de la valeur. Tant mieux pour vous si votre entourage est suffisamment stupide pour vous en accorder de ce seul fait.

    En attendant, je vous engage à vous intéresser aux théories de l’universalisme et de l’essentialisme, vous verrez que les espaces pour en parler sont plus qu’abondants… et à laisser ce fil en paix.

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  • Guillaume
    8 janvier 2012

    Je suis sincerment désolé de vous voir offusquer de mon commentaire(peut etre que je deverais changer de nom) mais je ne trouve pas que ces détourner le débat de donner un explemple concret et simple pour expliquer que les hommes et les femmes on des interets different, donc il est normal de voir une differnce du comportemnent sur internet. Tout le monde ce ressemble sans etre pareil…

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  • Marie-Élaine
    9 janvier 2012

    Guillaume: Vous n’avez pas été banni de notre système de commentaires, changer de nom d’utilisateur ne va donc ni aider, ni nuire à votre cause. Cela dit, je vous suggère de lire notre charte des commentaires et 12 suggestions pratiques destinées aux hommes qui se trouvent dans des espaces féministes.

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  • Berenice
    10 janvier 2012

    @ Guillaume
    Moi j’ai fait un stage en entreprise d’ébénisterie, croyez-vous que comme il y a une majorité d’hommes dans cette filière cela fait de moi une femme contre-nature? Qui n’a pas les bons intérêts, ceux traditionnellement associés à son sexe? Je suis fatiguée des stéréotypes, fatiguée d’entendre au minimum une fois par jour, « ah c’est bien un truc de fille ça! » pour commenter tout ce que je fait, agacée par le dernier homme qui m’a dit lorsque j’ai affirmée que j’étais politisée et que la politique était un sujet d’importance pour moi,que « ce n’était pas possible ».
    Guillaume vous imaginez-vous que ce soit juste et normal, ce type d’affirmations, ne pensez-vous pas qu’il y a de la négation de l’autre. Du « j’entends bien ce que tu dis sur toi, mais ça n’existe pas, car moi je t’imagine comme ceci et pas autrement, je te veux donc comme je t’imagines et je t’explique quand tu me dis que tu aimes ceci ou cela que ce n’est pas possible, ou que c’est une aberration, parce que tu es une femme, et que les femmes, elles ne sont pas comme ça. Donc tu te trompes. Tu penses être légitime pour dire ce que tu aimes ou non, mais apprends ma petite que tout ça te dépasse, car il y a une ordre NATUREL qui supplante tout ça, et si tu dis que tu aimes quelque chose que tu ne devrais pas, parce que tu es une femme, eh bien, c’est que tu te trompes, tu te trompes, même sur toi-même et sur tes aspirations. »
    Imaginez-vous la phrase, « c’est bien un truc de juif, ça! » ou « c’est bien un truc de noir, ça! » répéter à tout bon de champ et tout le temps pour des choses qui vont de l’inepte aux valeurs en passant par les gouts personnels, les aspirations, la personnalité, le caractère, l’intellect et les métiers que vous auriez ou non le droit de pratiquer, car dans votre nature de noir ou de juif etc. Imaginez-vous un monde qui a décidé à votre place ce que vous devriez être et qui ne cesse de vous interdire d’être ce que vous souhaitez, de vous intimer à vous conformer à la place que l’on veut bien vous octroyer. Un monde rempli de personnes qui non contente de vous nier le droit d’exister librement (comme vous l’aimeriez) vous explique que mais si la majorité des femmes ne se trouve pas dans cette profession alors c’est bien une preuve de l’ordre naturel ça! « Conforme-toi à cet ordre naturel arrêtes de te mentir, la nature, qui s’exprime par ma bouche sais ce que tu dois être! Je vais donc te l’expliquer parce que visiblement tu ne l’as pas compris toi-même. » Je rajouterai pour finir que l’homme auprès duquel j’ai fait mon stage en ébénisterie était un homme des plus généreux et gentil qu’il soit. Il ne m’a jamais dit, jamais, « c’est pas un truc de fille ça! », il n’a pas exprimé d’étonnement que je veuille faire cela, il n’a pas été étonné. Il a trouvé logique que je trouve intéressant un métier que lui-même trouvait inintéressant, il a vu les points communs que l’on pouvait avoir. Il ne s’est pas dit en me voyant arriver, tiens mais, elle n’a pas de pénis celle-là, et, comme la majorité des gens qui sont dans cette profession ont un pénis, alors elle ne peut pas faire cette profession, elle ne peut pas sincèrement trouver cette profession intéressante…
    Bref, arrêtez de répéter bêtement les lieux communs lénifiants sur les hommes et les femmes, et essayez de vous mettre à la place d’une femme une fois dans votre vie au moins, essayez d’imaginer à quoi ressemble la vie lorsque l’on est une femme. Et peut-être ne posterez-vous plus des commentaires insultants pour les femmes sur des sites féministes.

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  • Marie-Élaine
    10 janvier 2012

    Je crois que la majorité des correspondantes et lectrices de ce blogue rejettent l’essentialisme et l’idée de l’intérêt « naturel » (biologique, physiologique) des femmes pour certaines occupations. Il ne sert donc rien de ressasser la question davantage – ça s’apparenterait à du trollage

    Merci de vous en tenir au sujet de ce billet – c’est-à-dire les raisons culturelles et structurelles qui expliquent la disparité hommes-femmes dans les TIC 🙂

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  • Berenice
    11 janvier 2012

    Ah bon désolée, je répondais à Guillaume, j’ai laissée débordé le vase, un trop plein d’agacement, mais je suis désolée. Ben vous n’avez qu’à le supprimer si ça vous dérange, je n’y vois pas d’inconvénients, je dois reconnaître qu’il mange la moitié de la page…
    Toutes mes excuses.

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  • Imace
    11 janvier 2012

    Pour en revenir au débat, je suis assez d’accord avec Elise (outre les arguments spécifiques que j’ai développés sur Slate au sujet de Wikipedia) : dans beaucoup de média, les personnes désireuses de s’exprimer commencent par lire les autres commentaires. L’insanité moyenne de ceux-ci n’incite pas à participer. Première raison de la désaffection des femmes.

    Je pense également que les hommes ont un rapport différent à la parole. Les femmes (dans les échanges mixtes et a fortiori en groupe ou dans un espace « public ») cherche une légitimité dans leur discours : elles tâchent de ne pas perturber le support (la conférence, la soirée, le forum, etc.) ; elles participent autant que les autres participants semblent l’apprécier, mais s’autocensurent au-delà. Une large fraction des intervenants masculins a un rapport bien différent à la parole : ils ne se posent jamais la question de la légitimité ; s’exprimer est pour eux un droit. L’espace public leur appartient, alors ils l’occupent. Ils ne ressentent aucune honte à l’idée que leurs commentaires puissent ne pas être pertinents, paraître stupides, hors sujet ou envahissants. Qu’on leur demande de modérer leur discours et ils hurlent à l’injustice, crient à la violation de leur liberté d’expression. Ils ne sont pas dans la collaboration mais dans la défense de leurs prérogatives. Regardez, juste pour sourire, les réactions de Guillaume et Bérénice. Guillaume défend son droit à réorienter le débat comme il l’entend. Bérénice s’angoisse d’avoir violé une règle tacite et peut-être nui aux échanges.

    Je pense en outre que Internet est un lieu qui, de par sa dématérialisation, suscite le conflit. Derrière un clavier, les gens se lâchent, les discussions se font plus houleuses. La fuite du conflit est inculquée profondément aux femmes, soit qu’on les y conditionne, soit qu’elles se soient rebiffées et aient souffert, à maintes reprises, de la sanction sociale… Un homme agressif est toléré ; une femme agressive est brutalement remise « à sa place ». Sur un espace public agressif, les femmes vont donc rester en retrait, se tenir à distance raisonnable.

    Enfin, ces espaces sont propices aux stratégies de domination dans la parole que les hommes maîtrisent et utilisent beaucoup plus que les femmes. C’est pourquoi il y a une trentaine d’années, les féministes françaises avaient abandonné le principe du « tout mixité » pour créer des espaces de dialogues féministes non mixtes : leurs adhérentes s’y exprimaient plus librement. J’ai participé aussi à des colloques (comme l’ouverture du film La Domination Masculine de Patrick Jean), où le public était à 90 % féminin et les interventions à 50 % masculines, et systématiquement initiées par une première intervention masculine. Je vous avais fait part de mes statistiques sur la prise de parole pendant mes cours, avec une nette surreprésentation masculine, et une parole plus décomplexée du côté des garçons, quand les filles intervenaient avec prudence. Les études menées par Jean-Claude St-Amant, que vous pourrez lire sur Sisyphe et notamment ici : http://sisyphe.org/spip.php?article302, illustrent quant à elle les effets bénéfiques de la non-mixité scolaire sur les résultats des filles ; on leur consacre plus de ressources, elles y gagnent en confiance en elles, et leurs résultats, en particulier dans les matières scientifiques réputées masculines, décollent. Dernier exemple ? J’ai vu un commissaire aux comptes énoncer lors d’une assemblée générale une énormité juridique ; confondu par une stagiaire (votre humble servante^^), il n’a pas éprouvé la moindre confusion… A sa place, j’aurais été mortifiée. Lui, il était surtout embêté de n’avoir pas réussi à convaincre les associés, ça allait se traduire par un surcroît de boulot pour lui.

    Quatre arguments donc : l’effet d’appartenance (je ne ressemble pas aux autres commentateurs, alors je ne commente pas), le rapport à la parole (légitimité à trouver vs droit à défendre), le rapport à la violence verbale (évitement vs habitude acquise), les stratégies de domination dans les espaces non mixtes.

    Comme d’habitude, tout argument statistique est nécessairement inopérant au niveau individuel ; les variations individuelles prennent le pas sur les aspects genrés. Votre copine bagarreuse défendra mieux son point de vue que votre meilleur ami atrocement timide. Et comme on parle d’acquis, rien n’est universel ni éternel : la culture, ça fluctue. J’espère que demain, on dénombrera autant de trolls imbéciles et hargneux parmi les femmes que les hommes. Je milite pour l’égalité, y compris dans la bêtise^^

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  • Berenice
    13 janvier 2012

    « J’espère que demain, on dénombrera autant de trolls imbéciles et hargneux parmi les femmes que les hommes. »
    Hein, quoi, comment, c’est pour moi ça?!
    Je trouve que ça commençait comme pour me défendre mais que ça finit bof bof… (de mon point de vue ^^)
    L’analyse sur les différences de réactions à la « sanction normative » selon le sexe n’est d’ailleurs pas fausse… Cependant, on pourrait ajouter peut-être la dimension de l’effet « mouton noir » qui montre que la sanction face à un comportement contre normatif est toujours beaucoup plus sévère envers les membres de l’endogroupe qu’envers ceux de l’exogroupe. C’est à dire qu’il y a une « identité sociale » partagée entre les membres d’un groupe qui est directement mise en cause lorsqu’un membre du groupe (ici les femmes, on pourrait ajouter féministes) émet un comportement contre normatif. Identité sociale qui n’est pas remise en cause de la même façon lorsque c’est un membre de l’exogroupe (ici un homme) qui émet un comportement transgressif. Soit en français, lorsque c’est une femme, à qui je peux être identifier en tant que membre de mon groupe (femme féministe) qui fait quelque chose que je trouve déplaisant, je la remet plus à sa place que si c’est un homme parce que son acte me remet en cause par ricoché car l’on pourrait croire que tout le groupe est comme elle. Elle engage bien plus le groupe qu’un homme qui peut dire ce qu’il veut dans la mesure où il ne menace pas l’identité du groupe « femme féministe ». Il peut faire les remarques les plus stupides sans que l’identité sociale des féministes ne soit remise en question, pour la simple raison qu’il ne fait pas partie du groupe et que ses comportements n’engagent pas le groupe féministe dans son ensemble. Bref, il y a des subtilités selon que les groupes en question aient plus ou moins de « statut » et de « pouvoir » mais le phénomène principal tient dans la menace de l’identité sociale. Enfin ce sont des questions intéressantes sur lesquelles justement je travail ^^ Mais je ne crois pas que je citerai cet exemple :p

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  • Imace
    13 janvier 2012

    @ Bérénice :

    1. Non, mon dernier paragraphe ne vous visait pas. Je suis sincèrement surprise que vous l’ayez pris pour vous. Je ne sais pas dans quel état d’esprit vous lisez ce forum, mais même en me relisant attentivement, je ne comprends pas sur quoi repose votre contresens.

    Par ailleurs, je ne vous défendais pas non plus. Je me suis bornée à étayer mon deuxième argument de l’exemple fourni opportunément par vos deux réactions. Votre place dans mon post se résume donc à une brève illustration dans un seul paragraphe, qui ne contient au surplus aucun jugement de valeur.

    2. Votre analyse est intéressante. Je m’étais dit la même chose en politique, à force d’entendre « regardez UnTelle (Cresson, Royal, Aubry, Joly…), vous voyez ce que ça donne les femmes en politique ? ». Je n’ai jamais entendu quiconque faire un commentaire généralisant à tous les hommes politiques l’incompétence d’un seul. Vous théorisez un procédé que j’ai vu à l’œuvre maintes fois.

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  • Berenice
    13 janvier 2012

    @ non non, je posais juste la question, pour vérifier (on ne sait jamais), mais c’était plutôt une plaisanterie à vrai dire.
    Pour vous répondre,j’aimerai bien être celle qui théorise le procédé, mais je ne fais que cité des mécanismes qui ont été observés dans les études de psychologie sociale et qui porte le nom « Black sheep effect » (l’effet mouton noir donc, en français). Si vous googlelisez vous verrez que je ne suis (malheureusement pas) à l’origine de cette théorisation. Juste c’est la dessus que je travail en ce moment.
    Pour ce qui est des généralisations abusives d’un comportement d’un membre d’un groupe, à son groupe entier, la réponse que je vais vous donner est assez déprimante, mais en gros, cela dépend essentiellement du statut et du pouvoir du groupe auquel le membre appartient. C’est à dire que si il s’agit d’un groupe avec un statut élevé et avec du pouvoir, il y aura moins (voire pas du tout) de généralisation au groupe entier. A l’inverse si il s’agit d’un groupe de statut et de pouvoir faible, la généralisation se fera quasi automatiquement. Ce qui revient à traduire que le groupe « homme » a plus de statut et plus de pouvoir que le groupe « femme ». Il s’agit des groupes d’un point de vue social évidement. De même, les groupes avec un statut faible et un pouvoir faible, sont plus facilement victimes de stéréotypes, les individus de ces groupes sont perçus comme « tous pareils » sans distinction inter-individuelles. Il est donc quasi automatique, lorsque les membres d’un groupes sont perçus comme « tous pareils » de généraliser à tous les membres du groupe le comportement d’un seul membre. Pour illustrer, « les chinois sont travailleurs », ou « les noirs ont le sens du rythme », n’ont pas d’équivalents comme par exemple « les blancs sont… » Les blancs en tant que groupe social dominant n’est pas victime de stéréotypes.

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